samedi 13 septembre 2025

La Force des choses (1963)

Après Mémoires d'une jeune fille rangée et La Force de l'âge, j'ai enfin eu et pris le temps de me pencher sur le troisième tome des mémoires de Simone de Beauvoir, La Force des Choses.

Comme pour les deux ouvrages précédents, le texte est extrêmement dense: deux volumes de 375 et 525 pages dans cette édition Folio, soit un total de 900 pages (😅😅). Et des pages pratiquement pleines qui plus est, vu que les paragraphes sont très longs et les chapitres aussi.

En outre – et c'est un élément que j'ai totalement oublié de mentionner dans mes chroniques précédentes –, c'est également dense du point de vue  du name-dropping: dans la mesure où de Beauvoir retrace parfois ses journées avec précision, du type "je déjeunai avec Machin, puis Sartre et moi dinâmes avec Truc et Bidule; le lendemain, Choso nous écrivit qu'il était à Paris et nous retournâmes au même restaurant", il y a énormément de personnages. Certains sont encore connus de nos jours, d'autres ne le sont pas; certains n'étaient probablement pas connus à l'époque mais étaient des amis.

J'attire votre attention sur cette info de février 1949, à une soirée en hommage à Dullin (qui était un metteur en scène, m'informe Wikipédia):

"Salacrou, Jules Romains, firent de brefs discours; un acteur lut celui de Sartre."
TADAM!!! Jules Romains!! Jules Romains fait un discours et il y a Simone de Beauvoir dans l'assistance!!! TADAM!!! ✨✨✨

Bref, hystérie Jules Romainsienne à part, ce n'est pas une lecture facile, et c'est précisément pour cela que je la garde pour mes vacances, lorsque je peux y consacrer un peu plus de temps.

Ce troisième volume commence en 1945, avec la libération de la France et de l'Europe, et va jusqu'en 1962. J'en retiens plusieurs éléments.

L'omniprésence de Jean-Paul Sartre. C'est une évidence, à tel point que son absence dans Mémoires d'une jeune fille rangée m'avait étonnée. De Beauvoir et lui ont vraiment partagé leurs vies, et elle l'adorait. Parfois, cependant, je trouve qu'elle lui laisse trop de place, par exemple quand elle trouve totalement inutile de participer à un évènement parce qu'il y a va, lui, et donc c'est comme si elle y était.

Deux autres amours: Nelson Algren, un écrivain américain, et Claude Lanzmann. Algren a l'air un peu torturé et malheureux, tel que de Beauvoir le décrit; il lui a proposé de l'épouser, mais elle a refusé et il a eu du mal à accepter pleinement le fait que Sartre serait toujours prioritaire. Lanzmann était beaucoup plus jeune que de Beauvoir (il avait dix-sept ans de moins qu'elle) et il lui a apporté une sorte de seconde jeunesse.

L'écriture et le milieu intellectuel. De Beauvoir détaille aussi ses processus d'écriture et ses publications: en 1949, le célébrissime Deuxième Sexe; en 1953, Les Mandarins, qui lui vaut le Goncourt. Je lirai tout ça le moment venu, bien entendu. Quant à son milieu, il est fascinant: parmi les noms que j'ai reconnus, elle a fréquenté Albert Camus, Boris Vian, Françoise Sagan, Gisèle Halimi, et même Han Suyin, l'autrice de Multiple Splendeur que j'ai adoré!!

Les voyages. Comme dans La Force de l'âge, de Beauvoir raconte énormément de voyages: en Italie, en Espagne, au Portugal, en Europe de l'Est, aux États-Unis, à Cuba, au Brésil, en URSS, elle est allée partout! Elle a aussi acheté une voiture, une Aronde. Mais ces voyages, dès le lendemain de la guerre, mettent en relief un autre thème majeur de ce livre...

... Le désenchantement. 1945, c'est l'euphorie de la chute du nazisme et du fascisme et l'espoir d'un avenir meilleur. Mais très vite, il apparaît que les États-Unis arrêteront là pour leur efforts: pour les Portugais et les Espagnols, la vie continuera avec Salazar et Franco. Puis les relations se tendent entre les deux blocs, et l'anticommunisme triomphe aux États-Unis et en Europe occidentale; les idéaux du Comité national de la Résistance se diluent dans l'action des gouvernements français successifs; la droite triomphe; l'Algérie se soulève dans le sang, l'armée française manque de peu de faire un coup d'État, de Gaulle revient, l'OAS fait des attentats partout... En bref, des années pleines de rebondissements, de violences et de tensions, à tel point qu'on pourrait presque relativiser les tensions actuelles autour de Gaza, par exemple. La guerre d'Algérie a eu lieu en Algérie, ok; mais en métropole, on n'était pas loin de la guerre civile.

