lundi 17 mai 2021

The Right Hand of Doom and Other Tales of Solomon Kane (2007)

Une dizaine d'années après ma première lecture, j'ai retrouvé avec un immense plaisir Solomon Kane, un des personnages de Robert E. Howard. Cette édition Wordsworth réunit dix nouvelles publiées dans Weird Tales entre 1928 et 1932 ou bien de manière posthume en 1968 et ayant pour personnage principal un mystérieux puritain...

Dans le premier texte, Solomon Kane (aussi connu sous le nom Red Shadows), Solomon Kane poursuit un brigand français jusqu'au fin fond de la jungle africaine, où il assistera à un exploit de magie noire accompli par N'Longa, un sorcier qui lui offrira un bâton magique, un "bâton ju-ju". J'adore N'Longa, qui a une très haute opinion de lui-même! On le retrouve dans The Hills of the Dead, une histoire de vampires...

Skulls in the Stars et The Right Hand of Doom sont des histoires de meurtre, la deuxième évoquant fatalement Maupassant à quiconque a lu La Main d'écorché. Vient ensuite Rattle of Bones, une histoire délicieusement prévisible se déroulant dans une auberge.

The Moon of Skulls est un texte que Clark Ashton Smith et H. P. Lovecraft auraient pu concevoir, même s'ils auraient, bien entendu, employé un style très différent. Nous sommes au fin fond de l'Afrique, dans un coin isolé et inexploré par les blancs et que même les habitants noirs redoutent. Isolée de tout, insoupçonnée du monde, se dresse une ville gigantesque et majestueuse, rescapée d'une époque que l'humanité a oubliée, et à sa tête règne Nakari, une reine implacable et sanguinaire.

Dans The Footfalls Within, texte Lovecraftien s'il en est, c'est dans une autre jungle que Kane est confronté à une créature démoniaque, libérée de sa prison antidéluvienne par un vendeur d'esclaves trop peu prudent...

Wings in the Night met en scène un village africain harcelé par un terrible fléau, des créatures ailées affamées de chair humaine.

Dans Blades of the Brotherhood, point de magie, mais une histoire de règlements de compte et de pirates, avec un combat spectaculaire dans lequel Kane tue l'homme qu'il traque depuis deux ans après avoir fait avancer, centimètre par centimètre, une lame contre son cœur. Une description puissante qui vous donnerait presque pitié de ce vil individu...

Les nouvelles se concluent par Death's Black Riders, un texte incomplet – à peine une page – que j'aime beaucoup.

J'aime beaucoup le fait que Howard ait mis Kane en scène dans notre monde, mais à une époque où, les temps de trajet étant dix mille fois plus longs que maintenant et la planète dix mille fois moins cartographiée, on pouvait sérieusement imaginer découvrir des créatures surnaturelles ou des cités perdues. Il a aussi repris des mythes grecs ou hébreux, comme les harpies de Wings in the Night ou la figure du roi Salomon. D'ailleurs, le prénom de Solomon a son importance.

En parallèle, Kane reste un puritain fanatique, Howard le dit clairement, mais c'est très léger (rien à voir, par exemple, avec le Nicolas Eymerich de Valerio Evangelisti!); il ne condamne pas tellement les autres religions, se contentant de traiter les vendeurs d'esclaves musulmans d'infidèles (ce qu'ils lui rendent bien, me semble-t-il), mais est enclin à invoquer Dieu et la Bible à de multiples reprises, même si Howard ne nous cache pas (contrairement à Kane qui l'ignore lui-même) que sa mission divine est une bonne excuse pour exercer la vengeance et tuer (et ça, c'est comme Nicolas Eymerich!). Mais c'est aussi un homme doux et sincèrement bienveillant. Et il poursuit un appel incompréhensible qui l'incite à errer toujours, généralement vers l'est, sans savoir où il va...

Cette édition Wordsworth comprend aussi trois très courts récits en vers: un sans titre, The One Black Stain, qui mentionne Francis Drake et nous permet ainsi de dater les évènements dans la deuxième moitié du XVIe siècle, et Solomon Kane's Homecoming. Howard était un excellent poète, c'est ce qui m'a le plus séduite lorsque j'ai lu Conan, dont certaines nouvelles comprennent des strophes en vers, et c'est un plaisir de le lire.

Évidemment, les aventures de Solomon Kane ne plairont pas à tout le monde, mais si vous aimez les aventuriers solitaires, le surnaturel qui ne fait pas peur et surtout le bruit et la fureur, c'est merveilleux.

Allez donc voir ailleurs si ce puritain y est!
L'avis de Lorhkan

12 commentaires:

  1. Vous avez débloqué le trophée : citer Maupassant dans la chronique d'un recueil de fantasy américain.

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  2. Intéressant, je ne connais que de nom, merci de la découverte !

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    1. @Shaya: Je pense que Conan fait de l'ombre aux autres personnages de Howard. Il y a eu un film sur Solomon Kane il y a plusieurs années, mais je crois qu'il est resté confidentiel. (Et ça n'a pas grand-chose à voir, de toute façon.)

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  3. Mince, j'allais essayer d'évoquer Nicolas Eymerich, mais tu l'as déjà fait. Bon, du coup je me rabats sur "si vous aimez les aventuriers solitaires" : comme Bob Morane ?

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    1. @Baroona: C'est tout à fait ça 😂 Mais en plus sanglant, je pense!

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  4. C'est un excellent recueil, et la version française n'a pas à rougir, notamment parce que traduit et longuement préfacé par Patrice Louinet, spécialiste mondial sur Howard.
    En tout cas, j'ai beaucoup aimé, "Les ailes de la nuit" et "La lune des crânes" sont deux textes géniaux, le duel au couteau dans "La flamme bleue de la vengeance / Blades of the brotherhood" est aussi un moment très fort.
    Et puis le personnage de Solomon Kane bien sûr, plus complexe que ce qu'on imagine et très charismatique dans son fanatisme qui confine à la folie pure. Un très bon moment de lecture. Il faut que je lise plus de Howard...

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    1. @Lorhkan: J'avais totalement oublié que tu l'avais lu. Pourtant, j'avais commenté à l'époque!! C'est génial, la version française a l'air extra. Et on ne se lasse pas de Patrice Louinet qui parle de Howard. 😍
      "Il faut que je lise plus de Howard..." --> Comme je disais en commentaire de ton article, "il faudrait que je relise tout ça, mais où trouver le temps, houin, houin". Mais il ne faut pas désespérer! J'y suis parvenue, trois ans plus tard!

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    2. Keuwah ? Trois ans ?? Déjà ??? Ça passe trop viiiiite !... :D
      Du coup, ça fait trois ans que je n'ai pas lu de Howard, il va falloir que j'y remédie rapidement... ;)

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    3. @Lorhkan: "Déjà ??? Ça passe trop viiiiite !" --> Mais ouiiiiii, c'est dramatique!!

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  5. Intéressant... pas sûr que ce soit ma came en ce moment par contre ^^

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    1. @Vert: Je ne suis pas sûre que ce soit ta came de manière générale, en fait 😃 Mais quelqu'un te l'offrira peut-être, un jour, en te disant "j'ai peur que tu n'aimes pas"...

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