Et maintenant que les bilans culturels sont sortis, place au bilan perso, un truc très utile pour me donner du courage au fil de l'année!
L'objectif, bien entendu, n'est pas de me voiler la face en oubliant tout ce qui ne va pas, mais de valoriser mes efforts. Les résultats ne sont jamais à la hauteur, ce qui me déprime considérablement, mais je fais au moins mon possible, ma part, pour que les choses avancent.
Cette année, cet article est plus long que jamais; je le scinde donc en deux afin de ne pas occuper toute la page d'accueil du blog. Trigger warning: je le scinde juste avant de parler d'euthanasie; si le sujet vous trouble, affichez la suite avec prudence.
🖥️ Pro. Mon chiffre d'affaires a augmenté, à tel point que cette année est la meilleure de ma carrière. C'est en partie parce que je touche des droits sur les ventes de mes traductions et que je suis donc rémunérée maintenant pour des travaux effectués il y a plus ou moins longtemps. Mais c'est aussi, et surtout, parce que j'ai travaillé dur. Et sans doute parce que j'ai appris à taper avec les dix doigts il y a deux ans, ce qui me permet de traduire plus de mots par jour, dans l'ensemble. Mais c'est quand même, et surtout, parce que j'ai travaillé dur.
💤 Repos. J'ai eu cent quatorze jours de repos sur l'année, ce qui est stable par rapport à 2023. En début d'année, c'était parti pour être plus, car j'ai eu des tas de week-ends complets. Mais je suis moins partie en vacances que d'autres années, et l'été et la fin d'année ont été bien chargés. Bon. J'aimerais bien avoir plus, mais je crois quand même voir la différence avec les années où je n'ai eu que cent jours, c'est-à-dire l'équivalent de mes week-ends et c'est tout.
🤑🤑🤑 Argent et dépenses. Des tas de gens disent que l'argent ne fait pas le bonheur. Moi, je suis intimement persuadée du contraire. Cette année, après avoir renfloué mon épargne que j'avais considérablement asséchée en 2023 à cause d'une année asphyxiante, j'ai pu m'offrir le luxe de m'acheter pas mal de choses. Des chaussures, des chaussettes, des culottes, des pantalons, des produits pour la peau. Je suis bien consciente que c'est banal pour la plupart des gens, mais, pour moi, ça a été une renaissance. Enfiler des chaussettes neuves, avec du tissu uniforme sur tout le pied, est jubilatoire quand on traîne des chaussettes reprisées, avec une maille transparente par endroits, depuis des années; travailler chez soi vêtue d'un pantalon neuf a quelque chose de grisant quand on travaille depuis des années en jogging informe et troué. Par ailleurs, j'ai ouvert pas moins de deux PER, auprès de Caravel et de Goodvest, dans la quadruple idée de réduire mon impôt sur le revenu, de verdir mon épargne, de diversifier mes placements et de complémenter une éventuelle retraite à l'horizon 2055.
💀 Fin de vie. De manière totalement contradictoire avec mon objectif retraite en 2055, je me suis vaguement penchée sur l'euthanasie humaine, et je me suis dit que mon nouveau plan de vie serait de me faire euthanasier en Suisse à soixante ans, avant de tomber dans la vieillesse qui ne peut pas se soigner faute d'argent (pas juste "la vieillesse", mais "la vieillesse qui ne peut pas se soigner faute d'argent", "la vieillesse des pauvres"). Actuellement, il faut avoir une maladie grave, mais je me plais à rêver que la législation évoluera d'ici là et qu'on m'achèvera par pure bonté d'âme. Je dois dire que, en ce début d'année 2025, le délire m'est largement passé, mais ça m'a bien occupé l'esprit courant 2024.
🇪🇸 Espagnol. Après avoir terminé mes cours de russe en janvier, j'ai repris quelques cours d'espagnol afin de préparer un court séjour en Espagne en avril. Mes progrès n'ont pas été franchement flagrants, mais c'était assez chouette. Le test de fin de formation m'a attribué le niveau B2, ce que je trouve un peu chaud pour une professionnelle, et je me suis donc gardée d'en parler dans mon entourage pro. Toutefois, l'espagnol est carrément la sixième roue du carrosse dans ma vie, je ne lui accorde aucun investissement, donc ce n'est pas si mal dans l'absolu. Le problème, c'est que j'ai tellement abandonné l'espagnol à partir du mois de mai que j'ai l'impression d'avoir totalement perdu le bénéfice de ces cours, et même d'avoir régressé par rapport à avant. Je suis même étonnée qu'ils se soient déroulés cette année; j'ai l'impression qu'ils remontent à plus loin dans mon passé. Car en mai...