L'âge qui avance. En parallèle à ce désenchantement quant à l'état du monde et surtout de la France, qui est tout de même contrebalancé par des espoirs à Cuba, au Brésil et en URSS du fait de la déstalinisation, de Beauvoir parle de l'âge qui avance et du temps qui passe et emporte tout. Le corps n'est plus aussi réactif qu'autrefois, les amis meurent, le passé est de plus en plus distant, l'avenir se fait plus étroit. Avec Camus, la brouille est idéologique, car il n'a pas pris parti pour l'indépendance de l'Algérie et surtout n'a pas pris la parole contre les exactions de l'armée française; mais quel passage poignant quand elle parle de sa mort en 1960! Même s'ils ne se voyaient plus, elle regrette l'homme d'autrefois, l'ami d'une autre époque. Quant à l'épilogue, dont j'avais lu des extraits très marquants dans un vieux numéro de la revue Une vie, une œuvre du Monde, il est hautement déprimant, tant pour les critiques qu'on lui a adressées et qu'on adresse à l'identique aux femmes aujourd'hui, que par cette vision sombre de l'âge. C'est pour toutes ces raisons, je suppose, que ce tome s'appelle La Force des choses, comme si le monde l'avait rattrapée après la période où elle était dans la force de l'âge.

Bref voilà, c'était exigeant, une vraie lecture de longue haleine, mais c'était passionnant; et de Beauvoir était une géante parmi les humains! ✨✨✨

lundi 8 septembre 2025

Il est avantageux d'avoir où aller (2016)

Emmanuel Carrère étant un de mes écrivains contemporains préférés, je continue d'explorer sa bibliographie au gré du hasard et de mes trouvailles en bouquinerie. Aujourd'hui, je me penche sur un recueil de vingt-cinq textes courts, qu'il a publiés dans différents journaux de 1990 à 2015.

La couverture est un tableau d'Emmelene Landon,
artiste à laquelle est d'ailleurs dédié l'un des textes.

En bref, c'était un régal. J'adore comment Carrère écrit, comment il voit le monde, comment il se décrit et s'analyse, comment il fait des sortes de fixettes sur des gens. Je trouve dans ses ouvrages un certain réconfort et une meilleure compréhension de moi-même.

Pour vous en dire tout de même un peu plus, les textes réunis ici abordent toutes sortes de sujets. Le premier, "Trois faits divers", décrit justement trois faits divers, du genre "cette personne en a tué une autre". Le deuxième, "La Roumanie au printemps 1990", nous emmène dans le pays indiqué à l'époque indiquée, dans un certain flottement post-communiste. Plusieurs abordent des livres qui ont marqué l'auteur, et j'ai eu le plaisir de découvrir "Espèce de crétin ! Warren est mort !" qui revient sur sa rencontre avec Lovecraft. Plusieurs nous emmènent en Russie, ce que j'ai évidemment adoré. Un autre nous emmène à Davos en plein Forum mondial, et ça fait exploser le cerveau!

Pour certains, comme "Comment j'ai complètement raté mon interview de Catherine Deneuve" (nan mais ce titre!!!), le sujet était totalement nouveau pour moi dans sa bibliographie. Mais pour beaucoup, j'ai retrouvé ses obsessions habituelles ou le germe de ses livres à venir: "L'affaire Romand" de 1996 qui allait déboucher sur L'Adversaire en 2000, son introduction des nouvelles de Philip K. Dick publiées chez Denoel, qui fait évidemment écho à Je suis vivant et vous êtes morts, "La Mort au Sri Lanka" de 2005 et "Chambre 304, hôtel du Midi" de 2006 qui seront étudiées plus en détail dans D'autres vies que la mienne en 2009, "Le dernier des possédés" qui porte sur un certain Limonov, qui aura son livre en 2011. Et deux textes ouvrent la voie à un film, Retour à Kotelnitch, qui a lui-même ouvert la voie à Un roman russe.

Si vous connaissez un peu l'auteur, c'est donc un régal décuplé – mais je pense que quiconque se régalerait, tant la diversité des sujets permet forcément de trouver quelque chose à son goût et tant la verve de Carrère nous emmène avec une fluidité hors du commun. J'admire tellement cet homme. Il a l'air sérieusement névrosé, en fait, mais, déjà, il arrive à faire quelque chose de ses névroses; et il n'est pas *que* névrosé, il a aussi une analyse fine des gens et des situations, mais avec modestie en même temps; il a un humour qui me fait bien marrer; et il a l'air d'avoir mille idées par jour, davantage que moi en dix ans.

Voici deux extraits de "Une jeunesse soviétique, de Nikolaï Maslov". Le premier parle de Kotelnitch, en Russie; le deuxième du film que Carrère a consacré à cette ville, Retour à Kotelnitch.

"De fait, un séjour dans ce genre de patelin offre, sinon un spectacle car il n'y a rien à voir, du moins une expérience unique en son genre, une sorte de cinq étoiles du dépaysement dépressif."

