mercredi 13 mars 2013

Les fleurs bleues (1965)

En ce début d'année, j'ai beaucoup manqué (et je manque encore) de lectures en français, ce qui m'a amenée à relire quelques livres que je n'avais pas ouverts depuis que je les avais lus au collège ou au lycée: Le Misanthrope de Molière (une lecture de toute façon indispensable avant d'aller voir Alceste à bicyclette au cinéma), Rhinocéros de Ionesco (auquel je n'ai, d'ailleurs, toujours rien compris ^^), Le dernier jour d'un condamné de Hugo... Et Les fleurs bleues de Queneau.


Je me souvenais assez bien du chapitre d'introduction, que j'avais étudié en L, et notamment du paragraphe suivant:

"Les Huns préparaient des stèques tartares, le Gaulois fumait une gitane, les Romains dessinaient des grecques, les Sarrasins fauchaient de l'avoine, les Francs cherchaient des sols et les Alains regardaient cinq Ossètes. Les Normands buvaient du calva."

Ce qui donne bien le ton du bouquin. Queneau a une espèce de don pour manipuler les mots et créer des situations un peu loufoques ou cocasses. Ici, il nous raconte l'histoire du duc d'Auge, qui traverse les âges en compagnie de son page et de leurs chevaux, Démosthène  ("nommé Démosthène parce qu'il parlait, même avec le mors entre les dents" et surnommé Démo, ou Sthène) et Stéphane ("ainsi nommé parce qu'il était peu causant"). En parallèle, lorsque le duc s'endort, nous suivons le quotidien quelque peu répétitif de Cidrolin, qui vit sur une péniche et regarde les houatures passer. Puis, dès que Cidrolin s'endort, nous rejoignons le duc d'Auge.

Je suis assez certaine que ce livre a toute une portée symbolique et littéraire, voire politique, qui m'a totalement échappé. Il me semble improbable que Queneau l'ait écrit uniquement pour le fun. Mais cet aspect fun m'a amplement suffi et je me suis bien amusée.

Je dois dire que je n'ai pas compris certaines choses. Par exemple:
"Tout le monde part. Cidrolin aperçoit la tête des chevaus. Ils ont l'air de chevaux."

Mais d'autres passages m'ont fait éclater de rire. Par exemple:
"-Ah! les salopards, grommelait [le duc], il n'y a plus de liberté si les vilains s'en mêlent. [...] Ce qu'ils veulent, c'est voir tous les nobles seigneurs comme moi étripés par les Chleuhs pour envahir nos châtiaux, boire notre vin clairet dans nos caves et qui sait? violenter nos mères, nos femmes, nos filles, nos servantes et nos brebis.
-Et nos juments, dit Sthène.
Un passant sursauta.
-Et nos juments, dit le duc à haute voix.
Il se pencha vers le quidam:
-C'est moi qui ai dit: "et nos juments". C'est moi, tu entends, vilain?"

...Voilà. Je ne sais pas si ce dernier extrait est convaincant hors contexte, mais moi il m'a bien fait rire. :)

2 commentaires:

  1. J'ai lu Exercices de style du même auteur. Il y a longtemps. C'est vrai que sa capacité à jouer sur les mots est impressionnante.

    RépondreSupprimer

Exprime-toi, petit lecteur !