🪆 Russe. Eh bien, en mai, j'ai repris le russe en face à face avec une nouvelle enseignante. J'avais poursuivi le travail en solo depuis janvier, mais en travaillant nettement moins, vu que je consacrais trois jours par semaine à l'espagnol. Il est donc possible que j'aie légèrement régressé. Mais rien n'a collé avec cette nouvelle enseignante. Au premier cours, je n'ai rien compris, vu qu'elle parlait tout le temps russe, et elle m'a sauté dessus à cause de ma prononciation de l'alphabet, ainsi que de certaines lettres non accentuées dans les mots (en russe, les voyelles changent de prononciation quand elles ne sont pas accentuées; c'est une des difficultés de la langue), et du fait que je ne connaissais pas certains mots (dont "consonne" et "voyelle", pour vous donner une idée). Une fois rentrée chez moi, je me suis mise à pleurer. C'est une réaction qui n'a rien de constructif, mais qui sert de décharge émotionnelle quand on va mal. Puis j'ai réagi comme je réagis tout le temps: je n'ai pas osé aborder le problème auprès de l'organisme de formation et j'ai redoublé d'efforts pour essayer de ne pas être totalement larguée.
Franchement, j'ai mis du mien dans le russe dès que j'ai repris les cours en septembre 2021; même en tenant compte du fait que je n'ai pas d'horaires de boulot imposés, que je bosse de chez moi et que je n'ai pas d'enfant, m'obliger à faire une demi-heure de russe tous les midis relevait de l'exploit, et je ne connais à peu près personne qui s'impose ce genre de discipline; mais là, ne comprenant rien, me trouvant face à des cours sur la grammaire russe expliquée en russe, je suis passée de trente à quarante-cinq minutes par jour, voire une heure, et je finis l'année avec... quatre-vingt-douze heures de travail personnel en russe!!! Vous vous rendez compte!!! Quatre-vingt-douze heures de travail personnel!! En plus des trente-neuf heures de cours en face à face!!! Putain. Mais quel enfer. Cette enseignante m'a franchement pourri mon année; il m'est arrivé de pleurer sur mes cours et de taper le papier en hurlant tellement c'était frustrant, avec un étrange mélange entre des trucs ultrascolaires (genre identifier le sujet dans la phrase... surligner la terminaison du verbe...) et des papiers à lire complètement au-dessus de mon niveau. Et les cours ont été, au mieux, désagréables, et parfois franchement douloureux. Pour couronner le tout, le test de fin d'évaluation – le Bright Language, pour ceux qui connaissent – m'a attribué, pour la cinquième fois en trois ans, le niveau A1. C'est-à-dire le niveau le plus bas possible. 🤡🤡🤡 PUTAIN.
J'ai complètement mis le russe de côté après le dernier cours, en novembre. J'espère retrouver du courage pour ça un jour, mais je ne suis pas très confiante. Mais en même temps, perdre le peu que j'ai acquis après avoir souffert autant... Et cette langue est tellement géniale... Mais en même temps, c'est un effort cérébral qui me semble colossal... Et les résultats ne sont pas là... Mais en même temps, etc. etc.
🛑 Un enseignement. Ce fiasco du russe m'a enseigné une chose: à l'avenir, je demanderai systématiquement un entretien avec l'enseignant avant de m'engager sur des cours. Il n'est pas question que je revive ça.
✒️ Écriture. Je continue d'écrire une phrase de fiction matin et soir. J'ai raté le rendez-vous trois soirs dans l'année, ce qui est tout à fait acceptable. Ça n'a rien d'exceptionnel, en soi, mais c'est évidemment bien mieux que n'avoir pas écrit de fiction pendant dix ans. En revanche, ça ne va nulle part et ça n'évolue pas. Mais bon. Quand je n'écrivais pas, la situation était pire. Mais bon, ce n'est pas non plus une situation géniale. Mais bon, c'était pire avant. Mais bon, ce n'est pas génial. Mais bon... etc. etc.
