jeudi 27 février 2025

The Sittaford Mystery (1931)

Chronique express!

Photo souvenir d'une des meilleures matinées de l'année:
j'avais passé un super week-end, j'avais du temps avant mon train, j'avais de quoi payer, je savais que ce serait délicieux... 💖

Un petit Agatha Christie, ça ne se refuse jamais, et encore moins quand on trouve un exemplaire abandonné sur son chemin. Cela faisait bien trop longtemps que je n'avais rien lu de la reine du crime (six ans depuis The Hollow!), et je l'ai retrouvée avec une jubilation totale.

Au menu de ce roman: une séance de spiritisme qui annonce un meurtre, un homme tué chez lui, un suspect tout trouvé, un policier précis et perspicace, une tonne de personnages secondaires qui pourraient bien être suspects à leur tour, une multitude de fausses pistes et surtout Emily Trefusis, la petite amie délicieusement charmante du principal suspect, qui est bien déterminée à prouver son innocence. Comme souvent, l'intrigue se passe dans le genre de coin paumé d'Angleterre qui me fait rêver, où tout le monde connaît tout le monde, où les trains roulent sans difficulté, où le chômage et la criminalité n'existent pas (enfin, sauf qu'il y a un meurtre, HAHAHAHAHA), et où les saisons sont de vraies saisons, ma petite dame. Et les personnages vivent au sein d'une société pas très huppée, mais néanmoins très policée et propre sur elle. J'A-DO-RE. Et puis Christie avait beaucoup d'humour et fait ici pas mal de références à Arthur Conan Doyle, que j'aime d'amour aussi. Et puis comme j'ai bien compris qu'il faut soupçonner TOUT LE MONDE dans ses romans, j'ai soupçonné le meurtrier!!! Bonheur et fierté.

samedi 22 février 2025

The Kaiju Preservation Society (2022)

Chronique express!

Après Redshirts et ses membres d'équipage bien décidés à survivre, place à un nouveau John Scalzi! Dans The Kaiju Preservation Society, on suit les aventures de Jamie Gray, un New-Yorkais qui a perdu son emploi à la veille du confinement de 2020 et est devenu livreur pour une société type UberEats (son ancien employeur, soit dit en passant). Il retrouve ainsi par hasard une vieille connaissance, qui lui propose un emploi bien plus rémunérateur sans lui donner trop de détails.

Le personnage qui débarque dans un environnement qu'il ne connaît pas, c'est évidemment un procédé bien connu pour poser un décor, et cela marche ici très bien pour nous mener jusque sur une Terre parallèle à la nôtre, où la vie a évolué de manière très différente, prenant parfois des proportions... titanesques. Tout est dans le titre. Mais les kaijus ne sont pas seulement super cools parce qu'ils sont des kaijus: ils ont aussi un fonctionnement assez intéressant, qui implique des tas de parasites. Comme le dit un personnage, il faut plutôt les concevoir comme des écosystèmes que comme des animaux...

Si j'ai été incapable de retenir qui faisait quoi dans l'équipe du personnage principal et si j'ai été exaspérée par la structure "ligne de dialogue - description d'un geste - ligne de dialogue - description d'un geste" absolument INCESSANTE de ce roman, j'ai tout de même passé un super moment avec notre brave Société. C'est truffé de références à la pop culture (heureusement que j'écoute Godzilla Final Podcast, sinon je n'aurais pas compris pourquoi le vaisseau s'appelle le Shobijin 😂😂), c'est truffé de vannes et de blagues, ça se lit tout seul, c'est parfait. J'ai aussi beaucoup apprécié la postface dans laquelle Scalzi explique avec honnêteté comment il a galéré à écrire en 2020 et début 2021. Quelque chose me dit qu'il doit de nouveau avoir du mal à écrire depuis novembre dernier...

Allez donc voir ailleurs si ces kaijus y sont!
L'avis du Chien critique
L'avis d'Ombrebones

lundi 17 février 2025

Les Falsificateurs (2007)

Après avoir lu trois romans d'Antoine Bello (Ada, Roman américain et Du Rififi à Wall Street), j'étais ultra motivée pour continuer le voyage aux côtés de cet écrivain billant, qui sait aborder des sujets complexes avec une plume limpide et brouiller les frontières entre réalité et fiction.


