vendredi 29 novembre 2024

Le Café où vivent les souvenirs (2018)

Chronique express!


Après Tant que le café est encore chaud et Le Café du temps retrouvé de Toshikazu Kawaguchi, j'ai craqué: je n'ai pas pu résister à l'envie de lire le roman suivant parce qu'il est traduit du japonais par une troisième traductrice de haut vol après Miyako Slocombe et Mathilde Tamae-Bouhon: Géraldine Oudin. Et aussi parce que le titre est absolument irrésistible, bien sûr. Hélas, ça a été le voyage de trop. Malgré le changement de décor – le Funiculi Funicula de Tokyo laisse la place au Dona Dona d'Hakodate –, les répétitions incessantes des règles et l'application absolument identique de la même recette m'ont lassée, et j'ai donc lu l'ensemble sans grande implication – alors que l'idée d'avoir cette deuxième chance pour parler à quelqu'un dans le passé me vend vraiment du rêve. Il faut aussi dire que je m'embrouille affreusement dans les prénoms japonais, à tel point que j'ai pris des notes pour retenir qui est qui – mais ça, c'est une limite personnelle, qui n'est aucunement imputable à l'auteur. Bref, si le voyage vous tente, je recommanderais de se limiter au premier roman. 

Mise à jour suivant la rédaction de ce billet
J'ai interrogé une consœur traductrice concernant mes problèmes liés aux pronoms et à la concordance des temps dans des lectures récentes traduites du japonais. Apparemment, c'est l'un des enjeux de la traduction japonais > français: d'une part, le japonais n'utilise pas ou presque pas de pronoms et ne conjugue pas les verbes en fonction de la personne, ce qui fait qu'il faut souvent déduire le sujet de l'action du contexte (non mais 😱😱); d'autre part, il n'y a pas vraiment de temps passés et futurs, juste l'aspect des verbes (on n'a pas eu le temps de creuser, mais je pense que ça s'apparente au perfectif/imperfectif des verbes russes, pour ceux qui voient (moi, je ne vois pas vraiment, et ça fait trois ans que j'ai repris le russe 😂)). En bref, ça n'a rien à voir et il faut tout reconstruire en français. 🥹🥹

dimanche 24 novembre 2024

Les Joies d'en bas. Tout sur le sexe féminin (2017)

Après le triomphe du Charme discret de l'intestin de l'Allemande Giulia Enders, étudiante en médecine au moment de la rédaction et de la publication, Actes Sud a déniché un autre bouquin de santé écrit par une étudiante en médecine et illustré de manière rigolote, à la différence près que les autrices étudiantes en médecine, Nina Brochmann et Ellen Støkken Dahl, sont ici au nombre de deux et qu'elles sont norvégiennes, pas allemandes.

J'avais repéré Les Joies d'en bas depuis qui sait quand et je l'ai trouvé sur mon chemin par hasard, probablement dans l'étagère des livres à donner de ma médiathèque (mais je ramasse des livres sans cesse et partout, alors je confonds toujours un peu).

Contrairement à ce que le titre et la quatrième couverture peuvent laisser penser, ce livre ne parle pas que de sexualité féminine. C'est plutôt un ouvrage de santé gynécologique. La première partie présente l'appareil génital féminin, la deuxième parle des différentes sécrétions (oui, vraiment 🙃), la troisième s'occupe effectivement de sexe, la quatrième aborde la contraception, et la cinquième, la plus épaisse de toutes, passe en revue tous les problèmes de santé gynécologiques imaginables. Il ne faut donc pas le lire dans l'idée de "[mettre] le doigt sur le fameux point G", comme l'affirme la quatrième de couverture. D'autant que les autrices expliquent que ça n'existe pas, le point G. Lol...

