mardi 6 mars 2012

Cheval de guerre (2011)

Un sentiment quelque peu mitigé pour le dernier Steven Spielberg, War Horse. Le moins que l’on puisse dire est que Steven n’a pas révolutionné ma vie en 2012 comme il l’a fait en 1993 avec Jurassic Park.

Pourtant, je versais déjà de grosses larmes rien qu'en regardant la bande-annonce, et je suis allée le voir toute seule comme une grande, de peur de sangloter du début à la fin et de devoir quitter la salle (j’ai une fâcheuse tendance à sangloter dès que je vois un cheval. Je soupçonne que je serais moins émotive et qu’il y aurait moins de posters de chevaux sur mes murs s’il y avait des chevaux dans ma vie et si ma vie équestre n’avait pas été un désastre, mais là n’est pas le sujet).

Cheval de guerre est un film familial. J’entends par là que les personnages manquent considérablement de subtilité. Ils ne correspondent pas tout à fait à des clichés préétablis, mais on n’en est pas loin. Le père d’Albert, le personnage humain principal, notamment, est tellement mou, minable et avachi sur lui-même que je n’ai même pas réussi à le mépriser, alors même que je me fais toujours un plaisir de détester les figures paternelles (là aussi, je soupçonne que je ne réagirais pas de la même manière si j’avais eu une famille saine et digne de ce nom, mais là n’est encore pas le sujet). Toute la première partie du film, qui retrace la jeunesse du cheval Joey (le personnage équin principal) dans la campagne anglaise, m’a franchement évoqué la série La petite maison dans la prairie. Heureusement que David Thewlis est là. Sa barbe fait ressortir son gros nez, mais bon, c’est le Roi Einon de Cœur de dragon, alors on s’incline. (Le reste du monde le connaît surtout sous les traits du professeur Lupin.)

À gauche: père avachi. À droite: le merveilleux David Thewlis.

La situation s’améliore lorsque le père (toujours avachi) d’Albert vend Joey à l’armée, plus précisément à un jeune officier, le capitaine Nicholls, joué par Tom Hiddleston. J’adore cet acteur. La petite vingtaine de minutes passée avec lui a été la meilleure du film. Il relève nettement le niveau, fait entrer de la subtilité en jeu, est émouvant et touchant juste en étant là. Du coup, j’ai hâte de le retrouver sous les traits de Loki dans Avengers, même si son costume est aussi ridicule que dans Thor. (Bizarrement, je n’ai pas flashé sur lui dans Thor… Par contre, je l’ai beaucoup aimé en Fitzgerald dans Minuit à Paris.)

Tom Hiddleston

Le capitaine Nicholls et son ami le lieutenant Charlier Waverly, joué par Patrick Kennedy, sont sous les ordres du major Jamie Stewart, joué par Benedict Cumberbatch (que j'ai remarqué récemment dans La Taupe, dans lequel il joue l'assistant de Gary Oldman, et qui est connu pour jouer Sherlock Holmes dans la série Sherlock de la BBC -- avis aux amateurs!).

En haut: Benedict Cumberbatch, Patrick Kennedy et Tom Hiddleston
En bas: Topthorn, personnage équin au nom inconnu, Joey

Par la suite, Joey rencontre pas mal de personnes au cours de la guerre et passe de l’armée britannique à celle allemande avant de finir du côté français. Accompagné de son compagnon Topthorn, un grand cheval noir (personnage équin secondaire), il tire des canons dans les tranchées. Bien entendu, c’est moche pour les chevaux et plusieurs plans font vraiment mal.

C’est cependant le grand intérêt de ce film: tout tourne autour de Joey. C’est lui le personnage principal. Bon, on nous sert une bonne partie des clichés équestres habituels (un jeune cheval –mâle, évidemment-- "indomptable", une amitié indestructible avec un jeune garçon, la mise en place d’un signal précis auquel le cheval répond après des années de séparation, des hennissements à tout va alors que les chevaux, dans la vraie vie, ne hennissent que très ponctuellement, la multiplication des cabrers en situation de danger alors que la défense spontanée d’un cheval consiste à te montrer ses fesses et à t’envoyer les sabots dans la figure – mais bon, le coup de cul est moins spectaculaire que le cabrer, je comprends). C’est néanmoins un des meilleurs films de chevaux que j’ai jamais vus, car il y a une certaine spontanéité et un certain réalisme dans le comportement des chevaux. Peut-être est-ce simplement dû au fait que ces plans sont assez longs et les chevaux avaient donc une plus grande liberté. Un cheval qui galope pendant trente secondes d’affilée, c’est plus "vrai" que 10 plans de trois secondes entrecoupés d’autres plans, vous voyez? Et je n’ai pas identifié de "trucs" de dressage flagrants comme je le fais d’habitude (notamment pour faire tomber les chevaux sur le côté en mettant leur nez du côté où ils doivent s’effondrer). Chapeau à la personne qui les a dressés.

