Un film de John Huston avec Marilyn Monroe et Clark Gable: quand j'ai vu Les Désaxés au programme d'UGC Culte, j'ai su que je ne pouvais pas le rater.
Le film n'a pas super bien vieilli et me semble typique des années cinquante (même s'il est sorti en 1961, ne chipotons pas à deux années près ^^), notamment dans sa musique et quelque chose de "désuément culcul" (comprenne qui pourra, je ne sais pas comment expliquer ça autrement). Il présente en outre pas mal de longueurs. J'ai donc un peu décroché, mais je voulais noter quelques idées à ne pas oublier.
Venue divorcer à Reno, Roslyn fait la connaissance de deux hommes, Guido, garagiste, et Gay, cow-boy, qui tombent sous le charme et lui proposent de les accompagner à la campagne. Roslyn accepte. Isabel, sa logeuse, se joint au petit groupe, puis Gay et Guido recrutent un autre cow-boy, Perce, pour aller capturer des mustangs dans la montagne.
Ce qu'il faut en retenir, c'est que les hommes bavent tous après Roslyn, mais qu'en même temps ils lui font confiance et "s'ouvrent" en lui parlant de choses réellement intimes, qu'elle reçoit avec attention et douceur.
Clark Gable est super charismatique. Il surjoue, certes, mais il est indéniablement charismatique et même assez troublant lorsqu'il est ivre. Marilyn Monroe joue avec beaucoup plus de retenue et son personnage est très changeant, ce qui le rend plus intéressant (malgré une mollesse certaine qui donne un peu envie de la secouer). Je suppose qu'elle représente l'innocence qui touche les hommes blasés et endurcis qu'elle rencontre, mais la mise en avant de son physique m'a laissée un peu perplexe. Est-ce que John Huston a voulu créer un personnage sexuel dehors mais introverti dedans? Est-ce qu'il a voulu montrer que les hommes s'arrêtent injustement au physique de cette fille? Sa présence à l'écran est en tout cas éblouissante, cette actrice était vraiment hors du commun. (Et comme une Scarlett Johansson ou une Gemma Aterton de nos jours, il serait réducteur de ne penser à elle que comme sex-symbol.) Mais l'acteur qui m'a le plus touchée, et que j'ai trouvé le plus juste dans son rôle, est Montgommery Cliff, que je ne connaissais pas. Il est beaucoup plus sobre et offre les scènes les plus tristes.
J'ai adoré le personnage d'Isabelle, la logeuse de Roslyn, une dame qui lui sert de témoin lors de son divorce et qui joue ce rôle... pour la 77ème fois! C'est vraiment un personnage attachant et drôle (et la seule à avoir trouvé sa place dans la société, ou à assumer en tout cas son statut de marginale). L'actrice est Thelma Ritter, que je ne connaissais pas non plus.
En anglais, le film s'appelle The Misfits. Dans le Collins, misfit est défini de la manière suivante:
1. a person not suited in behaviour or attitude to a particular social environnement
2. something that does not fit or fits badly
En effet, tous les personnages (sauf Isabelle, donc), sont bien des marginaux, des désaxés (j'aime bien la traduction française). Ils ne sont pas ou plus à leur place. Roslyn ne l'a jamais été, elle l'exprime clairement plusieurs fois. Les autres ont perdu leur place par la force du temps ou des choses: Guido est veuf et est revenu changé de la guerre, Perce ne sait plus trop où il va et Gay s'accroche désespérément à son propre cliché d'homme sans attaches. "Better than wages" répètent les trois hommes pour souligner qu'ils refusent tout emploi stable, synonyme de servitude et de dépérissement, avec humour au début puis avec de plus en plus d'acharnement, comme pour se convaincre que cela a encore du sens pour eux.
Du coup, j'ai réfléchi aux autres films de John Huston que j'ai vus et j'ai réalisé qu'il ne parle en fait que de ça, de gens qui cherchent leur place ou se cherchent tout court, des mal-dans-leur-peau. C'est peut-être pour ça que j'ai aimé ses films...
Ici, la fin du monde des trois hommes est symbolisée par la capture de ces six pauvres mustangs que Gay s'évertue à chasser à la fin, tout en évoquant la belle époque à laquelle les cow-boys rassemblaient les chevaux sauvages par centaines. Ils ne valent pas grand-chose, ces six pauvres chevaux maigres et fatigués, pleins de cicatrices, mais Gay s'obstine, il les aura et peu importe que Perce lui dise "It don't make much sense for six horses, does it?" et que Roslyn en soit bouleversée.
