jeudi 22 novembre 2018

La Proie (1938)

Chronique express!


Dans La Proie, Irène Nemirovsky raconte l'histoire d'un ambitieux, Jean-Luc Daguerne. Jeune, amoureux, il est bien décidé, quand on le rencontre, à épouser la femme qu'il aime et à faire ses preuves dans la vie. "Il se sentait de force à soulever le monde!" Pourtant, suite à une déception amoureuse, cette femme, fille d'un banquier, ne lui semblera plus qu'un moyen de monter dans la société riche et policée qui symbolise à ses yeux le pouvoir et la réussite.

Dès le premier chapitre, j'ai adhéré à ce roman pessimiste et triste. Irène Némirovsky décortique les sentiments et les ressentis avec une lucidité frappante et sans aucun jugement de valeur. On va voir Daguerne saisir les opportunités avec une conscience terrible de ce qu'il fait et ce désir insatiable de réussir, d'arriver, une rage de vaincre que l'auteur associe étroitement à la jeunesse, au désir de vivre, à la volonté d'avoir, à son tour, accès à tout ce que la génération précédente a eu. Et pourtant, le bonheur n'est pas au rendez-vous. Le bonheur n'est jamais au rendez-vous, il fuit ailleurs. Je me suis retrouvée dans ce roman plein d'un gâchis immense. Moi aussi, je voulais réussir et j'ai l'impression que je n'arriverai jamais à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit car à chaque étape je me retrouve aussi seule et gelée qu'à l'étape précédente. À la réflexion, il y a aussi quelque chose de Gatsby ici, mais dans un genre bien différent (Gatsby, au moins, a misé sur ce qu'il fallait). Comme toujours, Irène Nemirovsky parle de la perte de la jeunesse et de l'énergie qui l'accompagnait, c'est un vrai crève-cœur (peut-être même trop d'ailleurs, je crois connaître des personnes qui ont passé la soixantaine et qui vivent ça bien). Et bien sûr ça se termine mal. Voilà.
"On passe sa vie à se battre, haletant, désespéré. On se croit vainqueur, mais toutes les humiliations, tous les échecs, toutes les déceptions, les désastres, tout cela reste en vous, attend, et, un jour, remonte et vous étouffe, comme si la faiblesse de l’enfant veillait au cœur de l’homme, prête à le vaincre, prête à l’abattre."

4 commentaires:

  1. Elle est connue au fait cette autrice ? Ca fait plusieurs bouquins que tu chroniques d'elle mais je me rends compte qu'à part ici, je n'en ai jamais entendu parler.

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    1. @Tigger Lilly: Non, je crois qu'elle est plutôt méconnue, même si elle a eu le Renaudot à titre posthume en 2004 et que ça lui a donné de la visibilité. En plus de Grominou, qui m'a fait découvrir Suite française, je connais une seule autre personne qui l'a lue (et mes beaux-parents, mais dans leur cas c'est grâce à moi, je leur ai prêté Suite française en criant au chef d’œuvre ^^).

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  2. Je confirme pour sa célébrité, elle n'est pas hyper connue, mais en librairie on vendait de temps en temps le Bal. Mais tu me donnes envie de tester.

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    1. @Shaya: Ha merci pour l'info, je ne connais pas le Bal!! :D

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