samedi 26 mars 2022

The Hidden Girl and Other Stories (2020)

Il y a quelques années (euh… cinq ans… Je n’en reviens pas que ça fasse si longtemps…), j’ai lu et apprécié The Paper Menagerie and Other Stories, un recueil de nouvelles de Ken Liu. Je me suis donc penchée avec grand intérêt sur The Hidden Girl and Other Stories, qui a l’air de correspondre vaguement au recueil français Jardins de poussière, paru en 2020 et encensé par plusieurs blogueurs.


Trois thèmes majeurs se dégagent de ce recueil: les relations parents-enfants, la transmission et la numérisation de la conscience. Voyons ça de plus près...

Ghost Days: une histoire de transmission entre la culture humaine et de nouveaux humains qui n’ont pas grand-chose en commun avec leurs ancêtres. Grâce à un objet issu de la culture chinoise, on recoupe trois époques différentes, deux sur Terre et une ailleurs.

Maxwell’s Demon: une histoire en pleine Deuxième Guerre mondiale, avec un lien entre des théories physiques et un élément fantastique chinois.

The Reborn: une histoire sur l’identité en mode enquête, voire thriller. On en tirerait facilement un film à gros budget…

Bon, ça ne démarrait pas fort pour moi avec ces trois textes: ils sont pertinents, oui, mais ne m’ont pas emballée.

Thoughts and Prayers: là, Ken Liu fait très fort, avec un texte coup de poing sur les trolls en ligne et le deuil familial. Marquant.

Byzanthine Empathy: là aussi, très bon texte percutant, qui donne à réfléchir sur l’évolution des secours humanitaires. J’ai trouvé ça excellent alors même que ça parle de cryptomonnaies, un sujet auquel je ne comprends rien.

The Gods Will not Be Chained: avec The Gods Will Not be Slain et The Gods Have Not Died in Vain, ce texte forme un triptyque sur Maddie, une jeune fille dont le père est mort et a été ressuscité de force sous forme de conscience numérique. C’est très humain, avec une belle mise en scène de l’amour familial, mais c’est aussi brillant dans l’exploration de la conscience numérique et… l’usage des émojis comme langage. 😃👀 Trop fort, ce Ken Liu. Il aurait toutefois mieux valu pour moi ne pas lire ces textes au moment où la Russie envahissait l’Ukraine et où on parlait de menace nucléaire, car la fiction résonnait un peu trop avec l’actualité.

Staying Behind: un texte post-Singularité, la Singularité étant l’apparition du premier homme à la conscience dématérialisée. La nouvelle explore plusieurs époques et suit plusieurs personnages et je me suis emmêlée les pinceaux dans qui était qui, donc je n’en ai pas bien profité.

Real Artists: une jeune femme passe l’entretien de sa vie pour travailler pour le studio cinématographique qui a créé les plus beaux films qu’elle a jamais vus. Sauf que le processus créatif n’est pas celui qu’elle croit. Bien qu’il m’ait plu sur le coup et qu’il soit probablement prophétique, ce texte ne m’a pas marquée.

Altogether Elsewhere, Vast Herds of Reindeer: un texte sur le départ, le post-humanisme et la transmission. Il est emblématique de ce recueil.

Memories of my Mother: un texte très humain sur une relation mère-fille très particulière. Je suis étonnée de ne pas avoir sangloté.

Dispatches from the Cradle: The Hermit–Forty-Eight Hours in the Sea of Massachusetts: Peu de souvenirs pour moi, si ce n’est que ça rentre dans la catégorie "évolution de l’humanité sur plusieurs siècles"... Et que Ken Liu a le chic pour les titres improbables!

Grey Rabbit, Crimson Mare, Coal Leopard: un interlude de fantasy fort plaisant!! Cette nouvelle m’a paru un peu moins maîtrisée que les autres, mais elle a un souffle épique franchement magique, prouvant ainsi, à l'instar de Watership Down, que le lapin est un animal à fort potentiel littéraire !! 🐰🐰🐰😍🐰🐰😍🐰😍🐰🐰😍🐰🐰🐰

A Chase Beyond the Storms: ce texte est extrait de The Veiled Throne, le troisième tome de la série (trilogie?) de la dynastie des Dents-de-Lion. J’ai eu du mal à raccrocher les wagons, évidemment, mais ça donne plutôt envie. Je crains toutefois que cette série ne soit assez exigeante…

The Hidden Girl: un nouveau texte plutôt de fantasy sur une fille enlevée (et cachée !) pour en faire une tueuse. Ça ne m’a pas marquée…

Seven Birthdays: j’avais déjà lu ce texte dans sa version française traduite par Pierre-Paul Durastanti (j'en ai dit deux mots ici) et je n’avais pas trop aimé. Je n’ai pas plus aimé cette fois-ci. En fait, je n’y comprends pas grand-chose…

The Message: une aventure père-fille sur une planète éloignée. J’ai compris le message avant les protagonistes, ce qui n’est pas bon signe, mais c’était pas mal du tout. Je pense qu’Arthur C. Clarke ne l’aurait pas renié.