La scène des captures est très pénible parce qu'elle est plus réaliste que les cascades équestres dont on a l'habitude. Les chevaux ne hennissent pas à tout va mais poussent des cris étouffés, de vrais râles, qui m'ont donné la chair de poule. Le message du réalisateur est le bon, il veut montrer la barbarie de cette capture, mais j'espère qu'Hollywood travaillait déjà avec des chevaux cascadeurs à l'époque et qu'aucun animal n'a été maltraité sur le tournage. :(
Un film qui a du bon, donc, (et qui m'a encore une fois fait écrire un pavé), mais pas celui à privilégier pour découvrir ce réalisateur (ou Marilyn Monroe d'ailleurs).
Le film n'a pas super bien vieilli et me semble typique des années cinquante (même s'il est sorti en 1961, ne chipotons pas à deux années près ^^), notamment dans sa musique et quelque chose de "désuément culcul" (comprenne qui pourra, je ne sais pas comment expliquer ça autrement). Il présente en outre pas mal de longueurs. J'ai donc un peu décroché, mais je voulais noter quelques idées à ne pas oublier.
Clark Gable est super charismatique. Il surjoue, certes, mais il est indéniablement charismatique et même assez troublant lorsqu'il est ivre. Marilyn Monroe joue avec beaucoup plus de retenue et son personnage est très changeant, ce qui le rend plus intéressant (malgré une mollesse certaine qui donne un peu envie de la secouer). Je suppose qu'elle représente l'innocence qui touche les hommes blasés et endurcis qu'elle rencontre, mais la mise en avant de son physique m'a laissée un peu perplexe. Est-ce que John Huston a voulu créer un personnage sexuel dehors mais introverti dedans? Est-ce qu'il a voulu montrer que les hommes s'arrêtent injustement au physique de cette fille? Sa présence à l'écran est en tout cas éblouissante, cette actrice était vraiment hors du commun. (Et comme une Scarlett Johansson ou une Gemma Aterton de nos jours, il serait réducteur de ne penser à elle que comme sex-symbol.) Mais l'acteur qui m'a le plus touchée, et que j'ai trouvé le plus juste dans son rôle, est Montgommery Cliff, que je ne connaissais pas. Il est beaucoup plus sobre et offre les scènes les plus tristes.
1. a person not suited in behaviour or attitude to a particular social environnement
En effet, tous les personnages (sauf Isabelle, donc), sont bien des marginaux, des désaxés (j'aime bien la traduction française). Ils ne sont pas ou plus à leur place. Roslyn ne l'a jamais été, elle l'exprime clairement plusieurs fois. Les autres ont perdu leur place par la force du temps ou des choses: Guido est veuf et est revenu changé de la guerre, Perce ne sait plus trop où il va et Gay s'accroche désespérément à son propre cliché d'homme sans attaches. "Better than wages" répètent les trois hommes pour souligner qu'ils refusent tout emploi stable, synonyme de servitude et de dépérissement, avec humour au début puis avec de plus en plus d'acharnement, comme pour se convaincre que cela a encore du sens pour eux.
Du coup, j'ai réfléchi aux autres films de John Huston que j'ai vus et j'ai réalisé qu'il ne parle en fait que de ça, de gens qui cherchent leur place ou se cherchent tout court, des mal-dans-leur-peau. C'est peut-être pour ça que j'ai aimé ses films...
Ici, la fin du monde des trois hommes est symbolisée par la capture de ces six pauvres mustangs que Gay s'évertue à chasser à la fin, tout en évoquant la belle époque à laquelle les cow-boys rassemblaient les chevaux sauvages par centaines. Ils ne valent pas grand-chose, ces six pauvres chevaux maigres et fatigués, pleins de cicatrices, mais Gay s'obstine, il les aura et peu importe que Perce lui dise "It don't make much sense for six horses, does it?" et que Roslyn en soit bouleversée.
La scène des captures est très pénible parce qu'elle est plus réaliste que les cascades équestres dont on a l'habitude. Les chevaux ne hennissent pas à tout va mais poussent des cris étouffés, de vrais râles, qui m'ont donné la chair de poule. Le message du réalisateur est le bon, il veut montrer la barbarie de cette capture, mais j'espère qu'Hollywood travaillait déjà avec des chevaux cascadeurs à l'époque et qu'aucun animal n'a été maltraité sur le tournage. :(
Un film qui a du bon, donc, (et qui m'a encore une fois fait écrire un pavé), mais pas celui à privilégier pour découvrir ce réalisateur (ou Marilyn Monroe d'ailleurs).
Films de John Huston déjà chroniqués sur ce blog
Le Vent de la plaine (1960)
La Nuit de l'iguane (1964)
L'Homme qui voulut être roi (1975)
Gens de Dublin (1988)
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