J'ai trouvé cette lecture absolument passionnante et accessible. Tous les concepts sont expliqués simplement et clairement, avec une vraie volonté de dédramatiser certaines choses tout en incitant les femmes à demander de l'aide médicale quand elles ont le moindre doute. Pour ce qui est du fonctionnement de l'appareil génital et du sexe, je regrette même de n'avoir pas eu ce genre d'outil en main quand j'étais plus jeune; cela m'aurait peut-être évité certains tracas. Même maintenant que je me considère comme un minimum informée, cela m'a remis les idées en place sur certaines choses, à commencer par le fonctionnement de la pilule et la différence entre les types de pilule; je suis même allée relire la notice de mon acutelle pilule pour vérifier si ça coïncidait (réponse: oui. Youpi!). J'ai tout particulièrement apprécié le "plaidoyer pour une contraception hormonale", qui fait écho aux théories complotistes que j'avais vu passer sur Twitter ("il faut arrêter la pilule parce que les labos sont de méchants capitalistes qui veulent la mort des femmes"...). Quant à la partie sur les différentes maladies, elle m'a fait cotoyer avec effroi et soulagement toutes les horreurs que je n'ai pas subies dans ma vie: pas d'herpès, pas d'ovaires polykistiques, pas de mycoses, pas de chlamidiae!!!! 🥳🥳🥳

Le fait que le ton soit résolument antidramatique et que les titres soient rigolos joue pour beaucoup dans le plaisir que j'ai pris à lire cet ouvrage. "Le clitoris, un iceberg", "Petits conseils poilus", "Les myomes: l'utérus pochette-surprise": j'ai bien rigolé. J'en profite pour saluer le travail de la consœur Céline Romand-Monnier qui livre un texte très clair et agréable à lire, ce qui n'a pas toujours dû être facile – car il y a bel et bien un contenu scientifique et médical réel, comme en attestent les pas moins de cinquante pages de références bibliographiques en fin d'ouvrage. 🥹

Bref, un livre à mettre entre toutes les mains et à garder à portée de main par la suite, pour feuilleter certains passages de temps en temps.

mardi 19 novembre 2024

Les Mémoires d'un chat (2017) 🐈

Un livre avec un chat, c'est déjà très intéressant. Alors, un live avec un chat dont Baroona dit du bien... 🐱

Bon, en vrai, j'avais repéré ce livre depuis des lustres, mais je m'étais arrêtée au fait que le chat en couverture a une drôle de tête. Pour info, c'est une illustration d'Irina Garmashova-Cawton, une femme visiblement très bien qui dessine des tas et des tas de chats. 🥰

Dans ce roman traduit du japonais par Jean-Louis de La Couronne, Hiro Harikawa donne la parole à un chat de gouttière qui, suite à une blessure, s'installe chez un humain. Pas n'importe quel humain, hein. Un humain qu'il connaît déjà et qu'il aime bien. Et puis, le temps passant, le chat décide de rester là même s'il est guéri, et l'humain, Satoru, lui donne un nom: Nana. Mais des années plus tard, Satoru est contraint de se séparer de lui et cherche à le placer auprès d'une personne de confiance, ce qui l'amène à recontacter des proches plus ou moins perdus de vue.

Chaque partie du roman raconte ainsi la rencontre avec un potentiel adoptant.

Sur la forme, je dois dire que j'ai eu du mal avec ce roman à cause de la rédaction en français. (Bon, c'est une évidence: je ne lis pas le japonais, donc je ne risque pas d'avoir du mal avec la rédaction en japonais, HAHAHAHAHAHA.) Dans l'ensemble, le récit est raconté à la première personne par Nana. MAIS les adoptants potentiels s'expriment aussi à la première personne. Par conséquent, il faut déjà faire un petit ajustement au début de chaque chapitre pour savoir si "je" est un chat ou un humain. MAIS en plus, le point de vue des adoptants potentiels peut aussi être exprimé sous forme de récit extérieur à la troisième personne. Et là, vous ne savez plus du tout qui est "il" : l'adoptant, le chat vu par l'adoptant, Satoru vu par l'adoptant...? Ajoutez à cela que la concordance des temps est fluctuante, avec du passé composé, du présent, du passé simple et du plus-que-parfait mélangés au petit bonheur la chance, et vous avez une version de moi-même qui se désespère.

On pourrait attribuer la faute au traducteur, mais mon expérience personnelle me permet d'en douter (j'ai des travaux qui ont été salopés après mon passage, hélas) et, de toute façon, la responsabilité finale incombe à l'éditeur. Actes Sud, c'est un peu la maison que tout le monde encense, mais ce n'est pas la première fois que je m'étonne du manque de rigueur du travail éditorial, alors je suis assez perplexe. Notez toutefois que ces gens mettent le nom du traducteur en couverture, ce qui est bien et merveilleux.