🧘♀️ Yoga et sommeil. Je continue le yoga tous les jours. J'ai raté dix jours dans l'année, dont sept pour mon stage d'équitation dans un trou paumé où je ne capte pas. En d'autres termes, j'ai fait du yoga trois cent cinquante-six (356!) fois cette année. J'aimerais dire que ça fait de moi une humaine équilibrée, épanouie et souple. Hélas, ça fait juste de moi quelqu'un qui a mal partout sans que ce soit invivable et qui est souvent au bord de la crise mais sans franchir la ligne rouge. Comme toujours, valorisons ce qu'il y a à valoriser: je ne pense pas que cette pratique soit sans effet sur mon mental en général et, peut-être, sur mon sommeil en particulier. Après tout, même mon enseignante de russe de tous les enfers ne m'a pas fait faire d'insomnie ou de crise d'angoisse; la dissolution de l'Assemblée nationale non plus (en même temps, j'ai tout de suite pris un cachet de David Gemmell pour me donner du courage!); la réélection de Donald Trump non plus (alors qu'en novembre 2020, j'ai passé des nuits à penser au monsieur qui refusait de reconnaître sa défaite...); l'entrée d'Elon Musk au gouvernement non plus. Je n'ai pas de preuve tangible, évidemment, mais j'imagine que le yoga y est pour quelque chose. Et bon, quand on part de très loin comme moi, il faut valoriser ce qu'il y a à valoriser: dormir un peu moins qu'il ne le faudrait, et en me réveillant deux-trois fois par nuit mais en me rendormant dans la foulée, vaut mieux que passer plusieurs heures par nuit à scénariser des catastrophes personnelles et internationales ou des règlements de comptes avec des gens que je ne vois plus depuis des années.
🐴 Équitation. 2024 a été l'année du changement: face à la dégradation lente, mais inexorable, du matériel, de l'enseignement et des conditions de vie des chevaux, j'ai fini par ne pas me réinscrire dans mon centre équestre. J'ai passé deux mois en PLS, à me répéter que je ne pouvais aller nulle part ailleurs parce que je suis une incapable, mais, en juillet, je suis allée monter dans deux autres structures et j'en ai visité deux supplémentaires, et j'ai atterri dans une petite écurie de dressage où les chevaux vont bien et où l'enseignant a un œil de lynx. En soi, c'est une amélioration. Mais le crève-cœur d'avoir quitté le cheval que j'aime et de savoir que "mes" chevaux vont mal ne diminue pas. C'est donc une avancée en demi-teinte.
🚗 Voiture. J'ai toujours un dossier voiture qui m'épouvante. On aurait pu croire que j'allais avancer, car je suis allée voir un concessionnaire à un moment donné. Mais non, je n'ai pas avancé. Lol. Parce que je ne peux pas changer de voiture parce que je suis une incapable, of course. En fait, tout est bloqué parce que je suis une incapable. Et même si j'ai bien identifié que cette conviction est ce qu'on appelle une "croyance limitante", je ne m'en défais pas. D'ailleurs, je n'ai pas fait d'insomnie à cause de Trump et de Musk, mais j'ai fait plusieurs insomnies parce que j'allais devoir faire un trajet hors de l'ordinaire le lendemain ET COMME JE SUIS UNE INCAPABLE, ÇA ALLAIT FORCÉMENT MAL SE PASSER!!
🇫🇷 Nationalité française. Valorisons ce qu'il y a à valoriser: en début d'année, je me suis penchée sur ce monstre de tous les enfers. Ça faisait quand même quatre ans (QUATRE ANS 🤡🤡🤡🤡🤡) que j'avais téléchargé la liste des pièces à présenter. En environ un mois, j'ai péniblement mis la main sur quelques papiers. Béni soit le passage au numérique, sur ce point. Mais le brouillard administratif est dense. Et en n'allant plus en Italie, et en ayant coupé les ponts avec le seul membre de ma famille, je me suis vite enlisée. Je pense que ça va de nouveau rester à l'arrêt durant quatre ans. Oh, mince, dans quatre ans, l'extrême-droite aura expulsée la sale Méditerranéenne que je suis du territoire français... Bon, je serai partie vivre en Irlande et j'aurai téléchargé la liste des pièces justificatives pour avoir la nationalité irlandaise...