Un "cinq étoiles du dépaysement dépressif". Si ce n'est pas le sens de la formule, ça.

"Après des mois passés à m'angoisser parce que le film risquait de ne pas se faire, je m'angoisse aujourd'hui parce qu'il semble bien parti pour se faire et je me demande si ce n'est pas pire, en tout cas je suis terrorisé: un lapin pris sur la grande route dans le faisceau des phares d'une voiture."

Putain. L'histoire de ma vie!

Et un extrait de "La Roumanie au printemps 1991" qui devrait plaire à certains lecteurs de ce blog:

"Je ne crois pas être seul à tenir l'écrivain de science-fiction américain Philip K. Dick (1928-1982) pour le Dostoïevski de ce siècle, c'est-à-dire, pour aller très vite, l'homme qui a tout compris." 

Je conclus ce billet comme je conclus les trois quarts de mes billets cette année, tant mes lectures sont enthousiasmantes et je passe mon temps à vous recommander de découvrir l'écrivain dont je parle: en bref, lisez Carrère!

Note de service: je tente, pour ce billet, d'utiliser une taille de police un peu plus grande, car j'ai l'impression, ces derniers temps, que la taille habituelle n'est pas très propice au confort visuel. (C'est peut-être l'approche de la quarantaine qui me frappe de plein fouet, lol!) Si vous remarquez une quelconque différence, en mieux ou en moins bien, dites-moi. D'ailleurs, dites-le-moi aussi si vous ne remarquez aucune différence, lol.

mercredi 3 septembre 2025

La gamelle d'août 2025

Ce mois-ci, c'était kung fu!! 💥💥💥

Sur petit écran

Fist of Fury / La Fureur de vaincre de Lo Wai (1972)

Ce film a horriblement mal vieilli (nan mais ces bruitages!!!), mais il a le mérite de parler de l'occupation de la Chine par les Japonais et Bruce Lee y est impressionnant. À noter également, son personnage perd complètement le contrôle et pousse la violence trop loin; je croyais qu'il avait joué des personnages plus positifs que cela.

The Way of the Dragon / La Fureur du Dragon de Bruce Lee (1972)

Ici aussi, tout a mal vieilli, et cette Rome peuplée exclusivement de sinophones et d'anglophones est assez étrange. Au total, il y a deux mots en italien: un personnage s'exclame "mamma mia". Pour une fois, en revanche, le fait qu'il y ait des Fiat Cinquecento partout n'est pas une image d'Épinal: cette voiture avait réellement un succès fou à l'époque. Bruce Lee est toujours aussi impressionnant, et le film se clôt avec un combat d'anthologie: Bruce Lee contre Chuck Norris. Je vous invite chaleureusement à prendre dix minutes de votre temps pour le regarder, car c'est du grand art ET IL Y A UN CHATON. Oui oui oui, UN CHATON. 😼😼😼 Et les poils de Chuck Norris, aussi. Ça, c'est très étrange. Mais attention, la douleur est montrée clairement et ça peut mettre mal à l'aise.

Fist of Legend / La Nouvelle Fureur de vaincre de Gordon Chan (1994)

Un remake de La Fureur de vaincre, avec Jet Li qui reprend le rôle du personnage de Bruce Lee. Malgré la nette modernisation de la manière de jouer et de filmer, je n'ai pas trouvé l'ensemble bien palpitant. Mais ici aussi, les combats imposent le respect, et le film a le mérite de parler des relations sino-japonaises – d'ailleurs, le fait que je ne parle ni le chinois (plus précisément le cantonais, selon le DVD) ni le japonais, et que j'aie donc besoin d'une certaine attention pour capter qui parle quelle langue, casse un peu certaines scènes.

Fearless / Le Maître d'armes de Ronny Yu (1996)

 

Le plus enthousiasmant des quatre films de kung-fu du mois: le rythme est nettement plus moderne, les acteurs plus sobres, les combats se font à mains nues mais aussi avec plusieurs armes différentes, il y a un peu de sauts et de cascades exagérées qui rendent très bien. Et alors le combat de fin entre Jet Li et Nakamura Shidō, j'ai adoré – et pas uniquement parce que ce dernier acteur est stratosphériquement beau et charismatique.
Pour la petite histoire, c'est en lisant la page Wikipédia de Huo Yuanjia, le personnage réel qu'incarne ici Jet Li, que j'ai percuté que ce personnage est aussi présent dans Fist of Fury / La Fureur de vaincre et donc dans son remake Fist of Legend / La Nouvelle fureur de vaincre: c'est le maître d'arts martiaux qui meurt avant le début du film et dont la mort, suspecte, pousse le personnage de Bruce Lee à mener l'enquête.