Dans Les Falsificateurs, il met en scène Sliv Dartunghuver, un Islandais embauché dans un cabinet d'expertise. Après sa première mission, qui se déroule au Groenland, son patron lui révèle que l'entreprise sert en réalité de façade au CFR. Personne ne sait avec certitude ce que signifie ce sigle, mais tout le monde s'accorde à penser qu'il s'agit du "Consortium de falfication du réel". En tout cas, c'est une organisation tentaculaire, présente dans le monde entier, qui modifie la réalité via la falsification grâce à des moyens humains, techniques et économiques ahurissants.

"Je vous invite à lire ce dossier. Il a été monté il y a trois ans par une jeune recrue dont c'était la première affaire. Il est loin d'être parfait mais il vous donnera un bon aperçu de notre travail au quotidien. [...] Un conseil: si cette lecture ne suscite chez vous aucune forme de jubilation intellectuelle, arêtez les frais immédiatement. Si, dès le deuxième paragraphe, vous vous prenez à vous demander s'il était possible de faire mieux et comment vous auriez procédé à la place de l'auteur, c'est que vous êtes ferré."
Le premier dossier de Sliv consiste à inventer une histoire d'expropriation des peuples premiers au Bostwana. Insertion d'un chapitre inventé de toutes pièces dans le projet de publication de l'autobiographie bien réelle d'un célèbre anthropologue, invention de divers personnages ayant révélé l'affaire, modification de sources réelles: après avoir écrit un scénario, il faut concevoir la falsification dans ses moindres détails afin que l'affaire tienne debout et trompe le monde entier.

Ce concept même – l'histoire d'un falsificateur qui modifie le monde aux yeux de ses contemporains – est belloesque par essence, et je me suis ré-ga-lée. Déjà, le style limpide de l'auteur est bien présent, et avec une bonne dose d'humour.
"Vers la fin de l'année 1994, je commençai à préparer mon voyage en Patagonie. Lena Thorsen avait anéanti mes espoirs de prendre un mois entier de congé en m'accordant royalement quinze jours "pendant la période creuse" (elle était bien la seule à s'être penchée sur la saisonnalité du business de la falsification)."

Les personnages sont tous bien croqués: Sliv, son patron, ses amis falsificateurs. Les histoires dans l'histoire (les divers scénarios que Sliv étudie ou rédige) sont prenantes et passionnantes. Et bien sûr, l'étendue de la falsification et la minutie nécessaire pour qu'elle tienne l'épreuve du réel sont absolument immenses, jubilatoires, passionnnantes, renversantes. Et, bien sûr, on s'interroge sans cesse, en toile de fond, sur l'identité exacte du CFR et ses motivations réelles. Pourquoi monter autant de projets dans tous les domaines? Et comment diable sont-ils financés?

Je n'ai que deux bémols à cette lecture. Premièrement, l'étendue de la falsification à l'œuvre ici m'a fait sérieusement relativiser la falsification d'une page Wikipédia qui m'avait pas mal retourné le cerveau dans Roman américain; pour Antoine Bello, c'était probablement un petit exercice de routine. 🤣🤣🤣 Deuxièmement, le roman se termine sur deux mots terribles, deux mots qui hantent les nuits des lecteurs confrontés à un certain espace-temps: "à suivre". Car l'histoire n'est pas finie!!! Heureusement pour moi, j'arrive mille ans après la guerre et j'ai donc déjà la suite, Les Éclaireurs. Je l'avais même achetée la première, avant de découvrir qu'il valait mieux la lire à la suite des Falsificateurs. Je suis joie, je suis bonheur, je suis jubilation, je lirai ça bientôt. Antoine Bello est un génie!

mercredi 12 février 2025

La Saga de Youza (1979)

En Lituanie, le lendemain d'un mariage, un homme qui n'a pas dormi de la nuit annonce à son frère et à sa sœur qu'il va quitter la ferme familiale et s'installer sur leur parcelle du marais du Kaïrabalé, une terre jusque-là exploitée seulement une partie de l'année. Pour sa famille, c'est la stupéfaction. Mais Youza ne s'embarrasse guère d'explications: c'est un homme taciturne, qui a pris sa décision et ne reviendra pas dessus.

Durant 370 pages, ce roman de Youozas Baltouchis décrit ainsi le quotidien de Youza, tout seul dans son marais. Son frère passe quelques fois. Les habitants viennent faire les foins une fois par an. Mais dans l'ensemble, il est seul avec ses animaux – une vache, un cheval et quelques poules – et son terrain. Tout est à constuire et à installer: une maison, une étable, un puits, des champs, des ruches. Les saisons passent, la nourriture évolue en conséquence.

