dimanche 13 octobre 2013

Pélerinage littéraire de Médan (2013)

Après 2011 et 2012, je me suis rendue cette année pour la troisième fois à Médan, dans les Yvelines, pour assister au pèlerinage littéraire annuel à la maison d'Émile Zola. "À la Saint Zola, le beau temps est là!": ce dicton-blagounette s'est avéré véridique puisque, cette année encore, pas une goutte de pluie n'est tombée sur ce joli jardin en bord de Seine!



Quelques nouvelles en vrac: la maison rouvrira bien en 2015 comme prévu, La Confession de Claude sort bientôt en poche (du coup, je suis un peu verte de l'avoir acheté chez Dodo Press...), un Thérèse Raquin américain sortira bientôt au cinéma, une lettre écrite par Dreyfus au ministère de la Guerre alors qu'il était à l'île de Ré s'est vendue à 455 000 euros aux enchères...



Karl Ziegler, professeur de littérature comparée à Lille 3, a proposé une courte étude des rapports de Zola avec trois pays européens: l'Italie (le pays de son père, où il est reçu comme romancier célèbre lorsqu'il prépare Rome et où il a des fidèles comme Verga et Capuana), l'Angleterre (le pays de l'exil qui le connaît plutôt comme journaliste) et l'Autriche-Hongrie (le domaine de spécialisation de M. Ziegler). Cette dernière partie m'a beaucoup intéressée car M. Ziegler a parlé des rapports de Zola avec ses traducteurs germanophones. Par exemple, face à l'impossibilité de traduire le titre Pot-Bouille, Zola a suggéré à son traducteur de renommer ce roman "Histoire d'une maison bourgeoise" ou "Une maison bourgeoise" tout simplement. Il aurait également autorisé ses traducteurs à édulcorer certains passages jugés trop crus... L'intervention s'est terminée sur un "Zola provocateur, éveilleur et défenseur de la vérité". J'ai beaucoup aimé cet intervenant très modeste et passionné qui m'a beaucoup rappelé le père de l'Homme.



Bernard-Henri Lévy (qui est effectivement plutôt bel homme et qui portait effectivement une chemise blanche à col ouvert) a voulu simplement parler d'Émile Zola. Son intervention est plus difficile à rendre car elle est plus oratoire que celle du professeur de Lille, mais c'était intéressant et bien préparé. Soit il a vraiment lu Zola, soit il a bien compris quels sont les enjeux de son oeuvre. Il a souligné que les détracteurs de Zola voteraient aujourd'hui pour le Front National, puis il a parlé de la sexualité dans son oeuvre et du rôle et de la présence du corps (avec une image puissante tirée de L'Assommoir: les pieds de Coupeau qui bougent tout seuls....), ainsi que de la fêlure (qu'il qualifie de "haricot sauteur adénéïque", une expression que j'ai adorée). Il a rappelé qu'Aragon a défini le mouvement anti-Zola "l'immense conspiration de la sottise et de la haine". Puis il a cité les "petits frères" de Zola, quatre écrivains qui lui doivent beaucoup: Mallarmé, Joyce, Céline et Proust. Je ne les ai pas (ou peu) lus et je ne peux donc pas juger de la pertinence de cette remarque...

Encore une fois, ce pèlerinage était un bon moment et, les présentateurs zoliens intervenant en premiers étant nettement plus dynamiques que l'année dernière, elle n'avait pas trop de côté pompeux et endormant. Je suis très contente d'y être allée en dépit de la fleimme aiguë qui me saisit toujours quand j'envisage de traîner ma triste et solitaire carcasse quelque part. C'est un beau rendez-vous pour les amateurs de Zola et je ne peux que vous recommander de vous arrêter à Médan si vous passez par là le premier dimanche d'octobre...

6 commentaires:

  1. Ça devait être super intéressant, tu en as de la chance!

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    1. Oui c'est sûr ! Habiter à moins d'une heure de l'ex demeure de son écrivain favori n'est pas donné à tout le monde ! :)

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  2. Joli compte-rendu. Un jour j'irai :p

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    1. Hihihi! :) En même temps, je me dis parfois que je détaille tellement le compte-rendu que plus personne n'a besoin d'y aller! ^^

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  3. La maison est merveilleuse :) J'irai, moi aussi !

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