vendredi 25 juillet 2025

XY, De l'identité masculine (1992)

Chronique express!

Je suis tombée sur ce vieil essai d'Elisabeth Badinter dans une boîte à livres. Je n'avais que de très vagues notions sur cette féministe et je n'aurais sans doute pas fait la démarche de lire cet ouvrage si j'avais dû l'acheter, mais là, évidemment, je n'ai pas hésité.

Ma lecture n'a pas été très enthousiasmante pour plusieurs raisons. Déjà, c'est beaucoup trop pointu pour moi, qui n'en ai, en réalité, rien à faire, de l'identité masculine; c'est d'ailleurs pour ça que j'ai lâché le podcast Les couilles sur la table après deux ou trois épisodes seulement. 😜 Ensuite, il y a pas mal de notions de psychanalyse qui m'ont un peu perdue ou que je trouve fumeuses; je trouve notamment que certains font peser trop de poids sur les premières années de la vie ou le comportement des parents. (Je suis en cela tout à fait incohérente, puisque je me dis tous les jours que, avec les parents que le hasard m'a collés, il n'est pas étonnant que je sois aussi mal barrée...) Ce que j'ai trouvé intéressant, en revanche, c'est prendre conscience que l'identité masculine ne va pas de soi, dans la plupart des cultures: un garçon doit souvent prouver qu'il est un homme par un rite d'initiation ou par certains comportements, tandis que les filles deviennent des femmes automatiquement. Cela donne des tas de névroses de mecs qui doutent d'être des mecs. Que tout cela soit lié à la coupure avec la mère me semble plus douteux, en revanche.

L'ouvrage évoque aussi l'homosexualité masculine, et j'ai été ravie de découvrir que Freud n'y voyait pas du tout une maladie (il a même écrit "mais je ne peux pas le soigner, votre fils, il n'est pas malade" à une femme lui demandant de soigner son fils homosexuel... ^^). Puis Elisabeth Badinter présente un "homme réconcilié", qui serait capable de dépasser cette culture masculine traditionnelle pour embrasser aussi des valeurs traditionnellement féminines dans une société plus juste. Je l'ai parfois trouvée bien optimiste sur le fait que la patriarcat d'hier a pris du plomb dans l'aile grâce au féminisme, surtout qu'elle a écrit ce livre il y a trente ans, mais il est vrai que certaines choses changent.

Bref, une lecture assez ennuyeuse et pas pleinement convaincante, mais dont j'aurai retenu tout de même quelques idées.

dimanche 20 juillet 2025

I Am Malala (2013)

Avant de lire ce livre, j'avais la très vague idée d'avoir déjà entendu parler d'une certaine Malala, que j'associais tout aussi vaguement à l'Afghanistan. Le fait de voir le livre dans la bibliothèque d'une amie a constitué la bonne occasion de parfaire un peu ma culture, et je remercie l'amie en question de me l'avoir prêté!

Bon, en fait, Malala Yousafzai n'est pas afghane, elle est pakistanaise. Mais mon erreur n'était pas totalement insensée, nous le verrons.

Pour lire son autobiographie, j'ai stratégiquement commencé... par la fin, c'est-à-dire par le lexique et le résumé des grands évènements de l'histoire du Pakistan. Le lexique n'est pas vital. En revanche, le point historique m'a été très précieux. Bien que certainement déjà très résumé, il présente un pays dont l'histoire est plus que mouvementée depuis sa création en 1947, avec bien peu de stabilité politique interne et des relations internationales un chouïa tendues – les affrontements avec l'Inde ont d'ailleurs fait la une de l'actualité récemment.

Je n'ai pas retenu grand-chose, si ce n'est que le Pakistan se composait au début de deux régions, le Pakistan Occidental et le Pakistan Oriental, et que ce dernier État a pris son indépendance en 1971, devenant ainsi... le Bangladesh. Voilà. Ça m'a marquée. Je n'avais aucune idée que le Bangladesh avait à peine cinquante ans d'existence.

(Nan mais déjà, répartir les gens dans des pays en fonction de leur religion, comme dans le cas de la partition Inde-Pakistan, ça me tue. Mais en plus, découper ces pays de telle sorte qu'il y a des bouts du pays de l'autre religion entre deux bouts, comme ici le Pakistan Occidental et le Pakistan Oriental qui étaient séparés par un énorme bout d'Inde, ça me tue encore plus. On a envie de créer les guerres de demain ou quoi?)

Bref bref bref. Malala Yousafzai nait en 1997 dans la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan tel que nous le connaissons aujourd'hui (l'ex-Pakistan Occidental du temps où il y en avait deux, pour ceux qui essayent de suivre 😜). Elle va à l'école dans l'établissement fondé par son père, elle se dispute avec ses deux frères, elle a une meilleure amie, elle adore regarder sa série préférée. Bref, elle décrit un quotidien d'enfant assez classique, avec toutefois une grande passion pour l'apprentissage scolaire.

Les relations entre hommes et femmes sont déjà très encadrées à cette époque et on ne peut pas dire que la région soit très moderne, mais la situation dégénère à partir de 2007, lorsque les Talibans arrivent et propagent leur discours extrémiste. Personnellement, j'ai du mal avec une société où les femmes mangent séparément des hommes et peuvent être mariées dès l'adolescence, mais par rapport aux Talibans qui posent des bombes dans les écoles pour filles parce que les filles ne doivent recevoir absolument aucune éducation, il y a un certain écart... 👀👀👀

Le père de Malala était très engagé contre les Talibans. Il a pris la parole contre eux et a essayé de défendre la région auprès du gouvernement central, à Islamabad, qui est intervenu militairement (comme toujours, ça a donné des années de guerre, des centaines de milliers de déplacés, les joyeusetés habituelles). Malala a progressivement pris la parole avec son père afin de défendre son droit à l'éducation. Elle adorait l'école et n'avait aucune intention d'abandonner son apprentissage parce qu'on lui interdisait d'étudier. Elle a acquis une certaine notoriété et elle a même tenu un blog pour la BBC! Hélas pour elle, cela n'a pas plu aux Talibans, qui l'ont désignée comme cible. En octobre 2012, deux hommes ont fait feu sur elle dans le car qui la ramenait chez elle après l'école.

C'est sans doute à cette époque que j'ai entendu parler d'elle et que je l'ai associée à l'Afghanistan. J'ai probablement entendu "taliban" et pensé "Afghanistan". Hélas, ces sinistres individus ne se limitent pas à un seul pays...

Heureusement pour elle (et pour nous!), Malala n'est pas morte! Il a fallu de longs soins en Angleterre, mais elle s'en est sortie. Cette tentative d'assassinat sur une jeune fille défendant l'éducation des filles a même attiré encore davantage l'attention internationale sur elle.

Malala Yousafzai a écrit ce livre en collaboration avec Patricia McCormick et, même si elle parle beaucoup de dieu (auquel je ne crois pas) et si je me suis demandée si elle ne forçait pas un peu le trait en disant des choses du genre "à dix ans, j'étais déterminée à changer l'avenir de mon pays", son histoire constitue une belle leçon de vie. J'admire sans retenue les gens qui continuent à faire quelque chose malgré le danger. Pour nuancer un peu mon propos et être honnête, je comprends les gens qui n'interviennent pas. Ici, par exemple, je comprends très bien les parents pakistanais de la région de Swat qui ont retiré leur fille de l'école par peur qu'elle y laisse sa peau. Je pense que je ferais comme eux. Mais les gens qui prennent le micro! Qui dénoncent!! Quelle force morale!! Malala s'est pris une belle dans la tête à quinze ans et elle a quand même pris la parole à l'ONU, quoi. Elle a dit à Barack Obama qu'elle n'aimait pas les attaques de drones américains sur le territoire pakistanais!! Vous imaginez la droiture qu'il faut avoir!!

