J'ai replongé avec un bonheur et une exaltation considérables dans les aventures du capitaine Alatriste.
Cette fois-ci, Diego Alatriste et Iñigo Balboa se dirigent vers Venise pour une mission délicate: assassiner le doge de cette ville italienne afin de le faire remplacer par une personne plus favorable à la couronne espagnole.
Si vous avez déjà lu un ou plusieurs tomes des aventures du Capitaine Alatriste, vous savez à quoi vous attendre. Vous aimerez si vous avez aimé les livres précédents, et vous n'accrocherez pas plus si vous ne les avez pas aimés. Cependant, comme cette série --pour des raisons que j'ignore totalement-- n'est pas du tout connue en France, j'ai pensé faire un topo sur le sujet, pour essayer de vous inciter à lire au moins le premier livre.
Lorsqu’on le rencontre dans Le capitaine Alatriste, Diego Alatriste, ancien soldat de l’armée espagnole, vit à Madrid, où il gagne sa vie plus ou moins misérablement en vendant ses talents à l’épée. Nous sommes en 1620 ou en 1621, sous le règne de Philippe IV, et l’Espagne, qui domine deux mondes depuis plus d’un siècle, n’a plus d’argent pour payer ses soldats (enfin, disons plutôt que cela ne fait pas partie des priorités financières du pays). Les vétérans de la guerre des Flandres qui reviennent au pays sont donc abandonnés à leur sort, sans aucune forme de pension ou de retraite, et survivent comme ils le peuvent.
Alastriste a recueilli un jeune garçon, Iñigo Balboa, après que son père soit mort sur le champ de bataille, et c’est Iñigo qui nous raconte ces histoires.
Dans cette première aventure (contenant d'ailleurs un gros clin d’œil à l'autre géant du roman de cape et d'épée, Les trois mousquetaires), Alatriste accepte de travailler avec un Italien pour tuer deux voyageurs devant entrer dans Madrid pendant la nuit –une courte collaboration pendant laquelle Alatriste se fera de nombreux ennemis, depuis cet Italien au visage ravagé par la vérole jusqu’aux membres les plus éminents de la cour. Par la suite, il aura affaire à l’Inquisition, retournera se battre en Flandre, reviendra en Espagne et deviendra enfin corsaire sur la Méditerranée, toujours accompagné d’Iñigo.
Un héros taciturne et fataliste qui se bat exceptionnellement bien, une mission dangereuse et des ennemis redoutables: de tome en tome, les ingrédients sont souvent les mêmes, mais Arturo Perez-Reverte a un don pour tenir ses lecteurs en haleine et les captiver totalement. Je lis Alatriste en espagnol et je vous assure que je ne maîtrise pas bien cette langue et que je fatigue vite, mais je ne veux jamais reposer ces bouquins et je quitte les personnages à grand regret.
J’apprécie énormément, en outre, de vivre cette période de l’histoire du point de vue de l’Espagne: c’était l’époque où le Nouveau Monde et ses mines d’or en faisaient le royaume le plus riche du monde et où ce pays pouvait se permettre d’être en guerre contre tout le monde à la fois (contre la France, contre l’Angleterre, contre les républiques d’Italie, contre la Turquie et même contre les Pays-Bas espagnols, qui tentaient de devenir indépendants); mais c’était aussi l’époque des intrigues de cour, des complots et des assassinats, et surtout de la toute-puissante Inquisition.
J’apprécie aussi de voyager d’une ville et d’un pays à l’autre, de Madrid à Tolède, de Séville à Breda et du Maroc à Venise, avec ces hommes durs et résignés, prêts à se battre jusqu’à la mort pour rester fidèles à leur roi et à leur patrie…
Une série de cape et d'épée redoutablement efficace, donc, que je recommande chaudement. Les six premiers tomes ont été publiés en France et sont disponibles en poche. Par contre, le septième vient tout juste de sortir en Espagne et il faudra donc patienter encore un peu.
Un marque-page de cape et d'épée
pour un roman de cape et d'épée;
avouez que j'ai le sens des associations.
Pour en savoir plus: Le site officiel de l'auteur
(en espagnol - désolée, je ne trouve rien de pertinent à vous proposer en français, si ce n'est vous renvoyer vers le minuscule article de Wikipédia)