Petit chamboulement de planning pour mettre en ligne cette chronique juste avant la fin du challenge Rupestre fiction de Vert. Malheureusement, cette dernière lecture préhistorique a été pour moi parfaitement navrante et ce billet sera assez assassin: en effet, ce Clan de l'ours des cavernes est entré dans l'anti-Panthéon des livres que j'ai trouvés franchement mauvais.
Plusieurs choses m'ont profondément rebutée dans ce premier tome de la saga des Enfants de la Terre de Jean M. Auel (écrivain dont j'ai découvert récemment qu'il s'agissait d'une femme américaine -- prononcez son prénom "gin" -- et non pas d'un certain Jean bien français), l'histoire d'Ayla, une enfant Homo Sapiens recueillie par des Néanderthal.
Le style avant tout, et ce pour deux raisons. Déjà, la rédaction générale (construction et enchaînement des phrases) est tout à fait banale: acceptable, mais rien de très folichon. Ce genre de style me convient s'il est compensé par d'autres éléments, mais là, il n'y avait rien pour rattraper. En plus, et c'est là la première chose qui a commencé à me donner de l'urticaire, ces phrases banales, sans style littéraire propre, voient régulièrement apparaître des mots scientifiques modernes d'origine latine ou grecque qui jurent (et je pèse mes mots) avec un texte anglais aussi simple. C'est difficile à décrire, mais vraiment c'est impossible de caser le mot subcutaneous toutes les dix pages quand nos hommes des cavernes s'en vont chasser le mammouth. Le ton est donné très vite, car Ayla manque de mourir d'hypothermie à la troisième page. J'ai vraiment tiqué. Je sais que l'auteur n'est pas l'un de ses personnages et n'est pas tenu de parler comme eux, mais là c'était trop. À la fin, un des personnages parle même des "aftershocks" d'un tremblement de terre, alors qu'ils ne sont même pas censés savoir ce que sont des tremblements de terre...!
Deuxième point: le personnage principal. Ayla est une enfant agaçante qui passe son temps à chouiner. J'ai très vite eu envie qu'il lui arrive quelque chose de vraiment grave.
Troisième point: l'intrigue. Ce livre repose en grande partie sur la haine farouche que Broud, le fils du chef de la tribu, voue à Ayla parce qu'elle lui a volé la vedette le jour de son rite de passage. Difficile de tenir 500 pages sur la jalousie d'un adolescent qui manque de confiance en sa virilité.
Quatrième point: la misogynie de la société Néanderthal. J'ai rarement vu une société aussi profondément et horriblement machiste. Je crois que même les femmes afghanes ont une vie plus digne. Dans le clan, n'importe quel homme peut coucher avec n'importe quelle femme simplement en lui faisant un signe qui signifie "Je veux soulager mes besoins avec toi, adopte la position prévue". Et pam, pénétration. Évidemment, en revanche, les femmes ne peuvent pas en faire de même... :/ Une femme ne peut pas regarder un homme dans les yeux et doit s'adresser à lui en parlant d'elle-même à la troisième personne ("Cette fille aimerait s'adresser à toi, homme..."), elle ne choisit pas qui elle épouse et est punie de mort si elle ose chasser. Bref, que du bonheur. J'ai du mal à comprendre pourquoi une écrivain est allée créer une société aussi pourrie. Peut-être pour montrer Ayla comme une femme moderne qui ose faire des choses différentes des autres? (Mais qui pleure quand même tout le temps et passe des paragraphes entiers à se demander Qu'est-ce que je vais faire et Qu'est-ce qui va m'arriver et Pourquoi qu'ai-je fait de mal et Ouin ouin je suis mal-heu-reu-se...)
Enfin, le moindre mal: les descriptions interminables de plantes médicinales m'ont beaucoup ennuyée.
À partir de la moitié du livre, je n'ai lu que la première phrase de chaque paragraphe et décidé en fonction si je lisais le paragraphe ou pas. J'ai sauté des pages entières... Le seul point positif de tout ça, c'est que je ne lirai pas les six autres tomes de la série, ça fait toujours six livres en moins sur la liste des livres à lire au cours de ma vie. (D'autant plus que d'après Wikipédia, les six livres ne parlent pratiquement que de la vie sentimentale de Ayla, très utile!) Mais bon quel dommage, car la vie des Néanderthal présentait un intérêt certain...
Si tu veux du Néanderthal je te recommande plutôt Le rêve du mammouth, plus court, pas du tout sentimental et pour le coût c'est l'homo sapiens qui passe pour un gros barbare sur certains points ^^
RépondreSupprimerHaha trop fort. Ceci dit Mme Auel dépeint aussi quelque Sapiens comme violents, car à un moment donné elle parle de rumeurs de viols collectifs.
SupprimerDans les tomes suivants, Ayla va d'une part grandir (et du coup probablement devenir moins chouineuse ? j'avoue que je ne me souviens plus de cet aspect du livre donc difficile à dire), d'autre part elle va faire la connaissance de son peuple, qui est une société matrilinéaire où l'homme et la femme sont égaux. Après cette saga reste une romance, donc c'est fortement orienté vers les relations amoureuses (je me souviens de scènes de sexe bien hot, pour une ado en tout cas, dans le 2 et le 3). Je te conseille quand même d'essayer le deuxième La Vallée des chevaux, il est très différent.
RépondreSupprimerJe garde un très bon souvenir de cette saga mais je l'ai lue quand j'étais ado. Ce que tu en dis me fait reculer mon envie de le relire : j'ai peur que ça ne tienne pas le choc XD
Ouais franchement je ne te conseillerais pas de t'y remettre ^^ Mais c'est frustrant quand même, car il y avait des choses intéressantes (la vie quotidienne, les rituels, la transmission du savoir) dont je n'ai pas du tout profité à cause de l'énervement profond ressenti envers la plupart des personnages... :(
SupprimerSinon, la société des Néanderthal aussi est matrilinéaire, mais c'est par ignorance du fait que l'homme participe à la conception mouhaha...
Ha j'avais oublié ce point. C'est pareil pour le peuple d'Ayla en fait. Mais y a pas de soumission de la femme à l'homme et tout, les femmes sont souvent cheffes, partent en voyage et n'ont clairement pas à se soumettre à l'homme. Bref, de ce point de vue c'est très intéressant. Pour une romance ces bouquins ne sont pas mal du tout (dans mon souvenir toujours).
SupprimerBon je note quand même, on sait jamais, si je tombe un jour sur un exemplaire d'occasion du tome 2!
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