Après Ravage et La Nuit des temps, j'ai embarqué pour un nouveau voyage avec René Barjavel aux commandes. Un voyage qui présentait une caractéristique que, en soi, je déteste: il était temporel...
Par une nuit glaciale, Pierre Saint-Menoux galère dans la neige avec une colonne de soldats. Alors qu'il se repose en s'appuyant contre une porte, on lui ouvre et on lui annonce qu'il est attendu. Il est tombé chez un scientifique infirme, Noël Essaillon, et sa fille, Annette. Noël Essaillon affirme avoir mis au point une substance permettant de voyager dans le temps, qu'il a baptisée la noëlite, et il propose à Pierre de l'essayer, dans l'objectif de le convaincre de se joindre à ses travaux par la suite.
Pierre accepte... et ça marche!
Dans la première partie du roman, intitulée "L'appentissage", il découvre le fonctionnement de la noëlite et fait ses premières expériences de voyage dans le temps, avec des destinations de plus en plus éloignées dans l'avenir. Dans la deuxième, "Le voyage entomologique", il décrit minutieusement une société très différente de la nôtre, celle de l'an 100 000. Dans la troisième, "L'imprudence", il se tourne en revanche vers le passé...
Inutile de faire durer le suspense: Barjavel a réussi à me faire lire avec plaisir une histoire de voyage dans le temps, ce qui n'est pas une évidence! Ce roman ne m'a pas autant retourné le cerveau que Ravage, mais je l'ai trouvé très plaisant et très bon, et je pense l'avoir préféré à La Nuit des temps (qui, rappelons-le toutefois, a sans doute souffert d'être passé juste après Ravage, justement). Ça se lit absolument tout seul tout en étant très bien écrit, et la progression de Pierre dans l'expérience du voyage temporel est bien menée. Le clou du roman, c'est la "société" de l'an 100 000, qui n'a rien à voir avec la nôtre; elle n'a rien d'enviable, elle fait même un peu peur à voir, mais elle a une vraie originalité, très loin des ouvrages qui ne savent décliner que l'industrialisation du monde et la victoire du capitalisme.
La dernière partie, sur le retour dans le passé, est peut-être plus prévisible, mais le plaisir n'a pas diminué pour moi.
Cette édition se conclut, enfin, sur un "post-scriptum" intitulé "To be and not to be" ajouté par l'auteur en 1958. Ça m'a bien fait rigoler, car [divulgâcheur] Barjavel aborde précisément ce qui me rend zinzin quand on me parle de voyage dans le temps et me fait détester ça [fin du divulgâcheur]. 😀😀
La seule critique que je peux faire à ce roman, c'est qu'on nous parle quand même pas mal du corps d'Annette et de ses seins en particulier (même si elle collabore sérieusement avec son père, voyage elle aussi dans le temps et sauve même la peau de Pierre à un moment – bref, elle ne sert pas exclusivement de love interest au protagoniste), ce qui semble être une constante de l'auteur. Soupir.
Bref, encore une victoire de Barjavel. Je suis joie.
PS de service: le blog fêtera ses quatorze ans demain (incipit). C'est chouette. 😊
Allez donc voir ailleurs si ce voyageur y est!
L'avis de Baroona
L'avis de Vert
Je l'ai lu mais je n'en ai aucun souvenir. Je n'ai pas une très bonne image de Barjavel donc je croyais que je ne l'avais pas apprécié, mais ma mémoire externe me dit que si - en notant à peu près les mêmes éléments que toi en plus. Étonnant. Cela dit, je ne sais pas si c'est ça qui m'étonne le plus ou le fait que tu aies apprécié un livre à base de voyage temporel. 😲
RépondreSupprimerEt joyeux bloganniversaire !
@Barjavel: Aaaaah, mais tu as lu du Barjavel, en fait!! Et tu en as dit du bien. Je ne me suis pas prononcée sur le côté précurseur/visionnaire qu'évoque mon édition car je n'ai quasiment rien lu/vu en voyage temporel, mais je trouve intéressant que tu en aies parlé. Et pour la mauvaise image, je suppose que c'est lié à certaines de ses idées sur les femmes et la société en général?
Supprimer"postface dickienne" : c'est tout à fait ça, lol!!
Merci!! 😊
Oui, c'est ça. Je n'ai plus les détails en tête mais je crois me souvenir que c'est un auteur qui a une facette plus que trouble.
Supprimer(ce @ 🤭)
@Baroona: LOL. Je t'ai appelé Barjavel. Je laisse. C'est trop beau!!
SupprimerEt donc, concernant la facette plus que trouble de... Baroona bien sûr... 👀👀👀 Oui, ça se voit et ça ressort. Dans Ravage, c'est assez dingo combien les femmes sont des incapables. Quelqu'un était venu me parler du message final, qui est aussi criticable, mais, à mon avis, ça pâlit au regard de tout ce qui est venu avant dans la vision de la femme. Et Barjavel était vichyiste, apparemment. Mais bon, moi ça ne m'empêche pas de profiter de ce que je trouve très bon dans ses textes. Mais la littérature est tellement vaste qu'on peut aussi se dire qu'on n'a pas envie de dépenser du temps avec des auteurs qui ont une vision du monde qu'on trouve exécrable...
J'en garde le souvenir d'une lecture laborieuse mais j'avais quand même trouvé quelques trucs à dire à son sujet à l'époque : https://nevertwhere.blogspot.com/2013/01/le-voyageur-imprudent-rene-barjavel.html
RépondreSupprimer(mais oui la vision de la femme je m'en rappelle parfaitement xD)
Et joyeux bloanniversaire !
@Vert: Oooh, je n'avais pas pensé à vérifier si tu l'avais lu! Trop fort! Moi, justement, c'est la partie centrale, sur cette société super bizarre de l'an 100 000, qui m'a le plus plu! ^^ Mais je me retrouve pas mal dans ce que tu dis: c'est prenant et daté en même temps, et, effectivement, le fait que ça se passe en pleine Deuxième Guerre mondiale n'a pratiquement aucune importance.
SupprimerEt merci pour l'anniversaire :)