Malala Yousafzai a eu le prix Nobel de la paix en 2014, avec Kailash Satyarthi, qui a aussi beaucoup œuvré en faveur de l'éducation. J'aimerais dire "treize ans plus tard, les Talibans n'ont toujours pas eu sa peau" sur un ton moqueur, comme si ces minables avaient tout raté, même si le fait qu'elle n'habite plus au Pakistan y est sans doute pour quelque chose. Hélas, le désastre récent de l'Afghanistan m'en empêche... :(

mardi 15 juillet 2025

Les miracles du bazar Namiya (2012)

 

Une nuit, trois petits voleurs tombent en panne de voiture et n'ont d'autre choix que de se planquer dans un bazar abandonné. Bizarrement, quelqu'un glisse une lettre à travers une fente dans le rideau métallique pour demander un conseil. Après avoir trouvé une vieille revue qui les informe que le bazar a été célèbre, en son temps, parce que le propriétaire répondait à de telles demandes de conseil, les trois compères répondent à la lettre même s'ils ne sont pas du tout le propriétaire. Mais le courrier suivant de leur interlocutrice arrive bien trop vite, et ils ne tardent pas à se rendre compte que cette personne ne semble pas vivre à la même époque qu'eux.

Au fil de  cinq parties se passant à des époques différentes, Keigo Higashino trace plusieurs portraits de personnes assez lambdas, qui sont face à un choix difficile dans leur vie et sollicitent l'aide du bazar Namiya pour y voir plus clair. Parfois, le conseil qu'on leur prodigue ne leur plaît pas, alors elles insistent pour défendre leur point de vue, à tel point que le roman émet l'hypothèse que leur décision est prise et qu'elles veulent juste être confortées dans cette décision. (Hmmm. Moi, parfois, je demande conseil parce que j'espère bénéficier d'un regard plus acéré que le mien, qui me montrera tout ce que j'avais raté.) Parfois, elles croisent la route les unes des autres sans le savoir. Ces petits détails forment un puzzle très sympathique à reconstruire, jusqu'à ce qu'on en revienne à nos petites frapes du début dans la dernière partie.

D'un certain côté, le fait que les personnages se croisent et qu'on réfléchisse à la notion de choix m'a fait penser à Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi, mais le style est bien meilleur. :D

Pour être tout à fait honnête sur le style, ce roman m'a tout de même posé quelques petits soucis, notamment dans l'usage des pronoms. Exemple pour les pronoms personnels: des "elle" ou "il" qui apparaissent brusquement alors qu'aucun personnage n'a été mentionné depuis plusieurs paragraphes, ce qui me fait toujours pas mal tiquer. Exemple pour les pronoms possessifs: des "son chat" et "son père" dans la même phrase, alors qu'ils ne renvoient pas à la même personne (disons que le chat appartient à Mathilde et le père appartient à Trucbidule.) Bon, je chipote, c'est vraiment une remarque de rédactrice, et je sais que les trois quarts des gens ne comprennent même pas de quoi je parle – c'est d'ailleurs difficile à expliquer. Dans l'ensemble, c'était très bien. Une lecture claire et plaisante, parfaite pour un roman assez feel-good au final. C'est Sophie Refle qui est à la traduction, et elle est Madame Keigo Hisashino chez Actes Sud: j'ai l'impression qu'elle a traduit absolument tout ce que Actes Sud a sorti de cet auteur.

Allez donc voir ailleurs si ce bazar y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Ksidra
L'avis de Tigger Lilly

jeudi 10 juillet 2025

Les BD du deuxième trimestre 2025

Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques du trimestre!

Batman City of Madness de Christian Ward, traduit de l'anglais par Mathieu Auverdin (2024)

Sous la Gotham que nous connaissons s'étend une autre Gotham, la Gotham d'en bas. Entre les deux, un portail que la Cour des Hiboux garde soigneusement. Et puis, un jour, quelque chose traverse...
Cette réinterprétation lovecraftienne de Batman est très réussie. La fin laisse peut-être un peu à désirer, mais toute la mise en place prend son temps pour poser une ambiance et suggérer l'étrangeté de ce qui se passe. Et les visuels! Les visuels! L'usage de ces couleurs très vives, mais très nuancées, sur un fond noir, est magnifique. Juste pour ça, c'est probablement la lovecrafterie la plus réussie que j'aie croisée. Ajoutez-y pas mal de poses ultra cool et des Hiboux mystérieux à souhait et ça marche du tonnerre!
(Même s'il m'est d'avis que ces "Hiboux" sont plutôt des Chouettes, et que la première traduction vers le français a été faite sans que le comics d'origine ne permette de trancher de quels types de "owls" on parlait, mettant ensuite les traducteurs dans une situation délicate... 👀)
Éditeur: Urban Comics

Sous les arbres de Dav (2019-2022)

Quatre albums merveilleux dont je ne me lasserai jamais 🌼💐🌸⚽🍂❄️
Éditeur: Les Éditions de la Gouttière

Bootblack de Mikaël (2019 et 2020)


Après m'avoir fait découvrir Giant l'année dernière, Baroona m'a cette fois informée de l'existence de Bootblack, nouvelle plongée dans la New York de la première moitié du siècle, entre immigration et pauvreté. C'était absolument super. J'ai juste été un peu gênée par quelques allers-retours dans le temps, car un récit plus linéaire me convient mieux. Mais les dessins sont oufissimes et le propos me parle, bien que l'histoire soit plutôt tragique. Et on en parle, de ces couvertures? 🤩
Éditeur: Dargaud

Libres d'obéir de Johann Chapoutot (scénario) et Philippe Girard (dessin) (2025)

J'ai lu en avant-première cette bande dessinée qui paraîtra en août prochain, car mon copain est rentré absolument enthousiaste d'une présentation aux libraires. Il m'a parlé nazisme et management et, pendant dix minutes, j'ai cru qu'il était prêt pour me rejoindre dans la lecture du Monde Diplomatique. 😂😂 Moi, je n'ai pas trop aimé: j'ai trouvé que l'écriture était parfois difficile à lire et que certaines notions – ou plutôt certains liens entre notions – n'étaient pas convaincants ou pas clairs. En gros, l'auteur fait le lien entre certaines caractéristiques du nazisme et celles du management moderne à travers la figure de Reinhard Höhn, ancien nazi et fondateur d'une école de management auquel il a consacré un essai, ici adapté en BD. Le refus nazi de l'État traditionnel et de l'administration, au profit de la force des travailleurs unis par la race, serait semblable au refus des règles au profit d'employés libres d'adopter n'importe quel moyen pour atteindre leur objectif au bureau. En parallèle, on voit le quotidien d'une cadre dans une grande entreprise qui passe son temps à lui parler du bonheur au travail tout en la broyant dans la machine.
Éditeur: Casterman

samedi 5 juillet 2025

La gamelle de juin 2025

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé. 😊

Sur petit écran

Shanghai Kid de Tom Dey (2000)

 

Le scénario de ce western avec des arts martiaux est bien balisé et classique, mais l'ensemble offre un divertissement très efficace. On n'est quand même pas sur la réussite absolue d'un Pirate des Caraïbes, ok, mais c'est très drôle, bien emmené, bien monté, bien mis en musique, bien fait. Jackie Chan se bat avec joie et est très drôle; Owen Wilson a un rôle sur mesure de beau gosse à la fois imbu de lui-même et complètement à côté de la plaque. Comme je comprends que j'aie été folle amoureuse de lui quand j'avais quinze-seize ans... 😊

Évolution d'Ivan Reitman (2001)

Ici aussi, une vraie pépite de divertissement, mais science-fictif cette fois. J'adore encore ce film comme au premier jour, c'est fou! Les effets spéciaux vieillissent très bien, l'histoire est sympa et cohérente, les acteurs sont super. J'ai un peu de mal à croire que j'aie été amoureuse de Sean William Scott quand j'avais quinze-seize ans, mais c'est vrai que la scène du micro est la meilleure de tout le film. 🤩 Aujourd'hui, toutefois, je suis plus sensible au charme ravageur d'un David Duchovny tout en finesse... 