J'ai moi-même du mal à croire que ce roman comporte si peu d'action, mais c'est vrai. C'est vraiment, essentiellement, l'histoire d'un mec seul dans son marais, avec une simplicité que je ne sais pas vraiment comment qualifier si ce n'est d'"ancestrale".

Plusieurs fois, néanmoins, le monde extérieur fait irruption: les autorités réclament des impôts ou des hommes demandent un abri. Je ne sais pas en quelle année commence l'intrigue exactement, mais on traverse à peu près les années vingt à quarante (voire dix à cinquante) de l'histoire de la Lituanie, et j'ai bien sûr trouvé cela passionnant, étant donné que je ne sais à peu près rien sur la Lituanie en particulier et sur les États Baltes en général. Mais c'est une histoire mouvementée et tragique qui serre le cœur, notamment pour la communauté juive, et laisse songeur quant à la succession des régimes qui apportent tous leurs problèmes (même si certains sont bien plus crades que d'autres, il va sans dire).

Entre les descriptions de la vie à la ferme et les rencontres riches, l'ensemble dégage une humanité précieuse. Et surtout, la version française, traduite du lituanien et du russe par Denise Yuccoz-Neugnot, est sublime de richesse. Pour je ne sais quelle raison, j'ai trouvé le premier paragraphe  ardu lorsque je l'ai lu peu après mon achat, et j'ai donc laissé le roman de côté plusieurs mois; mais quand je l'ai repris, j'ai été charmée tout de suite. C'est élégant et fin, et ça donne parfaitement vie à ce monde empli de plantes acquatiques et d'oiseaux. Je ne peux pas juger le texte en tant que traduction, vu que je ne peux pas comparer avec l'original, mais le produit final publié en France est un vrai régal. Chapeau.

Cherchant des infos sur le processus de traduction pour m'expliquer pourquoi le roman était traduit "du russe et du lituanien" (et non du lituanien uniquement), je suis tombée sur un article passionnant de Marielle Vitureau sur le processus de traduction et l'histoire du livre en France (attention, le lien télécharge directement le fichier PDF). Je suis éblouie de voir que ce roman a trouvé son chemin ici, car l'Europe de l'Ouest est fort peu tournée vers l'Europe de l'Est... Et donc, le roman est traduit du lituanien et du russe car la traductrice a traduit à partir de la traduction russe, mais avec une Lituanienne, dans un processus à quatre mains assez fascinant. Le résultat est tellement merveilleux que ça me peinerait de revenir dessus, mais, bien sûr, l'idéal serait de faire un jour traduire ce roman par quelqu'un qui travaille directement à partir du lituanien...

Pourquoi ce livre?

C'est sans doute la question que tout le monde se pose! Parce que c'est bien la première fois que je touche à la littérature lituanienne ou balte. Eh bien: parce que, en mai dernier, Marielle Vitureau est intervenue sur France Culture pour parler de Vilnius (la capitale lituanienne, préciserai-je) et qu'elle a évoqué ce roman. J'ai noté le nom et je l'ai acheté. J'ai tellement bien fait. Merci, Marielle. Pour info, je vous ai déjà parlé d'elle sur ce blog, car elle a écrit le Dictionnaire insolite des pays baltes que j'ai lu il y a deux ans.

vendredi 7 février 2025

Song of the Huntress (2024)

En 2023, j'ai lu avec grand plaisir Sistersong, un roman de Lucy Holland se déroulant dans l'ouest de l'Angleterre au Ve siècle. Il y était question de trois sœurs, de conquête saxonne et de changement religieux. Je me suis donc procurée le nouveau roman de l'autrice avec enthousiasme, d'autant plus que j'ai le (très) vague projet de contacter des maisons d'édition françaises pour attirer leur attention sur elle (et pour les convaincre de me confier la traduction de ses romans, bien sûr). Hélas, ça n'a pas pris aussi bien, et de loin.

