vendredi 12 avril 2024

Contes au fer rouge (1883-1888)

Dans une boîte à livres planquée près du parking d'un centre commercial, stratégiquement placée pour que l'écrasante majorité des utilisateurs dudit centre commercial ne la voie jamais (😅), je suis tombée sur ce recueil de contes d'Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, auteur que j'ai étudié au lycée et pour lequel je garde une certaine tendresse. Bien sûr, j'ai sauté dessus.

En fait, ce recueil est un montage moderne et n'a jamais existé en tant que tel du vivant de l'auteur; les textes qu'il réunit ont tous été publiés ailleurs, notamment dans les Contes cruels, que je connaissais déjà. Le titre de "contes au fer rouge" est d'ailleurs un titre que l'auteur avait envisagé pour les Contes cruels.

Force est de constater que la sélection de l'anthologiste, Olivier Michel, rejoint fortement la mienne. 😊

La Torture par l'espérance
Originellement publié dans Nouveaux contes cruels en 1888, ce texte nous plonge dans une geôle de Saragosse, où décrépit un rabbin soumis à la torture depuis une année entière. Le style est stupéfiant de littéraire, l'intrigue est prenante, la fin est abominablement cruelle. J'ai adoré.

Vox populi
Originellement publié dans Contes cruels en 1883, ce texte donne à voir l'extrême volubilité du peuple – ou plutôt de la populace, vu la moralité douteuse dont il fait preuve –, toujours prêt à manifester son adoration du puissant du moment. La seule constante dans tout ça, c'est le cri plaintif d'un aveugle qui mendie. Notons que j'avais justement mis en avant ce texte dans ma chronique de 2013 des Contes cruels!

L'Amour du naturel
Originellement publié dans Nouveaux contes cruels en 1888, ce texte alambiqué m'a beaucoup perdue. On y entend deux jeunes personnes pérorer sur leur amour du naturel (les arbres, la vraie nourriture), la conclusion étant que pour savourer le naturel, il faut surtout avoir de l'argent. La chute m'a bien fait marrer, mais je n'ai pas compris grand-chose à ce que racontaient les deux protagonistes.

L'Intersigne
Dans ce texte originellement publié dans Contes cruels en 1883, le narrateur se remémore une visite qu'il a faite en Bretagne, chez un vieux abbé de ses amis. Apparition, mystère, galopade éperdue dans la nuit: j'ai adoré l'ambiance de roman gothique, parfaitement portée par le style de l'auteur. Je suis donc très étonnée de ne pas en avoir parlé dans ma chronique des Contes cruels de 2013... 😂

Deux augures
Un texte humoristique dans lequel un directeur de journal explique en long, en large et en travers à un aspirant journaliste qu'il ne peut pas le publier parce qu'il (l'aspirant journaliste) a trop de talent. Voilà qui fait relativiser une certaine médiocrité actuelle. Originellement publié dans Contes cruels en 1883, ce texte était présent dans ma chronique de 2013!

L'Affichage céleste
Une dissertation théorique sur une idée brillante, l'exploitation du ciel pour passer des publicités ou des messages politiques. LOL! C'est génial, et quelque chose me dit que l'humanité finira par y venir. 😂😂 Originellement publié dans Contes cruels en 1883, ce texte était présent dans ma chronique de 2013!

L'Inconnue
Un noble de province fraîchement arrivé à Paris, une femme superbe, l'amour au premier regard dans un théâtre... et un handicap qui empêche cette femme de suivre ses sentiments. Autant je trouve que la femme, qui est sourde, tient un discours par trop cohérent avec son interlocuteur, autant je trouve très chouette que Villers de l'Isle-Adam ait mis en scène un personnage sourd. Originellement publié dans Contes cruels en 1883, ce texte était présent dans ma chronique de 2013!

Véra
Une très belle histoire de fantôme et/ou de hantise, un chef d'œuvre du genre, une pépite du vaste sujet "l'amour et la mort": j'ai beau connaître cette nouvelle extrêmement bien car je l'ai étudiée au lycée et que je l'ai relue depuis, elle marche toujours du tonnerre. Elle a été originellement publié dans Contes cruels en 1883 et elle était bien sûr présente dans ma chronique de 2013!

Le Tueur de cygnes
Originellement publié dans Tribulat Bonhomet en 1887, ce  texte met justement en scène Tribulat Bonhomet, un personnage fort peu recommandable, qui se glisse dans un étang la nuit pour faire peur aux cygnes et leur tordre le cou à l'aube. En grande amie des animaux, je l'ai évidemment haï, mais le style est très bon!

Profession de foi
Originellement publiée dans Tribulat Bonhomet en 1887, cette profession de foi du personnage éponyme m'est tombée des mains alors qu'elle ne fait qu'une page. Je n'ai strictement rien pigé.

Et voilà! Ce receuil est sans doute intéressant pour découvrir l'auteur, mais je reste perplexe quant à la présentation: l'introduction explique bien de quels recueils sont tirés les textes, mais ça reste assez discret et il est donc facile de le prendre pour un recueil d'époque. En outre, les contes ne sont pas classés par ordre chronologique, ce que j'aurais trouvé logique... Donc, je vous conseillerais plutôt de lire l'un des vrais recueils parus du vivant de l'auteur! Pour ma part, j'espère tomber sur Nouveaux contes cruels un jour, et j'aimerais bien lire L'Ève future, qui est selon Wikipédia un roman de science-fiction...

7 commentaires:

  1. C'est quasiment un best-of de l'auteur. Enfin, si on oublie le dernier texte. C'est intrigant d'ailleurs, vu le reste de la sélection il doit bien y avoir aussi quelque chose de qualitatif dans celui-ci. 🤔

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    1. @Baroona: Sans aucun doute. Dommage que je n'aie pas compris. 😄

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  2. Je n'ai jamais lu cet auteur mais ça a l'air vachement bien ^^

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    1. @Tigger Lilly: Je suis contente d'avoir fait passer mon ressenti (parce que c'est effectivement ce que j'ai pensé ^^).

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  3. Je ne connais pas du tout cet auteur, merci pour la découverte. (Par contre, aucune empathie envers les cygnes, c'est beau certes, mais c'est agressif comme pas permis !)

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    1. @Shaya: Ce sont des animaux redoutables, en effet. J'ai vu un chien tourner autour d'un cygne un jour. Il a fini par lâcher l'affaire, mais moi j'aurais parié sur le cygne en cas de bataille. ^^ (Mais c'est pas une raison de leur tordre le cou pour autant, haha!)

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  4. Je ne connaissais pas cet auteur ! Je me le note, je me vois bien le lire un jour. Je note les Contes cruels.

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