🎯 Objectif 2025: calme, en avant et droite. Cette maxime équestre, qui correspond à ce qu'on recherche dans la base du travail du cheval, me plaît bien et me donne du courage. C'est en étant calme et en avant que je peux déblayer les tas de gravats qui constituent l'expérience humaine. Cette piste n'est toutefois pas très cohérente par rapport à la suivante...
🎯 Objectif 2025: changer de stratégie. Étant prodigieusement saoulée par le fait de toujours faire dix fois plus d'efforts que les autres pour obtenir deux fois moins de résultats, j'ai fini 2024 en me disant qu'il fallait que je change de stratégie. Il paraît que faire toujours la même chose en espérant obtenir des résultats différents est une forme de folie, et c'est exactement ce que je fais. C'est le "toujours plus": je vais faire plus de sport, je vais faire plus d'efforts, je vais ajouter un truc à ma routine, je vais me forcer plus, je vais être plus gentille, je vais plus discipliner mon alimentation du quotidien, je vais travailler plus pour gagner plus pour épargner plus (putain, mon cerveau est sarkozyste, quelle horreur!), etc. Je suis le cheval dans La Ferme des Animaux, pour ceux qui voient. Si j'en avais les moyens, j'aurais pris une coach depuis longtemps pour m'aider à organiser ma triste existence et en faire enfin ASSEZ, cet ASSEZ qui m'échappe en reculant sans cesse au fur et à mesure que je traîne ma misérable carcasse en avant. Résultat de tous ces efforts: je suis toujours en surpoids, mon corps est toujours pété de partout, mes relations avec les autres humains sont très souvent insatisfaisantes, je n'ai aucune perspective d'évolution professionnelle, je suis locataire à près de quarante ans et sans aucune perspective d'achat, je suis toujours terrifiée à la perspective de conduire en-dehors des trajets que je connais, etc. etc. J'envisage donc de lever le pied en 2025. Franchement, je ne vois pas ce que ça peut donner, à part que je finirai l'année en étant encore plus en surpoids et plus pauvre, mais peut-être que j'aurai moins galéré en cours de route? Le suspense est insoutenable.
Tellement de trucs Alys, ce serait mieux de parler de ça en direct je pense.
RépondreSupprimerTu t'imposes beaucoup de choses avec une volonté que je trouve admirable. Vu de l'extérieur tout ce que tu fais tes routines, ta droiture dans tes investissements, et tout, c'est juste fou !
Pour les croyances limitantes, c'est un problème très compliqué, je souffre du même. Je suis allée voir un psy pendant des mois à 80 balles de l'heure qui n'a été capable que de me dire que j'étais pas obligée de croire ces pensées. Alors c'est gentil mais toutes mes pensées ne sont pas de la merde, j'aurais surtout besoin d'un détecteur pour faire la différence entre le bon grain et l'ivraie, c'est ce que je trouve le plus difficile avec ce problème. Parfois ça m'amène à un peu trop écouter les gens qui me disent "mais si tu es capable de faire ça", alors je me dis c'est vrai il/elle doit avoir raison et des fois je me mets dans la merde. C'est relou. J'envie les gens qui vivent en accord avec leur cerveau moi je passe mon temps à me battre avec lui. J'ai l'impression que tu as le même problème huhu. Bon c'est la vie, je pratique une forme raisonnable de lâcher prise (c'est un peu illusoire pour une anxieuse de lâcher-prise) et en tout cas je ne suis pas plus malheureuse qu'avant. Je t'encourage donc dans ton lever le pied, pour peu qu'il soit raisonnable et raisonné.
Bon il y aurait beaucoup à dire encore. Sache que si tu veux parler de tes tourments à une tourmentée, n'hésite pas, j'adore ça en vrai je fais ça avec mon frère et une amie de fac à qui je n'arrive pas à parler aussi souvent que je le voudrais. On peut se téléphoner ou s'envoyer des mails.
PS: je suis contente que cette fixette sur l'euthanasie te soit passée mais je comprends aussi glauque soit-elle. Moi aussi je me tape des fixettes pas très saines, si tu veux je te parlerai à l'occasion de ma dernière, qui m'a bien occupé l'esprit en 2024.
Courage avec 2025 !