Nul besoin de présenter le Chien critique, le premier blogueur canidé. 🐶 Nous avons l'habitude de le voir prendre son micro pour interviewer des blogueurs, des auteurs, des libraires... Aujourd'hui, c'est lui qui nous dit la vérité, toute la vérité, rien d'autre que la vérité!
(Ou pas.)
Et c'est long, à tel point que je n'affiche pas l'intégralité de ce billet en page d'accueil. Alors, préparez-vous une bonne boisson chaude ou un cocktail et attrapez un paquet de pop-corn! C'est parti! 🍿
Alys: Cher Chien critique, merci d’avoir accepté de
répondre à mes questions. C’est un honneur d’échanger avec toi. Commençons par
le début: peux-tu nous confirmer que tu es un humain, pas un chien?
Le Chien critique: Je confirme et loue ta perspicacité.
A: Merci. Peux-tu présenter rapidement ton identité dans la
vraie vie? Qui es-tu? Quel est ton prénom? Quel âge as-tu? Es-tu de sexe
masculin, comme ton pseudo le laisse entendre? Où habites-tu? Vis-tu avec un
ou plusieurs humains ou autres animaux? Exerces-tu un métier pour gagner ta
vie et, si oui, lequel?
LCC: Que de questions personnelles…
Je m’appelle dans la vraie vie Sadek, 42 ans et je suis agent municipal avec
une spécialisation dans les mauvaises herbes. J’habite dans le nord de la
France avec mon compagnon et nos deux clébards : Foulcan et Cassetoi.
Non, je déconne, je suis bien entendu un homme blanc, hétéro, dans la fleur de
l’âge et de catégorie socioprofessionnelle élevée comme il se doit.
Ou je suis une femme qui se fait passer pour un homme sur le net…
Bref, on s’en fout de qui je suis. Juste une précision qui peut avoir son
importance comme je tiens un blog littéraire, je ne travaille pas du tout dans
le monde de l’édition, je ne connais aucunement le fandom, mis à part
virtuellement depuis que le Chien critique existe.
Je garde mon identité secrète pour éviter que les auteurs viennent me casser la
gueule suite à une critique négative. Le Chien critique est mon alter ego,
Superman en a un, Batman aussi, alors pourquoi pas moi?
La vérité vraie: le Chien critique travaille chez les Men in Black!
A: Quand et comment a commencé ton rapport avec la
lecture? Étais-tu un enfant ou un adolescent lecteur ou est-ce venu plus tard?
LCC: Dès mon plus jeune âge, si j’en crois mes souvenirs.
Mais tout cela est de la faute de Karim Berrouka qui contrôle ma vie depuis
toujours: j’ai commencé en effet à collectionner les livres de Oui Oui et de
sa petite voiture jaune et plus grand, me voilà à lire de la SF, en ayant une
période plus musicale en écoutant les Ludwig...
Après Oui Oui, je suis passé à une collection du Club des 5 et encore plus tard
à me passionner pour Agatha Christie. Après une période un peu plus
blanche, je trouvais que cela racontait à force toujours la même chose, qui
pourrait se résumer à: regarder son trou du cul pour voir ce qu’il en sort. Et
tu as sûrement une petite idée de la réponse, pas besoin que je développe.
Au lycée, on m’a forcé à lire la Guerre des mondes, le Horla et du Barjavel
sans que cela me passionne. De la littérature académique dans ma tête d’ado…
Seul le Maupassant m’avait bien plu.
(Remarque de l'intervieweuse a posteriori: Maupassant, c'est bien.)
A: Comment s’est imposée la SF dans tes lectures? Dans
tes interviews, tu demandes toujours "t’a-t-on déjà jeté l'opprobre par
rapport à tes goûts littéraires?": est-ce que cela t’est arrivé, que ce soit
pour la SF ou un autre genre? As-tu l’impression que l’imaginaire est autant
le paria de la littérature que les amateurs aiment le dire (et s’en plaindre)?
LCC: Je n’ai pas une bonne mémoire, je ne peux dire quand mon amour de la SF a
commencé. Petit, j’étais fan de Capitaine Flam, j’avais même un poster dans ma
chambre, Albator et Scooby Doo.
Alors comment j’en suis arrivé à lire de la SF, je n’en ai foutrement aucune
idée. Peut-être à cause de Robert Merle et de son roman la Mort est mon métier
qui m’avait fortement impressionné à l’adolescence. Et donc j’ai dû aller voir
à la librairie ce qu’il y avait d’autre de l’auteur, et j’ai dû tomber sur
Malevil. Une fois que tu trouves un roman qui te parle, tu essayes d’en trouver
d’autres dans le même style. Donc peut-être Robert Merle, mais je n’irai pas
parier ma vie là-dessus.
