lundi 2 février 2015

UGC Culte: Soleil vert (1973)

En 2022, New York est surpeuplée et accablée par la chaleur. La raréfaction des ressources est telle que la population tout entière se nourrit de petits carrés de protéïnes, les soylent, la variété la plus récente étant le soylent vert.

Frank, un policier, est amené à enquêter sur la mort d'un riche individu vivant dans un building de riches. Tellement riche qu'il pouvait se payer de vrais légumes et que l'appartement qu'il louait est fourni avec une jeune femme qui fait partie du mobilier...

Frank profite de l'enquête pour voler quelques légumes, mais il se rend bien compte que ce meurtre a quelque chose de bizarre. Le mort, qui était au conseil d'administration de la société Soylent, savait-il quelque chose qu'il ne devait pas ébruiter?


Soleil vert de Richard Fleischer est un film de science-fiction très intéressant. En plus, il m'a limite réconciliée avec Charlton Heston, c'est dire... Mais c'est surtout l'ambiance et le propos qui sont intéressants et sont encore (plus) d'actualité aujourd'hui qu'il y a quarante ans. Car on est propulsés ici dans un avenir très peu enviable, dans lequel la planète empoisonnée ne peut plus nourrir une population de plus en plus nombreuse. Notre protagoniste a la chance de partager une chambre avec son collègue libraire. Mais des dizaines de personnes vivent dans l'escalier de l'immeuble ou dans la rue... Le climat est perpétuellement chaud et humide et personne, à l'exception des richissimes, n'a vu un véritable aliment depuis des lustres.

La joie des deux protagonistes quand ils dégustent une tomate, un poireau et une pièce de bœuf est vraiment marquante. Quant à la mort du libraire, elle m'a fait piquer les yeux. Cette mise en scène est vraiment crédible et Edward G. Robinson joue très très bien! Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler, mais c'est un moment qui fait réfléchir et qui secoue...

Techniquement, il faut reconnaître que le film a vieilli. Les bagarres, notamment, sont ridicules. La tension est donc moindre pour le spectateur d'aujourd'hui. Mais les quarante ans écoulés depuis le rendent beaucoup plus inquiétant: car ce futur est celui que nous nous sommes tranquillement préparés pendant tout ce temps et que les émeutes de la faim ont déjà commencé...


Le personnage de Shirl, la jeune femme qui faisait partie du mobilier du mort, est également assez intéressant. C'est une petite touche d'humanité dans ce monde horrible, tout en étant aussi un élément très flippant. Car elle est vraiment fournie avec l'appartement: chaque locataire décide de la garder ou pas, et quand le policier vient enquêter, il ne lui demande pas qui elle est mais directement "You're furniture?"....


Soleil vert se termine sur une chute que je connaissais déjà, ce qui ne lui enlève pas de son impact. Le tout dernier plan m'a cependant laissée perplexe: faut-il y voir une référence à l'expression anglaise "to be caught red-handed"? Est-ce une manière de dire que Frank sera contraint au silence et [spoiler] jugé pour meurtre? Qu'on le fera passer pour un dangereux psychopathe afin que personne ne croie à ses propos? [fin du spoiler] Si vous avez des idées, partagez!

6 commentaires:

  1. Un film qui m'avait beaucoup frappée quand j'étais ado mais que je n'ai pas revu depuis!

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  2. Il a pas super bien vieilli, mais y'a quelques scènes chocs (j'ai été assez marquée par ces femmes mobiliers, le moment où ils mangent de la vraie nourriture...).
    Selon mon père la scène où le vieux va dans le "mouroir" est super impressionnante au cinéma, c'est vrai ?

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    1. Alors je ne peux pas juger si cette scène est impressionnante au cinéma en particulier, vu que je ne l'ai vu que au cinéma. Mais elle est très prenante et je pense que le cinéma la renforce comme il renforce tout: on est vraiment plongés dedans, on ne voit et on n'entend que ça... C'est vraiment l'apogée du film je crois, plus que la chute sur les aliments!

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