Il y a environ un an et demi, j'ai lu Among Others, un roman de Jo
Walton encensé par les amis blogueurs et publié en France sous le titre Morwenna.
Ayant adoré ce livre, j'ai décidé de poursuivre avec un autre roman encensé par
la blogo: My Real Children.
L'histoire est celle de Patricia, une vieille dame en maison de retraite qui
n'a plus les idées très claires puisqu'elle se souvient de deux vies
différentes et reçoit tour à tour les visites de deux groupes d'enfants et de
petits-enfants. Perplexe, elle se demande si elle a fait, un jour,
un choix qui aurait pu modifier sa vie de manière radicale. La réponse est oui:
en 1949, son fiancé l’a demandée en mariage. Dans une vie, elle a accepté;
dans l’autre, elle a refusé.
Après quelques chapitres retraçant sa vie jusqu’en 1949 (le "tronc
commun" des deux femmes, si je puis dire), le roman alterne entre un
chapitre sur la femme qui a dit oui et un chapitre sur la femme qui a
dit non. Deux vies on ne peut plus différentes. Dans l’une, Patricia se
retrouve enlisée dans un mariage plus que décevant et une existence de mère au
foyer peu satisfaisante; dans l’autre, elle devient une experte de l’Italie,
notamment de Florence, et rencontre l’amour en la personne de Bee, une autre
femme. Mais les choses ne sont quand même pas si simples et on n’a pas un
destin malheureux contre un destin heureux; chaque vie a eu son lot de
souffrance personnelle et familiale.
À travers la vie de Patricia, Jo Walton retrace aussi certains évènements de
la deuxième moitié du XXe siècle, mais de manière revisitée puisque les
évènements politiques de ces deux vies ne sont pas forcément ceux que nous
avons connus. Par exemple, il y a une base sur la Lune et d’autres explosions
nucléaires après celles de 1945 dans une des deux vies.
Dans l’ensemble, j’ai adoré ce roman ultra-humain et passionnant et je l’ai
lu avec enthousiasme. C’est bien écrit, c’est plein de sentiments très réalistes,
c’est la vie, la vraie, avec ses hauts et ses bas, ses petites choses qui
donnent du sens aux autres. En plus, Jo Walton aborde des tas de thèmes
importants : la tolérance, le rejet ou l’acceptation de l’homosexualité,
la place de la femme, les relations familiales, le militantisme politique.
Je dois toutefois y ajouter deux petites réserves. Tout d’abord, le fait que
j’aie parfois perdu le fil des relations familiales et amicales des deux
Patricia: l’une a quatre enfants, l’autre trois, chacun desquels a à son
tour un ou deux enfants, et je ne savais plus qui était qui et faisait quoi
dans la vie. Ensuite, le fait que ces deux existences tournent justement
beaucoup autour des enfants. Cela tombe sous le sens dans un livre intitulé Mes
vrais enfants, hein, mais quand, comme moi, vous ne prévoyez toujours pas d’en
avoir malgré votre trentaine bien entamée, vous vous demandez un
peu si cela implique que vous avez tout raté. Dans ce livre, on vit
pleinement son homosexualité et son polyamour, mais personne ne songe à ne pas devenir parent…
Ces deux critiques, toutefois, ne ternissent en rien ce beau roman qui parle
avec une grande justesse de la vie et qui confirme que Jo Walton a quelque
chose à dire à ses lecteurs. À lire sans hésitation.
Allez donc voir ailleurs si ces enfants y sont!
Tiens je me demande quel type de réflexion ce livre pourra suggérer en moi alors que je ne veux pas d'enfant et que je ne me pose absolument aucune question à ce sujet. Après je me rends compte d'un truc avec ça, c'est que vraiment l'immense majorité des gens, genre 90% quelque chose comme ça, veut ou a des enfants. C'est une norme qui est tellement forte. C'est peut être aussi ce qu'elle a voulu montrer ?
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Hm je n'ai pas du tout eu cette impression-là, ça m'a juste semblé une évidence pour le personnage (enfin les deux versions du personnage ^^), la question n'est même pas évoquée de loin...
SupprimerPour le coup, la question des enfants ne m'a pas tellement interrogée. C'est un beau roman en tout cas !
RépondreSupprimer@Shaya: Tu l'as donc lu aussi :D Il me semblait bien. Mais je ne trouve pas de chronique sur ton blog alors je pensais m'être trompée ^^
SupprimerNon non, mais je l'ai lu récemment et il n'est pas encore chroniqué, j'ai du retard XD
Supprimer@Shaya: Oui ça y est ça me revient, j'ai vu des photos sur les réseaux :D
SupprimerChef d'oeuvre !
RépondreSupprimerJe n'ai pas non plus réfléchi à la question des enfants. Ça sonne sans doute comme une évidence pour "les" personnages de Patricia, mais faut-il pour autant en tirer une conclusion concernant ce qu'en pense Jo Walton qui a elle-même un fils ? Difficile à dire...
@Lorhkan: Non, je ne pense pas, en fait, je crois que c'est quelqu'un de vraiment respectueux dans la vraie vie — mais je me suis interrogée pendant ma lecture parce que il y a des enfants partout, tout le temps! :D
SupprimerC'est intéressant ce que tu dis sur la question des enfants, ça ne m'avait pas perturbé outre mesure mais je suis terriblement "normale" dans le domaine :D.
RépondreSupprimerCeci dit s'il n'y avait pas eu d'enfants dans une des réalités (ce qui aurait tué le titre en effet xD), je pense qu'on aurait manqué d'éléments pour mettre en scène l'histoire. Dans mon souvenir y'a plein de questions de société et d'évènements historiques qui sont traitées par le biais de ses enfants.
@Vert: Oui tout à fait. C'est notamment un des garçons qui est officiellement engagé dans une relation polyamoureuse.
SupprimerEt puis finalement, ce mélange et ce doute sur qui est qui, c'est un peu voulu par l'autrice, non ? Même si oui, c'est un peu compliqué de temps en temps, j'ai été dans le même cas. Ce qui n'empêche pas ce livre de m'avoir marqué durablement, vraiment un chef d'oeuvre pour moi. =D
RépondreSupprimer(quant aux enfants - en étant personnellement aussi du côté des "anormaux", huhu - ça ne m'a pas posé de problèmes, c'est pour moi simplement un élément d'intrigue et non pas une idée particulière développée)
@Baroona: Aww, tu l'as lu aussi! Je pense que je ne passais pas encore chez toi quand tu as publié ta chronique. C'est peut-être pas faux, que le mélange soit voulu, ça donnerait une sorte de confusion comme dans l'esprit de Pat.
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