Sur grand écran

Le dernier des Mohicans de Michael Mann (1992)

Je rêvais tellement de voir un jour ce film sur grand écran, et le rêve s'est réalisé!! Quelle merveille!! Ce film est la perfection incarnée!! Comme Titanic, il joue sur plusieurs tableaux et réussit avec brio dans tous les domaines: fresque historique de la guerre franco-britannique et de ses implications pour les peuples amérindiens, histoires d'amour tragiques, aventure palpitante, parcours d'autodétermination d'une femme corsetée par son statut. Et le tout porté par une mise en scène léchée à la perfection, des acteurs absolument stratosphériques, et cette musique!!!! Et CETTE FIN, mais CETTE FIN!!!! Mais quelle merveille!!! Quel chef-d'œuvre!!! Et oh, comme je comprends que j'aie été amoureuse d'Uncas quand j'avais seize ans...

Du côté des séries


Toujours rien.

Et le reste

 

J'ai lu Translittérature, la merveilleuse revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. Puis, en fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine habituel.

vendredi 29 août 2025

Journal à quatre mains (1958)

Aujourd'hui, grand retour de Benoîte Groult, figure féministe que j'ai découverte il y a quelques années!

Journal à quatre mains est sa toute première publication, et il est écrit – comme son titre l'indique – à quatre mains avec sa sœur Flora. La structure est celle d'un journal intime: une date suivie du récit de la journée qui vient de s'écouler, ou des quelques jours qui viennent de s'écouler. Les passages en romain sont écrits par Benoîte; ceux en italique sont écrits par Flora.

Wikipédia qualifie cet ouvrage de "roman", ce qui implique qu'il ne constitue pas leur véritable journal. Et, en effet, le prénom du mari de Benoîte, ainsi que les circonstances de sa mort, ne correspondent pas avec la réalité (ou, du moins, avec ce que Wikipédia et la courte biographie du Livre de Poche disent de la réalité). Je ne peux donc pas dire dans quelle mesure tout ceci est réel ou inventé, mais la lecture est passionnante.

D'une part, le journal s'ouvre en mai 1940 et court jusqu'en janvier 1945, et couvre donc pratiquement toute la Seconde Guerre mondiale, une période haute en rebondissements et propice à un quotidien... hors de l'ordinaire. Les nouvelles de la guerre trouvent leur place dans les pages, de même que les rationnements. La nourriture est un sujet de premier ordre; quand on en voit à l'occasion d'une visite à la campagne, c'est une fête! À l'hiver 1943, Flora indique qu'elle casse la glace dans le lavabo gelé de sa chambre, car la famille ne peut chauffer qu'une seule pièce (et ce n'est pas sa chambre!). Bien sûr, ces difficultés sont bien moins horribles que celles des soldats sur les différents fronts européens, mais elles pèsent tout de même sur les esprits.

Moi, je trouve toujours passionnant de voir le quotidien des gens, les petites choses de rien du tout.

Le 20 janvier 1943, dans le journal de Benoîte:

"Et pourtant, la guerre est en train de prendre un virage. Sur les communiqués, on apprend que les Allemands repoussent, victorieusement bien sûr, les contre-attaques soviétiques. Donc nous savons indirectement que les Russes ont commencé à contre-attaquer. C'est un phénomène nouveau."
Inférer ce que l'occupant ne dit pas de ce qu'il dit, voilà quelque chose que je n'ai pas eu à vivre.

D'autre part, le quotidien de deux jeunes filles de bonne famille est très intéressant aussi, guerre ou pas guerre. Et figurez-vous que Benoîte, future figure féministe, parle quand même beaucoup d'une vérité qui pourrait sembler éminemment secondaire: âgée de 20 ans et célibataire au début de la guerre, elle craint grandement de ne pas trouver d'homme avant la fin du conflit, vu que beaucoup d'hommes sont absents, et d'être trop vieille pour en attirer un après, quand la guerre sera enfin finie!!! Lol. En attendant, les deux sœurs sortent quand même pas mal, et flirtent à droite et à gauche. Benoîte rencontre même un garçon, Blaise, qui semble le bon, et elle l'épouse malgré l'opposition de sa mère...

Puis, en 1944, après la libération de Paris, c'est tout simplement une vague de soldats américains. Pas forcément pour coucher avec, mais pour les accompagner en ville, servir d'interprète, leur faire visiter des monuments, les emmener au musée, leur tenir compagnie. Apparemment, il y a avait une sélection de jeunes filles sachant parler anglais, et tant Benoîte que Flora ont été retenues. Ce n'est pas de la prostitution à proprement parler, car ce n'est pas un échange de relations sexuelles contre de l'argent. Mais pour ces filles qui ont été privées de tout pendant quatre ans, ces soldats sont un moyen de subsistance, tout simplement parce qu'ils les emmènent au restaurant et leur offrent des tas de choses encore très rares à Paris: des boîtes de conserve, du charbon...! Benoîte fait également plein de commentaires sur leur bon état de santé général, sur le fait qu'ils ne sont pas maigres et qu'ils portent de beaux vêtements... Ça devait vraiment être la joie à Paris avant leur arrivée!!!