On ne m’a jamais jeté l’opprobre quant à mes goûts littéraires, mais pour la
simple et bonne raison que c’était le livre qui faisait de moi un extraterrestre.
J’ai rencontré assez peu de personnes pour qui la littérature était une chose
importante. Je passais pour le petit intello, bref, pas celui qui est entouré
de plein d’amis dans la cour de récré.
Sinon, lorsque je dis que je lis, que la personne ne change pas de trottoir et
que la personne demande quel genre de littérature, c’est le silence. Dans le
cas d’une réponse “C’est de la merde”, tu peux toujours répondre, lancer la
discussion. Mais contre le silence, tu ne peux rien. Je pense que c’est assez
parlant comme constat sur le genre.
Quant à la troisième question de cette question, honnêtement, je m’en fous. Je
ne gagne pas ma vie grâce à la SFFF, il s’en publie plus que je pourrais lire
en une seule vie, alors…
J’ai toujours eu des goûts à part de la norme établie, donc je suis plutôt
satisfait de la mauvaise image de l’imaginaire, cela me va bien au teint.
Et en parlant de paria, même au sein de ce fandom, je ressens des distinctions
entre le bon et le mauvais blogueur. Tu as le blogueur littéraire, qui a la
culture du genre et de l’écrit, et tu as les autres. Et on te fait parfois
ressentir une certaine condescendance. Pour ma part, j’écris comme je parle, je
n’ai ni de culture littéraire ni de culture SF, je fais des fautes
d’orthographe, de grammaire et de syntaxe, donc je devrais me taire? Je ne suis
pas d’accord avec cette conception élitiste de la culture. L’avis du bouseux
est aussi important que celui de Télérama. De toute manière, c’est le populeux
qui fait vivre une grande partie de la chaîne du livre, Mr Télérama et consort
n’achètent pas les livres, on lui fait parvenir gracieusement (moi aussi, mais
je n’ai jamais compris pourquoi).
C’est tout de même bizarre de se plaindre des chiffres de vente en SFFF et de
rire des avis binaires des lecteurs qui n’ont pas compris l’Essence de la
pensée de l’auteur. Vaste sujet, mais je préfère m’arrêter là, mon cardiologue
va encore m’engueuler sinon.
Et puis la blogosphère SFFF n’est pas que camaraderie: je remarque de temps en
temps certains affrontements sur les RS ou le forum du Bélial. Je regarde cela
de loin, le principal reste que les lecteurs de nos blogs savent vers lequel
aller lorsqu’ils ont besoin juste d’un ressenti ou d’une analyse. Entre les
post-it de Gepe et les analyses d’Apophis, il y a une infinité de nuances sur
la façon de bloguer, et c’est très bien ainsi.
A: Passons maintenant à ton identité de blogueur.
Comment as-tu choisi ton pseudo, le Chien critique? Faut-il y voir une prise
de position animaliste? Penses-tu avoir été un canidé dans une vie précédente? Et niveau races, tu es plutôt chihuahua ou dogue argentin?
LCC: Comme dit plus haut, je suis quelqu’un d’assez binaire, donc il ne faut pas
voir autant derrière ce nom. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas galéré
pour trouver un nom. Ma seule certitude était que je ne voulais pas un nom
orienté SF, car même si aujourd'hui je la lis avec plaisir, qu'en sera-t-il
demain? Puis le chien est venu assez naturellement, en référence à une chanson
que j'affectionne particulièrement. Critique pour plusieurs raisons, la
première est parce que c'est que je fais sur le roman, la seconde est que je
suis quelqu'un d'assez critique (il est plus facile pour moi de critiquer que
de complimenter) et la dernière raison pour le côté critique que j'ai sur la
société, mes contemporains…
Quant à une éventuelle vie antérieure ou postérieure, la
religion et moi sommes assez fâchés. On balance généreusement actuellement sur
l'islam en oubliant un peu vite l'histoire du christianisme. Peu importe leurs
Dieux, ils ont tous en commun de sacrées casseroles. Lorsque j'entends le
nombre de gosses qui ont été abusés par ces salopards et le peu de conséquences
juridiques... Une secte est envoyée directement en justice et au pilori, la
religion n'est le fait que de quelques brebis égarées. Je pense que l'on
vivrait beaucoup mieux en faisant un grand bûcher avec les religieux,
militaires, flics, politiques et racistes. Mais le grand soir n'est pas pour
aujourd'hui ni pour demain.
Quant à la race: bâtard! Le racisme me sort par les
yeux. On ne choisit pas où l’on naît, alors jeter l’opprobre sur des pas comme
nous me débecte au plus haut point.