Sur grand écran

Le Seigneur des Anneaux – La Communauté de l'Anneau de Peter Jackson (2001)

Quel film! Mais quel film! Et quel plaisir de le revoir sur grand écran, et en version longue qui plus est! Je suis joie, je suis bonheur! 🤩🤩🤩 Et comme je comprends que j'aie été folle amoureuse de Legolas quand j'avais seize ans...

Skyfall de Sam Mendes (2012)

J'avais envie de revoir ce film en partie pour la musique, en partie pour l'Écosse et en partie, surtout, pour Judy Dench. J'ai un peu déchanté en trouvant le début relativement convenu, et en redécouvrant que le méchant est ici Javier Bardem, un acteur que je déteste – et qui joue par-dessus le marché un personnage que je déteste. Mais il y a du bon, tout de même, et j'ai été plus emballée par la fin, avec le discours de M et la partie en Écosse. Je veux y retourner!!!!

F1 de Joseph Kosinski (2025)

Des mâles en combinaison et des bagnoles pas belles filmées d'une manière qui n'a aucun intérêt. Et une bonne heure de valorisation de la triche, mesdames et messieurs! De la TRICHE!! Quel enfer! Mais quel enfer! J'ai agonisé durant toute la séance. Même Brad Pitt n'a rien pu sauver à mes yeux. Putain, pourquoi ils n'ont pas fait tourner ce film à Michael Bay, sérieux? Il aurait rendu ça canon, lui. Bon, au moins, j'ai trouvé Javier Bardem supportable... 😂 Et le truc cool avec ce réa, c'est qu'il met de nouveau en scène une histoire d'amour et d'attirance physique entre des adultes et pas des jeunots, comme dans Top Gun 2. Mais bon, après vérification, Brad Pitt et Kerry Condon ont plus de vingt ans d'écart...

Du côté des séries

Ça fait officiellement un an que je n'ai rien regardé du tout. J'ai terminé les épisodes de la série Dinosaures en mai 2024, puis j'ai regardé les bonus en juin. (Une heure cumulée, les bonus, à mon avis. Mais ça compte.) Je n'ai jamais trouvé l'énergie et la cérébralité nécessaires pour chroniquer cette série pourtant brillante, et je n'ai pas davantage d'énergie pour envisager d'en regarder une autre. Mais espérons, espérons.

Et le reste

J'ai lu Le Monde Diplomatique de juin. Ils sont mignons, à critiquer les influenceurs; on dirait qu'ils découvrent le XXIe siècle. 🥹 Puis, comme d'habitude, j'ai lu mon Cheval Magazine. Jean-Louis Gouraud était vent debout contre les animalistes... 😜😜😜

lundi 30 juin 2025

La Petite Roque (1886)

Les lecteurs réguliers de ce blog le savent, je suis une grande amatrice de Guy de Maupassant, que je lis toujours avec le même plaisir et le même émerveillement. Ce nouveau recueil, paru la même année que Toine, a confirmé, pour la trente-six millième fois, combien j'aime cet auteur et combien je le trouve uniformément bon.

Ce volume regroupe dix nouvelles, toutes issues de sa veine réaliste. La femme, l'adultère et le sexe y sont un peu moins prégnants que dans les deux derniers recueils que j'ai lu.

La petite Roque: on démarre fort avec le viol et le meurtre d'une enfant de douze ou treize ans, la petite Roque qui donne son nom au texte et au recueil. Horrible, évidemment. Bien que réaliste, il s'agit presque d'une histoire de hantise.

L'épave: changement complet de décor ici, puisque l'histoire se passe à bord de l'épave d'un navire échoué au large de la Vendée. L'histoire est assez simple; c'est vraiment le lieu qui fait le charme du texte.

L'ermite: une histoire très gloups-gloups, qui m'a rappelé le film Old Boy.

Mademoiselle Perle: un très beau texte sur un amour impossible, avec des personnages foncièrement gentils et un passage presque surnaturel où l'on entend un chien hurler pendant une nuit enneigée. Je me suis souvenue l'avoir lu lors de ma toute première rencontre avec Maupassant, au collège. Je l'ai lu, cette fois, le jour où j'ai réservé ma nouvelle voiture.

Rosalie Prudent: le témoignagne affreux d'une femme jugée pour infanticide. Ça fait froid dans le dos et me semble confirmer que Maupassant avait bien compris combien les femmes partaient perdantes dans sa société.

Sur les chats: un texte contrasté, qui commence par une scène d'une cruauté épouvantable et se termine par une nuit nettement plus sympathique. C'est peut-être un peu paresseux pour le génie de Maupassant, d'autant qu'il y cite deux fois des vers de Beaudelaire, ce qui fait pas mal pour un texte de seulement sept pages. Il me semble qu'il a écrit un autre texte du même genre, mais qui pousse plus loin l'élément de la visite nocturne d'un chat. Mais enfin, c'est quand même très bien, vu qu'on y parle de chats. 😼😼

Madame Parisse: ah, là, on retrouve la femme aimée et l'adultère, une constante chez Maupassant. C'est un texte assez rigolo, somme toute.

Julie Romain: un texte nettement plus triste, où le narrateur raconte sa rencontre avec une actrice autrefois célèbre, qui vit à présent seule et recluse. Le temps qui passe, mes amis, le temps qui passe... 💔

Le père Amable: l'histoire d'un paysan radin et méfiant, furieux de voir son fils se marier avec une femme qui a eu un enfant hors mariage. Je sentais venir la catastrophe, bien sûr, mais la catastrophe finale n'a pas été celle que j'imaginais. Merci, Guy, pour cette dernière phrase qui clot le recueil sur une petite note bien sombre et un peu dégueu. 😅😅

Et voilà. Du grand art, comme d'habitude. Maupassant était un génie.

Le petit truc en plus que je ne veux pas oublier: cette édition du livre de poche, qui semble dater de 1968, m'a coûté 90 centimes en bouquinerie et a visiblement appartenu à quelqu'un qui l'a utilisé comme support d'étude, car il y avait quelques pages annotées. C'était très mignon.

mercredi 25 juin 2025

Du thé pour les fantômes (2023) 🍵

Du thé? Des fantômes? Avec un titre pareil, ce roman de Chris Vuklisevic a attiré mon attention dès que je l'ai vu passer dans les chroniques des amis. Et qu'est-ce que j'ai bien fait de le lire! J'ai tout simplement adoré.

L'histoire est celle de deux sœurs, Agonie et Félicité. Elles ne se sont pas vues depuis trente longues années, mais, lorsque leur mère meurt, Félicité prévient Agonie (en utilisant pour cela des feuilles de thé dans une tasse!!!) et Agonie revient sur les lieux de leur enfance, dans les montagnes aux alentours de Nice. Avec Félicité qui voit les fantômes et utilise des thés aux propriétés presque magiques, et Agonie qui fait naître des phalènes dès qu'elle ouvre la bouche et pousser des fleurs carnivores dès qu'elle crache par terre, on se doute que l'enquête sur le passé de leur mère va sortir de l'ordinaire.

J'ai deux petites réserves à faire à ce roman. D'une part, le fait que l'histoire soit racontée par un narrateur tiers, qui la tient lui-même des deux sœurs, ne m'a pas semblé apporter un plus; ça fait un petit effet "approchez-vous et écoutez-moi", ok, mais cela ne m'a pas semblé vital. D'autre part, la résolution de l'intrigue comporte un élément qui ne m'emballe pas ([divulgâcheur]: en gros, la mère horrible a elle-même eu une enfance horrible, ce qui ne me semble que "renvoyer le problème dans le passé" [fin du divulgâcheur]).

