samedi 13 avril 2013

Correspondance

De temps en temps, j'ai encore le bonheur de tomber sur des livres de Zola que je n'ai pas lus. Il en a été ainsi pour ce Correspondance.


Pour le fan inconditionnel, il est intéressant de découvrir un auteur sous un jour un peu différent. On reste dans l'écriture, mais il ne s'agit plus de raconter une histoire: Zola écrit à ses amis pour leur donner des nouvelles, à des journaux pour défendre ses livres, à d'autres écrivains pour leur parler de leurs livres à eux, ou à sa famille dont il est séparé pendant l'exil en Angleterre. De nombreux tons et discours se succèdent donc dans ce recueil de 137 lettres et on est très loin du style zolien habituel.

J'ai été très surprise par le ton employé avec sa maîtresse Jeanne. Zola lui disait qu'il avait trois enfants, une grande fille (elle, la maîtresse), une petite fille (leur fille) et un petit garçon (leur fils). Il lui programmait ses trajets et ses journées à l'heure près: tu prendras tel train, puis tu iras à pieds de la gare à tel endroit, et tu n'oublieras de passer dire telle chose à telle personne.. Un psychanalyste y verrait certainement une expression maladive de son désir de paternité frustré. De mon côté, ça n'a pas amélioré ma vision de cette relation adultère (que je vous ai déjà exposée ici).

Les autres lettres permettent de suivre la progression des Rougon-Macquart et la vie journalistique de Zola, qui a toujours beaucoup écrit pour la presse. On le voit régler ses comptes avec certains critiques et échanger ses points de vue avec d'autres écrivains. Une seule lettre de sa correspondance avec Maupassant, cependant: j'ai trouvé ça maigre....

Intelligemment découpé en trois parties intitulées "Lettres de jeunesse (1858-1867)", "Les combats littéraires (1868-1893)" et "Les années de l'affaire Dreyfus (1896-1902)", le livre comprend également une petite note biographique sur chacun des destinataires de Zola: bien pratique quand ceux-ci ne sont pas passés à la postérité et qu'on se demande de qui il peut bien s'agir.

La citation de la fin, que j'ai trouvée très juste: "Oui, il y a peu de gens heureux, complètement, comme il y a peu de gens qui se portent absolument bien. On paie tous les bonheurs par de terribles souffrances, et le mieux est peut-être encore d'avoir son malheur, comme on a une maladie incurable, qu'on connaît et qu'on soigne, et dont on ne meurt pas."

Émile Zola, Correspondance
Éditions Flammarion, collection GF, 8,80€, 381 pages

4 commentaires:

  1. Ça donne envie :D C'est lisible et intéressant donc ?

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    1. Oui, les deux! :) Ensuite parfois c'est un peu pompeux, par exemple quand il répond à ses critiques en les prenant pour des débiles... :p

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  2. Bon. Tu vas vraiment finir par me réconcilier avec Zola, tu sais ?

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