mardi 19 août 2014

Dire presque la même chose (2003)

Dire presque la même chose: tout un concept. Que signifie dire? Que signifie presque? Et surtout, qu'est-ce que la chose que l'on veut dire?

Autant de questions qu'Umberto Eco applique très justement au processus de traduction, qu'il connaît bien puisqu'il a lui même traduit (par exemple Sylvie de Nerval en italien) et été traduit (en tout un tas de langues), mais aussi parce que ce célèbre écrivain a le bon sens et la gentillesse de collaborer avec ses traducteurs, ce qui l'a confronté à toutes sortes de problèmes d'adaptation. Son essai regorge donc d'exemples de traductions effectuées ou encadrées par lui, ce qui le rend très intéressant et incroyablement plus digeste que les autres livres que j'ai pu lire sur mon métier. Bon, il y a certes quelques passages qui m'ont perdue, mais globalement, si on fait l'effort de s'y mettre, ce livre est tout à fait lisible, y compris pour quelqu'un qui ne s'est jamais intéressé à la traduction. (En revanche, mieux vaut maîtriser au moins deux des langues suivantes: italien, français, anglais ou allemand. Sinon, vous risquez de passer à côté de la plupart des exemples.)


J'en retiendrai un chapitre très ludique sur la traduction automatique et ses résultats improbables, des considérations très intéressantes sur l'effet qu'un texte veut produire, une étude des textes d'Eco qui m'a fait réaliser que j'avais encore moins saisi toute la portée du Nom de la rose que je ne le pensais, des comparaisons passionnantes entre la traduction d'une langue à l'autre et le passage d'un média à un autre (par exemple du livre au cinéma), et au final un bel hommage à ce métier passionnant qu'est le mien, ainsi qu'une prise en compte jamais vue en dehors du métier sur ce qu'il faut se creuser le cerveau pour traduire. (En général, si la profession se lance des fleurs à longueur de revue et de colloque, le reste du monde nous considère souvent comme de simples "enfileurs de mot" trouvant par simple consultation dans le dictionnaire la parfaite équivalence entre deux langues données...) Et puis un petit rappel théorique ne fait pas de mal plusieurs années après la fac!

Bon, en revanche, j'ai eu encore plus d'admiration et de pitié combinées pour les FOUS qui traduisent Eco dans leurs langues respectives! C'est juste dingue de s'attaquer à cet auteur!! :)

Allez donc voir ailleurs si cet essai y est!
Compte-rendu publié dans la revue Traduire, éditée par la Société française des traducteurs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Exprime-toi, petit lecteur !