jeudi 17 octobre 2019

The Legend of Sleepy Hollow and Other Tales (1819-1820)

Nous connaissons tous le film Sleepy Hollow de Tim Burton. J'avais 14 ans quand il est sorti et il a largement façonné mes goûts et mon imaginaire. Enthousiaste, j'ai aussitôt lu la nouvelle de Washington Irving qui l'a inspiré, La Légende du Val dormant, mais j'ai été assez déçue, le texte et le film n'ayant pas grand-chose en commun. Je voulais toutefois la relire en anglais depuis de nombreuses années et je suis enfin passée à l'action, trois ans après avoir acheté cette jolie édition économique de Collins.



Pour la petite histoire, ce recueil devrait plutôt s'appeler The Sketch Book of Geoffrey Crayon, Gent. Je suppose que Collins a voulu capitaliser sur la célébrité de Sleepy Hollow. 😉

Le recueil contient 34 textes, principalement de courtes descriptions de la vie en Angleterre, et forme une sorte de carnet de voyage. Il y a aussi quelques nouvelles. Par manque de temps, d'énergie et (soyons honnêtes) de choses à dire sur certains d'entre eux, je ne vais pas les chroniquer un par un.

Dans la préface, Washington Irving remercie Walter Scott, qui a largement contribué à la publication du recueil en Angleterre. Le XIXe, mes enfants, était vraiment un siècle de géants. 😉

Dans The Voyage, il décrit la traversée de l'Atlantique en bateau et son arrivée en Angleterre. Le ton est donné, la langue est belle et recherchée, mais avec cette limpidité du XIXe que j'adore. J'ai tout de suite adhéré.

Tout au long du recueil, de très nombreux textes recensent ses expériences en Angleterre et décrivent le quotidien des habitants: Rural Life in England, The Country Church, A Sunday in London, The Boar Head's Tavern, Eastcheap (un texte sur Shakespeare auquel je n'ai rien capté), Rural Funerals, Westminster Abbey, London Antiques, Little Britain, Stratford-on-Avon (autre texte sur Shakespeare auquel je n'ai rien capté) et John Bull.

Vers la moitié du recueil, une série de cinq textes (Christmas, The Stage Coach, Christmas Eve, Christmas Day et The Christmas Dinner) décrivent les célébrations de Noël dans un manoir anglais dirigé par un vieux monsieur très à l'ancienne. C'est charmant et amusant. Ce recueil pourrait donc aussi bien se lire à Noël qu'à Halloween, en fait. ^^

Deux textes, Traits of Indian Character et Philip of Pokanonet, abordent avec une modernité étonnante le génocide des Amérindiens, dont Irving prend la défense.

La fiction est également présente. Rip Van Winkle, un des textes les plus célèbres d'Irving, nous ramène aux États-Unis auprès d'un vieux monsieur qui s'endort vingt ans dans la montagne et ne reconnaît plus son pays, devenu indépendant pendant son sommeil. The Spectre Bridegroom parle avec humour d'une légende allemande sur un fiancé décédé le jour même où il devait rencontrer sa future épouse. La célèbre Legend of Sleepy Hollow raconte comment Ichabod Crane, un maître d'école quelque peu tyrannique, essaye de séduire la belle et riche Katrina Von Tassel dans une petite ville isolée de l'État de New York peuplée de colons hollandais. Les noms des personnages et la légende du cavalier sans tête sont à peu près les seuls points communs entre ce texte et le film. 😜

Quelques textes indépendants parsèment aussi le recueil: Roscoe parle d'un auteur de Liverpool, The Wife raconte une histoire conjugale, English Writers on America décrit comment les écrivains anglais comprennent les Américains totalement de travers, The Broken Heart parle des chagrins d'amour irréparables, The Pride of the Village parle de l'enterrement d'une jeune fille. The Widow and her Son, le texte qui m'a le plus marquée, décrit un enterrement auquel n'assiste qu'une vieille et pauvre femme tout en noir; je ne sais plus si j'en ai pleuré mais il m'a brisé le cœur.

Apparemment, ce recueil a constitué l'un des premiers succès de la littérature américaine en-dehors des États-Unis et a contribué à "légitimiser" les auteurs américains, au même titre que l’œuvre de James Fennimore Cooper. Son succès est mérité. J'ai adoré le style élégant et recherché, qui correspond bien à ce que j'aime dans le XIXe. Comme je le disais à propos d'Edgar Allan Poe, il y a quelque chose de très européen ici – mais sans citations latines et sans le côté ampoulé. 😀 La lecture de ce type de texte en version originale reste toutefois assez exigeante, il faut être assez à l'aise avec l'anglais pour se lancer dans ces 400 pages.

Je vous laisse avec un extrait touchant de Rural Funerals:
"The sorrow for the dead is the only sorrow from which we refuse to be divorced. Every other wound we seek to heal - every other affliction to forget; but this wound we consider it a duty to keep open - this affliction we cherish and brood over in solitude. Where is the mother who would willingly forget the infant that perished like a blossom from her arms, though every recollection is a pang? Where is the child that would willingly forget the most tender of parents, though to remember be but to lament? Who, even in the hour of agony, would forget the friend over whom he mourns? [...] No, the love which survives the tomb is one of the noblest attributes of the soul. If it has its woes, it has likewise its delights; and when the overwhelming burst of grief is calmed into the gentle tear of recollection, when the sudden anguish and the convulsive agony over the present ruins of all that we most loved are softened away in pensive meditation on all that it was in the days of its loveliness - who would root out such a sorrow from the heart?"

8 commentaires:

  1. Je n'aurais pas pensé qu'il s'agissait plus d'un carnet de voyage que d'un recueil de nouvelles! Je tenterai peut-être éventuellement...

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    1. @Grominou: Je ne m'y attendais pas non plus. Ensuite, ce n'est pas non plus **vraiment** un carnet de voyage et ça se lit vachement comme des nouvelles, mais ça reste majoritairement des descriptions de la vie en Angleterre.

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  2. Intéressant ! Je ne crois pas avoir vu le film Sleepy Hollow, encore un à rattraper XD

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  3. Tiens c'est marrant d'habitude le récit classique c'est plutôt des gens qui quittent l'Angleterre pour aller aux US :p
    Il a l'air vraiment très bien ce livre en tout cas.

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  4. Et bah... on tombe sur des choses inattendues en voulant lire le texte qui a inspiré un film. Tu prends moins de risques avec le Club Dumas je te rassure :D

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    1. @Vert: Mais j'ai fait une belle découverte ^^ Hâte de lire le club Dumas :)

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