Je pourrais même dire que Spielberg a sublimé les chevaux (mais, franchement, est-il besoin de sublimer un cheval, animal déjà sublime de base, comme le chat?): ils sont très bien mis en valeur, filmés de manière intéressante, rendus très expressifs mais sans tomber dans la caricature du cheval qui rit, par exemple. Je pense notamment au plan sur le visage de Joey une fois qu’il a remplacé Topthorn pour tirer un canon. Anthropomorphisme à part, ce que ce plan dit, c’est: Joey sait ce qu’il a fait.

Hello! I'm Mister Joey.*

Parallèle inévitable avec les plans incroyables de Pilgrim blessé et traumatisé au fond de son boxe dans L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, lorsqu’il regarde le personnage de Kristin Scott-Thomas droit dans les yeux et exprime une haine puissante.

Les scènes de cavalerie sont également super. Je suis une grande partisane de la cavalerie en crins et en sabots, par opposition avec la cavalerie numérique des Rohirrim par exemple, et c’est la première fois que je vois au cinéma une scène digne de la charge de l’armée d’Arthur dans Les chevaliers de la Table Ronde, film totalement anachronique, mais tellement culte, des années cinquante.


Pour conclure, Cheval de guerre est très spectaculaire, les scènes de guerre sont très réalistes tout en restant discrètement dénuées de sang pour ne pas effrayer les jeunes spectateurs, et Spielberg connaît parfaitement son métier, comme le montre la galopade finale dans le no man's land (si elle est bien plus courte que je ne le pensais, ça reste un grand moment de cinéma). La musique de John Williams est superbe et je suis un peu triste qu'il n'ait pas eu l'Oscar, même si je pense que The Artist le méritait également... Mais c'est très sentimental --la scène finale en contre-jour devant le ciel de l'aube est tout simplement dégoulinante de bons sentiments-- et il manque un petit quelque chose pour qu'un spectateur adulte prenne le tout (et surtout les personnages) un peu plus au sérieux.

Je vous laisse avec une jolie photo de Joey et Topthorn avant le début de leurs gros, gros ennuis.


*Ceci est un clin d’œil à la série Mister Ed, devant laquelle je m'esclaffe bêtement tous les matins au petit-déjeuner. :)

6 commentaires:

  1. Rhaa les hennissements à tout bout de champ ça m'énerve ça m'énerve.

    Dans un maga gratuit au ciné j'ai lu un petit article qui comparait cheval de guerre avec E.T., c'était pas mal, et pas faux. Mais E.T. est mille fois mieux.

    Je suis ressortie de ce film ... pas déçue parce que je savais que ça allait être comme ça, mais bon voilà quoi. C'est énervant de voir que dès qu'une histoire parle de chevaux au cinéma, ça doit être neuneu et anthropomorphiste. Même si en effet, il y a des scènes assez dures. D'ailleurs, c'est un film je trouve les parents doivent vachement accompagner les gamins qui le voient, en parler et tout parce qu'à mon avis, ça a de quoi angoisser.

    Tu sais que HBO a fait une série qui se passe dans le monde des courses ? Ça s'appelle Luck. J'ai déjà vu les 4 premiers épisodes, c'est pas mal du tout. On est loin de Disney évidemment.

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  2. Oui j'ai vu! Je ne suis pas fan de l'univers des courses, de base, mais HBO fait toujours de super séries (Rome!!!!), donc ça m'attire. Enfin, je regarde actuellement des séries d'il y a au moins dix ans, alors je suppose que je regarderai Luck en 2020... :( :)

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  3. C'est vrai que le pére j'ai pas pu le blairer non plus, il m'a fait penser a un de mes voisis super grognon qui nous engueule a chaques fois qu'on fout un gravier de notre couleurs dans les siens(lui: blanc, nous:rouges)
    mais je suis vraiment d'arccord avec toi, il y a Thewlis et Hiddeston donc j'aime.

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    1. Salut! Merci de ton commentaire! Désolée pour le temps de réponse, je ne suis pas si lente d'habitude... Mais qui es-tu, mystérieux visiteur qui partage mes goûts en matière d'acteurs? :)

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  4. Ah mais moi j'ai pleuré comme jamais devant ce film !
    Mais bon, je suis prise d'une empathie certaine dès qu'il s'agit d'animaux (si ça avait été un homme, je n'aurais pas versé une larme !)

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    1. Ha mais en fait je n'en ai pas parlé mais moi aussi j'ai pleuré. Lol. C'est la scène de la réunion, quand Albert aveugle siffle Joey mal en point, et qu'ils se retrouvent, ça touche mon petit cœur de cavalière qui n'a jamais eu son cheval ou même une demi-pension. Je pleure même en regardant juste l'extrait sur YouTube... ^^
      Au moins ce film en aura sensibilisé quelques uns au sort des chevaux pendant la guerre. Évidemment Cheval Magazine a beaucoup couvert le sujet, mais je pense que d'autres personnes n'étant pas du milieu ont découvert cet aspect-là, qui est totalement laissé de côté.

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