Mais bon, à part ces deux bémols, qui relèvent de préférences à moi et non d'un manque de maîtrise de l'autrice, ce roman est excellent, et allie une solidité et une complexité d'intrigue de haut vol – dans lesquelles le moindre détail compte, c'est bonnement hallucinant – à un univers magique absolument délicieux (le thé!! la notion de "théières sauvages"!! C'est comme l'écharpe dans La Passe-Miroir!!) et à une langue extrêmement soignée et bien choisie. Trois atouts de taille qui rendent la lecture addictive. En plus, l'histoire est pleine d'humanité et bizarrement réconfortante, bien qu'on y parle essentiellement d'une famille tragique.

Franchement, chapeau à Chris Vuklisevic pour avoir créé quelque chose d'aussi fin et frais dans son originalité. Ces personnages et ces pouvoirs ne ressemblent à rien de ce que j'ai pu lire ailleurs, et, même si j'ai lu l'ensemble avec entrain, heureuse de replonger dedans pour retrouver les personnages et curieuse de connaître la fin, j'ai un peu regretté d'arriver au bout du voyage, car j'aurais bien aimé rester là plus longtemps. Même le fait que ça se passe à Nice, sur une côte méditerranéenne qui, en soi, ne m'envoie pas du tout du rêve, est ici un plus à la fois charmant, drôle et plaisamment mystérieux, voire légèrement inquiétant. (Un peu comme Timothée Rey qui fait de l'horreur lovecraftienne en Savoie dans La providence du reclus, ou Carlos Ruiz Zafon qui noie Barcelone sous la brume dans L'Ombre du vent: soudain, les lieux ne sont plus du tout les mêmes.)

La couverture, réalisée par Cécilia Leroux, prend tout son sens au fur et à mesure qu'on y reconnaît des éléments du livre, ce qui ajoute au plaisir.

Je finirai par citer l'excellent Baroona, qui évoque dans son article "un sublime passage à deux voix, aussi réussi sur le fond que sur la forme, qui dit parfaitement les rancoeurs et les points de vue différents que deux personnes peuvent acquérir, sans que l'une ait plus raison que l'autre. C'est un point de bascule pour moi mais ce n'est pas une rupture, c'est seulement l'aboutissement - le premier aboutissement - d'une grande maitrise de la part de Chris Vuklisevic dans sa construction du récit." Moi aussi, ce passage m'a marquée! Je l'ai lu d'un souffle.

Bon, évidemment, je suis un peu jalouse de Chris Vuklisevic. Car notre âge et, de ce que j'en vois, certains de nos intérêts nous rapprochent, mais qu'elle est, comme Samantha Bailly et Louise Le Bars, de celles qui ont réussi, qui ont vu un autre monde et qui ont écrit cet autre monde – et avec talent. Moi, je suis là comme une bouffonne avec ma phrase de fiction du matin et ma phrase de fiction du soir qui ne vont nulle part, et c'est comme imaginer une fourmi qui croirait qu'elle pourra, à force d'abdos, devenir un tyrannosaure. Mais bon, comme je dis tout le temps, c'était encore pire quand je n'écrivais même pas une phrase...

Allez donc voir ailleurs si ces fantômes y sont!
L'avis de Baroona
L'avis de Shaya
L'avis de Vert

vendredi 20 juin 2025

The Hammer of God (1993)

Aujourd'hui, on décolle avec Arthur C. Clarke!! 🤩🤩🤩🚀🚀🚀

Après un long voyage, le capitaine Robert Singh et son vaisseau, le Goliath, arrivent à destination. Face à eux, Kali, un astéroïde. Un astéroïde qui doit son nom à la déesse de l'hindouisme, celle qui porte une ceinture de crânes. Car cet astéroïde fonce droit vers la terre, et, si rien n'est fait, l'humanité est très, très mal barrée.

La mission du Goliath: dévier Kali de sa trajectoire actuelle.

Le roman s'articule en sept parties. L'action principale se situe en 2109, mais au moins la moitié des chapitres se situent avant, ce qui permet de reconstituer la vie de Robert Singh depuis sa participation au tout premier marathon sur la Lune. Le tout premier marathon sur la Lune, vous imaginez!! Dingo!! On assiste aussi à la mise en place de SPACEGUARD, un système de détection des corps célestes baptisé "en référence à un obscur roman" (figurez-vous que Clarke s'auto-référence en parlant de Rendez-vous avec Rama, excusez du peu 🤣🤣🤣), et on voit toute l'évolution de la société mondiale, notamment avec l'apparition du chrislam, puis la détection de Kali et le lancement de la mission du Goliath.

Nombre de ces chapitres mettant en scène des personnages qu'on ne retrouve pas plus tard, j'ai eu un peu de mal à tous les cerner, mais Arthur C. Clarke a un vrai talent pour leur donner vie en quelques pages et les caractériser. Mon problème est surtout que je n'ai aucune mémoire des prénoms, alors je passe mon temps à me dire "mais je l'ai déjà vu, lui, ou non?".

Sinon, tout est passionnant, comme d'habitude. L'humanité a mis en place un gouvernement mondial unique, il n'y a plus de guerres, et elle a colonisé la Lune et Mars (et dans ce dernier cas, elle a même commencé la terraformation). Il y a plein d'explications scientifiques rationnelles distillées avec simplicité. De l'humour. Et un suspense très sympathique, même si, connaissant Clarke, j'étais confiante quant au fait que ça ne finirait pas trop mal. (Ai-je eu raison? À vous de lire le roman pour le savoir.)

Le ton est donné dès la première page:

"All the events set in the past happened at the times and places stated; all those set in the future are possible.
And one is certain.
Sooner or later, we will meet Kali."
Tenez-vous-le pour dit. 👀

Bon, évidemment, une histoire d'astéroïde tueur, ça fait tout de suite penser à Armageddon, et [divulgâcheur] figurez-vous que l'option de la bombe atomique est bel et bien tentée dans ce roman, dans l'idée de péter l'astéroïde en deux, sauf que ça ne va pas se passer comme prévu 🤣🤣🤣 [fin du divulgâcheur]. Je ne saurais dire si le film est inspiré du roman, mais enfin c'est rigolo, quand même, surtout que le roman est sorti seulement quelques années plus tôt. En revanche, ce roman a bel et bien, quoique temporairement, inspiré le film Deep Impact: d'après Wikipédia, le film est devenu tellement différent du roman que le roman n'est même pas crédité dans le film. Lol. 

Comme toujours, ce bouquin est un régal jusque dans les remerciements.

Bref, je conclurai comme d'habitude, en disant que Clarke était un génie. Lisez Clarke!

dimanche 15 juin 2025

The Galaxy, and the Ground Within (2021)

Retrouver Becky Chambers est toujours un plaisir pour moi, et ce roman, le quatrième de la série des Wayfarers, n'a pas fait exception! 😊😊

Au début, comme dans les romans précédents, j'ai eu un peu de mal à identifier les espèces extraterrestres en présence et à associer un prénom de personnage à une espèce donnée, mais Internet m'a été d'une grande aide. Merci aux amateurs qui dessinent les personnages de Becky Chambers, hihi! Et ce petit temps d'ajustement ne m'empêche pas de profiter de l'histoire.

Nous rencontrons cette fois cinq personnes réunies par un problème technique. Ouloo est une Laru qui tient une sorte de petit hôtel sur une minuscule planète, en compagnie de son enfant Tupo. Au début du roman, elle reçoit trois clients: une Aeluon (la seule espèce dont je me souviens d'un roman à l'autre 🤣), une Akarak et un Quelin. Malheureusement, ces clients ne vont pas pouvoir repartir comme prévu, car toute circulation est brusquement interrompue.

Comme d'habitude chez Becky Chambers, il n'y a pas énormément d'action là-dedans, mais on apprend à connaître des personnages qui ont des manières de penser et de faire très différentes, en raison tant de leurs physiques que de leurs cultures. Par exemple, les Aeluon s'expriment grâce à la couleur de leur peau, donc tout élément coloré dans leur environnement leur semble signifier quelque chose. Les Akaraks, en revanche, se déplacent systématiquement avec une combinaison, car ils ne respirent pas la même atmosphère que la plupart des autres espèces sentientes. Ouloo, que j'ai imaginée comme une espèce de gros lama dégindandé, est une hôtesse extraordinaire, qui essaye de répondre aux besoins de tous et toutes.

