mercredi 1 juin 2016

Ils ont tué mon disque! (2015)

Ils ont tué mon disque! de Benjamin Petrover est une enquête sur l'histoire du disque depuis les années cinquante et plus particulièrement sur la crise du passage au MP3 au début des années deux mille. La première partie porte sur "l'ère du matériel", de Salut les copains aux compiles NRJ des années quatre-vingt-dix, la deuxième sur "l'ère du virtuel". De 1998 à 2005 environ, j'y ai retrouvé mon propre parcours d'ado, de mon tout premier CD acheté avec mon argent de poche (la musique de Titanic pour tout vous dire!) au premier CD gravé par un copain qui avait Internet et un graveur. On termine enfin sur l'évolution la plus récente, les services de streaming qui sont en train de rendre le MP3 presque aussi obsolète que le CD physique.


Avec des extraits d'articles d'époque et des interviews de personnalités des maisons de disques et du milieu de la chanson, cette enquête est vraiment intéressante car elle ne tombe pas dans l'opposition classique "avant tout allait bien puis Internet a tout détruit", mais met pas mal de gris dans un long processus qui a évolué autant à cause du public que des maisons de disques. Par exemple, l'arrivée de la cassette et le passage au CD étaient déjà des crises!

Benjamin Petrover est journaliste et, d'après une rapide recherche Internet, plutôt connu des gens qui ont la télé. Bien entendu, je n'avais jamais entendu parler de lui avant d'ouvrir ce bouquin... :D Il me semble en tout cas qu'il a fait du bon travail. Ce bouquin se lit avec tellement de facilité et d'intérêt que j'ai lu les cent premières pages un soir où j'étais partie pour lire "juste l'intro, histoire de décider si je le lis plus tard"... Et il m'a fait suffisamment réfléchir à ma propre consommation musicale pour que je m'abonne officiellement à Deezer, dont la version gratuite accompagne mes journées de freelance depuis des années. Je conserve le ressenti très ferme que "le numérique, c'est gratuit" – ils est hors de question que je paye un truc immatériel, raison pour laquelle je ne m'intéresse ni de près ni de loin aux liseuses – lâcher 10€ pour un vulgaire équivalent de fichier PDF, POUAH!! –, mais en replongeant pendant des dizaines de pages dans l'époque où je payais plus de 120 francs les dix chansons, je me suis trouvée un peu gonflée de ne même pas lâcher 10€ par mois pour écouter Deezer entre six et dix heures par jour. :D

Une lecture fort instructive donc. Un grand merci à l'amie qui l'a prêté à mon mec!

5 commentaires:

  1. Mon tout premier CD offert était la BO du film "je suis le seigneur du château", je me souviens que j'avais eu beaucoup de mal à passer à ce type d'écoute.
    Quand je regarde mes élèves qui sont nés maintenant après 2000, je me dis "c'est incroyable à côté de quoi ils sont passés", ces incroyables nouveautés, les passages de l'analogique au numérique ; ils ont certes déjà connu des trucs mais j'ai toujours eu plus la sensation que c'était des améliorations d'objets créés au XXiè siècle que de réelles nouveautés. Bon après ce n'est peut être qu'une impression et puis ils ne sont qu'au début de leur vie.

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    1. C'est marrant, je ne connaissais pas ce film! :)
      Je suis absolument d'accord avec toi, je pense que les après-2000 n'ont pas vécu de telles nouveautés. Passer du MP3 au streaming me semble moins marquant que de passer du CD au MP3 ou de la cassette au CD... J'aurais plutôt tendance à les envier de ce point de vue là: grandir avec la musique illimitée au bout des doigts, ce n'est pas rien! :)
      Il sera intéressant de les voir un jour regarder en arrière et méditer à leur tour sur l'évolution de la musique depuis leur adolescence.

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  2. S'il n'y a pas de parti pris, ça semble en effet un livre intéressant, en jetant un regard neutre sur l'industrie.
    Je serais curieux de savoir s'il y a une approche de la dégradation du son provoqué par le raz de marée MP3 par rapport au son CD (le "son MP3" étant devenu tellement habituel chez les ados que même les rééeditions CD soit disant remasterisées dégradent la dynamique des morceaux originaux...).

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    1. Oui, il n'y a pas de parti pris et ça m'a semblé très neutre, tout le monde est critiqué et défendu à la fois. Les maisons de disque sont vraiment critiquées pour avoir paniqué et s'être opposées au MP3 au lieu d'y voir une opportunité (alors qu'elles étaient favorables au changement lors du passage au CD), mais il souligne bien aussi le refus de payer des internautes qui ne se sont pas posé de questions et ont juste sauté sur l'aubaine. Il parle aussi des prix du CD qui variaient très vite et décrédibilisaient l'achat, et puis des stratégies commerciales consistant à tout miser sur des trucs un peu nuls et faciles au lieu de chercher de bons artistes...
      Il aborde la question de la qualité en effet, mais plutôt pour expliquer le succès du MP3: la qualité reste la même quel que soit le nombre de copies, ce qui était un vrai atout par rapport à la copie sur cassette. (Ajout perso: les trois quarts des gens n'ayant pas assez d'oreille pour entendre la différence – moi la première –, ça n'a pas dû arrêter grand-monde... ^^)

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    2. Ok merci, ça m'a l'air bien complet comme bouquin. Intéressant.

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