Un élément d'une importance capitale: les deux sœurs lisent Jules Romains!!!!! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH!!!!!

Le 22 août 1940, dans le journal de Benoîte:
"J'ai eu le temps de lire la moitié du Verdun de Jules Romains, pour voir sous quel jour y était décrit Pétain."
Le 4 novembre 1942, dans le journal de Flora:
"Je lis Les Hommes de bonne volonté et j'en suis au XVII: La Douceur de Vivre. Mais il y a un passage qui me déboulonne plutôt: « Un vraiment grand a-t-il jamais tenu un journal ? » [...] Bigre, il met le doigt dans la plaie et même il fait la plaie ! Cela me gêne qu'un vraiment grand n'ait jamais tenu de journal. Je le refuse."
😱😱😱😱😱


Je suis encore loin de Verdun et de La Douceur de Vivre la Vie (désolée Flora, tu t'es trompée de titre 😅), mais je ne manquerai pas d'observer Pétain de près et de prêter attention à ce passage sur l'écriture de journal, que je ne recopie pas entièrement ici par fleimme, mais que je trouve très réducteur. Comme Flora, je le refuse! J'ai hâte de voir quel personnage de Jules Romains pense ça!

En bref: ce journal était une lecture passionnante, et on peut ajouter à la liste des qualités de Benoîte Groult qu'elle lisait Jules Romains. Quant à vous, lisez Benoîte Groult, bien sûr. 😊

dimanche 24 août 2025

Iran Awakening (2006)

Il y a peu, mon amie de Lyon, cette femme formidable, me mettait entre les mains ce livre de Shirin Ebadi. Moi, évidemment, je n'avais aucune idée de qui est Shirin Ebadi; je n'avais même pas de vague notion comme pour Malala Yousafzai, c'était juste le vide total.

Somme toute, ça ne tombait pas trop mal, puisque cette autobiographie – que Shirin Ebadi a écrite en anglais en collaboration avec Azadeh Moaveni – commence par le début, à savoir l'enfance de l'autrice dans l'Iran des années cinquante.

Premier souvenir marquant lié à l'actualité de son pays: en août 1953, les adultes de sa famille se serrent autour de la radio pour écouter les nouvelles des troubles dans la capitale, qui débouchent sur un coup d'État et sur la chute du Premier ministre élu deux ans plus tôt, Mohammad Mossadegh. Mis à part ça, son enfance est plutôt sereine et se déroule dans une famille aisée et plutôt progressiste, qui ne la destine pas spécialement à devenir uniquement épouse et mère. Shirin entame des études dans le droit et devient juge.

Mais bon, l'Iran, c'est une histoire mouvementée. Le coup d'Êtat de 1953, orchestré par la CIA, a remis au pouvoir le shah qui était parti en exil. Le roi, donc. À partir de là, la police secrète veille au grain par la force, les riches se gavent en exportant du pétrole, le mécontentement gronde. En 1979, Shirin Ebadi soutient publiquement les troubles qui mènent à la fameuse révolution qui a fait de l'Iran la théocratie qu'il est aujourd'hui.

En quelques semaines, toutefois, elle se rend compte qu'elle a été aveugle aux idées de Rouhollah Khomeini sur les femmes et que le changement qu'elle a appelé de ses voeux, pour se débarasser du shah corrompu, autoritaire et subordonné aux puissances occidentales, repose en grande partie sur le contrôle des femmes.

De là, son parcours devient aussi politique, car elle a utilisé ses compétences juridiques pour venir en aide à des personnes visées par le pouvoir. (Elle avait du temps à leur consacrer, vu qu'elle a perdu son poste de juge parce que les femmes ne pouvaient plus être juges. 😜) Et bien sûr, cela attire une certaine attention médiatique, y compris internationale, à tel point qu'elle a été emprisonnée au début des années 2000. Et puis, en 2003, elle a reçu le prix Nobel de la paix. ✨✨✨

Ce qui est vraiment passionnant dans ce récit, c'est que rien n'est blanc ou noir. D'un côté, on pourrait dire que tout est d'un gris désespérant, entre régimes autoritaires et lecture conservatrice voire extrémiste de l'islam, mais Shirin Ebadi présente tout ça de manière assez factuelle et vivace à la fois, en détaillant son parcours, sa volonté de ne jamais reculer ou se taire, les soubresauts d'une société qui n'accepte pas les choses aussi passivement qu'on pourrait le croire, vu d'Occident.