(Remarque de l'intervieweuse a posteriori pour les éventuels lecteurs qui auraient un doute: je précise que je parle de race chez les chiens, pas chez l'humain, hein... 😵)
A: Après le pseudo, le logo. Peux-tu nous raconter son
origine? Comment l’as-tu choisi et qui l’a réalisé? Que signifie le sigle K-9
sur le flanc du robot? Par ailleurs, ce chien semble avoir un collier avec une
médaille autour du cou: est-ce à dire que tu te considères comme appartenant à
quelqu’un? Ou voulais-tu souligner l’aliénation de la machine face à l’humain
qui l’utilise?
LCC: La dernière solution bien entendu. Tu es vraiment
fine observatrice.
Une fois trouvé le nom du blog, une recherche Google avec
chien et science-fiction a réglé rapidement la question. Comme j'adore la série
Doctor Who, je n'ai pas eu le choix. Au départ, c' était juste le chien, puis
Anne Laure Tensy, la tenancière de Chut Maman lit, cherchait des cobayes pour
s'entraîner au graphisme, je me suis porté volontaire. Je pense lui avoir
laissé libre cours. Elle m'a fait quelques propositions et grâce à mon œil
d'expert, j'ai pu lui donner quelques précieux conseils et l'accompagner vers
ce logo. 😉Je ne la remercierai jamais assez. Lorsque je serai maître du monde,
c'est elle qui fera la charte graphique de ma dictature. Et pour que Maman
puisse lire en paix, je la mettrai seule sur une île déserte. Le logo a dû
plaire, car depuis que les gens ont vu mon nouveau logo, elle n’arrête pas de
refaire les logos de la sphère SF bloguesque. Je devrais lui demander des
royalties.
A: Après le pseudo et le logo, passons au slogan,
extrait d’une chanson de Léo Ferré. Tu sembles avoir une grande affection pour
ce chanteur, que tu as cité à maintes reprises. Qu’apprécies-tu chez lui?
LCC: Hola, faut pas me lancer sur Léo Ferré, je vais
faire une dissertation. J’ai connu ce chanteur dans ma jeunesse grâce à un ami.
C'était assez particulier à cause de la musique puis j'ai écouté les paroles et
je me suis pris une baffe dans la gueule. Pendant que nos condisciples allaient swinguer sur de la dance et de la techno, nous étions trois à boire en écoutant
Ferré, mais aussi toute une nouvelle scène française: les Têtes raides, La Tordue,
Les Hurleurs, Mano Solo ou Noir désir, entrecoupé de métal, de rap (Assassin
surtout). Le point commun: des chansons à texte (sauf pour le métal un gloubi
boulga incompréhensible).
Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse. Je
cause et je gueule comme un chien.
Lorsque j'écoute Ferré, il m'emmène avec lui dans son
monde. C'est un grand provocateur, très second degré qui correspond assez à ma
nature. Un grand misanthrope aussi.
Lors de son récital au Théâtre des Champs-Élysées, il
reconstruit "Avec le temps". C'est une chanson horrible, pleine de hargne et de rancœur. À la fin, il balance un “La femme est un être irremplaçable! Quand
elle est remplaçable, il ne faut pas hésiter.” Moi ça me fait hurler de
rire.
Il y a aussi "La mémoire et la mer", monstrueux. Et "Le
chien". Ou encore "Il n'y a plus rien"…
Tout est bon dans le Ferré, comme dans le Wilson.
A: Remontons dans les archives du blog. Je crois
comprendre que tu as commencé sur Babelio avant de réunir tes critiques sur le
blog, ce que semble confirmer le grand nombre de billets mis en ligne en mai 2016. Ta manière de chroniquer a-t-elle évolué au fil des ans? Peux-tu
aujourd’hui envisager de lire sans en parler sur ton blog?
LCC: Une personne m’avait conseillé de m’inscrire sur
Babelio, car le site offrait des livres de temps en temps. N’étant pas né avec
une cuillère en argent, la bibliothèque de mon coin étant réduite, étant aussi
un grand lecteur papier à l’époque, je ne pouvais pas m’acheter tous les livres
que je voulais. La relecture était ma compagne. J’ai été assez étonné de recevoir
très rapidement des livres grâce aux opérations Masse Critique même si mes avis
étaient un peu à l’ouest.
Puis pour avoir une sauvegarde de mes avis et tenter de recevoir encore plus de
livres, j’ai ouvert mon blog. À l’époque, je suivais surtout le blog d’un Papillon dans la lune qui m’a inspiré. Grâce à elle et les commentaires sur ces
billets, j’ai découvert d’autres blogs, dont les Lectures du Maki et 233° C qui
sont assez proches de mes goûts et ont un sens développé de l’humour. Dans le
même style, j’ai découvert plus tard Touchez mon blog, Monseigneur.