Inévitablement, des tensions ressortent, mais, dans l'ensemble, c'est un séjour incroyablement agréable dans un microcosme où, en gros, tout le monde est sympa et respectueux de son prochain. Peu à peu, les personnages vont faire connaissance et s'ouvrir les uns aux autres, révélant leur passé ou les choix difficiles auxquels ils sont confrontés.

En bref: j'ai adoré, comme toujours. La seule chose qui m'étonne là-dedans, comme je l'ai évoqué dans ma chronique de A Prayer for the Crown-Shy, c'est qu'il n'y ait aucune mention du végétarisme, qui est à mes yeux la brique numéro un d'un monde plus juste (à moins que les innombrables plats évoqués ne soient censés se comprendre comme étant végétaux, mais ces noms fictifs me semblent relever des deux mondes). D'autant qu'il y a une scène très drôle où les personnages poussent de grands cris horrifiés en découvrant le concept du fromage humain. Un produit à base de lait, ça manque d'hygiène, mais tuer quelqu'un et consommer sa chair après la mort, ça passe? 🤔🤔

Il ne me reste plus grand-chose à lire de Becky Chambers: un roman écrit à huit mains avec Yoon Ha Lee, Rivers Solomon et S.L. Huan, ainsi que quelques nouvelles parues isolément qui ne semblent pas avoir été reprises en recueil. Je suis un peu tristesse.

mardi 10 juin 2025

Elle et Lui (1859)

Un jour de mai, je passe chez Gibert pour racheter les deux tomes de La Force des choses de Simone de Beauvoir en neuf, car je désespère de les trouver assortis l'un à l'autre en occasion (et que posséder les deux tomes d'un même ouvrage dans deux éditions différentes, ça me crispe). Au moment de payer, le jeune homme de la caisse fait ma journée: il m'annonce que Folio propose actuellement une opération commerciale "un Folio offert pour deux achetés". Et parmi les trois livres proposés, je vois George Sand. Je choisis donc sans hésiter, car je viens tout récemment de lire – et d'apprécier grandement – La Mare au Diable. Je sors de Gibert dans un état d'euphorie assez plaisant. Deux Beauvoir achetés, un Sand offert! 🤩🤩

Bon, j'ai fini par déchanter, mais ce cadeau inattendu est vraiment un bon souvenir.

Dans Elle et Lui, George Sand met en scène deux peintres, Thérèse et Laurent, qui se rencontrent à Paris. Ils se fréquentent d'abord amicalement, puis Laurent commence à tourner autour de Thérèse, qui finit par céder à ses avances, car elle l'aime énormément. Mais après leur départ de Paris, tout dégénère: Laurent a une hallucination, puis est rattrapé par son sale caractère en Italie, puis quitte Thérèse, puis tombe malade, puis se repent de son comportement abject, puis...

Bon, en bref, ce roman est une longue description d'un phénomène de masculinité toxique: un gars qui ne sait pas ce qu'il veut, ou bien qui veut surtout ce qu'il n'a pas, en tout cas qui veut Thérèse de temps à autre mais la massacre verbalement entre deux crises d'adoration, et qui alterne entre gentillesse-travail-génie et caractère de merde-paresse-tromperie. Le fait qu'il ne contrôle pas du tout son humeur, et qu'il ait ces espèces de crises cérébrales incontrôlables que le XIXe aimait quand même pas mal, m'a laissée supposer qu'on le diagnostiquerait aujourd'hui comme un bipolaire ou un schizophrène sévère. Mais bon. Ça n'excuse pas.

En face, Thérèse, animée d'un amour quasi-maternel, lui pardonne à peu près tout. Elle cherche plusieurs fois à se protéger, mais elle lui tient la main à peu près jusqu'au bout. Elle est autant animée par un amour sincère que par la responsabilité qu'elle ressent d'aider Laurent à exploiter son talent – et même son génie.

Bon. Vous voyez. Le génie torturé qui se fait les nerfs sur sa femme, et ladite femme qui subit et se dévoue. Et ça se désole de page en page. C'est bien pire que les deux personnages du Blé en Herbe de Colette...

Ce qui est très déprimant là-dedans, c'est que cette histoire est en fait inspirée de la réalité! Et plus précisément de la relation de George Sand et d'Alfred de Musset. Eux aussi, ils se sont aimés, puis se sont déchirés en Italie, puis se sont remis ensemble à Paris, puis se sont déchirés de nouveau. Ici, on a le récit de George Sand, et on peut donc supposer qu'elle a présenté certaines choses à son avantage. Thérèse est d'ailleurs une vraie sainte, et on peut douter qu'une personne réelle soit aussi douce et altruiste.

Mais on peut vérifier l'autre son de cloches, si on le souhaite... Car bien avant tout ça, en 1836, Alfred de Musset avait déjà mis en scène sa relation avec George Sand!!! C'est de ça que parle La Confession d'un enfant du siècle, en fait!!! Nan mais mon cerveau a explosé!!! Un couple qui se sépare... le gars en fait un roman... vingt ans plus tard, la fille en fait un roman à son tour...

Et là, le roman de George Sand soulève un tollé lors de sa parution!! D'après le dossier sur sa réception critique, le frère d'Alfred de Musset, Paul, a très vite sorti un roman intitulé Lui et elle, dans lequel c'est le personnage féminin qui est odieux avec le personnage masculin. Puis une certaine Louise Collet, ex-maîtresse d'Alfred de Musset, a sorti un roman intitulé Lui... 👀👀👀

Voilà qui fait relativiser certains réglements de compte publics de notre époque. 🤣🤣🤣

Et sinon: oui, hélas, bien que les deux personnages m'aient grave saoulée à se torturer comme ils le font, je suis très curieuse de lire La Confession d'un enfant du siècle pour avoir l'avis de l'autre partie. Il est peu probable que je franchisse vraiment le pas, mais je suis curieuse.

jeudi 5 juin 2025

La gamelle de mai 2025

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois!

Sur petit écran

Alice au pays des merveilles de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Juske (1951)

Ahlàlà. Le moins qu'on puisse dire, c'est vraiment que ce Disney n'est pas mon préféré. Heureusement qu'il ne dure qu'une heure quinze. 😅 Mais le Chat est bien.

Sur grand écran

Thunderbolts* de Jake Schreier (2025)

Ah! Ça y est. Marvel redresse la barre. Je ne sais pas si ça durera, mais j'ai vraiment apprécié ce film "en dur" avec relativement peu d'images de synthèse, des scènes de combat relativement modestes – quand New York est en danger, c'est une grue qui tombe, pas plusieurs immeubles – et des armures qui avaient l'air solides (à part le costume de Sentry, lol!). Et le ramassis de personnalités peu portées sur la collaboration est plutôt sympathique. En outre, le film parle de santé mentale et le méchant est vaincu non pas par la violence, mais par le soutien émotionnel. Dingo! Bon, le seul truc que je n'ai pas digéré, c'est le traitement de Red Guardian, qui a le rôle du bouffon de service. Sérieux, les Russes doivent se sentir tellement insultés... 🙃🙃🙃

Mission: Impossible - The Final Reckoning de Christopher McQuarrie (2025)

Parfait exemple de la maxime "trop de suspense tue le suspense", ce film s'auto-sabote en voulant en faire trop. Par exemple, plonger seul dans un sous-marin endommagé au fond de l'océan est un enjeu suffisant; il n'y a pas besoin de faire rouler le sous-marin sur lui-même au bord d'une falaise. 👀 C'est dommage, car il y a aussi beaucoup de bonnes choses: des cascades et des stratagèmes sympas, des personnages secondaires qui débordent de charisme même s'ils n'apparaissent pas longtemps à l'écran, et une efficacité générale assez sympathique. Bref, un film pop-corn, mais qui aurait pu mieux faire.