J'en retiens plusieurs choses:

- Le ressentiment des Iraniens contre les États-Unis, ça se comprend plutôt bien quand on sait que ces derniers ont soutenu le coup d'État du shah pour renverser le Premier ministre élu démocratiquement, qui ne leur convenait pas parce qu'il avait nationalisé le pétrole. 🤡🤡🤡🤡🤡 On est sur le niveau du coup d'État de Pinochet. Ensuite, pendant les années quatre-vingt, ils ont armé l'Irak qui a envahi l'Iran et a balancé du gas sarin partout. Félicitations! Et cette année, les frappes de Trump ont dû arranger les choses, hein. Je ne dis pas qu'il est pour autant pertinent de les appeler "le grand Satan", mais on comprendra que le pays ne se prosterne pas devant eux.

- Le règne du shah, c'était la merde: oligarchie, pas d'État de droit, répression des opposants, pas de libertés. Mais les femmes étaient relativement libres, elles, dans le sens que l'État ne leur imposait pas spécialement d'obligations ou d'interdictions; la société était très patriarcale, mais ce n'était pas gravé dans la loi. C'est la révolution de 1979, et l'instauration de la République islamique d'Iran, un État théocratique, c'est-à-dire fondé sur une religion, qui a changé la donne pour elles. Rouhollah Khomeini a bâti son État sur une lecture traditionnaliste, conservatrice et mysogine de l'islam; c'est là que le chaddor est devenu obligatoire, comme c'est encore le cas aujourd'hui.

- Le président, en Iran, n'est pas extrêmement important. Il est élu par le peuple, certes, mais les candidats doivent de toute façon être validés par le régime avant de se présenter, donc il est forcément un élément du système. Le vrai pouvoir, c'est le Chef suprême de la révolution: Rouhollah Khomeini de 1979 à sa mort en 1989, puis Ali Khamenei de 1989 à... aujourd'hui. Le gars a quatre-vingt-six ans.

- L'Iran est majoritairement chiite. En fait, je le savais, car cela a son importance pour les alliances au Moyen-Orient. Mais j'ai mis du temps à percuter que "Shia" est le mot anglais pour "chiite". En revanche, j'ignorais que le terme "ayatollah" vient de l'islam chiite: il a pris une connotation négative en français, mais, à la base, c'est juste le grade le plus élevé des mollahs.

- Shirin Ebadi, elle, voudrait un État de droit qui reposerait sur des règles nettes, pas une théocratie qui repose sur l'interprétation d'un ancien texte religieux... Mais même ça, c'est présenté avec nuance, car Shirin Ebadi est musulmane croyante, en fait. Elle ne critique pas du tout l'islam en soi. Elle critique les gens qui structurent leur autoritarisme sur l'islam. C'est quand même salutaire de lire ça, car l'islam a une image déplorable en Occident. Pour moi y compris, hein. À niveau d'allumage égal, j'ai mille fois moins peur d'un allumé catholique que d'un allumé musulman. En fait, un catholique, ça ne me fera que rarement peur; un musulman, au contraire, très souvent.

- On pourrait quand même sortir de cette lecture avec une légère dépression. Quasiment vingt ans après la publication, la théocratie iranienne est toujours là, sous la direction du même vieux ayatollah (celui qui a quatre-vingt-six ans, donc) et avec la même police des mœurs qui vérifie que les femmes portent bien le chaddor. On en a beaucoup parlé en 2022 à cause de la mort de Mahsa Jîna Amini, cette pauvre fille arrêtée en raison de sa tenue vestimentaire et morte en détention...

Bon, en somme, cette lecture a été très intéressante et source de réflexions. La seule chose légèrement étonnante, c'est que Shirin Ebadi n'aborde pas la sujet d'Israel, alors que, bon, le régime iranien a tenu des propos un tantine violents sur l'État hébreu au fil des ans. Mais j'imagine que, en interne, cela les affecte moins que le flicage politique, la suspicion permanente et la répression constante des libertés...

mardi 19 août 2025

Au-revoir là-haut (2013)

Attention! Aujourd'hui, on a du lourd!

Il y a quelques semaines, TmBM publiait un avis si motivant sur Au-revoir là-haut de Pierre Lemaître que je réservais le roman dans ma médiathèque avant même de laisser un commentaire, de peur d'oublier de le faire plus tard. U
ne dizaine de jours plus tard, Grominou publiait à son tour un avis super positif, me confortant ainsi dans mon choix.

Lorsque j'ai récupéré le roman, toutefois, j'ai dû blémir; je n'avais pas réalisé que c'était un sacré pavé, 560 et quelques pages dans l'édition grand format d'Albin Michel. Quand allais-je bien réussir à lire ça?

Et puis, quand j'ai effectivement commencé à le lire, je suis rentrée dedans super facilement et je l'ai dévoré en moins d'une semaine. C'est hallucinant, ce roman se lit tout simplement TOUT SEUL. Tout s'enchaîne parfaitement, l'action est super prenante, le style est limpide même quand il adopte divers tons (par exemple en rapportant les pensées d'un personnage au discours indirect), c'est drôle, c'est cruel, c'est révoltant, c'est bien documenté (ou en tout cas ça donne l'idée d'une documentation solide, parce que je ne connais pas suffisamment la période historique pour vraiment juger 😅), ça se dévore.