À force d’écrire des avis, ma manière de faire s’est affinée ou affirmée, mais
l’objectif reste le même: donner le plus objectivement mon ressenti de
lecture. Ce que je recherche surtout dans un livre, c’est qu'il me fasse passer
un bon moment, me sortir du train-train. Je juge surtout là-dessus, les
références littéraires, son ancrage dans le genre me laissent un peu de marbre,
d’autres le font très bien, notamment le Culte d’Apophis. Au bout de quelques années, mon objectif était atteint, je recevais enfin des
SP, les services de presse, le Graal du blogueur. Des livres gratos! Je pense
que les éditeurs sont un peu maso de m’en envoyer, mes avis étant parfois un
peu acerbes.
Est-ce que je bloguerai encore demain? Aucune idée, l’avenir nous le dira.
Tant que cela me fait marrer, je continue.
A: Au-delà de la lecture, ton blog a-t-il eu une
influence sur ta vie? As-tu rencontré des blogueurs ou visité des salons grâce
à lui?
LCC: À part dépenser moins, mon blog n’a eu aucune
influence sur ma vie. Les seules fois où j’en parle d’en la vie réelle, je
ressens un silence poli. Mon entourage sait que j’ai un blog, mais je ne pense
pas qu’ils savent vraiment ce que c’est. Je dois vivre vraiment avec des gens
très cons, il faudrait que je change d’amis, mais bon, je les aime bien un peu,
et avec l’habitude, on s’y attache. Et puis je ne dois pas être si différent
d’eux!
Je n’ai jamais rencontré d’autres blogueurs et lorsque je traine dans le salon
de l’imaginaire de mon coin, je m’y rends incognito. J'exècre l’espèce humaine,
j’attends l'apocalypse, zombie ou autre, avec impatience et les années covid
sont un bonheur, un cadeau tombé du ciel.
A: Avec 270 abonnés sur Facebook et 1 038 abonnés
sur Twitter au moment où j’écris ces lignes, on peut raisonnablement dire que
tu es une star de la blogo SFFF. Les commentaires fusent sous les articles et
les publications, les personnalités donneraient tout pour apparaître sur ton
blog, les éditeurs et les auteurs te submergent de services presse. Comment
expliques-tu ton succès?
LCC: Seulement si peu d’abonnés? Je n’ai pas été voir
chez mes collègues leurs états de service, donc je ne sais pas où je me place,
même si j’ai été dans le top ten des blogs SF selon Just a word! Cette
aventure m’a bien fait rire, comme quoi, il suffit d’ouvrir un peu sa gueule et
de remplir les espaces pour avoir de la reconnaissance. Je pense que certains
ont dû avaler de travers en voyant mon nom, et rien que pour cela, je suis
content d’y être. Même si je sens une certaine ironie dans ta question, je sais que je suis
connu, reconnu est une autre histoire, dans la blogosphère SF, soit 150
personnes. Mais je sais que demain, je peux revenir complètement à l’anonymat,
une absence de 10 jours sur les RS et c’est fini.
Comment j’analyse mon succès de pacotille? L’humour je pense, et mon franc-parler.
J’espère simplement que celles et ceux qui lisent mes billets ressentent que je
dis la vérité, SP ou pas.
J’ai ouvert ce blog pour partager mes coups de cœur et mes coups de gueule,
jamais je n’aurai imaginé être lu par autant de monde. Lorsque je regarde mes
stats, je dois balancer autour de 300 lectures par avis, soit un petit amphi.
Je sais que c’est ridicule comme audience, mais jamais je n’aurais cru parler à
autant de monde de ma passion.
(Remarque de l'intervieweuse a posteriori: non, aucune ironie, c'était la question "groupie". 😍)
A: Comme le dit ton slogan, tu "gueule[s] comme un
chien". Certains iraient jusqu’à dire que tu mords avec tes billets bruts de
décoffrage… Pourquoi es-tu aussi méchant? Étais-tu l’Orangina rouge dans
une vie antérieure?
LCC: J’ai été démasqué, c'est bien moi le comédien
derrière le méchant Orangina!
Comme je disais plus haut, je blogue comme je parle, et je suis de nature assez
ironique, second degré, voir un peu cynique. Donc… Je ne suis pas méchant pour
être méchant, j’ai trouvé cela nul, je le dis, on ne va pas tourner autour du
pot. Dans la vie réelle, s’il y a un instant où une énormité doit être dite, il
y a de forte chance que ce soit moi qui la dise. Je trouve que l’humour, même
acerbe, peut aider à faire passer des messages. Comme les gens ne savent pas si
c’est du lard ou du cochon, ils ferment leurs gueules, ils serrent les dents.
Je ne blogue pas pour être aimé, j’ai ce qu’il faut à la maison. Franchise et
rigolade, point final.
