jeudi 23 octobre 2025

La Maison Tellier (1881)

Lorsque j'ai lu Toine et La Petite Roque, plus tôt cette année, je me suis penchée sur la bibliographie de Guy de Maupassant pour faire le point sur ce que j'avais déjà et ce qui me manquait, et je me suis rendu compte que je ne possédais pas le recueil La Maison Tellier. Ou, pour être exacte: j'avais un recueil de ce nom, mais il ne contenait pas l'intégralité des textes du recueil d'origine, tandis qu'il contenait d'autres textes qui n'en faisaient pas partie. 😱😱 J'ai fait une attaque. Puis, j'ai fait du tri, j'ai évacué deux ou trois recueils montés par des éditeurs modernes et j'ai racheté une édition correspondant à La Maison Tellier d'origine.

Et donc voilà, c'est parti pour quelques dizaines de pages en compagnie du grand Guy! La majorité des nouvelles avaient été publiées dans la presse avant la parution en recueil, tandis que trois étaient inédites.

La Maison Tellier (inédit)
Ce texte, qui donne son nom au recueil, est assez plaisant et rigolo. On est en Normandie, dans une petite ville, et la Maison Tellier, qui est une maison close, est fréquentée par des hommes très bien. Mais un soir, gros désarroi: la Maison Tellier est fermée "pour cause de première communion". Derrière le ton léger, Maupassant parle en fait de tas de choses malheureuses: l'exploitation des femmes, l'hypocrisie sociale, les destins brisés. Il y a une scène super triste dans l'église. Je l'avais forcément déjà lu, mais je n'en gardais aucun souvenir.

Sur l'eau (1876)
Grand classique de Maupassant, ce texte fait partie de ceux que j'ai lus en quatrième et qui ont marqué mon parcours de lectrice. J'y ai redécouvert, et conscientisé, le mot "épouvante". Il est magnifique et hyper efficace.

Histoire d'une fille de ferme (1881)
Une histoire désespérante sur la condition féminine. Vraiment, je pense que Maupassant, en parallèle d'une misogynie crasse, avait bien cerné combien les femmes partaient perdantes dans son monde.

En famille (1881)
Alors, ça, il fallait vraiment être Maupassant pour l'imaginer et surtout pour intituler l'histoire ainsi. 😂😂 Le début est pas mal désespérant à cause du parcours de raté du personnage principal (voir l'extrait ci-dessous), mais ensuite, quand on comprend (et on comprend bien avant lui 👀), ça devient assez drôle.

"C’étaient de grosses dames aux toilettes farces, de ces bourgeoises de banlieue qui remplacent la distinction dont elles manquent par une dignité intempestive ; des messieurs las du bureau, la figure jaunie, la taille tournée, une épaule un peu remontée par les longs travaux courbés sur les tables. Leurs faces inquiètes et tristes disaient encore les soucis domestiques, les incessants besoins d’argent, les anciennes espérances définitivement déçues ; car tous appartenaient à cette armée de pauvres diables râpés qui végètent économiquement dans une chétive maison de plâtre, avec une plate-bande pour jardin, au milieu de cette campagne à dépotoirs qui borde Paris."
Le Papa de Simon (1879)
Un autre texte que j'ai lu en quatrième et qui m'a marquée, quoique de manière très différente. Un bonbon de réconfort dans un monde de brutes. ❤️❤️❤️❤️

Une partie de campagne (1881)
Un autre grand classique de Maupassant, que je n'ai pas lu en quatrième pour le coup, mais que j'ai dû lire dans trois recueils différents au gré de mes trouvailles en bouquinerie. Je redoutais de le relire car je l'avais associé au viol, mais, en fait, ce n'est pas ça. C'est même triste, dans le genre "rencontres avortées". Comme souvent, Maupassant se moque des petits bourgeois de Paris...

Au printemps (inédit)
Un texte incisif et cruel, et surtout bien misogyne! Mais ça se lit avec plaisir.

La Femme de Paul (inédit)
Je crois que c'est la première fois que je rencontre des lesbiennes chez Maupassant. Je n'ai pas de certitude totale, mais le ton m'a semblé plutôt positif envers ces femmes. Le personnage principal, Paul, déteste l'homosexualité et il le dit, mais il m'a semblé que la voix narratrice s'incarnait plutôt dans les propos de sa femme, qui est plus large d'esprit. Bien sûr, tout cela finit remarquablement mal. C'est sympa, les guinguettes en bord de Seine, mais il peut s'y passer bien des drames. 👀

Et voilà, du Maupassant très constant dans sa qualité, comme d'habitude!

1 commentaire:

  1. "mais il ne contenait pas l'intégralité des textes du recueil d'origine" : il restait le texte éponyme quand même ? ^^
    Je connais hyper bien "La Maison Tellier"... mais seulement parce que c'est un groupe de musique que j'ai énormément écouté - pour être dans la thématique de la nouvelle, il faut écouter "La Chambre rose". Je me suis souvent dit qu'il faudrait que je lise le texte un jour, en hommage inversé, qui sait, ça arrivera peut-être un jour.

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