En 2021, j'ai découvert Benoîte Groult avec un immense plaisir. Après une trouvaille dans une étagère de livres à donner en 2023, j'ai cette fois-ci trouvé un roman d'elle en bouquinerie, et je n'ai pas hésité.
La Touche étoile est paru en 2006, et il m'a pas mal rappelé La Part des choses, qui est paru bien plus tôt, en 1972. On y retrouve des éléments communs: des points de vue multiples, la Bretagne, la mer et la navigation, les relations entre hommes et femmes, l'insatisfaction, l'adultère et le vieillissement. Et le franc-parler formidable de cette autrice, bien sûr.
Le premier chapitre donne la parole à Moïra, le destin en grec. Les autres chapitres alternent entre le point de vue d'Alice, âgée de quatre-vingt ans et plus, et celui de sa fille Marion. J'ai parfois eu un peu de mal à me repérer, chacune ayant un mari et plusieurs enfants, mais leurs trajectoires sont assez différentes.
Alice est une féministe "historique", qui voit les portes se fermer progressivement à cause de son âge, et qui observe avec consternation les jeunes générations. Son arrière-petit-fils est tellement gâté qu'elle l'appelle "l'énergumène" ou quelque chose de ce genre, ce qui m'a bien fait marrer. Je pense qu'elle est l'avatar de l'autrice, car c'est là que j'ai le plus retrouvé la verve que j'avais déjà lue.
L'intrigue de Marion tourne essentiellement autour de sa relation adultère avec un Irlandais, Brian, qu'elle a fréquenté par intermittence durant des années et dont elle a eu un enfant. Moi, cet élément d'adultère me laisse assez perplexe. Je considère la fidélité comme une des bases du couple, donc je vois l'adultère comme quelque chose de malhonnête – et ce même si, dans ce cas précis, le mari de Marion la trompe allègrement, à répétition et y compris avec ses amies à elle! (Enfin, des "amies"... Le terme ne me semble pas terriblement adapté... 🙃) Mais j'ai tout de même apprécié son histoire aussi.
Les deux femmes parlent toutes deux du vieillissement, de la santé qui s'amenuise, des expériences vécues qui s'accumulent, et c'est drôle par moments et poignants par d'autres.
"Une des tristesses de l'âge, c'est de s'apercevoir que les pires traditions, les préjugés les plus révoltants, les comportements les plus condamnables et qui ont été brillamment condamnés depuis trente ans par des sociologues et des psys de toutes obédiences, survivent à tout imperturbablement."
Surprise: la fin du roman se termine par un plaidoyer en faveur de l'euthanasie humaine. J'avais totalement oublié que Benoîte Groult militait pour l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, et même que, selon sa page Wikipédia, elle a elle-même été euthanasiée. J'ai trouvé ça vibrant, quoi qu'un peu flippant. J'aimerais bien soutenir cette association, mais l'environnement reste ma priorité – accompagné en 2025, si mes moyens me le permettent, de journaux indépendants –, donc je doute d'y venir. Mais j'écris ça ici dans l'espoir de m'aider à me souvenir de franchir le pas un jour.
Autres livres de l'autrice déjà chroniqués sur ce blog
La Part des choses (1972)
Ainsi soit-elle (1975)
Mon évasion (2008)
J'ai trop envie de lire cette autrice !!
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