vendredi 30 mars 2018

Pas pleurer (2014)

Je ne me souviens pas pourquoi j'ai souhaité lire Pas pleurer de Lydie Salvayre. L'auteur avait peut-être été reçue par Livrés à domicile du temps où je regardais cette émission si géniale. Quoi qu'il en soit, j'avais retenu que le personnage de la mère parlait un français mâtiné d'espagnol et cela avait éveillé mon intérêt. Et en effet, quel français!


Le livre alterne entre deux visions des années 1936-1937 en Espagne: celle de George Bernanos, un écrivain français dont j'ignorais l'existence, et celle de la jeune Montse, paysane et future mère de l'auteur.

Les premiers passages m'ont semblé moins remarquables. George Bernanos, sympathisant de Franco dans un premier temps, habitait alors à Majorque et ne tarda pas à déchanter face au franquisme quand il se rendit compte que les phalanges franquistes assassinaient à tour de bras. Catholique, il fut tout particulièrement choqué de voir l'Église se faire complice de ces assassinats (il y eut même des bénédictions de fusils, voilà voilàààà) et s'exprima haut et fort sur le sujet. Lydie Salvayre utilise quelques extraits d'un de ses livres pour lui redonner la parole. C'est très intéressant, mais le vrai sel de ce livre, c'est plutôt...

.... les deuxièmes passages, le récit fait par une vieille dame malade qui ne parle pas un français impeccable de cet été 1936 incroyable, où la république espagnole emportait les esprits des pauvres et des déshérités. C'est le même idéalisme naïf que dans La Fortune des Rougon d'Émile Zola et ça a quelque chose de grisant. Mais sans naïveté de la part de l'auteure et d'un de ses personnages, José, le frère de Montse, qui comprend rapidement que certains de ses compagnons républicains sont aussi barbares que les franquistes.

Montse, devenue âgée, raconte tout ça avec une langue assez formidable, du genre "Ne te ris pas, il y en avait beaucoup comme lui en l'époque, les circonstances le permittaient sans doute, et ce plan il l'a défendu sans calcul ni arrière-pensée, je le dis sans l'ombrage d'un doute". 😂😂 Je n'avais jamais vu ça que dans Les Ritals de Cavanna et j'ai adoré. Il y a même des phrases entières en espagnol, à tel point que je me suis demandée s'il est aussi intéressant de lire ce livre quand on ne connait pas l'espagnol...

Les passages qui ne sont pas dits tels quel par Montes sont aussi rédigés de manière très particulière, avec une plume vive et acérée et un style très oral qui ne plaira pas à tout le monde.

Au-delà de la guerre civile, le livre parle aussi de plein de thèmes liés à l'Espagne de l'époque, notamment la situation économique et sociale des petits paysans et la condition de la femme, particulièrement peu enviables comme on peut l'imaginer. J'ai beaucoup pensé à En finir avec Eddy Bellegueule, même si le milieu d'Édouard Louis semble encore plus pauvre que celui de Montse!

Lydie Salvayre a obtenu le prix Goncourt en 2014 pour ce roman. Considérant que le Goncourt est le principal prix français, je ne sais pas si c'est vraiment mérité, mais en tout cas ce livre mérite d'être lu. De toute façon le crash test est vite fait: si vous n'aimez pas le style des premières pages, laissez tomber! 😂 Pour ma part, j'ai adhéré.

Le petit truc que je ne veux pas oublier / Pourquoi ce livre


Comme je l'ai dit, j'ai dû m'intéresser à ce livre à cause de l'émission Livrés à domicile. Je l'ai acheté parce que je l'ai trouvé à la braderie de la bibliothèque du Chesnay (comme les chevaux de course, il est réformé! 😄). Et je suis passée à l'acte parce que j'ai vu Le Labyrinthe de Pan il y a peu et que j'ai eu envie de rester dans le thème de la guerre civile espagnole.

Allez donc voir ailleurs si ce livre y est!
L'avis de Karine

12 commentaires:

  1. Toujours pas lu, je reconnais que je crains la difficulté du langage. Alors que le sujet m'intéresse ( je viens de lire un roman sur la guerre d'Espagne, ou plutôt le silence de l'après, très réussi, dont on a trop peu parlé ). Bon, j'ai le dernier de Lydie Salvayre qui m'attend... :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien si le passage que j'ai choisi ne t'a pas rebutée, ça devrait aller! Tu peux faire crash test avec ça! :) Et quel était ce roman que tu viens de lire? Tu en as déjà parlé sur le blog?
      Ok, je lirai ton avis sur le dernier Salvayre avec intérêt. Ça n'a pas l'air gai. :)

      Supprimer
    2. J'ai passé le test :-D
      Oui, pour le roman sur la guerre d'Espagne, il s'intitule " Mille ans après la guerre ".
      ( affaire à suivre pour le dernier Lydie Salvayre ;))

      Supprimer
    3. J'ai loupé ça! Je m'en vais lire ta chronique...

      Supprimer
  2. Moui, je crois que je vais passer mon tour sur ce coup-là ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est la français hispanisant, le sujet qui ne te tentent pas? Ou le Goncourt? (Perso la première fois que j'ai lu un Goncourt, j'ai trouvé ça tellement nul que je me suis plutôt dit que j'allais soigneusement éviter les lauréats par la suite... ^^)

      Supprimer
  3. Ne m'attire pas plus que ça mais c'est une découverte intéressante ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est trop chou ce commentaire, c'est typiquement ce que je ne prend pas le temps/la peine de lire sur tant de billets!! Merciiii!! :) <3

      Supprimer
  4. J'ai pour ma part beaucoup beaucoup aimé. J'en garde un excellent souvenir. Et j'en ai appris davantage sur ces événements.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ta chronique, que je viens d'aller voir, est super en effet. Tu as bien souligné ce qui fait la force de ce roman!

      Supprimer
  5. Je ne pense pas que ça soit pour moi vu mon allergie aux romans français, mais le sujet a l'air intéressant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il l'est! Très proche de la France et pourtant mal connu, je ne crois même pas l'avoir abordé en cours d'histoire...

      Supprimer

Exprime-toi, petit lecteur !