dimanche 10 juin 2012

La Putain respectueuse / Morts sans sépulture

Jusqu'ici, ma seule rencontre avec Jean-Paul Sartre avait été très décevante. Les Mots n'est en effet pas du tout un livre sur les livres, comme le laisse entendre l'extrait proposé en quatrième de couverture de l'édition de poche de Folio. C'est donc uniquement parce que j'ai trouvé La Putain respectueuse à 25 centimes en brocante que je l'ai acheté.

Cette très vieille édition du Livre de Poche (mon exemplaire a été imprimé en 1970) regroupe deux pièces de théâtre: La Putain respectueuse et Morts sans sépulture. J'ai beaucoup beaucoup aimé ces deux récits, qui m'ont fortement rappelé Antigone de Anouilh (jusqu'ici, la seule pièce de théâtre m'ayant jamais marquée).

La Putain respectueuse (1946)

Lizzie, une prostituée, reçoit la visite de quelques agents de police bien décidés à lui faire signer un témoignage accusant un Noir de l'avoir agressée dans le train. Mais Lizzie veut s'en tenir à la vérité: c'est un Blanc qui l'a attaquée, et deux Noirs présents dans son compartiment l'ont défendue. L'un a été tué et l'autre a pris la fuite. Dans une société où le nègre ne vaut rien et où le Blanc ne peut jamais avoir tort, Lizzie pourra-t-elle résister aux pressions exercées par la police et les autorités?

"Quand des blancs qui ne se connaissent pas se mettent à parler entre eux, il y a un nègre qui va mourir."

Morts sans sépulture (1941)

Enfermés dans un grenier, des résistants attendent d'être interrogés par des miliciens. Ils savent qu'ils seront maltraités et torturés et qu'on essaiera de leur faire avouer où se cache leur chef. Chacun d'entre eux s'interroge sur sa capacité à affronter la douleur et se demande s'il "avalera le morceau" et devra ensuite vivre avec la honte de sa lâcheté. Un par un, ils sont emmenés à l'étage d'en-dessous.

Cette pièce est celle qui m'a le plus rappelé Antigone, puisqu'elle aborde les mêmes sujets: peur et acceptation de la mort, envie de vivre, fossé entre ceux qui vont vivre et ceux qui vont mourir, place de l'orgueil dans l'héroïsme. Jusqu'où est-on prêt à aller pour une cause ou pour tenir tête à son bourreau? Le sacrifice a-t-il réellement un sens? Une réflexion que j'ai trouvée particulièrement intéressante après l'"hommage" que j'ai rendu hier à mes héros avoir regardé Mémoires de nos pères.

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