Tous les jeudis, les cinémas UGC repassent un film culte, un de ces "films qui ont fait la légende du cinéma". Je ne peux malheureusement plus y aller depuis deux ans à cause d'une activité qui tombe le jeudi soir ("je peux pas, j'ai yoga!"), mais j'espère bien en profiter pendant cette période de grandes vacances!
Jeudi 6 juillet, l'été a très bien commencé avec Inception de Christopher Nolan, un film que j'avais vu au cinéma lors de sa sortie et revu sur petit écran il y a seulement deux ans. Il était donc assez frais dans ma mémoire. Ayant opté lors du deuxième visionnage pour l'option "le héros rêve tout du long", j'ai été particulièrement attentive aux indices allant dans ce sens. Forcément, quand on cherche, on trouve, et je suis toujours du même avis. 😀
Redécouvrir ce film sur grand écran a été un vrai plaisir. Il gagne vraiment à être vu en grand et avec l'ambiance particulière du cinéma. Plongée dans le noir, concentrée exclusivement sur l'écran, je profite des films avec une attention et une implication que je n'arrive plus depuis des années à mobiliser chez moi. Parce que le chat passe par là, parce que mon téléphone sonne, parce que je me refais du thé, je ne suis pas vraiment concentrée et je perds régulièrement des répliques et des scènes.
Je pense qu'Inception est LE Grand Film de Nolan. Mon copain est un grand défenseur de The Dark Knight, mais je trouve qu'Inception lui est supérieur parce qu'il exploite une idée originale et sort complètement des sentiers battus. Nolan a eu une idée et a osé la suivre, ce qui est assez rare au cinéma (tout du moins, disons, dans les films à grand budget). Ce réalisateur est d'ailleurs intéressant en ce qu'il combine avec succès des gros budgets, des films "grand public" (c'est-à-dire accessibles au plus grand nombre, non "conceptuels", susceptibles de lever de l'argent), un jeu d'acteur exigeant, une mise en scène extrêmement soignée et un ton résolument adulte. Je suis plutôt rassurée de voir que ses films ont du succès en cette époque dominée par les films d'action décérébrés (malgré tout mon amour pour les Transformers, j'ai encore mal au cerveau une semaine après avoir vu Transformers 5 tellement ce film réinvente le niveau zéro du film d'action).
Inception réunit une bonne partie de la bande d'acteurs que Nolan semble affectionner: avec Marion Cotillard, Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy, Michael Caine et Cillian Murphy, on pourrait bien être dans The Dark Knight Rises. Leonardo Di Caprio est vraiment habité par son rôle et dégage l'intensité incroyable qu'on lui connaît (même si je crains qu'il ne fonde son jeu que sur cette intensité, ça fait pas mal de films qu'il me semble retrouver le même personnage). Ellen Page vient jouer la jeune recrue dont la "formation" permet d'initier le spectateur au monde des rêves et s'en sort plutôt pas mal.
Toutefois, celui qui s'en sort le mieux reste à mon avis Joseph Gordon-Levitt, qui bénéficie de la scène la plus renversante (lol) du film: alors que la camionnette du rêve 1 (ou 2, si vous pensez comme moi que Cobb/Di Caprio rêve le tout) roule le long d'une pente ou tombe du haut d'un pont, le monde du rêve 2 (ou 3) se retrouve complètement chamboulé, les murs roulent sur eux-mêmes, la gravité se fait la malle et on en prend plein les yeux. C'est cette scène, plus encore que l'imbrication des rêves, qui me fait dire que ce film "retourne le cerveau"...
Mais bien sûr, l'imbrication des rêves et tout le traitement du rêve sont extrêmement intéressants (je vous avais déjà dit il y a deux ans que j'adore le fait que ce soit la sensation de chute qui permet de sortir du rêve), et je dois dire que même la descente de Fischer/Cillian Murphy dans son inconscient à la rencontre de son père mourant m'a convaincue et m'a émue, moi qui passe mon temps à critiquer les films de super-héros parce que ça tourne autour de l'éternel, ennuyeux, prévisible, phallocrate et ô combien rabâché thème de la relation père-fils.
J'ai aussi apprécié la révélation tardive concernant l'idée que Cobb/Di Caprio a implantée dans l'esprit de Mall/Cotillard et la manière dont les mots qu'il utilise ("something she once knew to be true... but chose to forget") prennent une nouvelle dimension quand il révèle la vérité. D'ailleurs il y a pas mal de répliques qui reviennent dans le film avec un nouvel éclairage ("an old man, filled with regret, waiting to die alone" ou "you're waiting for a train") et qui donnent autant de citations cultes.
Bref, c'était un très bon moment et je recommande vraiment ce film à ceux qui ne l'ont pas encore vu, et ce malgré les nombreuses réactions qu'il a suscitées, en bien comme en mal, et qui font qu'un film vous sort parfois par les trous de nez même si vous ne l'avez pas vu.
Le mot de la fin
Il va sans dire que si je le pouvais, je prendrais un sédatif ultra efficace et irais passer quelques dizaines d'années dans les limbes de mon propre inconscient, où je construirais un univers nettement plus à mon goût que notre monde réel...
Mise à jour de 19h50
Je réalise après la publication de ce billet, pourtant relu dix fois, que j'ai oublié de parler du thème du deuil. Après tout, ce film parle surtout de ça, de la manière dont on se reconstruit après avoir perdu la personne qu'on aimait le plus et dont il faut accepter de la laisser partir, parfois après s'être péniblement accroché à sa culpabilité parce que c'est quand même quelque chose... Mall/Marion Cotillard qui pleure quand Cobb/Di Caprio renonce à elle, c'est juste un crève-cœur...
Allez donc voir ailleurs si ces rêves y sont!