Du côté des séries

Toujours rien.

Et le reste

Un mois très modeste: j'ai uniquement lu mon Cheval Magazine habituel, alors que je suis censée lire une revue ou un journal par mois (en plus de Cheval Mag, j'entends). Et je n'ai pas non plus lu de bande dessinée. Je ne crois pas qu'il y ait de raison particulière à ça. Ça m'est un peu sorti de la tête, et quand j'y pensais, je n'avais pas envie de lire ce que j'avais à disposition. Or, j'ai déjà raté ma lecture de revue du mois en mars, et la rater de nouveau deux mois après m'inquiète un peu. J'espère que ce n'est pas le début de la fin. ^^

(J'écris pour m'en souvenir, plus tard: j'ai lu Cheval Mag par une journée de gros stress. J'avais prévu de ne pas travailler, ce qui était bien. Mais il n'y a pas vraiment eu de repos. J'ai réagi moins mal que d'autres fois et qu'on ne pourrait s'y attendre. Mais bon. Cheval Mag était vraiment la somme de l'effort intellectuel que je pouvais fournir.)

samedi 31 mai 2025

Under the Tuscan Sun (1996)

Quand j'ai commencé à lire ce livre de Frances Mayes, j'ai d'abord eu un faux départ. J'ai lu l'introduction, puis une page du premier chapitre, durant laquelle l'autrice-narratrice, une Américaine, décrit le processus de signature de l'achat de sa maison en Toscane. D'une part, l'évocation de l'Italie m'a foutu un cafard monstre. D'autre part, la description de la notaire qui demande tranquillement aux acheteurs de partiellement payer le vendeur au noir m'a fait penser que le livre allait enchaîner les clichés. (Même si, la seule fois où j'ai eu des infos sur un achat immobilier en Italie, c'est précisément ce qui s'est passé: il y avait le prix de vente indiqué dans les papiers officiels, et le vrai prix payé par les acheteurs. 👀)

Déprimée et excédée, j'ai rangé le bouquin.

Plusieurs mois plus tard, j'ai retenté ma chance. Et, cette fois, ça a marché. Je suis même tombée sous le charme. 😊

Donc. En 1989, Frances Mayes et son compagnon ont acheté une villa en Toscane. Bramasole, un vieux machin énorme, abandonné depuis trente ans, niché dans les collines d'oliviers et de cyprès à deux kilomètres de Cortone. Comme ils étaient tous deux enseignants à l'université, ils avaient de très longs congés d'été, et leur vie s'est donc articulée entre l'année scolaire en Californie et les trois mois d'été en Toscane, où ils ont entrepris de rénover la demeure.

Rien que sous cet aspect-là, le livre est charmant. Je suis incapable de réparer un robinet, alors je ne pense pas sous-estimer la montagne de travail que représente la rénovation d'une maison entière. Mais en Toscane! Quand tout est méga vieux! Les obstacles sont nombreux et toujours différents. Découverte d'une sorte de citerne géante sous la maison, déblayage de racines gigantesques, découverte de vieilles inscriptions et vieux objets... C'est une épopée! Et les relations avec les différents ouvriers sont aussi rigolotes et touchantes. Il y a les vieux artisans taiseux qui vous font des œuvres d'art, les chefs d'entreprise bordéliques qui font n'importe quoi, les Polonais payés au lance-pierre qui sont quand même contents parce qu'ils gagnent plus en Italie qu'en Pologne...

Peu à peu, la villa retrouve une belle allure, et on sent la satisfaction de l'autrice. Ça doit être quelque chose, de vivre dans un lieu dont on a repeint les poutres et les murs soi-même, où on a taillé des arbres abandonnés depuis des décennies, où on a aidé les ouvriers à porter des pierres et des briques, où on a décidé où percer le puits, etc. etc. Où, en somme, on a vu les lieux se façonner. Et où on a partagé tant de bons moments avec ses proches.

Et, bien sûr, c'est en Toscane. Une partie de la Toscane très éloignée de la mienne, ok, mais en Toscane quand même. Et on parle constamment de bouffe. Durant les premiers chapitres, j'ai été très perturbée émotionnellement. Puis j'ai plongé dedans. Je me suis réjouie de redécouvrir des tas de trucs, de voir que Frances Mayes décrit la cuisine toscane comme je le fais (la cuisine du peuple, rien à voir avec la gastronomie française). Je donnerais un rein pour manger le castagnaccio de ma grand-mère. En réalité, je crois que je n'aimais pas spécialement ça. J'avais même oublié que j'en mangeais dans mon enfance! Mais tout est revenu: les cavités creusées par les pignons et le thym dans la pâte, le goût, la ricotta qu'on mangeait avec. J'ai presque l'impression de revoir le plat de métal dans lequel il était cuit.

Genre le critique culinaire qui a une vision en mangeant la ratatouille préparée par Rémi, quoi. Tout à fait, tout à fait.

Oui, retrouver ça, ça vaudrait bien un rein.

Alors certes, Frances Mayes a une vision assez américaine de l'Italie. Elle parle sans cesse du fait que les gens prennent le temps, par exemple. C'est facile à dire, quand on passe dans un pays les mois qui constituent nos vacances. Même si rénover la villa était un sacré travail, ça n'a rien à voir avec un emploi! Et puis Cortone, c'est la province, et même la campagne. Comparer la frénésie de San Francisco et le calme de Cortone n'a aucun sens. Il faudrait comparer la frénésie de San Francisco à celle de Milan ou de Rome. Pour vous donner une idée par rapport à la France, ce serait comme entendre un Londonien dire que la vie est plus calme en France qu'en Angleterre en se basant sur son expérience de, disons, Saint-Malo. Lol.

Mais malgré cela, j'ai senti un vrai respect pour son pays d'adoption, et surtout une vraie passion et une vraie volonté de connaître des tas de choses différentes. Je pense que son bouquin donne une très belle image de la Toscane, d'ailleurs!

Pour finir sur une note bassement matérialiste: disons quand même que ce livre démontre, pour la trente-six millième fois, combien l'argent fait le bonheur. L'argent pour acheter une résidence secondaire. L'argent pour rénover ladite résidence. L'argent pour faire une ou deux fois par an un vol intercontinental. L'argent pour acheter à manger tout ce qu'on veut et nourrir des tas d'invités. L'argent pour louer une voiture pour trois mois. L'argent pour acheter des pots et des plantes en quantité et ensuite regarder tout ça pousser...

D'ailleurs, si vous avez un paquet d'argent, la villa est à louer!! Frances Mayes l'a visiblement revendue, à un moment donné. Au moment où j'écris ces lignes, une quinzaine de jours avant la publication du billet, il y a une promo sur les dates les plus proches: on descend à seulement 18 510 € la semaine! Pour les périodes les plus demandées, à savoir l'été et les fêtes de fin d'année, en revanche, prévoyez 30 850 € la semaine.

Le pognon, je vous dis!

Enfin, le livre a été adapté au cinéma en 2003, et c'est l'affiche de ce film qui est reprise sur la couverture de cette édition Broadway Books (que j'ai trouvée je ne sais plus où dans une boîte à livres). L'histoire est très différente, puisqu'on est sur le parcours d'une fille célibataire (qui ne le sera plus à la fin, j'imagine), mais ça me dirait quand même pas mal de le voir. Hélas, mes médiathèques ne l'ont pas en rayon...

lundi 26 mai 2025

Le blé en herbe (1932)

Comme toujours lorsque je croise un bouquin de Colette, j'ai sauté dessus sans hésiter!! Le hasard a fait, en outre, que je suis tombée sur Le blé en herbe quelques jours seulement après avoir lu le billet de Caroline Doudet à son sujet.

