jeudi 14 octobre 2021

Deux lectures courtes: L'Échappée belle (2001, rééd. 2009) et le hors-série Une Heure-lumière 2018

Pour des raisons de calendrier, je réunis exceptionnellement deux livres dans ce billet: deux lectures courtes et stratégiques en une période où j'ai eu du mal à dégager du temps pour lire.

L'Échappée belle d'Anna Gavalda (autrice dont je vous ai déjà parlé ici) est le récit d'une escapade. Deux sœurs et un frère se retrouvent pour assister à un mariage. Dans la voiture, l'épouse du frère exprime de maintes manières son mécontentement face à leur manque d'organisation ou leur retard, et l'atmosphère est tendue; mais les trois membres de la fratrie se serrent discrètement les coudes, gardant leur calme face à la tempête. Une fois arrivés à destination, ils découvrent que leur frère cadet n'est pas venu et décident, sur un coup de tête, de le rejoindre.

C'est une jolie histoire pleine de souvenirs d'enfance et d'une solidarité propre aux fratries, mais avec plein de sentiments nuancés, car rien n'est tout blanc dans les vies de ces quatre personnages, vus par la narratrice, Garance. Pendant quelques heures, ils vont se retrouver entre eux, comme autrefois. Quand j'ai lu ce roman pour la première fois, il y a plus de dix ans, j'ai adoré cette bouffée d'air, cette envie d'évasion. J'ai moins ressenti cet enthousiasme cette fois, mais j'ai tout de même passé un joli moment. C'est un roman riche de nostalgie face au temps qui passe. Rien d'exceptionnel, mais la réalité de nos vies. Pour info, j'ai lu l'édition revue et corrigée parue chez le Dilettante, qui reprend le roman paru à l'origine chez France Loisirs en 2001.

Le premier hors-série de la célèbre collection Une Heure-lumière du Bélial' a atterri entre mes mains par erreur; je l'ai offert deux fois à la même personne, alors je suis rentrée chez moi avec. 😅 Il comprend une introduction d'Olivier Girard, fondateur du Bélial', qui raconte comment est né le projet de la collection. Très intéressant, même si tous ces gens qui insistent sur l'invendabilité des nouvelles en France me semblent surtout regarder leur fascinant nombril de gens plus intellectuels que les autres parce qu'ils lisent des textes courts... 🤔 Suit une nouvelle de Ken Liu, Sept anniversaires, traduite de l'anglais par Pierre-Paul Durastanti. Sept anniversaires, sept journées dans la vie d'une femme à la vie incroyablement longue, qui assiste à une évolution radicale de la Terre et de l'humanité. Après un premier chapitre très touchant, et malgré la présence de nombreux thèmes pertinents (relations parents-enfants, responsabilité de l'être humain vis-à-vis des autres espèces vivantes...), j'ai totalement décroché de ce texte trop désincarné pour moi. Enfin, le recueil se clôt sur une interview d'Aurélien Police, illustrateur ayant dessiné toutes les couvertures de la collection. Très intéressant aussi, même si on devine un certain égo, comme chez Olivier Girard. (En même temps, je suppose qu'on ne perdure pas dans l'édition et l'illustration si on n'a pas un minimum d'égo pour y croire...)

Voilà, une lecture pas très enthousiasmante pour moi. J'ai préféré le hors-série de 2020. Mais je vous conseille de lui donner une chance s'il croise votre chemin: la nouvelle de Ken Liu fait à peine trente pages, ce serait dommage de se priver d'une rencontre avec cet auteur... Vous pouvez aussi lire les avis de Lorhkan et d'Ombrebones, qui sont plus enthousiastes.

12 commentaires:

  1. J'ai lu Ensemble c'est tout d'Anna Galvada parce que j'avais beaucoup aimé le film. Très page turner et feel good. Je ne suis plus sûre que j'aimerais autant de nos jours, et le film et le livre mais bon 😁

    Du coup c'est quoi ton regard sur la vente de nouvelles ?

