J’ai beaucoup aimé ce que j'ai lu de Colette, alors je n’hésite pas à acheter ses romans lorsque je tombe dessus. Même un livre aussi culcul que Claudine à l’école, sorte de Martine romanesque et champêtre qui ne m’attirait pas plus que ça… Et j’ai eu bien raison de lui donner sa chance, puisque j’avais tout faux: Claudine à l’école n’est pas du tout l’équivalent romanesque des albums de Martine. C’est l’histoire d’une cancre. 🤣🤣
Bon, c’est champêtre, ça c’est sûr. Nous sommes dans une
école rurale française, probablement en Bourgogne, vers la fin du XIXe, et nous
lisons le journal de Claudine, âgée de 16 ou 17 ans. Elle prépare le certificat
d’études et vit donc sa dernière année à l’école avant de partir à Paris. Sa
mère est morte et son père ne s’occupe que peu d’elle, affairé comme il l’est à
étudier les limaces de la région. Par conséquent, elle est libre d’occuper son
temps comme elle le souhaite. Très sûre d’elle et bonne élève, elle travaille
parce qu’il le faut, mais sans passion, tyrannise ses camarades de classe et
tient tête aux enseignantes. Surtout à Mademoiselle Sergent, dont elle est
jalouse… Car celle-ci lui a piqué Aimée, une autre maîtresse dont Claudine est
tombée amoureuse! En effet, Claudine à l’école parle ouvertement de
relations homosexuelles, d’abord avec le rapprochement entre Claudine et Aimée,
puis avec la relation de Mademoiselle Sergent et Aimée, puis avec l’idolâtrie
de Luce pour Claudine…
Entre l’élève rebelle (qui n’aurait fait de moi qu’une
bouchée si j’avais été à l’école avec elle, soit dit en passant…) et la vision
tout à fait décomplexée de l’homosexualité, on est donc très loin des albums de
Martine, vous l’aurez compris.
En outre, Colette parle également des rapports de pouvoir
entre hommes et femmes avec la figure de Dutertre, le délégué cantonal qui
couche avec les enseignantes et se frotte de très près aux "grandes", les élèves de dernière année. Un bon petit obsédé qui
frôle avec la pédophilie, c’est charmant.
Et pourtant, Claudine à l’école garde un petit côté
champêtre et suranné, lié à l’époque lointaine qu’il nous raconte, quand passer
le certificat d’études était tout un programme (trois jours à l’hôtel dans le
chef-lieu pour passer les épreuves!), que les élèves de différents âges
étaient réunies en classe unique, mais avec les garçons et les filles dans des
établissements séparés, et qu’on écrivait sur des pupitres… C’est tout à fait
charmant, et bien que Claudine ait très bien compris le fonctionnement du monde
qui l’entoure, on a l’impression qu’il ne pouvait rien arriver de mal dans ce
monde-là. C’est un peu l’anti-Zola, en quelque sorte. 😄 Même quand elle parle de Dutertre, ça reste léger, amusant.
En plus, Colette écrit divinement bien, autant lorsqu’elle
adopte un ton plus lyrique que quand elle décrit avec humour les jalousies de
Claudine, donc j’ai adoré cette lecture.
Claudine à l’école a d’abord été publié sous le nom de
Willy, alors époux de Colette, mais c’est bien elle qui l’a écrit. 💪
Le petit truc en plus que vous avez absolument besoin de
savoir: j’ai trouvé cette édition Albin Michel, imprimée en 1950 et
reliée en cuir, pour la modique somme de six euros dans une brocante de
Bordeaux par un jour de début juillet. Il faisait beau, les week-ends estivaux
commençaient, apportant avec eux la promesse des vacances, j’étais avec des
amis que j’aime et des cannelés attendaient dans mon sac. C’était le bonheur,
quoi.
L'avis de Grominou
Que du bonheur, avec la série des Claudine, délicieuse, surannée certes mais c'est aussi son charme, surtout avec cette belle édition que tu as dénichée :-)
RépondreSupprimer@Marilyne: Oui, c'est vraiment cette alliance de ton amusant et d'atmopshère désuète qui fait tout son charme. Je lirai les autres, c'est sûr!
SupprimerJ'allais dire que c'est du Dark-Martine, mais finalement pas du tout. Une plaie ces gens gentils.
RépondreSupprimerDu coup question (dark) : peut-on vraiment être qualifié(e) de cancre si on est un(e) bon(ne) élève ?
@Baroona: Purée c'est une bonne question!! Je pensais à cancre comme "élève qui répond"!! 🤣🤣
SupprimerTrop bien ! Je les lirais bien un jour, les Claudine, j'ai appris leur existence en voyant le biopic sur Colette, il y a 2 ans (?). Tu comptes poursuivre ?
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Oui, je continuerai. Ensuite, tout dépend de ce que je trouve sur mon chemin.
SupprimerBon, tu me fais sentir vieille, j'ai connu le temps des pupitres... ;)
RépondreSupprimerSinon, j'ai beaucoup aimé moi aussi. Mais je n'aurais pas aimé avoir Claudine comme amie!
@Grominou: C'est trop mignon que tu aies connu les pupitres 😍 Ahah moi non plus je n'aurais pas aimé avoir Claudine pour amie. D'ailleurs, elle n'aurait pas été mon amie mais mon bourreau! 😃
SupprimerBon ben du coup, tu me donnes envie de retester avec les Claudine, visiblement je rate un truc avec cette autrice....
RépondreSupprimer@Shaya: Claudine à l'école me semble plus remarquable et important que la Chatte et Chéri, si ça peut te motiver.
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