Je suis joie, je suis bonheur. C'est totalement comme Antoine Bello, de la littérature de qualité, qui allie un vrai fond et un style mais sans jamais se regarder le nombril ou se prendre affreusement au sérieux. C'est merveilleux. Je suis joie, je suis bonheur.

Bonne nouvelle: je me demandais pourquoi l'épilogue disait que Louise, un personnage secondaire, "n'eut pas un destin très remarquable, du moins jusqu'à ce qu'on la retrouve au début des années 40". Fallait-il reconnaître en elle un personnage historique réel, tellement célèbre que son simple prénom et la mention des années 40 suffiraient à l'identifier? Mais pas du tout: en fait, ce roman a deux suites. On n'est pas obligés de les lire, l'intrigue se suffit totalement à elle-même ici, mais on peut continuer si on veut. Couleurs de l'incendie parle de Madeleine, et Miroir de nos peines parle, justement, de Louise. Je suis joie, je suis bonheur.

Pour ce roman, Pierre Lemaître a obtenu le Goncourt en 2013. C'est mérité. Et le roman a été adapté par Albert Dupontel au cinéma. Il faut que je me penche sur ça.

Cerise sur le gâteau: dans les remerciements, l'auteur évoque Jules Romains!!! AAAAAAAAAAAAAAHHH!!!

"Au revoir là-haut doit beaucoup à la littérature romanesque de l'après-guerre, d'Henri Barbusse à Maurice Genevoix, de Jules Romains à Gabriel Chevallier."
AAAAAAAAAAAAAAHHH!!!
 
Oh, et pour ceux qui s'interrogeraient sur l'intrigue: c'est l'histoire de deux poilus qui reviennent de la Première Guerre mondiale dans un état pas possible, soit physiquement soit mentalement. Une histoire à dormir debout en quelque sorte, mais totalement solide en même temps, et surtout ultraprenante. Le seul et unique reproche que je pourrais lui faire, c'est qu'Albert est très mou, mais, même ça, ça passe parfaitement! Du grand art!!! Merci aux copains pour la découverte!!! 🤩🤩🤩 Et chapeau à Albin Michel!!!

jeudi 14 août 2025

Les Producteurs (2015)

Après avoir lu avec une jubilation rare Les Falsificateurs, puis avec plaisir mais aussi une bonne dose de scepticisme Les Éclaireurs, j'ai entamé le troisième et dernier roman de cette série d'Antoine Bello avec autant d'enthousiasme que de crainte. Allais-je retrouver le plaisir que m'a procuré cet excellent auteur? Ou bien la série s'était-elle essouflée pour moi?

Par bonheur, je me suis régalée!! Ahlàlà. Quelle satisfaction. Même si la découverte n'est, inévitablement, plus au rendez-vous, j'ai jubilé comme une gamine en voyant Sliv, notre héros islandais, œuvrer au comité directeur du CFR pour concrétiser des falsifications ou des manipulations diversifiées et dingos. De l'élection de Barack Obama au thème de n'importe quel jeu vidéo, la réalité connue vaccille. Les choses se sont-elles vraiment passées comme nous le croyons en raison d'une succession de hasards et de faits plus ou moins indépendants les uns des autres, ou le CFR tirait-il les ficelles en coulisses, partout et tout le temps?

Ce doute typiquement belloïen est hautement réjouissant, et donne ici lieu à de nouvelles interrogations en raison de la disparition d'une mallette contenant de nombreux dossiers de falsification retoqués, qu'un agent a malencontreusement oubliée dans un taxi. Dans les mauvaises mains, ces dossiers peuvent constituer l'arrêt de mort du CFR, voire provoquer d'énormes remous. Mais que faut-il penser lorsque certains de ces scénarios deviennent réalité? La personne les ayant dérobés envoie-t-elle un message au CFR? Ou bien la réalité n'est-elle tout simplement pas si éloignée de la falsification?

Et quand on joue un rôle dans la falsification, est-ce qu'on devient son personnage?

En outre, ce roman constitue une belle occasion de revivre l'actualité des années 2007-2012, mais sous la plume claire et acérée de Bello, qui condense et explique tout d'une manière étonnamment facile à comprendre. C'est merveilleux. Et puis, la falsification est passée sur Internet, en cette période, et les thématiques résonnent fortement avec celles de notre époque et les élections de Trump – ainsi qu'avec l'usage de certains chimpanzés dans le dernier Superman, tiens. J'aimerais bien que Bello nous sorte un roman sur les années 2020, même si ce serait sans doute un chouïa anxiogène.