Bon, donc, je critique la forme, mais, sur le fond, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pas tout à fait autant que Baroona, mais quand même beaucoup. J'ai lu ce roman rapidement et avec plaisir, et j'ai bien sûr sangloté durant pas mal de pages à la fin, voilà voilà. C'est une belle histoire touchante sur les liens d'amitié (entre humains, mais aussi entre humains et non-humains) et sur les innombrables façons dont les vies des gens s'influencent, ainsi que sur une forme de bonheur simple que je ne saurais décrire précisément. Pour broder sur le Japon, c'est un peu comme les films de Miyazaki: à la fin, ça me donne un peu l'impression d'être une meilleure personne que je ne l'étais au début... Et Nana, quand il a la parole, est très très sympathique!!

Il n'est donc pas du tout impossible que je lise autre chose de cette autrice japonaise, d'autant que ce roman a une suite: Au revoir, les chats! Je sens qu'il faudra préparer quelques mouchoirs...

Allez donc voir ailleurs si ce chat y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Grominou

jeudi 14 novembre 2024

Mémoires d'Outre-Mort (2014)

Chronique express!

New York, 1978. Un vampire aux traits éternellement jeunes charme les jeunes femmes pour boire leur sang avant de retourner dormir dans les tunnels du métro en compagnie de toute une petite communauté. À leur tête, Margaret, une Irlandaise qui ne s'en laisse pas conter et qui, armée de sa pelle, fait régner l'ordre en décapitant les trouble-fêtes s'il le faut. Et puis, un jour, trois enfants aux yeux brillants attirent l'attention de notre narrateur, John Peacock. Eux aussi chassent dans le métro. Mais ces vampires semblent différents des autres...

Ce roman de Christopher Buehlman est une sorte de thriller fantastique et punk: un récit axé sur l'action et le mystère des enfants, porté par une langue très moderne et enlevée ("Il faisait un froid à inciter les ours blancs à porter une petite laine" 😂), avec toutefois le retour en arrière pratiquement obligé dans une histoire de vampires (comment notre narrateur est-il devenu vampire) (un sale gosse bien attrapé, à mon humble avis). Même si ce n'est pas spécialement mémorable, j'ai bien accroché et j'ai réussi à lire ce roman en moins d'une semaine, ce qui relève du miracle. En outre, je n'ai pas du tout venir la fin, haha. Elle est pourtant pas mal annoncée au début, mais j'avais oublié! Seul bémol: la traduction de Jean Bonnefoy m'a semblé correcte, mais le découpage de certaines phrases m'a gênée à cause de la non répétition du pronom personnel dans la première proposition d'une nouvelle phrase. Bon, c'est vraiment une remarque de maniaque de la structure... 😉

Mise à jour du lendemain
Mince!! J'ai oublié l'info la plus essentielle!!! Pourquoi ce roman? Parce que l'ami Xapur vide ses bibliothèques, of course!
😊😊

samedi 9 novembre 2024

Mickael Bay. La fin de l'innocence (2022)

Au printemps dernier, Lloyd Cherry faisait ma journée – voire ma semaine, très franchement – en consacrant un épisode de C'est plus que de la SF au film Transformers de Michael Bay. Quel bonheur immense de l'entendre interviewer avec tout le sérieux du monde son invité, Robert Hospyan, et d'entendre celui-ci parler du cinéma de Bay avec tout autant de sérieux! Alors, bien sûr, il fallait que je lise l'essai que Robert Hospyan a consacré à mon réalisateur fétiche chez les éditions Aardvark.

🥰🥰🥰

Eh bien, malgré quelques envolées artistico-interprétatives qui m'ont un peu perdue et une propension qui me semble excessive à rapporter beaucoup de choses au fait que Bay a été adopté, cet essai est un vrai régal, avec une étude approfondie des thèmes et des techniques du cinéma bayien. Montage resséré et dynamique, pose emblématique du héros filmé en contre-plongée tandis qu'il se relève, notion du sacrifice de soi, parcours du mec lambda qui devient un héros, bonnes vieilles valeurs d'une americana fantasmée: les films de Michael Bay ont une patte bien à eux, qu'on reconnaît facilement et qui permet au réalisateur de nous dire quelque chose sur le monde – et un quelque chose qui va peut-être un peu plus loin que "vive les belles bagnoles et les nichons". Un cinéma qui vient du monde de la pub et en utilise certains codes pour nous vendre ses personnages et leurs enjeux, tout en étant conscient de sa démarche et en la tournant en dérision, voire en la critiquant ouvertement, comme dans The Island (que je n'ai pas vu mais qui a l'air pas mal du tout).

