jeudi 27 mai 2021

Ford County Stories (2009)

J'ai découvert John Grisham il y a plusieurs années avec ce recueil de nouvelles, que j'avais récupéré auprès d'un copain, et comme ma pile à lire est microscopique et que je peux m'offrir le luxe de faire des relectures cette année, j'ai eu envie de le relire...

Blood Drive: Trois hommes quittent le comté de Ford, dans le Mississipi, en urgence pour donner leur sang à une connaissance, un ouvrier qui a eu un grave accident et qui est hospitalisé à Memphis. Sauf que... rien ne se passe comme prévu, à commencer par le fait que l'un d'entre eux engloutit bière sur bière dans la voiture. Ce texte est très drôle dès les premières pages, où Grisham décrit la propagation des rumeurs au sein de la ville et les réactions collectives. Quand les trois arrivent à la boîte de strip tease, je me marrais carrément. C'est une bonne entrée en matière. Grisham sait clairement y faire!

Fetching Raymond: Une femme en fauteuil roulant et ses deux fils quittent le comté de Ford pour rendre visite au cadet de la fratrie, emprisonné à deux heures de là et, on l'apprend assez vite, condamné à être exécuté le soir même. Là aussi, c'est très drôle, car Grisham rend le petit frère tout à fait horripilant. Puis... Bon... On rigole moins à la fin...

Fish Files: Un avocat de Clanton, le siège du comté de Ford, reçoit une offre alléchante concernant un vieux dossier-poisson qu'il avait totalement oublié. Les dossiers-poissons, ce sont les dossiers qu'il met dans un coin et qui puent de plus en plus avec le temps. 😅 Là, une entreprise offre à ses clients une petite fortune pour régler une vieille affaire de blessure engendrée par ses produits (un genre de tronçonneuse je crois, je ne me souviens plus des détails). Ce texte est moins bon que les deux précédents, mais quand même sympa.

Casino: Un habitant peu recommandable de Clanton s'invente des origines indiennes pour se lancer dans la grande aventure du casino. Un autre habitant, désespéré par le départ de sa femme qui l'a quitté pour le premier personnage, commence à fréquenter ledit casino. Et il découvre qu'il est très bon aux cartes. Très, très bon. Un texte drôle, une fois de plus, grâce à tout le processus de revendication abusive des origines indiennes et l'ironie mordante de l'auteur.

Michael's Room: Un avocat de Clanton est kidnappé pendant ses courses et obligé à affronter les conséquences d'une affaire qu'il a traitée des années plus tôt. Ce texte est plus sombre mais aussi moins marquant. On perd rapidement toute empathie pour le personnage principal...

Quiet Haven: Le nouvel employé d'une maison de retraite réunit discrètement des éléments gênants pour ses collègues, comme des photos montrant des problèmes d'hygiène, et se rapproche d'un vieux monsieur aux ardeurs libidineuses très gênantes. Comme dans Fish Files et Casino, on se passionne pour les agissements d'un gars super malhonnête, et la scène où il emmène son octogénaire voir un film porno au cinéma en plein air est assez savoureuse...

Funny Boy: En 1989, Adrian Keane, un habitant blanc de Clanton, parti en Californie depuis des années, revient en ville, soulevant un raz-de-marée de rumeurs. Il serait terriblement malade et condamné... Sa famille ne voulant pas de lui, il s'installe chez une femme noire âgée, Emporia, dans la partie de la ville habitée par les noirs. Grisham offre ici une histoire de qualité, simple et riche à la fois. Il y parle du SIDA, d'homosexualité, de rejet des différences, de ségrégation raciale et de deux êtres humains qu'on ne peut qu'aimer. Il fait toujours preuve de beaucoup d'humour (les rumeurs de Clanton, je vous jure 😂) , mais impossible de rester de marbre face à cette souffrance et cette amitié.

"The thought of a Keane living across the railroad tracks in the black section was hard to accept, but then it seemed logical that anyone with AIDS should not be allowed on the white side of town."
Traduction maison: "L'idée qu'un Keane vive de l'autre côté de la voie ferrée, dans la partie noire, était difficile à accepter, mais il semblait logique que quelqu'un qui avait le SIDA ne soit pas autorisé à rester du côté blanc de la ville."

Une simple phrase, et Grisham en dit beaucoup...

Vous avez peut-être remarqué qu'il y a beaucoup d'avocats dans ce recueil. Grisham a fait des études de droit et les utilise massivement dans ses bouquins, il y a toujours des détails ou des imbroglios juridiques et ça fait partie du charme. Dans Fetching Raymond, c'est même spectaculaire! J'aime beaucoup ce mélange d'humour, de lucidité quant à l'état de la société du Mississipi et de suspense. Je trouve Grisham très fort, décidément; il réussit à créer des "bouquins de plage" super intéressants et pas bêtes du tout et je lui tire mon chapeau!

Autres livres de l'auteur déjà chroniqués sur le blog

12 commentaires:

  1. Je ne sais pas si j'aurais le temps ou l'occasion de lire cet auteur un jour mais ça a l'air bien sympa en tout cas ^^

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    1. @Tigger Lilly: J'espère que tu le liras au moins une fois, il en vaut la peine. 😊

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    2. Tout pareil que Tigger Lilly, avec une petite pointe d'intérêt pour le format nouvelle en plus ^^

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    3. @Vert: Génial! J'espère que tu y viendras!

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  2. Moi qui croyais que John Grisham était un auteur de polars, j'apprends que c'est en fait un auteur comique. =O

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    1. @Baroona: Un auteur juridicomique. Une rareté!

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  3. Pareil ce n'est pas du tout l'image que je me faisais de cet auteur ! ^^ j'ai eu un de ses romans qui a traîné longtemps dans ma bibliothèque (je ne sais même plus le titre), mais je me suis rendue à l'évidence que la probabilité que je le lise était très faible, et je m'en suis séparée :-/

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    1. @Ksidra: Il ne reste qu'à espérer que c'était un roman dans lequel il s'est raté et que tu n'as donc, toi, rien raté! 😃 Mais je te conseille de lui redonner sa chance à l'occasion.

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  4. Ah ben je vais dire comme les autres, je ne savais pas qu'il faisait du comique Grisham, pour moi c'est du polar !

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    1. @Shaya: Je pense que ces nouvelles sont différentes de ses romans, qui sont plus 100% polar. Ici, tu as vraiment une histoire prenante, mais ça tient moins en haleine et l'humour ressort plus. Cela dit, c'est surtout la première qui est drôle.

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  5. Merci pour le tuyau, Alys. Suite à ton texte, j'ai acheté la version électronique anglophone et j'ai lu "Blood Drive" hier soir. Je me suis délecté. J'ai vraiment aimé la construction. Plus l'histoire avance, plus c'est drôle (et fou).

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    1. @Éloi: Génial!! Je suis ravie!! J'en ris encore, de cette nouvelle!! 😃

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