J’ai repéré cette biographie d’Alexandrine Meley, future Alexandrine Zola, écrite par Evelyne Bloch-Dano il y a de nombreuses années, dans je ne sais plus quel bouquin sur Émile Zola, et j’ai récemment eu la chance de la trouver dans une boîte à livres. Je m’en suis emparée et je l’ai lue avec grand plaisir.
Née à Paris en 1839, de parents non mariés, Alexandrine perd
sa mère jeune et grandit dans un contexte complexe, vivant un temps avec son
père et son épouse (plus précisément sa deuxième épouse, si je me souviens
bien) et avec une tante du côté de sa mère. Elle rencontre Émile Zola dans le
Paris artistique des années 1860 (1864, plus précisément) et leurs trajectoires
ne se séparent plus. Ils vivent en ménage plusieurs années, puis se marient, puis
emménagent à Médan. Alexandrine est un soutien sans faille et on suit leur
histoire en mettant l’accent sur sa vie à elle, ce qui est fort intéressant.
Ensuite, viennent les années difficiles après la découverte de l’infidélité
d’Émile – Monsieur a eu deux enfants avec sa domestique Jeanne Rozerot, qui
avait 26 ans de moins que lui, un choix de vie qui semble tout droit sorti de
Pot-Bouille... – et toute l’affaire Dreyfus.
On découvre une femme très active, qui a travaillé sans
relâche pour soutenir la carrière de son mari en plus de son rôle conventionnel
de maîtresse de maison. Elle connaissait tous les membres du cercle de Zola et
avait une correspondance abondante, qu’Evelyne Bloch-Dano cite à de nombreuses
reprises. C’est vraiment intéressant de voir Alexandrine s’exprimer à la
première personne. Elle semble avoir eu un très gros caractère et ne pas avoir
été facile à vivre, mais elle a aussi encaissé des coups très durs et elle
s’est révélée quand Zola s’est exilé en Angleterre après sa condamnation liée à
l’affaire Dreyfus et qu’elle est restée seule en France pour gérer ses
affaires. Je trouve également qu’elle a fait preuve de beaucoup d’humanité en
venant en aide aux enfants illégitimes d’Émile après le décès de ce dernier.
Enfin, cette biographie se lit très facilement, et il serait
donc dommage de s’en priver si vous vous intéressez un tant soit peu à Émile
Zola. Elle fait un bon complément à la bande dessinée de Méliane Marcaggi et Alice Chemana chez Dargaud. Il resterait à en savoir plus sur Jeanne Rozerot,
la lingère devenue maîtresse, mais il semble qu’elle était très discrète et
qu’il ne reste très peu de lettres d’elle...