Le Problème à trois corps de Liu Cixin est un de ces romans dont
on dit que sa réputation le précède. Je l'ai probablement repéré chez
Lorhkan, puis un ami me l'a offert.
Vert aidant, je me suis enfin plongée dedans...
Et c'est malheureusement une déception, mes amis.
Tout
d'abord, un mot sur l'intrigue. Tout commence en Chine en 1967,
charmante époque à laquelle la science se doit d'être révolutionnaire et
les scientifiques sont facilement accusés de favoriser l'impérialisme
étranger et la contre-révolution. Ye Winjie voit son père mourir sous
les coups des gardes rouges à cause de ses travaux. Elle-même considérée
comme contre-révolutionnaire, elle n'échappe à l'emprisonnement que
grâce à ses compétences en astrophysique, qui intéressent la direction
d'un gigantesque radiotélescope.
En gros, le livre suit le
parcours de Winjie: de manière linéraire au début, avec un récit à la
troisième personne, et par ses témoignages à la première personne à la
fin. Et entre les deux? On évolue essentiellement en compagnie de Wang
Miao, un ingénieur en nanomatériaux qui infiltre un
groupe de scientifiques subversifs jouant à un jeu en ligne chelou. J'ai ressenti un
désintérêt total pour ce personnage, même quand il est confronté à un
compte à rebours qui a de quoi vous faire perdre la tête. Je l'ai trouvé
froid, distant, incompréhensible, totalement à côté de la plaque...
Puis il est entré dans le jeu, et là, c'était foutu, il y avait des tas
de gens aux noms chinois que je ne retenais pas et leurs actions et
motivations étaient plus que floues.
Quant à la fin, elle m'a paru partir franchement en vrille (au cas où des esprits suspicieux
passeraient par là: non, ce n'est pas pas parce que c'était trop
scientifique...). C'était à peu près aussi gros que le coup de l'écolo
jusquauboutiste qui hérite de plusieurs milliards de dollars à la mort
de son papa pétrolier au détriment de ses frères...
Tout au
long du livre, les dialogues m'ont semblé bancals, comme si les personnages ne
répondaient pas aux questions qui leur sont posées ou réagissaient à des choses qui n'avaient pas été dites.
J'ai dû retourner en arrière plusieurs fois pour m'y retrouver. En outre, la rédaction française ne brille pas, avec des redondances agaçantes ("son activité principale consistait principalement à éjecter des
capsules" ou "maintenant" et "désormais" dans la même phrase) et des
erreurs ("Stanton ne semble pas avoir étendu la voix dans son
talkie-walkie"). Entendons-nous, je ne jette pas du tout la pierre à
Gwennaël Gaffric, le traducteur; je sais d'expérience que vous pouvez
remettre une traduction tout à fait correcte et découvrir, quand vous
ouvrez le livre des mois plus tard, que quelqu'un a salopé votre
travail. Mais Actes Sud, sérieux? Actes Sud qui fait des erreurs
d'accord? Actes Sud qui n'utilise aucun moyen typographique pour marquer
la poursuite du dialogue quand un personnage s'exprime sur plusieurs
paragraphes, ce qui est essentiel pour éviter que le lecteur ne croie
qu'on repasse au récit hors dialogue? Tout fout
le camp dans l'édition, mes amis.
Pour toutes ces raisons, et
malgré l'enthousiasme de bien d'autres lecteurs, je ne lirai pas les
deux tomes suivants. Et sur certains plans, c'est dommage, car il y a
aussi des sujets très intéressants dans ce roman: le poids des choix
individuels, la confiance (ou l'absence de confiance) en l'avenir, la
lutte pour la survie, la réaction face à des choses qui nous dépassent
([divulgâcheur] naissance de factions opposées parmi les Terriens ayant
conscience de l'existence des Trisolariens, chaque faction ayant des
attentes différentes envers ces derniers [fin du divulgâcheur]),
affrontement entre deux civilisations qui consiste beaucoup à parier sur
l'avenir ([divulgâcheur] les Trisolariens devant mettre 450 ans à
rejoindre la Terre, il ont le temps de la faire évoluer à leur avantage,
mais ils ne peuvent pas non plus tout prévoir [fin du divulgâcheur]).
Qui sait, je lirai peut-être la traduction anglaise de Ken Liu un jour,
si les copains font des retours enthousiastes des tomes 2 et 3...
Allez donc voir ailleurs si ce problème y est!