L'histoire
Song of the Huntress se déroule au VIIIe siècle. La conquête saxone de l'Angleterre, mise en scène dans Sistersong, est finie depuis longtemps. Le royaume saxon du Wessex est dirigé par deux des personnages principaux: le roi Ine et la reine Æthelburg. Æthelburg est le bras armé d'Ine; c'est elle qui parcourt le royaume pour combattre, tandis qu'il s'occupe plutôt de la cour et du corpus juridique. Le roman commence lorsque Æthelburg brûle Taunton. Cet événement historique réel nous permet de situer l'action en 722. On comprend rapidement qu'il y a une certaine mésentente au sein du couple, avec beaucoup de souffrance et de non-dits, mais aussi que le petit frère du roi est antipathique, voire suspect, voire carrément un sale traître. En parallèle, le chemin d'Æthelburg croise celui d'Herla, une guerrière icène qui, des siècles plus tôt, a recherché l'aide du monde magique pour aider Boudica à remporter la victoire face aux Romains, mais a été prise au piège et condamnée à mener la Chasse sauvage. Quant à Ine, il se retrouve bien malgré lui aux prises avec la magie de la Domnonée, le royaume à l'ouest du sien, que les Saxons n'ont pas conquis et qui n'a pas été christianisé (et dans lequel se déroulait Sistersong).

En soi, Song of the Huntress avait pas mal de choses pour me plaire. Déjà, l'histoire de l'Angleterre est toujours passionnante, et les siècles relativement mal documentées de la fin de l'Antiquité et du début du Moyen Âge ouvrent la porte à toutes les interprétations et inventions possibles. Les changements de civilisation, comme l'antagonisme entre les royaumes saxons christianisés et la Domnonée pagane, sont riches de possibilités, et la magie celtico-mystique me plaît beaucoup; j'adore imaginer que Glastonbury est une porte pour le monde des fées, que la terre a son propre pouvoir, que des guerrières d'un autre âge, maudites par le roi du monde magique, tuent tous les humains sur leur passage en fonction du cycle de la lune.

(En vrai, je ne sais pas si ce roman aurait été possible sans Marion Zimmer Bradley, qui a fait la même chose, mais en beaucoup plus fin, il y a quarante ans. Mais bon. Tout le monde ne peut pas inventer un nouveau truc.)

Malgré cela, j'ai, hélas, plutôt agonisé sur ce bouquin. Déjà, il est rédigé au présent, ce que je trouve insupportable; mais ça aurait encore pu passer si le contenu avait été bon. Mais les personnages passent leur temps à se morfondre sur leur sort, à regretter les erreurs passées et à répéter les mêmes erreurs dans la foulée, comme si de rien n'était. La non communication au sein du couple Ine-Æthelburg est vraiment une pépite de non évolution scénaristique. La moitié de leurs problèmes auraient été évités s'ils avaient dit ce qu'ils avaient en tête ou ce qui leur était arrivé. Mais non, ils gardent la bouche fermée, de chapitre en chapitre... 😅 En outre, Æthelburg est très impulsive et donc agaçante. Ine est, au contraire, très mou, ce qui est agaçant aussi, mais il a au moins le sens des responsabilités. Enfin, Herla ne m'a pas passionnée non plus. Certes, c'est une guerrière formidable: elle était déjà très forte du temps des Icènes, et, au moment du roman, cela fait trois siècles qu'elle mène la Chasse sauvage et elle est donc devenue un être surnaturel, plus grand que nature. Mais bon, elle prend pas mal de mauvaises décisions aussi...

Et puis le style, purée, le style. Au moins 20 % du bouquin pourrait être amputé sans aucun problème: ce ne sont que gestes sur gestes, les persos qui mettent la main sur la garde de leur épée, qui tournent la tête, qui relèvent les yeux, qui lissent le tissu de leur habit. Putain. Je comprends que ça permet de rythmer les dialogues, dans une certaine mesure. Mais c'est exaspérant. Et entre deux dialogues, tout le monde se morfond. Je n'en pouvais plus.

Bilan: je ne peux pas nier que le contexte historique est fascinant, et que Lucy Holland a sans doute mené des études poussées pour donner corps à des personnages historiques et aux villes saxones de l'époque. Et je trouve intéressant de mettre en scène des personnages qu'on a longtemps peu vus, comme des bisexuels, des homosexuels et des asexuels. Mais bon. Ça ne suffit pas à faire un bon roman. 🤷‍♀️

dimanche 2 février 2025

La gamelle de janvier 2025

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé!