A: Entre le rendez-vous Ondes futures pour nous informer de ce qu’il ne faut pas rater à la télévision
(rendez-vous que tu ne sembles pas poursuivre en 2021, au fait?), les
chroniques, les interviews, les tags tels que les Coulisses du critique (partie 1 et partie 2) et les billets bonus tels que le billet en binaire, ton blog ne manque pas de variété. Tu as aussi un don pour trouver des
titres et faire des blagues. Où vas-tu chercher tout ça? Est-ce que ça te
prend un temps fou ou est-ce que ça te vient naturellement?
LCC: Pour Ondes futures, j’ai dû lâcher le truc, ayant
un peu moins de temps depuis quelques mois. Cela me prenait pas mal de temps,
et le plaisir n’y était plus, il y a tellement de merde à la télé, ou de
rediffs. Je veux bien donner les clés à qui en veut.
Les tags me prennent peu de temps, car leur origine vient souvent d’une idée
qui m’est passée par la tête, j'écris cela d’une traite.
Les interviews prennent beaucoup plus de temps. Actuellement, je prépare les
questions pour un éditeur SFFF, l’idée était déjà présente il y a un an,
j’avais quelques questions en tête (ou disons sur mon bloc-notes) et début
mars, j’ai demandé s'il voulait jouer le jeu, en précisant le côté peut-être
mordant des questions. Depuis, je réfléchis aux questions, je note les idées et
peaufine au fur et à mesure en gardant à l’esprit de poser des questions que
pourrait se poser un quidam ne connaissant pas le monde du livre. Je viens
tout juste de lui rendre ma copie et au vu du nombre de questions, il a du pain
sur la planche (comme moi en ce moment en répondant à ce billet).
Pour les recensions de lectures, c’est très variable. Cela peut me prendre quinze minutes comme trois heures. Je fonctionne à l’idée, dès qu’elle arrive, le reste
vient tout seul. J’ai eu la chance de lire les Maîtres enlumineurs en avant-première
et j’avais écrit les grandes lignes avant la fin du bouquin. J’ai toujours mon
smartphone à côté de moi pour noter mes remarques ou autres. Sur ce roman, mon
accroche d’ouverture est venue dès les premières pages. C’est très con, mais je
trouve que cette phrase résume parfaitement le système de magie du livre, vous
la découvrirez lorsque sortira le bouquin. Pour le livre le Crépuscule de Briareus, cela a été dur, je n’avais pris aucune
note. Puis le jour J prévu pour publier mon billet, tout est venu, soit trois semaines après lecture. Mais dans tous les cas, cela murit au fil des jours et j’ai toujours quelques
billets d’avance sur le feu..
Pour résumer, cela vient assez naturellement, parfois rapidement, parfois il
faut laisser fermenter.
Mon billet sur un Océan de rouille en binaire est venu sur un coup de tête.
L’auteur nommait tous ses chapitres en binaire et comme j’aime faire des clins
d’œil dans mes billets, je me suis dit que j’allais faire pareil sur deux-trois phrases. Et de fil en aiguille… Je me suis dit c’est trop gros, et puis ce
billet a été propulsé numéro un très rapidement (doublé très récemment par une
interview de l’équipe de la Méthode scientifique au sujet des titres de leurs
émissions). J’ai été stupéfait que les gens prennent le temps de convertir ce
truc. Comme quoi, mes lecteurs sont en grande partie des robots, ce qui diminue
encore mon succès relatif.
La variété vient de ce que je regarde ou lis, et j’essaye toujours de trouver
une accroche aguicheuse, méchante ou drôle. C’est le seul moyen de faire des
clics.
A: À en croire tes propres questions, un roman grand
format tourne autour de 23€, tandis que la version numérique est à une
quinzaine d’euros. Tu lis en numérique. Quinze balles pour avoir un vulgaire
fichier qui ne fait pas joli dans les étagères du salon, ça ne te donne pas
l’impression de payer du vent?
LCC: Je suis une star, je n’achète quasi plus de livres.
Il faut aussi savoir que la blogosphère se prête des livres, cela se faisait
avant en papier, l’informatique a juste simplifié la chose (cela me fait penser
que je dois prêter un ebook depuis deux semaines. Je m'excuse Yogo, j’espère
que lorsque tu liras ces lignes, j’aurai fait mon devoir.) Pour moi, lecteur, le prix juste d’un ebook devrait être de 10-12€. Cela peut
varier en fonction du nombre de pages ou 50% du prix papier. Une séance de ciné
coûte bientôt 10€ pour deux heures, le livre est encore rentable. Je ne suis
pas quelqu’un qui attache de l’importance à l’objet livre, alors si je peux
payer moins cher et ne pas être emmerdé par le stockage...
Avec le développement des médiathèques numériques, il est aussi assez facile de
trouver chaussure à son pied sans dépenser de l’argent. Il y a aussi les sites
illégaux, on ne va pas s’en cacher. C’est peut-être cela que ne comprennent pas
les maisons d’édition: plus c’est cher, plus c’est vérolé par des DRM, plus
les gens iront sur ce genre de site.