L'histoire est celle de Philippe et Vinca, deux adolescents qui passent leurs vacances d'été en Bretagne, du côté de Saint-Malo, comme tous les ans. Sauf que, cette année, ils ont respectivement seize et quinze ans, et ils ne sont donc plus des enfants, comme les années précédentes. Philippe se désespère en pensant à la monotonie de son avenir tout tracé – études puis travail – et Vinca le couve d'un œil inquiet entre deux parties de pêche. Puis un événement d'apparence anodine vient perturber ces vacances déjà tendues: en rentrant d'une commission, Philippe rencontre une femme habillée de blanc, Madame Camille Dalleray, qui loue une villa voisine.

Le blé en herbe est très clairement le récit de la fin de l'enfance et de l'entrée dans le monde des adultes – "le monde des adultes" signifiant ici "la sexualité". Philippe et Vinca s'aiment, mais d'un amour imprécis et enfantin, qui a toujours été là mais qui commence à changer. Ils se posent beaucoup de questions et se cherchent l'un l'autre sans jamais se trouver. Je dois dire que c'est là ce qui m'a pas mal échappé, puis a commencé à me saouler vers la fin: leurs dialogues un peu sans queue ni tête, pleins de disputes reposant sur des implicites.

Mais, en parallèle, j'ai apprécié la vision déchirante de ces changements qui nous broient sans qu'on ne puisse rien y faire. De base, on imagine facilement ces adolescents dans une période d'une insouciance unique dans leur vie, le genre de vacances qu'on regrette amèrement quand on regarde en arrière, bien plus tard, mais, en fait, ils ne sont pas du tout insouciants. Même les choix de Philippe ne dégagent pas d'insouciance, alors qu'on pourrait très bien les résumer en disant que c'est un garçon qui se laisse mener par sa bite et qui [divulgâcheur] gagne le gros lot, puisqu'il couche d'abord avec la femme adulte et expérimentée, puis avec la jeune fille innocente et amoureuse de lui [fin du divulgâcheur]. Comme on comprend, lorsqu'il rentre chez lui au coeur de la nuit, que ses traits soient "moins pareils à ceux d'un homme qu'à ceux d'une feune fille meurtrie"...

J'ai aussi apprécié, et beaucoup, le talent pur de Colette pour décrire cette campagne bretonne changeante et pleine de couleurs. De ce point de vue, c'est un vrai régal, le genre de roman qui vous pose un décor, comme Le Guépard pour la Sicile...

Moralement, je me suis tout de même interrogée sur ce que cela dit de Colette, qui a en partie basé ce roman sur sa propre expérience: en 1920, à quarante-sept ans, elle a noué une relation avec le fils de son mari de l'époque, qui en avait... dix-sept (le fils du mari, pas le mari, hein). Trente ans d'écart, donc. Quand c'est l'homme qui a trente ans de plus, j'y vois presque automatiquement un obsédé avide de seins fermes. Mais quand c'est la femme? Je ne sais pas. Si vous avez une opinion sur la question, ça m'intéresse, en toute sincérité. Pensez-vous qu'un amour sincère soit possible avec un tel écart d'âge? Si oui, quel que soit l'âge du plus jeune des deux? Parce que là, le plus jeune est un ado, quoi. Un grand ado, mais un ado quand même. (Sans même parler du fait que c'est le fils du mari, lol.) Dites-moi tout!

mercredi 21 mai 2025

L'Impératrice de Pierre, tome 2 (2021)

Après un premier tome absolument enthousiasmant, j'étais impatiente de retrouver Catherine Ire, impératrice de Russie, sous la plume de l'autrice lituanienne Kristina Sabaliauskaitė.

Le principe est le même dans ce deuxième tome: chaque chapitre correspond à une heure battue par l'horloge le 17 mai 1727, tandis que Catherine agonise dans son lit et se remémore sa vie. Le premier tome racontait une histoire totalement dingo de fille de petite noblesse pauvre passée par l'esclavage pour arriver dans le lit du tsar; le deuxième, en comparaison, est donc relativement "tranquille", puisque Catherine est déjà arrivée au pouvoir et y restera jusqu'à sa mort.

On y parle plutôt des relations familiales complexes, pour ne pas dire ultra malsaines, à la cour de Pierre le Grand – l'autrice fait même comprendre qu'il a tué son fils aîné de ses propres mains –, des manœuvres toujours délicates de son épouse pour le raisonner alors qu'il était ivre les trois quarts du temps, des relations diplomatiques tendues avec le reste de l'Europe, de la modernisation à marches forcées de la Russie, et bien sûr de la construction progressive de Saint-Petersbourg.

Une lecture passionnante, prenante, qui vous fait touner les pages sans pouvoir vous arrêter.

Les deux seules choses qui me laissent un peu perplexe, au final, sont la relative impuissance et/ou passivité de Catherine, qui ne semble pas énormément profiter de sa position et de son influence une fois qu'elle arrive au faîte du pouvoir, et la vision sombre de Pierre le Grand. L'homme est certes présenté comme un réformateur, mais aussi comme un saoulard incessant, qui grille sa santé à la vodka et fait n'importe quoi en se foutant de tout, sans respecter aucun protocole. Un peu genre Trump en roue libre. Mais en plus, il fait torturer les gens qu'il n'aime pas. Bon, l'alcool, au-delà d'une certaine quantité, explique beaucoup de choses, mais j'ai tout de même trouvé que ça faisait très "légende noire", et je me suis même demandé s'il n'y avait pas là une vision de la Russie assez négative... En tout cas, vu comment je saute au plafond en voyant certaines descriptions de l'Italie par des étrangers, j'ai tendance à penser que, si j'étais russe, je me sentirais insultée.

Sur la forme, c'est toujours Marielle Vitureau qui est à la traduction, et c'est toujours formidable. La version française se lit TOUTE SEULE. C'est fou. Et l'édition grand format de la Table Ronde est à tomber.

Bref, une fantastique épopée dans la Russie des années 1680-1720, une figure féminine dingo, un tsar dingo, un pays dingo, j'ai adoré. 🤩🤩

vendredi 16 mai 2025

Province (1934)

Comme son nom l'indique, le huitième roman de la saga des Hommes de bonne volonté de Jules Romains – le premier du deuxième volume de la collection Bouquins – nous emmène en province!

Une province variée, où les enjeux sont très différents en fonction des personnages: pour M. de Saint-Papoul, il s'agit de se faire élire député, puis de remercier ses soutiens; pour l'abbé Mionnet, il s'agit de résoudre une subtile affaire de société de tramways qui risque d'éclabousser un évêque; pour Jerphanion, il s'agit de décrire, dans une longue lettre à son cher Jallez, tout le petit monde réuni au château de Saint-Papoul à l'occasion d'un mariage. Quant à Laulerque – celui qui a rejoint une société secrète tellement secrète que le lecteur ne sait rien à son sujet –, sa première mission l'emmène carrément hors de France, à Amsterdam.

Ce qui m'éblouit toujours dans cette série, c'est la complexité des ramifications entre personnages. Ainsi, lorsque Mionnet note dans son carnet la confession d'une fidèle, le lecteur peut rapidement reconnaître ladite fidèle et apprend ainsi une information assez importante sur celle-ci et sur Jerphanion (mais Mionnet ne connaît pas Jerphanion, lui, et Jerphanion ne se doute de rien!). Les actions politiques peuvent bien sûr influencer le quotidien d'autres personnages, ou bien des enjeux majeurs d'un roman précédent reviennent en filigrane. Ici, par exemple, Germaine Baader passe une nuit dans la ville d'eaux que nous avons vu naître avec force détails dans Les Superbes.

Par ailleurs, je suis également ébahie par la manière dont Jules Romains construisait et posait ses personnages avec une aisance déconcertante. Je me suis fait cette réflesion au sujet du contact de Laulerque à Amsterdam, une femme vraisemblablement croate. Elle s'exprime et se révèle peu, et leur rencontre est racontée du point de vue de Laulerque, mais elle a une vraie personnalité et une vraie présence. J'espère qu'elle reviendra! Firmin Gambaroux est également posé avec beaucoup d'efficacité, quoiqu'en davantage de pages, et je suis curieuse de voir comment va se résoudre l'affaire des tramways.