Cutting: le recueil se clôt par un texte très court qui va à l’essentiel, et ce n’est probablement pas un hasard. Élaguer, élaguer, et ne garder que ce qui est chargé de sens…

Alors, cette deuxième rencontre avec Ken Liu est-elle une une réussite pour moi?

Oui. Ken Liu sait ce qu’il fait et a beaucoup de choses à dire. Il compte sur l’intelligence de son lecteur pour l’accompagner dans l’exploration des ramifications potentielles des techniques et des pratiques d’aujourd’hui. En revanche, je dois dire qu’il me manque un petit truc pour être transportée et adhérer à ses textes comme je le fais, disons, avec Tolkien, Zola ou Clarke. De l’humour, de la folie, je ne saurais le dire; quelque chose qui me fasse réagir avec mes émotions plutôt qu’avec mon cerveau. Pourtant, il y a de l’émotion dans ces textes. Mais peut-être manque-t-elle un peu de vie pour me faire réagir… Et les relations parents-enfants sont très présentes, ce qui n’est pas ma tasse de thé; dans The Message, j’ai carrément levé les yeux au ciel tellement j’ai trouvé culcul certaines réflexions du père pris de tendresse pour sa fille.

Enfin, ne laissez pas mes ronchonnements vous décourager: lisez Ken Liu, c’est très bien!

16 commentaires:

  1. Moi ça m'émotionne quand on me secoue le cerveau, alors Ken Liu, Greg Egan, tout ça, ça va 🤣

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  2. Je crois que je comprends tes petits bémols. J'ai été obligé d'aller relire mon billet pour savoir ce que j'avais vraiment pensé de "Jardins de poussière", ça ne me marque pas complètement à chaque fois que je lis du Ken Liu, alors même que c'est très bien. 🤔
    En tout cas c'était marrant d'essayer de retrouver si j'avais ou non lu les nouvelles dont tu parles. ^^

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    1. @Baroona: C'est exactement ça, c'est très bien mais ça ne me marque pas à fond.
      Aloooors? Lesquelles as-tu lues?

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    2. @Alys : J'ai fait un compte vraiment précis : j'en ai assurément lu certaines, et d'autres ne me disent rien. 🙈 Par contre je n'ai pas eu le courage d'aller vérifier combien sont effectivement parues en français.

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  3. Je ne crois pas avoir lu ce recueil mais je comprends aussi tes bémols, à la lecture des textes de Ken Liu, j'apprécie, mais ils sortent de mon esprit sans m'avoir marquée la plupart du temps.

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    1. @Shaya: Je comprends. En tout cas, je te conseille de continuer, car je trouve ça très bien. Ahah!

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  4. J'ai du mal à accrocher à Ken Liu, le côté guimauve cul cul de certains textes m'agace, je ne partage pas l'enthousiasme quasi général envers lui. C'est pas grave, je le vis bien^^.

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    1. @Xapur: C'est le principal! Lesquels as-tu lu? Les nouvelles publiées en Une Heure-Lumière, peut-être?

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  5. Je n'ai lu que L'homme qui mit fin à l'histoire et j'ai La ménagerie de papier dans ma bibli.
    J'ai plutôt bien apprécié le 1er, assez choquant et aussi intelligent.
    Tu as un avis mitigé que je comprends. Il y a un truc qui fait presque plus appel à une réaction intellectuelle qu'émotionnelle dans sa manière d'écrire.

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    1. @Ite: "Il y a un truc qui fait presque plus appel à une réaction intellectuelle qu'émotionnelle dans sa manière d'écrire" --> Mais oui, c'est tout à fait ça. Sauf pour la Ménagerie de papier (la nouvelle en particulier, pas le recueil en général). Là, j'ai fondu en larmes. ^^

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  6. Et bah je pense qu'il y a beaucoup de différences entre ce recueil et Jardins de poussière (comme pour La ménagerie de papier) parce que la moitié des textes dont tu parles ne me disent rien.
    J'ai l'impression que les recueils français sont mieux ordonnés finalement 😂
    Et oui Ken Liu c'est bien 😍

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    1. @Vert: Ouais, les titres et les retours sur les autres blogs ne me parlaient pas tellement. Ça doit être pour ça que je n'ai pas mis de lien vers d'autres chroniques...

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  7. Haaan, l'autre, comment elle est dure avec Ken Liu... :D
    C'est marrant que tu trouves que ça manque d'émotions, ou plutôt que tu n'as pas été touchée, alors que les rares détracteurs de l'auteur que j'ai pu trouver pensent justement qu'il en fait parfois un peu trop de ce côté-là.

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    1. @Lorhkan: Mais tu noteras que j'ai aussi dit tout le bien que je pense de lui 😇 J'ai mis des émojis cœurs entre les émojis lapin, et ça veut tout dire!
      Oui, c'est marrant ce que tu dis. D'ailleurs, je reconnais moi-même qu'il y a, oui, de l'émotion dans ses textes. Je ne sais pas vraiment ce qu'il me manque pour être transportée.

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