Après Shadow Moon, George Lucas et Chris Claremont ont poursuivi la suite du film Willow avec Shadow Dawn. Dans ce tome, l'éditeur Bantam Books mentionne une "histoire de George Lucas", donc je suppose que c'est Chris Claremont qui a fait la rédaction, mais cela n'est pas dit clairement.
L'histoire
Trois ans après les évènements du premier tome, Elora Danan vit cachée au sein d'une communauté de Nelwyns et travaille à la forge. Cette routine est anéantie lorsqu'elle découvre un sorcier Nelwyn essayant d'ouvrir une porte entre les Mondes pour invoquer une créature maléfique. Elora met fin à la cérémonie, fuit dans les parois de pierre de la grotte, rencontre une troll dont elle soigne la progéniture et finit par prendre la route de Sandeni, la ville où vit Thorn, son protecteur. En chemin, elle sauve un barde humain victime d'une autre cérémonie maléfique, cette fois-ci tenue par des elfes, et doit échapper aux terribles Maizan, des guerriers déterminés à conquérir le monde entier et obéissant au Grand Méchant de l'histoire.
Ce que j'ai aimé
Le roman se lit à peu près tout seul malgré son épaisseur. Je l'ai traîné pendant trois semaines, mais c'était uniquement parce que j'ai eu très peu de temps à lui consacrer.
Le point de vue change dans ce deuxième tome puisque nous ne sommes plus dans la tête de Thorn mais dans celle d'Elora. Âgée de 16 ans, elle est déterminée à jouer son rôle de princesse sacrée sauveuse de l'univers même si elle ne sait pas par où commencer. La magie se raréfie et les êtres humains et les êtres magiques commencent à se faire la guerre, ce qu'elle juge catastrophique. J'ai aimé son mélange de force et d'inexpérience et ses réflexions morales. J'ai aussi aimé les premiers émois amoureux avec Duguay et Luc-Jon. Et quand Thorn est enfin entré en scène, au bout de 350 pages je crois, j'ai été émue de le retrouver, mais surtout de les voir se retrouver.
L'humour est légèrement présent grâce aux répliques cinglantes de Rool et Franjean, les deux brownies du film, qui n'hésitent pas à flinguer leurs interlocuteurs sur place.
L'aventure est très présente, avec de nombreux rebondissements, des rencontres fortuites, des courses poursuites, de la magie, des combats... Et moi, j'adore l'aventure, surtout en fantasy. Donc, je me suis régalée.
Le traitement des personnages est très égalitaire, avec des femmes mises sur le même plan que les hommes. Elora a une légère intrigue sentimentale mais cela ne me semble pas un stéréotype, plutôt une étape de la vie d'un ou d'une ado; Khory est une guerrière formidable. Les rapports entre personnages sont riches et complexes et reposent sur une affection et une loyauté très fortes. Tout ce que j'aime.
Ce que je n'ai pas aimé
Shadow Dawn est terriblement confus. Franchement, je n'ai rien compris aux interactions entre les trois cercles (le cercle du Monde, le cercle de la Chair et le cercle de l'Esprit) et je n'ai pas compris qui est censé être Duguay. Le Seigneur de la Danse? Euh? En outre, des tas de choses sont posées là puis abandonnées: Elora quitte sa communauté de Nelwyns du jour au lendemain sans un regard en arrière; aucune mention n'est plus faite du méchant sorcier nelwyn dont elle a déjoué le plan; on ne sait ni comment ni pourquoi Ryn a fini prisonnier des humains; on ne sait ni pourquoi ni comment Elora peut rencontrer dans ses rêves un dragon mort. Tellement de choses sont abordées puis laissées de côté qu'on se demande parfois si on lit le livre fini ou les notes qui devaient ensuite permettre de l'écrire...
Shadow Dawn est aussi terriblement naïf sur certains points. Non seulement je n'ai pas compris qui est censé être Duguay, mais en plus il fait danser Elora au moment où le destin du monde se joue. Sérieux, les dragons sont en danger, le méchant est sur le point de gagner, et TAM Duguay et Elora se mettent à danser. Et puis il y a toutes les chansons d'Elora qui émeuvent les habitants de Sandeni au point de les inciter à résister à l'envahisseur. Chris, George, sérieux vous avez fumé quoi en écrivant ce scénar? 😂 Un autre exemple: la révélation sur l'identité de Ryn, qui est en fait le jumeau perdu de la princesse guerrière du premier tome, Anakeri, tombe comme un cheveu sur la soupe. Il y a des cadavres partout, le temps presse, et BAM on nous balance ça et tout le monde prend ça bien. Moi, la révélation m'a laissée bouche bée, alors j'ai été ébahie de voir les personnages prendre ça si naturellement et passer aussitôt à autre chose... en oubliant l'existence de Ryn et d'Anakeri par la même occasion. 😑
Conclusion
Bein, franchement, j'ai aimé et j'ai hâte de lire le tome 3. Mais ce roman aurait vraiment mérité d'être retravaillé, affiné et dégraissé. En comparaison, j'encense David Gemmell qui ne part pas dans tous les sens mais s'en tient à ce qu'il sait faire...