Le Bélial a une politique numérique juste, j’achète et ne pirate pas. Les éditions
1115 jouent aussi le jeu, comme ActuSF. AMI est un peu plus cher, mais il ne verrouille
pas ses fichiers et souvent, le nombre de pages est conséquent. Sans oublier
que c’est un groupe, ce qu'a fait Gilles Dumay est tout à son honneur et j’attends
la même chose chez Lunes d’encre.
Les éditeurs sont prêts à mettre 2€ par livre pour verrouiller leur
fichier, c’est un non-sens complet. Actes Sud met des DRM partout, c’est leur
politique, mais lorsqu’ils veulent signer un auteur qui est contre et bankable,
ils n’en mettent pas.
Les DRM ne servent à rien, il n’y a qu’à se promener sur les sites pirates.
Pourquoi s'entêter à mettre des DRM alors que cela ne sert à rien. Cela fait
juste chier les personnes qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique.
Bientôt, ils vont interdire les bibliothèques, car ils ne vendent qu’un
exemplaire pour XXX lecteurs. La politique d’achat des ebooks en médiathèque
est ahurissante. Le fric, le fric et le fric. Ils ont toujours le mot culture à
la bouche, mais ce n’est pas cela que je vois briller dans leurs yeux.
A: Pour parler de Robert Charles Wilson, pas de
problème… Mais zéro billet sur Émile Zola ou David Gemmell!! T’attends quoi?!?
LCC: La fin du monde, je l’ai dit plus haut. Tu
pourrais faire semblant de suivre.
A: Plus sérieusement, tu lui trouves quoi, à Robert
Charles Wilson? Peux-tu conseiller un de ses livres aux lecteurs qui ne le
connaîtraient pas et voudraient le découvrir?
LCC: J’ai connu Robert avec son roman les Chronolithes.
De suite, je me suis senti chez moi. J’adore son approche des thématiques de la
science-fiction, jamais frontale, toujours de biais. Les Chronolithes, c’est
l’histoire de l’apparition instantanée d'obélisques sur le sol annonçant la
victoire future d’un mec, c’est énorme. Mais l’auteur ne joue jamais dans la
surenchère, il nous place dans les yeux d’un quidam qui pourrait être toi et
qui va subir les conséquences de ce bouleversement. La grande Histoire vue par
l’histoire individuelle.
C’est très humain.
Puis il y a eu Spin, une claque gigantesque, le meilleur roman que j’ai lu.
C’est du haut vol, la disparition des étoiles. Pourquoi? Comment? Et toujours
traité par le petit bout de la lorgnette, on suit les pas de trois personnes
qui vont subir les éléments de plein fouet. C’est de la SF simple et humaniste.
De ce roman, me reste en mémoire une scène de la vie quotidienne, le perso
principal et ses deux amis faisant du vélo et descendant une colline. Je trouve
que toute la complexité des personnages se retrouve dans cette séquence, leurs
liens et rapports complexes.
Je n’aime pas conseiller de romans, cela dépend du lecteur, de ce qu’il aime et
de ce qu’il attend d’un livre. J’ai fait une petite récap de sa bibliographie
en mettant les sujets abordés dans les romans et le lien vers mon billet. Que
chacun choisisse celui qui lui plait… Mais tout est bon dans le Wilson ! À part quelques textes.
J’ai bien entendu lu, relu toute sa bibliographie et j'attends avec impatience la
sortie de son prochain bouquin. Mais je désespère un peu: il a rendu sa copie
à son éditeur en octobre 2018, nous sommes en mars 2021 et toujours rien. Mon
médecin et mon psy m’aident tant qu’ils le peuvent, mais je crois que l’on va
bientôt me ramasser à la petite cuillère.
A: Un autre de tes grands dadas, c’est la Méthode scientifique sur France Culture. Peux-tu nous rappeler pourquoi tu aimes autant
cette émission? Et s’il ne fallait écouter qu’UN SEUL épisode, lequel
recommanderais-tu?
LCC: Tiens, cela s’est vu que j’ai un petit faible pour
cette émission?
Je ne me rappelle plus comment je suis tombé sur cette émission, mais c’était
lors de la première saison en 2016-2017 et sûrement lors d’un Vendredi SF. Je
suis tombé de suite amoureux. C’est très accessible tout en étant intelligent,
chaque sujet est exploré de fond en comble, par différents points de vue. Cela
permet d’avoir une autre vision du sujet.
J’ai écouté tous les Vendredis SF, tous les 15 jours une émission spéciale sur
la SF, auteur, auteur, thématique de la SF. Et cerise sur le gâteau, le final
de cette première saison était un entretien avec Robert Charles Wilson.