Dans l'ensemble, Robert Hospyan m'a donné très envie de revoir certains films de Michael Bay que je connais déjà (Armageddon, Pearl Harbor, No Pain No Gain) et d'en découvrir certains que je n'ai pas vus et qui ont l'air très bien (The Rock et The Island, déjà cité). En revanche, même sa bonne volonté et sa manière de pointer du positif partout n'ont pu me convaincre de m'intéresser aux deux Bad Boys, à Thirteen Hours et à Six Underground ou bien de me refarcir un jour l'épouvantable et insensé Ambulance. 😅

La grande question est à présent: que va devenir Michael Bay? Comment va-t-il se réinventer maintenant que la franchise Transformers est (heureusement) derrière lui? Pour ma part, je redoute le pire autant que j'espère le meilleur, mais je serai au rendez-vous.

Pour finir sur une note amusante: quelques pubs dans lesquelles Michael Bay apparaît dans son propre rôle

La pub Verizon 🤩🥰💥
La pub Commonwealth ("I used seven helicopters" 😂😂😂😂)
La pub Alfa Romeo

lundi 4 novembre 2024

La gamelle d'octobre 2024

Comme d'habitude, ce mois est passé à la vitesse de l'éclair et a été bien maigre sur le plan culturel, malgré une réelle volonté de ma part. Disons, pour voir le verre à moitié plein, que j'ai au moins remis les pieds au cinéma... 🥳

Sur petit écran

Je n'en parle pas plus en détail parce que cela permet de m'identifier un peu trop facilement, mais j'ai regardé deux dessins animés pour le boulot et c'était charmant.

Sur grand écran

Lee Miller d'Ellen Kuras (2024)

Une figure historique assez marquante, une Kate Winslet extraordinaire, une plongée dans la Seconde Guerre mondiale sous un angle assez rare, celui d'une photographe de guerre : une vraie réussite. J'espère que ce film aura un ou plusieurs Oscars. Note pour moi-même: le fauteuil vide de la fin m'a semblé particulièrement tragique, bien qu'il soit loin des évènements épouvantables qui précèdent. Toutes ces questions qu'on pose au silence et qui resteront sans réponse...

La Famille Addams de Barry Sonnenfeld (1991)


Ma famille spirituelle est vraiment la meilleure 🖤🖤🖤 Plus objectivement, ce film est une franche réussite sur tous les plans: Angelica Huston est génialissime en Morticia, Christina Ricci est génialissime en Mercredi, tous les autres acteurs sont pas mal du tout, les décors de la maison sont À TOMBER, la mise en scène est  bien fichue, les effets visuels ont bien vieilli, la moitié des répliques sont mémorables. Un régal!! Pour la petite histoire, la girl scout qui passe devant le stand de vente de Mercredi et Pugsley est jouée par Mercedes McNab, l'actrice qui a ensuite tenu le rôle de Harmony dans Buffy et Angel. C'était trop fou de la voir là!!

Du côté des séries

Toujours rien!

Et le reste

J'ai lu avec un immense enthousiasme un vieux hors-série "Une Vie, une œuvre" du Monde sur Simone de Beauvoir. Qui sait pourquoi, je me suis souvenue qu'il était en ma possession seulement quand j'ai lu La Force de l'âge en septembre, pas quand j'ai lu Mémoires d'une jeune fille rangée en février. Quelle femme extraordinaire!! Je me réjouis d'avoir encore des tas de ses écrits à lire. 🥰

Par je ne sais quel miracle, j'ai dégommé ma pile à lire de Cheval Magazine: en début de mois, j'ai lu le numéro de septembre (qui était arrivé extrêmement en retard) et celui d'octobre; et en fin de mois, j'ai lu le numéro de novembre. Cheval Magazine au cube, en résumé!