Découverte intéressante: ma bibliothèque dispose d'un rayon assez bien fourni sur la linguistique, dans lequel j'ai trouvé ces deux bouquins, L'enfant bilingue d'Elizabeth Deshays et Le défi des enfants bilingues de Barbara Abdelilah-Bauer.
Les deux auteurs ont une expérience directe de l'éducation d'enfants bilingues (Elizabeth Deshays est britannique et habite en France, où elle a épousé un Français; Barbara Abdelilah-Bauer, d'après ce que j'ai compris, est allemande ou d'origine allemande et vit en France avec un conjoint algérien ou d'origine algérienne). Dans les deux cas, elles étudient le phénomène du bilinguisme chez l'enfant dans un contexte monolingue, c'est-à-dire dans un pays où le bilinguisme constitue l'exception et n'est pas "prévu" dans le système scolaire.
De ces deux lectures, je retiens quelques points principaux:
1/ Les craintes liées au bilinguisme chez l'enfant sont infondées; toutes les études montrent que les enfants grandissant dans un contexte bi ou multilingue n'ont pas de retard de langage par rapport aux enfants monolingues, bien au contraire. S'il faut parfois plusieurs années pour fixer les deux langues l'une par rapport à l'autre, ce qui laisse croire à des institutrices retardées... heuh pardon... inquiètes que l'enfant ne sait pas s'exprimer, ces enfants deviennent ensuite capables de s'exprimer aussi bien dans une langue que dans l'autre et atteignent le même niveau dans la langue "majoritaire" (langue parlée dans le pays de résidence) que les enfants monolingues. (Preuve vivante de cette affirmation: moi!! ^^)
2/ Les idées reçues et le prestige associées (ou pas) à la langue minoritaire auront une influence sur la capacité de l'enfant à acquérir ou conserver cette langue. Exemple: il est plus facile pour un enfant né en Angleterre de conserver l'anglais si ses parents emménagent en France à ses deux ou trois ans que pour un enfant croate de conserver le croate dans le même contexte. Certains enfants font même des blocages sur la langue de leurs parents car ils intègrent les idées reçues négatives associées à leur pays d'origine. Voir, dans le livre de Barbara Abdelilah-Bauer, le cas d'un enfant refusant de parler arabe avec ses parents "parce que ça fait honte" (!!!). Je trouve ce constat tout particulièrement regrettable, l'idée d'une hiérarchie de valeurs entre les langues étant totalement absurde.
3/ On distingue plusieurs types de bilinguisme en fonction de l'âge qu'avait l'enfant au moment du contact avec la deuxième langue. Mon bilinguisme, par exemple, est un bilinguisme consécutif précoce (consécutif car j'ai été exposée exclusivement à ma première langue, l'italien, pendant cinq ans, et que le français est arrivé plus tard, et précoce car l'exposition au français s'est faite avant mes six ans).
Une lecture intéressante et rassurante, donc, car ça fait du bien de voir que je ne suis pas seule et que, sur ce point-là au moins, mes parents ont fait le bon choix en s'en tenant à l'italien à la maison. Apparemment, certains parents désespérés et pressés par des instituteurs casse-pieds renoncent à parler leur propre langue chez eux pour faciliter l'intégration de leurs enfants à l'école française, en les privant ainsi d'une deuxième langue et d'une deuxième culture. L'idéal reste que chaque parent parle sa propre langue à l'enfant, y compris dans le cas de couples mixtes ayant déjà deux langues (exemple: mère francophone, père russophone, enfant né en Italie et grandissant, à l'extérieur, dans un contexte exclusivement italophone), sans pour autant faire de dogmatisme et en s'adaptant à l'enfant, à son rythme et à ses besoins.
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