On Writing. A Memoir of the Craft de Stephen King (publié en France sous le titre Écriture. Mémoire d'un métier dans la traduction de William Olivier Desmond) est l'un des ouvrages les plus recommandés quand on s'intéresse à l'écriture. Deux ans après avoir lu énormément de Stephen King dans le cadre de ma lecture de La Tour sombre (saga qui se savoure d'autant mieux si on lit d'autres romans de l'auteur en complément), je me suis enfin penchée sur cet essai...
Résultat: dans l'ensemble, une déception colossale.
Mais je dois tempérer ce résumé assassin.
Bon, pour être honnête, je dois commencer par vous dire que j'ai lu ce roman durant les deux premières semaines de confinement. Mon sommeil, qui est déjà pourri depuis des années, est devenu particulièrement merdique après la fermeture des commerces. En outre, je me levais très tôt afin de faire mon heure de marche matinale en croisant le moins de personnes possible. Du coup, j'ai commencé à m'endormir encore plus tôt que d'habitude le soir et ce livre en a directement pâti; je me suis endormie dessus des tas de fois, parfois dès 21h30. Bref: j'ai mis une semaine à lire 130 pages. Or, lire un livre par paquets de 15 ou 20 pages ne me réussit pas du tout.
Donc, pour commencer, problème de concentration, de rentrage dedans et de suivi de ma part.
Deuxième problème: la première partie de l'ouvrage ne parle pas du tout d'écriture. Ce sont des souvenirs d'enfance, d'adolescence et de jeunesse de Stephen King. Je ne m'y attendais pas et, passé l'amusement initial lié à sa façon de raconter et à certains évènements réellement bizarres de sa vie (citons la baby sitter qui lui pétait à la figure en hurlant de rire quand il était enfant 😶), j'ai commencé à trouver que monsieur était bien égocentrique et que j'attendais toujours mon essai sur l'écriture, moi.
Troisième problème: bien que son propre conseil soit de sabrer 10 % du premier jet à la relecture et de s'efforcer d'être bref, Stephen King n'est pas du tout bref. Il a tendance à prendre de longs exemples pour expliciter ses idées, à raconter sa vie, à faire des blagues, à faire des références. Bla, bla, bla. On peut d'ailleurs se demander quelle taille feraient ses bouquins s'il n'était pas convaincu qu'il faut être bref!
La partie plus réellement centrée sur l'écriture, heureusement, m'a apporté plus de satisfaction. Stephen King aborde des notions stylistiques (usage de l'adverbe par exemple), la façon de rendre plus vivante une narration, la briéveté necessaire (ahah!) et enfin les relations avec un éventuel agent littéraire et les débuts dans le monde professionnel de l'écriture. C'est très plaisant à lire si on s'intéresse un tant soit peu à l'écriture. Bon, j'attends toujours le bouquin sur l'écriture qui déclenchera quelque chose en moi, mais en attendant le miracle je lis et j'écoute avec plaisir tous ces écrivains qui parlent de leur art-métier.
Je dois aussi dire que Stephen King a réellement beaucoup d'humour. Il ne fait pas des blagues juste pour rallonger la sauce. Il sait très bien saisir l'ironie de certaines situations et, en cela, c'est un plaisir de le lire. C'est aussi quelqu'un de très censé, et même de très terre à terre au vu de son niveau de succès; je crois en toute sincérité qu'il se souvient de ce que ça fait de mal gagner sa vie et de ne recevoir que des refus quand on envoie quelques textes à droite et à gauche.
La dernière partie de l'ouvrage, enfin, est le récit de son grave accident de la route de juin 1999, qui a eu une profonde influence sur sa vie. J'ai été amèrement déçue, toutefois, de ne pas trouver la moindre référence à La Tour sombre dans ce contexte... Je croyais que c'était justement grâce à cet accident qu'il avait repris sa grande saga... Snif. Le récit reste néanmoins poignant.
Bref: une déception colossale, oui, car ce livre ne parle pas que d'écriture comme je le croyais, et que j'attends toujours ce quelque chose qui résonnera en moi et m'ouvrira enfin les portes de l'écriture, closes ou presque closes depuis si longtemps (oui oui, je sais, c'est en écrivant qu'on devient écrivain, attendre qu'un livre déclenche l'écriture chez moi revient à attendre le prince charmant – mais que voulez-vous, on se fabrique les illusions dont on a besoin pour tenir le coup). Et pourtant, une lecture plaisante une fois que j'ai réussi à lire plus de dix pages par jour, parce que je ne me lasse pas d'entendre parler d'écriture, et que malgré les défauts que je lui reproche ici je ne me lasse pas non plus de Stephen King, dont je continue de penser qu'il est un génie.
