mercredi 7 février 2024

Anarchy in the UKR (2005)

Fin 2022, au festival VO/VF de Gif sur Yvette, je découvrais Serhiy Jadan, écrivain et musicien ukrainien (ou plutôt, je le redécouvrais, car j'avais écouté un podcast qui l'évoquait quelques mois plus tôt – mais j'avais tout oublié, évidemment). J'ai adoré son groupe, Жадан і Собаки (ça se prononce "Jadane i cabaki" et ça signifie "Jadan et les chiens"), et j'ai eu très envie de lire ses livres. Hélas, ce Anarchy in the UKR, qui est traduit de l'ukrainien par Iryna Dmytrychyn et dans lequel Jadan raconte un roadtrip dans l'est du pays en 2005, m'a complètement laissée sur le carreau.

La couverture aurait peut-être dû me mettre la puce à l'oreille... 😁

"Il y a environ un an, j'ai dit dans une interview que je voulais faire un livre sur l'anarchisme. Je ne me souviens plus aujourd'hui pourquoi j'ai dit ça, je n'avais aucune envie à l'époque d'écrire sur l'anarchisme, mais ce n'est tout de même pas une raison pour ne pas le faire. Du reste, quelqu'un doit bien écrire sur le sujet, alors pourquoi pas moi?"

(On dirait du Emmanuel Carrère. 🤣)

Arrêts de bus dans un état pitoyable, gares désertes, vodka, silos dans la campagne... L'Ukraine que raconte Jadan ne fait pas envie, ni en 2004, quand les étudiants manifestent pendant la révolution orange, ni quand il était petit en URSS (Jadan est né en 1974 et a donc connu le communisme). Attendre le bus toute la nuit dans un abri sale de vomi, de sang et de sperme, ça fait en effet très punk – le titre du livre est une référence évidente au "Anarchy in the UK" des Sex Pistols –, mais ça fait punkément classe pour un homme; pour moi, qui suis une femme, c'est une version parmi d'autres de l'enfer sur terre. D'ailleurs, il n'y a quasiment pas de femmes ici, juste quelques vieilles retraitées qui gueulent et des petites amies ou conquêtes d'un soir qui n'ont pas de nom... Quant au propos politique, je n'ai rien compris. J'ai vraiment lu tout le livre en ne comprenant rien, tant parce que je manque cruellement de références culturelles, historiques et politiques (et que les notes de la traductrice ne m'ont pas suffi) que parce que Jadan suit le fil de sa pensée dans une logorrhée interminable qui m'a semblé avoir peu de structure. Il boit beaucoup d'alcool, ça j'ai compris...

La dernière partie m'a plus plu, car Jadan y présente dix chansons qu'il voudrait qu'on joue à son enterrement (dont "Anarchy in the UK", évidemment!) et raconte les souvenirs qu'il y associe. Bon, on ne peut pas dire que je me sois retrouvée dedans, ni dans ses choix musicaux ni dans ses souvenirs, mais, au moins, j'avais un petit bagage culturel à partager avec lui. 😄

Dans cette édition de la maison Noir sur Blanc, Anarchy in the UKR est suivi de Journal de Louhansk, que Jadan a écrit en 2014, lorsque la guerre civile a commencé dans l'est de l'Ukraine et qu'il a voyagé dans une atmosphère étrange de guerre-mais-pas-vraiment. J'ai un peu mieux cerné le contexte ici, mais j'ai quand même été bien larguée...

Une grosse déception, donc. Je tenterai peut-être autre chose de lui un jour, mais en feuilletant avant d'acheter ou de demander en cadeau, hihi. En attendant, je retourne écouter le monsieur et ses chiens – car musicalement, j'adore, c'est certain! 💛💙

6 commentaires:

  1. Il y avait peut-être bien une raison pour ne pas faire ce livre finalement. 😅
    Je vais faire comme toi et plutôt retourner écouter leurs albums. ^^

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  2. Mmmh, ça a l'air bien particulier encore ça !

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    1. @Shaya: Carrément. Sans ce billet, d'ailleurs, j'aurais déjà oublié l'avoir lu. 😄

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