En plus, il y a beaucoup d'humour, comme dans les tomes précédents:

"Détestant travailler en avion, j'en profitais généralement pour conjuguer deux de mes passions en visionnant sur mon ordinateur des navets cinématographiques doublés et sous-titrés à la fois. Je me targue ainsi d'avoir vu ce monument de finesse qu'est Independance Day dans toutes les combinaisons de langue offertes sur DVD. Qui n'a jamais entendu Will Smith s'exclamer « Bienvenue sur Terre ! » en néerlandais avec des sous-titres en bengali passe à côté du chef-d'œuvre de Roland Emmerich et, accessoirement, d'une occasion d'apprendre à marchander dans les bazars de Calcutta."
Je me meurs, je me meurs.

Plus loin, un des personnages évoque aussi Transformers, dans une conversation sur la rédaction de scripts de blockbusters. 😂😂 Et James Cameron est évoqué au sujet d'un film tiré de l'exploration d'une épave (épave créée de toutes pièces par le CFR, bien sûr! Et non, ce n'est pas celle du Titanic 😂).

Bref, ce roman a été un régal, je me prosterne devant Antoine Bello et je vous recommande, une fois de plus, de lire cet écrivain!

samedi 9 août 2025

The Dispossessed (1974)

Cinq ans après avoir lu La Main gauche de la nuit, que j'ai trouvé absolument brillant, j'ai enfin lu un autre roman d'Ursula K. Le Guin, et il s'est avéré non moins brillant!

The Dispossessed raconte l'histoire de Shevek, un physicien qui est né, a grandi et a fait ses études sur Anarres, une planète où s'est implantée une société anarchiste. Anarchiste au sens original du mot: "sans gouvernement central". Dès le premier chapitre, toutefois, on le voit décoller pour Urras, la planète jumelle d'Anarres, celle dont sont partis ces anarchistes, quelques 170 ans plus tôt. Ses études sur le temps ayant traversé les frontières – ou plutôt l'espace –, Shevek a été invité à les poursuivre sur Urras.

Les chapitres vont ensuite alterner entre son présent sur Urras, où il rencontre d'autres scientifiques et découvre cette société "propriertaire" (comment ça a été traduit en français, propertarian? 😀), et son passé sur Anarres, ce qui permet de comprendre pourquoi ses études n'ont pas pu avancer autant qu'il le voulait et de constater que cette société très horizontale, qui met en avant le collectif et non l'individu mais où personne n'est contraint à rien, n'est tout de même pas à l'abri d'un certain autoritarisme.

Et donc voilà, c'était brillant. Déjà, la structure de l'aller-retour dans le temps fait vachement monter le suspense, car l'action est souvent interrompue en fin de chapitre. Ensuite, la vie de Shevek elle-même est passionnante, ou en tout cas Le Guin réussit à la rendre passionnante, même quand il s'agit "juste" de savoir où il va aller travailler. Et il y a un suspense plus concret dans la partie sur Urras, par exemple quand l'autrice nous relate une conversation entre deux scientifiques, qui discutent en présence de Shevek mais que celui-ci ne peut pas entendre parce qu'il dort après avoir bu trop d'alcool.

Quant au fond, c'est brillant aussi, avec plein de réflexions sur l'organisation de la société et le rôle de chacun. Ce que j'en retiens, c'est une des maximes d'Odo, la penseuse anarchiste à l'origine de l'exil vers Anarres: en gros, les moyens sont déjà la fin. Ou, en d'autres termes: atteindre l'objectif n'est pas le plus important; ce qui compte vraiment, c'est comment on progresse vers lui. Franchement, ça met du beaume au cœur. À peu près au même moment, j'ai relu complètement par hasard ma chronique de Yoga d'Emmanuel Carrère et cela rejoint totalement une citation de Lénine qui m'avait marquée et dont j'avais parlé.

Bon, il y a aussi plein de réflexions sur le temps, car c'est le sujet d'étude de Shevek, mais là je n'ai rien compris. :D À part que ses études permettent la création d'une certaine technologie primordiale dans l'univers de Le Guin.

Concernant le titre: je pense que l'éditeur français a bien fait d'opter pour le masculin pluriel, mais, techniquement, "The Dispossessed" peut se traduire aussi par "le dépossédé", "la dépossédée" et "les dépossédées". Et je me demande si Le Guin voulait vraiment parler du collectif, au pluriel, ou si elle faisait référence à Shevek en particulier...

Enfin, une note sur cette édition Gollancz. Avec ses reflets mordorés sur le nom de l'autrice et sur les petits points éparpillés, la couverture est superbe. À l'intérieur, en revanche, le texte est pénible à lire à cause de la police petite, serrée et grasse. C'est un vrai miracle que j'aie réussi à lire le roman en une dizaine de jours et avec mon cerveau branché.

Autres livres de ou sur l’autrice déjà chroniqués sur le blog
The Left Hand of Darkness (1969)
Le Langage de la nuit (1973-1977)
Monographie Ursula K. Le Guin. De l'autre côté des mots (2021)

Allez donc voir ailleurs si ces dépossédés y sont!
L'avis de Baroona
L'avis de Vert