Voilà. Je vous laisse sur ces commentaires contradictoires. À vous de vous faire votre propre idée. 😉
Oh mince :/ Je l'ai lu il y a longtemps j'avais beaucoup aimé. C'était dans ma période kingienne et je n'avais aucune attente (j'étais même contente d'avoir des infos sur sa vie).
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Et c'est super intéressant, en plus. D'ailleurs, j'en ai tiré du positif, juste pas autant que je l'espérais.
SupprimerPas facile d'apprécier un livre quand nos attentes sont déçues ! Ce n'est pas pour moi mais je note que ça peut intéresser des personnes qui écrivent :)
RépondreSupprimer@Shaya: Oui tout à fait, c'est à destiner à des fans ou à des écrivants, et idéalement aux deux à la fois.
SupprimerC'est un peu ce que je craignais avec ce livre, trop de blabla. Et je crois que si les expériences d'écriture des auteurs sont intéressants, elles ne peuvent pas suffire, je veux dire, on glane quelques conseils ( comme tu le soulignes, et puis voilà ). Comme toi, la lecture fragmentée me gâche complètement cette lecture.
RépondreSupprimer@Marilyne: Tout à fait, je te rejoins totalement. Ça reste intéressant, néanmoins.
SupprimerDonc même quand il dit qu'il ne faut pas tirer à la ligne, Stephen King réussit à tirer à la ligne ? C'est quasiment du génie à ce niveau-là. ^^
RépondreSupprimerNavré pour toi, j'espère que tu trouveras le livre charmant un jour. =)
@Baronna: Oui tout à fait!! C'est un peu Dumas réincarné je crois!! :D
Supprimer"Le livre charmant" --> Uhuh bravo
Je crois qu'il faut se forcer à écrire pour avoir envie de continuer :/
RépondreSupprimerJe dis ça car j'ai le même problème que toi, j'ai parfois envie d'écrire, j'ai plein d'idées en tête pour le coup, mais j'ai l'impression qu'écrire ça s'apprend et que je ne suis pas légitime et pas douée. Du coup tout ce que j'écris, je finis par l'effacer. Et de l'écrire ici, je me rends compte à quel point c'est débile :D
@Oukoulou: Oui tout à fait. Il y a une étape de forçage et un vrai besoin d'autodiscipline. Ensuite mon ressenti c'est que j'en ai un peu marre de me forcer pour des trucs sans queue ni tête qui sont aussi difficiles et sans queue ni tête au jour 20 qu'au jour 1. :D
Supprimer"à quel point c'est débile" --> Oh je pense que tout le monde ressent ça à un moment. Mais tu ES légitime et je suis sûre que tu es douée. La prochaine fois, n'efface pas. :D
Dommage, c'est toujours frustrant d'être déçue par une lecture que l'on voulait apprécier. Je ne savais pas que tu souhaitais te mettre à l'écriture, et j'espère que tu trouveras le déclic un jour ! (le "livre charmant", très bien trouvé Baroona !! :D )
RépondreSupprimerUne centaine de pages en une semaine, c'est mon rythme de croisière... et qu'est ce que ça m'énerve de m'endormir sur mon bouquin, alors que j'ai envie de continuer !!...
@Ksidra: C'est un vieux rêve romantique d'ado à mon avis, mais j'y tiens! :)
SupprimerTu vois, ce deuxième livre lu en confinement a souffert du manque de sommeil là où La Nuit du sérail en avait bénéficié. Je ne l'ai visiblement pas lu pendant les insomnies.
Ah je connais tellement ça, quand on se fait un film d'un livre et qu'il ne cadre pas du tout avec nos attentes et notre humeur du moment !
RépondreSupprimerPour l'écriture, ce dont tu aurais peut-être besoin au final c'est un des cursus universitaires si courants aux USA et si rares en France sur l'écriture ^^
@Vert: Oui tout à fait, sauf que pour le moment les ateliers d'écriture de ma formation en traduction ne donnent aucune résultat, je crois que je suis juste un cas désespéré :D [Insérer un smiley tête en bas...]
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