Mon addiction ayant débuté, j’ai commencé à écouter d’autres émissions hors SF…
Beaucoup de gens dénigrent le service public audiovisuel, la Méthode
scientifique nous prouve que l’excellence est possible, rendre l’auditeur moins
con, plus ouvert sur le monde où il vit, en invitant des quasis inconnus de la
scène médiatique. Et puis il y a cette notion de temps très prégnante: bien
souvent à la télé ou à la radio, les invités ont 30 secondes pour parler, en
doivent de surcroît avaliser la parole du présentateur. Ici non, le timing est
serré, une heure, mais combien de fois ai-je entendu "prenez le temps qu’il vous faut, on va approfondir ce point"… Dans cette société très rapide, j’ai l’impression
d’être hors du temps.
L’autre raison de mon amour est l’humour qui s’en dégage. Nous sommes dans le
sérieux, mais Nicolas Martin, le présentateur, insuffle souvent de la légèreté
dans cette complexité, c’est très rafraichissant. Vous n’avez qu’à voir les
titres des émissions…
C’est aussi l’équipe un point important. Souvent, nous avons un présentateur
vedette et son équipe de faire-valoir, ce n’est pas le cas ici. Tous les gens
qui ont participé sont nommés, Nicolas Martin rend à Paul ce qui lui
appartient. Un travail d’équipe bienvenue. Récemment, je l’ai entendu à
l’antenne souhaiter un bon anniversaire à l’ex-stagiaire.
Avec la crise du COVID-19, les infos sont très anxiogènes, et cette émission,
ainsi que Radiographies du coronavirus, permettent de relativiser, de comprendre
ce que l’on entend ailleurs. Et si par malheur on ne sait pas dans l'état des
connaissances actuelles ce qu’il en est de tel ou tel point, c’est dit, sans
aller dans la surenchère du scoop et de l’infox. Je pourrais en parler des heures, mais je vous renvoie à l'interview que j’ai
faite avec Nicolas Martin il y a quelque temps. C’est même assez phénoménal cet
entretien: j’étais un obscur blogueur et il a accepté ma demande et pris 1h30
de son temps pour me répondre par téléphone. C'est quelqu’un je pense,
d'extrêmement gentil, d'engagé aussi, il n'hésite pas à se servir de sa
notoriété pour parler d’homosexualité et lutter contre les réacs.
Dernièrement, lors du #metoogay, il a relaté son viol durant sa jeunesse.
J’espère qu’il est aussi formidable dans la vie réelle. Le seul truc qui me
dérange chez lui, c’est que je crois qu’il a enfermé Noémie Naguet dans les
caves de Radio France, ce n'est pas possible autrement. Elle retweete tout ce
qui a un lien avec l’émission 7j/7, 24h/24. Noémie, on tentera une exfiltration lors des Utos, je préviens les copains.
J’aime Robert, mais je le dis haut et fort: Nicolas, je t’aime! Et
toute l’équipe de la méthode aussi, je vous aime.
A: Et sinon, quel est ton personnage préféré dans Doctor
Who? Et dans le Seigneur des Anneaux? À ton avis, dans quelle
maison le Choixpeau de Poudlard t’enverrait-il ?
LCC: Le Segneur des anneaux et Harry Potter sont de la
fantasy, c’est de la merde, donc je ne répondrai pas. Je n’ai pas de personnage préféré dans Doctor Who, mais je peux te dire que mon
docteur préféré est celui joué par David Tenant.
A: Dans les coulisses du critique, tu mentionnes que "peut être d'ici quelques années [tu] partagera[s] les
photos de [t]es chats". Tu as donc des chats ou c’est de la publicité
mensongère?
LCC: Vie privée oblige, je te laisse décider si c’est du
lard ou du cochon. Et en attendant, les fans de chaton mignon lisent mes
billets avidement au cas où. Je suis prêt à toutes les infamies pour faire
grimper mes stats.
A: On dit que la science-fiction permet de s'ouvrir à
l'autre. Depuis toujours, chiens et chats s'affrontent sans merci. Penses-tu
qu'un rapprochement sera un jour possible? Peux-tu recommander des lectures
favorisant le dépassement de ces profondes différences? De Demain les
chiens à Demain les chats, y a-t-il des pistes de collaboration ou
au contraire un passage de flambeau, le chat triomphant pour de bon de son
ennemi héréditaire?
LCC: Je désespère de l’humanité, il n’y aura pas de
lendemains qui chantent. Le monde de demain sera pire qu’aujourd’hui. Si vous
avez fait des gosses, c’est la plus grosse connerie que vous ayez faite, ils
vont morfler vos chères têtes blondes. La seule chose positive qui peut
arriver, c’est que des aliens viennent pour nous exterminer afin de nous sauver
de la lente et inexorable catastrophe climatique. En finir vite et bien, plutôt
que d’en affreuses souffrances. Et j’ai crié Aliens pour qu’ils viennent!
