dimanche 15 mai 2022

La Péninsule aux vingt-quatre saisons (2014)

Qu’est-ce que je l’ai attendu, ce roman de Mayumi Inaba! Chroniqué en 2018 par Marilyne, puis en 2019 par la Petite marchande de prose, il restait éternellement disponible uniquement en grand format quand je le demandais en librairie. En avril 2022, enfin, je l’ai vu sur une table chez Gibert: il était sorti en poche!

Une illustration superbe de Flora Waycott.

Et ça été la déception. Ahah.

Ce récit d’une année passée à la campagne, dans une péninsule du Japon distante de plusieurs heures de Tôkyô, avait tout pour me plaire: isolement loin de la ville et de la foule, protagoniste d’âge mûr (la cinquantaine ou plus, étant donné qu’elle mentionne qu’elle est ménopausée) et sans enfant, présence d’un chat, observation tranquille de la nature et de son évolution au fil des saisons… Tout ce dont je fantasme, en bonne banlieusarde entourée d’immeubles.

Mais la sauce n’a pas pris. Le style ne m’a pas semblé transcendant dans l’absolu et le texte français est saupoudré d’anacoluthes et de petits problèmes de structure qui m’ont gênée (hmm, les éditions Picquier... En même temps, ils écrivent un nombre en chiffres dans le titre, j'aurais dû me douter de quelque chose... 🤯). Et comme dans Vingt ans avec mon chat, la narratrice (voix de l’autrice ou "simple" doublon?) m’a semblé fort peu dégourdie. Pas qu’elle ait quelque chose de spécifique à faire, car il n’y a guère d’action ici (et ceci n’est pas une critique: je suis réceptive aux livres où il ne se passe rien). Mais elle reste parfois bouche bée ou éberluée (je n’ai pas noté le terme exact) devant des choses qui me semblent mériter peu d’importance… 🤔 Et comble du malheur, on ne voit pratiquement jamais le chat. 😾

Alors, ce n’a pas non plus été l’agonie, entendons-nous bien, mais je suis restée à distance de ce récit, ne me retrouvant réellement que dans le besoin, passé et passé par la narratrice, de vivre dans la grande ville qu’est Tôkyô afin d’être noyée dans la foule, le bruit et l’agitation. Moi aussi, j’ai tendance à me noyer dans le bruit ambiant pour ne pas entendre le silence…

Une chose positive que je veux retenir: j’ai lu la première moitié de ce roman dans le train de Munich à Paris. Un trajet long. Beaucoup plus long qu’un vol en avion. D’abord trois heures dans un train régional, puis un peu moins de trois heures dans un TGV. Un trajet que j’ai fait en train par choix, en partie parce que j’ai développé une sorte de peur-haine irrationnelle de l’avion (ça, c’est la mauvaise raison), en partie parce que le train pollue beaucoup moins et en partie parce que j’aspire à PRENDRE ce temps que je n’ai pas, à aller LENTEMENT, à REGARDER où je suis quand j’y suis. À vivre ma vie post-COVID telle qu’elle m’est apparue avec une certaine clarté en 2020. Évidemment, la sensation de fin du monde, qui incitait à tout changer, et les bonnes résolutions du confinement, qui étaient intimement liées à ce moment de pause forcée et presque hors du temps, ont buté sur la réalité de la vie contemporaine. Mais je peux agir sur certains points, et voyager en train en est un.

Comme à peu près tous les romans japonais que j’ai lus, la Péninsule aux vingt-quatre saisons a été traduit du japonais par Élisabeth Suetsugu.

Allez donc voir ailleurs si cette péninsule y est!
L'avis de Marilyne
L'avis de la Petite marchande de prose

10 commentaires:

  1. J’hésitais à le lire mais là tu confirmes bien mes craintes.
    J’ai bien aimé par contre Les chats ne rient pas de K Mukai.
    C’est triste mais bien écrit.

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    1. @Melvin: C'est toujours difficile de dire du mal d'un bouquin, car on craint de faire passer quelqu'un à côté de quelque chose qui pourrait plus lui plaire qu'à nous-même. Si tu n'étais déjà pas convaincu, je te conseillerais plutôt de passer ton chemin, en effet. Mais on ne sait jamais...

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  2. Mince pour le livre :/
    C'est bien comme résolution je trouve ^^

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    1. @Tigger Lilly: Je trouve ça bien aussi et ça me convient très bien, donc c'est parfait.

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  3. Je comprends ta déception. Il faut faut se laisser porter, ce n'est pas le style qui emporte. J'ai aimé cette lecture comme une parenthèse ( et puis, je suis en phase avec la narratrice ^^ ). J'ai aimé observé, écouter ( et puis, j'avoue, j'ai craqué pour la couverture ;)). Ceci dit, j'ai accordé peu d'importance à cette narratrice, plutôt à son environnement. Sinon, tout comme toi, je prends le train quand l'alternative est possible ( c'est comme ça que nous sommes allés en Italie ).

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    1. @Marilyne: J'y ai vu une certaine parenthèse aussi, quoique peu enthousiasmante. 🤗 Génial, le train pour aller en Italie!

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  4. "on ne voit pratiquement jamais le chat" : ouais, voilà, pas besoin d'essayer de noyer le poisson avec d'autres fausses raisons, on le sait bien que c'est juste l'absence du chat qui t'a sorti du livre. 😼

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  5. Réponses
    1. @Shaya: Ouais, dommage 🙁 Cela dit, on sait que ça ne peut pas marcher à tous les coups!

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