lundi 14 septembre 2020

Les Armoires vides (1974)

Chronique express!

Les Armoires vides est le tout premier livre d'Annie Ernaux. La narratrice, Denise Lesur, a réalisé un avortement clandestin et attend que l'embryon sorte. Les sens aux aguets, elle se remémore toutes les étapes de sa vie: l'enfance en Normandie, le café-épicerie de ses parents, la réussite scolaire, la rencontre d'un autre milieu social. La vie d'Annie Ernaux, en bref; quand on connaît l'autrice, on la retrouve à chaque page. Les thèmes abordés sont ceux de son œuvre tout entière: le décalage et le choc entre la classe sociale de ses parents et celle dans laquelle elle est entrée grâce à son instruction, l'influence du genre sur l'éducation, les rapports homme-femme.

Et pourtant, pour la première fois, cette autrice que j'adore ne m'a pas convaincue. La rédaction, quasiment de l'écriture automatique, est assez difficile à suivre. Les pages sont denses, sans retours à la ligne, et on passe un peu du coq à l'âne. En outre, la narratrice exprime des sentiments négatifs, notamment un profond mépris de sa famille, dans lequel je me retrouve en partie mais qui m'a néanmoins mise mal à l'aise. Attention, ce livre est puissant, je ne le nie pas; il n'a pas de tabous et quelques lignes des toutes premières pages sur l'avortement donnent des frissons d'horreur – raison pour laquelle j'ai écrit que la narratrice "attend que l'embryon sorte" ci-dessus: c'est sale et sordide, mais c'est ça. Mais j'ai eu du mal à m'accrocher et je vous conseille plutôt de lire La Femme gelée si vous vous intéressez à la condition féminine, ou bien La Place, Une Femme ou Les Années si vous êtes plutôt sociologie.

Livres de l'autrice déjà chroniqués sur le blog
La Femme gelée (1981)
L'Écriture comme un couteau (2003)
Les Années (2008)

10 commentaires:

  1. Le problème d'un premier livre du coup ? Un style qui s'est amélioré par la suite ?

    (elle a l'air vraiment grande cette armoire sur la couverture. 👀)

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    1. @Baroona: Oui, je pense que c'est lié au fait que c'était son premier. Tous les bouquins d'Annie Ernaux sont extrêmement personnels et rédigés d'une manière parlée (on sent l'oralité), mais ils sont beaucoup plus lisibles.
      Tu as vu? C'est dingue. Une armoire de la taille d'un mur.

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  2. Pas lu celui-ci, je garde un souvenir fort de La Place et de Passion Simple. Il faudrait que je m'intéresse à La femme gelée.

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    1. @Marilyne: J'ai justement noté Passion simple suite à ton commentaire sur la Femme gelée. Le prochain, pour moi, sera Journal du dehors, que j'ai déjà.

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  3. Je m'étais noté La femme gelée à cause de toi :p je reste avec ça.

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    1. @Tigger Lilly: Oui. C'est un beau livre et le contenu te plaira (enfin, t'indignera).

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  4. Je note donc de découvrir Annie Erneaux par d'autres titres que celui-ci !

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    1. @Shaya: Je pense que La femme gelée est le plus important et le plus suceptible de te plaîre.

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  5. j'ai lu son livre où elle parle de sa mère (Une mère le titre? je sais plus... mémoire en carton mouillé), du deuil. Assez dur du coup pour moi, mais bon.
    Une autrice à lire je pense

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    1. @Itenarasa: Je pense que c'est Une feme celui sur sa mère. Oui, elle est vraiment intéressante. Je viens (hier!) d'en lire un autre d'lele, Journal du dehors, et c'était super aussi, dans un tout autre genre. Il n'y a vraiment que celui-ci qui m'a déplu.

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