Pas de conseils de lecture, lisez ce que vous aimez avant la fin du monde, elle
approche rapidement.
A: Merci, Chien critique, d’avoir accepté de répondre à
mes questions. Pour terminer en ouaf ouaf, je te laisse la parole: lire à toi
de nous dire ce que tu ouaf ouaf.
LCC: J’espère du fond du cœur vous avoir mis le moral plus
bas que terre.
Un grand merci au Chien critique pour ces réponses fort intéressantes, drôles et parfois plus touchantes qu'on n'aurait pu le penser! 🤩 J'espère que cette interview aura plaisamment éclairé votre journée, chers lecteurs. Et surtout, ne partagez pas ce billet: je tiens à ce que le billet le plus consulté de l'histoire de ce blog reste Dinosaurs vs Aliens. On ne va quand même pas aider un toutou à battre des dinosaures!
De bonnes questions, de bonnes réponses : que demander de plus ?
RépondreSupprimerRétablissons de suite la vérité : les questions initiales étaient un peu à l'ouest, j'ai du rectifier le tire en lui proposant quelques réajustemente, certes nombreux.
Supprimer@TmbM: Merci! Et je nie les propos du Chien, évidemment. Le public se forgera son avis!
SupprimerHaha excellent. Bon j'ai lu ça plus tôt dans la journée alors que je ne pouvais commenter et maintenant j'ai oublié les trucs que j'avais envie de commenter. Mais GG ça m'a vraiment fait rire et c'était très instructif.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Oui, réponses intéressantes et plus personnelles que je ne le pensais. Un grand cœur se dévoile.
SupprimerMouais, ce n'est pas l'interview la plus passionnante du siècle. Heureusement qu'il ne parle pas que de lui... :p
RépondreSupprimerSinon je plussoie cent fois ses coups de coeurs et de gueules sur le numérique...
@Yogo: On apprend en effet plein de choses, genre la future carrière de Chut maman lit 😁 Et en effet c'est intéressant, cette histoire de DRM et de prix. Je ne lis qu'en papier, donc c'est très éloigné de moi, mais ce sont des questions qui se posent effectivement pour trouver un modèle un minimum fiable (où l'éditeur récupère au moins ce qu'il a payé, disons).
SupprimerQuoi tu ne lis pas en numérique... et le toutou t'accorde une interview !!!!
Supprimer@Yogo: Comme quoi il suffit de proposer aux gens de parler d'eux, et ça efface les différences 😇
Supprimer♫ Oui-oui dans sa voiture jaune traverse la ville comme un éclair ♫
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est long, heureusement que c'est bien, merci à vous deux. Le chien est bavard, ça doit être la preuve que c'est une femme - dirait-il.
"mon docteur préféré est celui joué par David Tenant" : ouf, tout n'est pas perdu, il y a un bon fond dans ce chien. 👀
@Baroona: Une intervention digne de toi, Baroona 🤩
SupprimerAh très chouette (ou plutôt, une interview qui a du chien) interview ! La franchise et l'humour dans les billets ça fait du bien !
RépondreSupprimer@Shaya: "Une interview qui a du chien"--> Purée, mais comment ai-je pu ne pas y penser! 🤯
SupprimerA la lecture de cette interview je comprends mieux le ton de ses chroniques. Il m’arrive d’aller voir son ressenti sur tel ou tel auteur même si je suis attirée par d’autres genres de lectures depuis peu.
RépondreSupprimerJe ne savais pas qu’il était lu autant et c’est mérité.
Je lui dois la découverte d’auteurs comme Theo Varlet, Christian Chavassieux,(en partie aussi avec Baroona),plus récemment sa chronique m’avait éclairée pour ”Quitter les monts d’automne ”et bien d’autres aussi.
Merci pour cette interview à toi et au Chien Critique.
@Carmen: Chouette, il est bon prescripteur! Je dois dire que, bien que je le lise assidûment depuis trois ans, je ne suis pas passée à l'acte sur ses conseils, mais ça viendra sûrement. ☺
SupprimerPoisson d’Avril! Bravo Alys et Lcc pour l’interview.lol.
RépondreSupprimer@Anonyme: Merci, mystérieux visiteur! 🙂
SupprimerElle est bien cette interview pour se faire une idée plus précise du personnage (je veux dire au-delà de quelques tweets lus de ci de là).
RépondreSupprimerAssez d'accord avec le point de vue sur la nature humaine :p
@Ite: Oui, il s'est plus révélé que je ne le pensais. Limite on entrevoit un grand cœur. 👀
SupprimerSuperbe interview :D
RépondreSupprimer@Vert: Superbe intervenant! :D
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