De retour au comité de lecture de ma médiathèque, c'est avec plaisir que j'ai constaté que la dernière traduction française de Maria Ernestam faisait partie de la sélection de novembre. Il y a deux ans, j'avais en effet adoré Les oreilles de Buster, une sorte de conte macabre très original et jouissif. Le peigne de Cléopâtre est une histoire tout aussi improbable, mais peut-être moins croustillante et surtout plus triste.
Trois amis suédois âgés d'une quarantaine d'années, Mari, Anna et Fredrik, décident de monter leur propre société pour reprendre un peu en main leur situation professionnelle guère satisfaisante. Pour tout vous dire, Mari vient de se faire licencier par le patron qui profite d'elle depuis des années et elle a réagi en lui plantant une fourchette dans la main. Hihihi! Les répliques de ce passage ont quelque chose d'un peu convenu, mais c'est une telle satisfaction de voir ce petit connard se retrouver avec une fourchette dans la main qu'on les accepte facilement.
Cette nouvelle société, Le peigne de Cléopâtre, aura pour mission de résoudre les problèmes des gens en mobilisant les compétences diverses et variées des trois associés. Un vaste programme. Formation professionnelle, décoration d'intérieur, comptabilité, gastronomie: les trois amis touchent un peu à tout. Et puis un jour, la voisine d'Anna, une dame âgée, les supplie de tuer son mari, qui la tyrannise depuis des dizaines d'années et qui lui fait plus de mal que jamais maintenant qu'il est à la retraite.
Et là, c'est le drame... Comment lui expliquer qu'ils ne sont pas tueurs à gages? Comment refuser la belle somme qu'elle leur promet et dont ils ont bien besoin? Et surtout, comment ne pas lui venir en aide en entendant son histoire? Et quand le mari meurt effectivement et que la dame vient leur exprimer sa reconnaissance, la vie des trois associés part quelque peu en vrille...
Vous le voyez, l'intrigue est quelque peu originale et barrée. Mais il me semble y avoir moins d'humour que dans Buster et, surtout, c'est avant tout l'histoire très triste de plein de gens totalement traumatisés par leur passé, notamment leur enfance. Maria Ernestam parle avec justesse de la manière dont les parents peuvent détruire en profondeur les enfants dont ils ont la charge, soit en étant carrément cruels, soir par leur simple indifférence. Mari, Anna et Fredrik restent encore complètement obsédés, à l'âge adulte, par des épisodes de leur enfance qui n'ont rien perdu de leur douleur et de leur humiliation avec les années.
J'ai aussi trouvé intéressant de voyager un peu en Suède, et de (re)découvrir ce pays tellement encensé par les médias sous un point de vue plus réaliste (même si les défaillances du système social suédois sont abordées plus en profondeur dans Buster). Apparemment, il y a tout autant de psychopathes en tout genre là-bas qu'ici...
Le bémol, c'est que l'intrigue s'éparpille un peu, et que les nombreux sujets abordés sont traités de manière un peu superficielle. Le livre aurait gagné à mettre en scène quelques événements de moins en les creusant plus. Malgré cela, je dois dire que Maria Ernestam m'a bien eue et que, si j'ai vu venir certaines choses, je m'en suis prises d'autres dans la gueule au tout dernier moment.
Pour conclure, la citation qui fait du bien...
– Avant l'arrivée de la police et de l'ambulance, je me tenais à côté du lit et je regardais mon défunt mari. Il avait l'air paisible, et je me suis dit que j'avais dû l'aimer un peu. Au tout début. Mais j'étais incapable de m'en souvenir. Je ne ressentais... plus rien. Je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à ce qu'il m'a fait subir, et je me suis rendu compte que l'imparfait était un temps merveilleux pour parler d'un époux comme le mien.
Voilà, encore une fois, tu titilles mon intérêt ! Je note ce titre, ainsi que Les oreilles de Buster :D Merci pour cette découverte <3
RépondreSupprimerDe rien, Bouchon :)
Supprimer