Tiens, je ne sais pas pourquoi, je ne m'attendais pas à voir ce livre ici. Bon, je n'étais déjà pas chaud malgré les bons retours, ce n'est pas comme ça que je vais changer d'avis. ^^
RépondreSupprimer"de manière linéraire" : c'est une linéarité littéraire, c'est ça ? =P
@Baroona: Je ne serais probablement pas allée jusqu'à l'acheter moi-même (il était dans l'énorme case "ce serait bien que je le lise un jour", en compagnie de milliers d'autres...), mais j'ai un ami génial qui a pris la décision pour moi. Pas sûre que tu y trouves ton compte, en effet, c'est assez froid...
Supprimer"Linéraire": merci d'avoir remarqué ça... J'adore... Je laisse... :)
Ha mince, oups. On en entend plutôt du bien de ce livre, même si pas parfait. Il est dans ma wish, je pense que j'aurais quand même besoin de me faire une idée par moi-même. Dommage pour la trad, ça ressemble à un manque de relecture, non ?
RépondreSupprimer@Tigger Lilly: Oui tout à fait, ça sent le manque de relecture ou la relecture précipitée! Je pense que tu apprécierais plus que moi si tu le lisais.
SupprimerOuais, pas convaincu de mon côté non plus, j'en suis resté à ce premier tome.
RépondreSupprimer@Xapur: Je n'avais pas réalisé que tu l'avais lu – ou j'avais oublié – et je suis donc allée lire ton billet! As-tu toujours envie de lire la suite, comme tu le disais à l'époque?
Supprimer@Xapur: Pardon, question inutile de ma part, vu que tu y répondais dans ton commentaire: tu as décidé d'en rester là. (Le temps que je lise ton billet, ma mémoire a effacé le contenu de ton commentaire, c'est fou.)
SupprimerPas parfait, mais j'avais bien aimé et lu toute la trilogie.
RépondreSupprimerComme toi cependant, j'a eu un peu de mal pour reconnaitre qui est qui au départ, mais une fois lancé, ça passe. Mais si ça ne se lance pas, aïe aïe aïe
@Le chien: Je suis impardonable, je n'avais pas vérifié si tu l'avais lu. Dans ta chronique de Forêt sombre, ta petite phrase "Le tome 2 a pris 200 pages qui auraient à mon sens du avoir le bon sens de ne pas exister" me conforte dans l'idée de ne pas continuer, mais tu donnes quand même envie, dans l'ensemble, c'est terrible.
SupprimerIl me semble que j'avais testé un autre roman de cet auteur, ça ne passait pas non plus pour moi mais je n'avais pas été au bout
RépondreSupprimer@Shaya: Mince. Je ne te conseillerais donc pas de tenter celui-ci, vu mon ressenti...
SupprimerJ’avais essayé de le lire,vu qu’on en parlait beaucoup,mais je crois ne pas avoir dépassé les premières pages.Inutile d’insister dans ces cas là. Je t’admire d’avoir fait une chronique là dessus.
RépondreSupprimer@Carmen: Ah, je suis d'accord avec toi! J'ai beaucoup de mal à laisser tomber une lecture en cours de route, malheureusement. Mais parfois, c'est la meilleure chose à faire, inutile de se forcer avec un loisir!
SupprimerAu moins on l'aura sorti de la PàL, c'est déjà ça :D
RépondreSupprimer@Vert: Ah oui, c'est déjà une belle victoire!! Je n'ai plus qu'un livre entré en PAL en 2018, maintenant (et c'est le deuxième tome de la Passe-Miroir, donc autant te dire qu'il sera lu avant le 31 décembre 😍).
SupprimerBravo, moi il me reste encore 4 livres numériques de 2018. Y'en a trois qui sont des énormes pavés, je me suis permise une dérogation. Et un essai, faut que je me remette dedans.
Supprimer@Vert: Mais elle compte, la pile numérique...? J'avoue, trois énormes pavés à six semaines de la fin de l'année, c'est difficile à achever.
SupprimerJe n'ai lu que la novella Terre errante et j'ai plutôt apprécié ce format court.
RépondreSupprimerJ'étais plutôt encline à lire d'autres textes de l'auteur, du coup on verra si je tente la trilogie ou autre chose.
Merci pour ton retour
(croise les doigts pour que mon com passe, je crois que blogspot considère que je suis un spam tous les 4 coms :p )
@Ite: Terre errante me tente pas mal, en fait. J'aime bien cette histoire totalement folle de planète déplacée par l'humain.
SupprimerC'est étrange, ces disparitions de commentaire, car je n'ai rien dans mes spams. Ils semblent avoir disparu pour de bon, évaporés dans les limbes du web.