Chronique express!
Une vraie trouvaille de bouquinerie, cette Controverse de Valladolid; j'avais vu le film au collège ou au lycée mais je ne savais même pas que c'était tiré d'un livre. Le film est très fidèle et je n'ai donc pas eu de surprises, mais c'était très intéressant de se repencher sur les évènements. Jean-Claude Carrière raconte un débat théologique qui a agité le monde catholique vers 1550: les Indiens des Amériques étaient-ils des hommes? Avaient-ils une âme semblable à celle des chrétiens? Le Christ avait-il racheté leurs pêchés par son sacrifice et pouvaient-ils être reçus au paradis? Par conséquent, avait-on le droit de les réduire en esclavage? En réalité, les deux figures qui s'affrontent ici, Ginès de Sepulveda et Bartolomé de Las Casas, n'ont jamais débattu en public de cette question, et Carrière livre une version très succincte et romancée du débat; mais il le dit d'emblée et utilise ce subterfuge pour faire passer les propos des deux camps plus facilement. On plonge de suite dans cette époque lointaine où l'Espagne et le Portugal pillaient et ravageaient le Nouveau Monde. C'est une lecture intéressante, qui arrive à révolter avec efficacité, certains propos étant particulièrement infects, et avec une grande simplicité, puisque c'est aussi un livre tout à fait facile à lire. La fin est quant à elle glaçante et laisse songeurs face aux progrès réalisés depuis, ou encore à réaliser...
"On a coutume, quand on raconte l'histoire d'une pénétration, d'une conquête, de mettre en première place le marchand, suivi par le missionnaire et le soldat, qui viennent ensemble. Dommage d'oublier le notaire, dont le rôle est fondamental. Il suffit de lire quelques lettres de Cicéron à son protégé Trétabius pendant la guerre des Gaules, pour voir à quel point il importe d'apporter aux barbares les merveilles du droit romain. Toute spoliation se fait en règle."
"On a coutume, quand on raconte l'histoire d'une pénétration, d'une conquête, de mettre en première place le marchand, suivi par le missionnaire et le soldat, qui viennent ensemble. Dommage d'oublier le notaire, dont le rôle est fondamental. Il suffit de lire quelques lettres de Cicéron à son protégé Trétabius pendant la guerre des Gaules, pour voir à quel point il importe d'apporter aux barbares les merveilles du droit romain. Toute spoliation se fait en règle."
Bigre, quel sujet !
RépondreSupprimerDe toute façon on le sait bien : tous les hommes sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres :D
@Tigger Lilly:
RépondreSupprimerOui pas le plus joyeux! Et cette réplique est tellement vraie. Ce qui est tout de même consolant avec ce bouquin, c'est que le concept d'égalité est reconnu à peu près partout; il n'est certes pas respecté dans les faits, mais au moins on n'a pas de rencontres au sommet entre chefs d'état pour discuter de la qualité exacte de l'âme des migrants. Ils se demandent "juste" quoi faire d'eux...