Sur grand écran

Le Déluge de Gianluca Jodice (2024)

J'ai adoré! Mon cerveau a tellement carburé durant la séance que j'ai envisagé de consacrer à ce film un billet dédié – mais, le temps de rentrer chez moi, j'ai oublié la majorité de mes réflexions, bien entendu. Sur la forme, c'est un film superbe, extrêmement bien mis en scène et cadré. La moindre scène est un tableau. Et Guillaume Canet et Mélanie Laurent jouent extraordinairement bien. Sur le fond, qu'est-ce que j'aime qu'on fasse de Louis XVI et de Marie-Antoinette des GENS, de simples humains sous les perruques, effrayés par l'avenir et dépassés par les évènements, et qu'on nous montre une Marie-Antoinette lucide et gravée dans le granit, bien loin du cliché de la femme écervelée, frivole et dépensière (sérieux, vous le voyez, le cliché mysogyne? Quand je pense que j'ai appris ça à l'école... 😅). J'ai aussi apprécié qu'on nous montre la place du catholicisme dans leurs vies. Mais j'ai aussi badé et angoissé, car il y a plusieurs scènes très dures ([divulgâcheur] il y a notamment une scène à contenu sexuel qui, bien qu'on ne VOIE rien, est extrêmement angoissante [fin du divulgâcheur]) et, bien sûr, on sait comment ça se termine, tout cela. J'ai pensé à une scène du Guépard, dans laquelle le narrateur, en gros, se dit que la nouvelle Italie, étant sure de sa victoire, n'avait pas besoin de truquer les premières élections lui donnant sa légitimité; elle allait gagner de toute façon, alors elle aurait pu gagner en jouant pour de vrai, au lieu de salir sa naissance par la tricherie. Eh bien, là, c'est pareil; on se dit que la République aurait pu se faire sans maltraiter ces gens-là, et que ça n'a sauvé personne de la pauvreté d'antan de leur couper la tête.
Une critique, toutefois: autant les prisonniers sont humanisés et complexes, autant les geôliers républicains sont assez uniforméments désagréables, voire cruels, bornés et... sales. Oui. Visiblement, un républicain, ça ne connaît pas l'hygiène, voire ça vit carrément dans la boue. Ce qui est fort dommage pour un film qui met en avant la nuance.

La Chambre d'à côté de Pedro Almodóvar (2024)

Tilda Swinton et Juliane Moore, ce sont déjà deux arguments forts en faveur d'un film. John Turturro en rôle secondaire, c'est aussi un argument. Mais alors Tilda Swinton qui récite la fin de la nouvelle The Dead de James Joyce, c'est plus qu'un argument: il fallait que je voie ce film juste pour ça. C'est un beau film qui touche très juste sur les thématiques de la maladie et de la déchéance qu'elle entraîne. Pour moi qui regarde du côté de l'euthanasie en Suisse, ça tombait à point nommé. Les deux personnages féminins, en outre, sont tout ce que je rêvais d'être: libres, intellectuelles, cultivées, élégantes sans effort, riches financièrement mais aussi d'une personnalité qui ressort du moindre geste. Et on les voit regarder la fin du film de John Huston qui adapte le texte de Joyce, qui m'a tant marquée. Néanmoins, j'ai trouvé le film un peu figé dans sa mise en scène, à tel point que certaines choses semblent fausses (les fruits, la version jeune de Tilda Swinton) (mais est-ce assumé, peut-être?). Espérons toutefois qu'il fasse réfléchir quelques personnes...

Du côté des séries

Toujours rien! Je parviens à peu près à regarder trois ou quatre vidéos YouTube par semaine en dînant (ça m'aide à manger plus lentement et en ayant conscience que je suis en train de manger) et c'est déjà pas mal.

Et le reste

J'ai lu Translittérature, la fabuleuse revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. Pour une rare fois, je me suis ennuyée sur le dossier, qui évoquait la voix: j'ai trouvé les articles très creux. Cumuler les synonymes, ça fait peut-être intello pour certains, mais ça ne fait pas tellement avancer la réflexion, à mon humble avis...

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine, comme d'habitude. Ce mois-ci, il y a eu une seule et unique référence aux animalistes: dans une interview au nouveau président de la Fédération française d'équitation, la journaliste a évoqué le sujet du bien-être animal et a demandé "comment protéger notre pratique et notre sport?". Pas "comment protéger les chevaux?" mais "Comment protéger notre pratique et notre sport?" Putain, la route est longue...