    De mon côté j'ai l'impression que le paysage de la nouvelle en littérature SFFF a considérablement changé ces dernières années dans une proportion assez dingue.

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    1. @Tigger Lilly: Mince, tu me prends au dépourvu: je n'ai *pas* de regard sur la vente de nouvelles 🤣 En vrac: c'est un genre plus emblématique du XIXe que du XXe; Anna Gavalda a quand même vendu quasimant deux millions d'exemplaires de Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part; en imaginaire, c'est hyper répandu, probablement à cause du rôle des revues...
      Je me demande si ça a vraiment changé ces dernières années ou s'il y a un effet Une Heure-lumière en France en particulier, vu comment la collection cartonne?

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    2. Ils ont certainement eu un rôle là-dedans, les autres éditeurs se rendant compte que ça cartonne mais il y a peut être aussi une certaine prise de conscience de l'intérêt des lecteurs pour le format court. Mais je n'ai pas l'impression qu'il y a du tout cet engouement (après vient-il des lecteurs peu intéressés ou de l'offre ça je ne sais pas) en littérature générale. Ni en polar d'ailleurs ?

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    3. @Tigger Lilly: Ah non, en polar je ne vois que P.D. James, elle a écrit quelques nouvelles dont des nouvelles spéciales Noël. Et puis Conan Doyle, mais bon, lui c'était le XIXe, c'était plus répandu (et est-ce qu'on peut dire que Conan Doyle écrivait du polar? En fait, j'en doute. Je cerne mal les différences exactes entre policier/polar/thriller mais je me vois mal dire que Sherlock Holmes c'est du polar, quoi... 😄) Et en littérature générale, non, pas cet engouement de fou. Cela dit, hier j'ai vu que Christiane Taubira sort un recueil de nouvelles, ça m'a fait réagir!

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  2. Les formats courts disons que l’auteur va à l’essentiel.On y prend goût et dans une Heure lumière il y à des pépites.j’alterne avec de bons vieux pavés aussi.

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    1. @Melvin: Ah moi j'adore les nouvelles, je trouve que certains auteurs excellent dans ce genre. Une novuelle réussie, c'est particulièrement marquant.

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  3. "même si tous ces gens qui insistent sur l'invendabilité des nouvelles (...)" : hein ? 🤔 J'imagine qu'il y a plus dans l'intro' pour que tu en arrives à ça, parce que là je ne vois pas vraiment le rapport ? 🤔

    Je n'ai pas lu ce hors-série... mais j'ai quand même lu cette nouvelle, puisqu'elle est aussi dans le recueil "Jardins de poussière". Ça n'a pas été mon texte préféré, mais dans mon maigre souvenir c'était tout de même une meilleure expérience que la tienne. ^^'

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    1. @Baroona: Je m'emballe peut-être 🤣 En gros, Olivier Girard décrit la collection UHL comme un sacré pari parce que les nouvelles ne se vendent pas en France (alors qu'aux États-Unis, tu comprends, ils ont des termes plus précis que le français, à savoir "novelette" et "novella"). Et je trouve que ça relève de la pose, que ça revient à dire "je suis tellement plus fûté que les autres, moi j'aime un genre que personne n'aime!!" Une tendance qui revient très souvent chez les lecteurs d'imaginaire...

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  4. C'est vrai que le texte de Liu est assez désincarné, c'est d'ailleurs assez rare chez lui. Mais ça laisse place au pur vertige SF, en tout cas pour moi... ;)

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    1. @Lorhkan: Ah ça ne m'étonne pas que tu aies aimé: revie pour toi!

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  5. Aucun souvenir non plus de la novella de Ken Liu ^^ Et pour Anna Gavalda, j'en ai lu un il y a longtemps (peut-être Je l'aimais ?), mais clairement c'est beaucoup trop fleur bleue pour moi

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    1. @Shaya: Ah ça ne m'étonne pas du tout que tu trouves ça trop fleur bleue 😄

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