Bref, Jules Romains était un génie, vive Jules Romains, lisez Jules Romains. Ce qui est rigolo, c'est que j'ai écouté quelques archives de lui sur Radio France et il avait une élocution très vieille France et imbue de soi-même, que j'ai du mal à associer à ses romans et qui me fait juste penser "encore un mec qui se regarde le nombril"! Mais le côté désuet est charmant. ^^

dimanche 11 mai 2025

Et si les chats disparaissaient du monde... (2012)

Je ne sais plus trop où j'ai entendu parler de ce petit roman de Genki Kawamura (auteur qui, soit dit en passant, est surtout producteur de cinéma et a notamment été producteur du merveilleux Your Name de Makoto Shinkai). Peut-être a-t-il été mis en avant dans la newsletter de ma libraire. Quoi qu'il en soit, j'ai évidemment sauté dessus – dans le sens que je l'ai réservé dans mon réseau de médiathèques, probablement en adressant une prière à la personne l'ayant emprunté pour qu'elle le rende à la date prévue. Puis, lorsque je l'ai récupéré, je l'ai lu le soir même, d'une traite. Un soir où ça n'allait pas très fort et où le brouillard intellectuel était tel que je ne me sentais pas d'attaque pour lire Jules Romains, pour vous donner une idée.

Le protagoniste, trentenaire, écrit une longue lettre pour raconter la semaine qui vient de s'écouler. Cette semaine a commencé très mal, puisqu'on lui a diagnostiqué un cancer au cerveau. Ses perspectives de survie sont très mauvaises: il est condamné à très brève échéance. Mais alors même qu'il essaye de lister des dix choses à faire avant de mourir, voilà que le diable débarque chez lui et lui propose un marché: il lui accordera un jour de vie en plus si notre héros accepte de faire disparaître quelque chose du monde.

Le premier soir, le narrateur choisit – avec quand même une certaine influence du diable – les téléphones.

En toute objectivité, ce roman n'a rien de véritablement exceptionnel. Mais il a tenu la promesse implicite de son titre, de son résumé, de sa couverture et de la vague de bouquins feel-good japonais dont les éditeurs français nous recouvrent: il m'a touchée, il m'a fait pleurer, il m'a un peu apaisée. Parce que le protagoniste, à l'annonce de sa mort prochaine, se demande bien sûr avec qui il a envie de parler, et qu'il n'a pas énormément de réponses à apporter à cette question. La première personne est son ex, grande amatrice de cinéma, ce qui donne lieu à quelques réflexions touchantes sur le septième art. Mais, surtout, il repense à ses parents – sa mère, décédée, et son père avec qui il est fâché – et à ses chats – Laitue, le chat de la famille, décédé également, et Chou, le sien.

Moi, vous me mettez des chats et des décès, et je me décompose. Et je pense que j'en ai besoin, en fait. Car le lendemain de ma lecture, je me suis réveillée plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines. Pas "reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste" dans l'absolu, hein. Mais "plus reposée, en forme, lucide, dynamique et optimiste que depuis des jours, si ce n'est des semaines". Observez la nuance. Bref, cela n'a pas été sans me rappeler le fait que j'ai cessé d'être insomniaque après avoir sangloté désespérément en séance d'EMDR. Foncièrement, je déteste souffrir et je suis convaincue que la douleur détruit, mais il semble y avoir un certain type de chagrin qui vous laisse plus apaisé après vous avoir secoué...

Le pitch de ce roman n'est pas sans rappeler Mémoires d'un chat de Hiro Arikawa, mais je l'ai trouvé mieux géré, et la version française, aux soins de Diane Durocher, m'a semblé mieux rédigée, sans les problèmes de concordance de temps sur lesquels j'ai buté lors de plusieurs traductions du japonais ces derniers temps. Ça se lit tout simplement tout seul.

Pour info, le roman est d'abord paru en France sous le titre Deux milliards de battements de coeur. C'est plutôt cool pour moi que le titre ait été modifié, parce que, évidemment, je l'ai lu essentiellement parce qu'il y avait "chats" dans le titre. 😊😊😸😸

Je n'y vois qu'un seul problème, en définitive: la superbe couverture n'est pas créditée!! 😱😱😱

mardi 6 mai 2025

La gamelle d'avril 2025

Comme toujours, retour sur les activités culturelles du mois écoulé, hors lecture.

Sur petit écran

Crazy Kung-fu de Stephen Chow (2004)

Bon, j'ai regardé ce film parce que je travaille sur les arts martiaux en ce moment et que mon copain l'a regardé, attirant ainsi mon attention dessus. C'est très excessif et grotesque, et pas vraiment mon délire, et ce n'est sûrement pas l'idéal pour voir des arts martiaux vraisemblables, vu que les gens volent quand ils sautent, et tout et tout. 😅 Mais la femme aux bigoudis et à la cigarette est très drôle, et les coups de pied sautés, c'est la classe.

(À la base, mon copain a téléchargé le film. Moi, je suis quelqu'un d'honnête; alors, quand j'ai entrevu un bout sur son écran et que j'ai décidé de le regarder à mon tour, je l'ai emprunté à la médiathèque. Au bout d'un mois, je ne l'avais pas encore regardé, alors j'ai prolongé mon emprunt d'un mois. J'ai fini par le regarder trois jours avant la date limite de rendu, parce que je ne pouvais pas prolonger encore. Bref, ma motivation pour regarder des films à la maison est vraiment inexistante...)

Sur grand écran

Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) de Pat Boonnitipat (2024)

Cette comédie dramatique thaïlandaise pourrait très bien se passer en France: si vous remplacez les acteurs par des gens parlant français, tout le scénario et les dialogues (ou du moins ce que les sous-titres en donnent à voir) peuvent être réutilisés tels quels. C'est fou, car, d'un autre côté, c'est un peu dépaysant, tout de même, la Thaïlande (ne serait-ce qu'à cause de tous ces câbles électriques dans les rues ^^). La musique est horriblement culcul et invasive, mais j'ai trouvé que la vision des relations familiales était assez fine et qu'il y avait un beau message humain, sans cacher une certaine souffrance liée à la maladie (la scène des cheveux est d'une finesse!) et à la vieillesse. Un très bon moment, en somme.

Gladiator de Ridley Scott (2000)

Revoir ce film m'a fait le plus grand bien! J'avais en tête que je ne l'aimais pas trop, mais de manière vague, et l'enthousiasme de Tigger Lilly m'a motivée à lui redonner une chance. Outre la musique absolument stratosphérique de Hans Zimmer (il y a juste la chanson de fin que je déteste 😅), il présente des tas de caractéristiques que j'adore: des épées, des guerriers, des chevaux à tomber, des scènes épiques, de la baston!! Et tout est léché, n'importe quel bout de l'écran est mis en scène à la perfection. J'ai même tempéré le (vague) reproche de sexisme que je lui faisais, car le personnage de Lucilla est très présent. Seuls bémols: des ralentis que je n'ai pas trouvés qualitatifs, et un méchant très méchant pour lequel j'ai eu du mal à ressentir de la compassion, alors qu'il a un vrai côté tragique qui pourrait en faire un personnage passionnant. Et puis Ridley aurait pu nous épargner le côté incestuel dégueulasse. Mais à part ça, du grand Cinéma!!

Du côté des séries

Toujours rien.

Et le reste

J'ai lu La Croix du 1er avril, dont la une était tout simplement irrésistible. Quelle satisfaction, d'un côté. Mais quelle crainte, de l'autre, que cela ne joue en leur faveur malgré tout. À part ça, j'ai découvert qu'il y a eu une guerre au Tigré tout récemment (2020-2022). Vous savez où est le Tigré, vous? Mon ignorance n'a de cesse de m'étonner.

En fin de mois, j'ai, comme d'habitude, lu mon Cheval Magazine adoré. Ce mois-ci, point de mention des animalistes. Youpi!