dimanche 24 juillet 2022

Ursula K. Le Guin. De l'autre côté des mots (2021)

Peu d’écrivains suscitent en moi un intérêt tel que je lis des livres sur eux: seulement J.R.R. Tolkien, Émile Zola et Anne Rice, je crois. S’y ajoute maintenant Ursula K. Le Guin, car notre Vert nationale a participé à cette super monographie publiée par Actu SF et dirigée par David Meulemans. J’ai donc franchi le pas et je me suis attaquée à ces 430 pages grand format, divisées en 31 interventions sur les sujets les plus variés: ses romans, sa vie, le tao, son travail de traduction… Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Le Guin, en somme.

Tous les textes ne m’ont pas autant parlé les uns que les autres, bien entendu. Celui de Florence Klein sur Lavinia, par exemple, m’a surtout rappelé à quel point je connais mal les mythologies antiques. Celui de Jeanne A. Debats m’a confortée dans l’idée que cette autrice ne fait pas du tout pour moi. J’ai trouvé plusieurs fois qu’on qualifie facilement Le Guin de féministe, alors que, pour ce que j’ai pu en voir dans la Main gauche de la nuit, elle n’était pas dans une démarche féministe (au sens de: se voyant comme une démarche, militante, engagée, destinée à faire passer un message). M'enfin, ça ne fait qu'un bouquin, ce n'est pas grand-chose pour fonder mon opinion.

Dans l’ensemble, toutefois, cette monographie est passionnante et brosse le portrait d’une femme hors du commun, avec une intelligence très fine et une multitude d’intérêts. J’ai l’impression qu’elle a tout fait dans sa vie, c’est impressionnant. Elle devait donc également avoir une capacité de travail non négligeable, d’autant que je crois savoir qu’elle avait plusieurs enfants (mais combien? La monographie n’en parle pas et Wiki non plus!) et que c’est majoritairement elle qui s’est occupée d’eux. Pour tout vous dire, ma lecture m’a évoqué l’exposition de la BNF sur Tolkien en 2019, dont il ressortait clairement que Tolkien était totalement hors du commun, une intelligence de géant. Eh bien voilà, Le Guin aussi, elle est du même calibre. L’humanité sort des cerveaux comme ça une fois sur un million. 🤯

Ma seule critique sérieuse concernant cette monographie porte sur l'absence de présentation des auteurs et autrices. Quelques lignes auraient été utiles pour savoir de qui il s'agit. Certains sont célèbres, comme Jeanne A. Debats, mais dans l'ensemble je ne connaissais personne.

En attendant que la BNF nous sorte une exposition à tomber sur Le Guin, je suis ravie d’avoir acheté le Bifrost qui lui est consacré. J’espère donc retrouver Madame Gros Cerveau dans l’année. Et puis, un jour, ce serait bien que je lise un autre de ses bouquins, quand même.

Livres de l’autrice déjà chroniqués sur le blog
The Left Hand of Darkness (1969)
Le Langage de la nuit (1973-1977)

8 commentaires:

  1. "En attendant que la BNF nous sorte une exposition à tomber sur Le Guin" -> Ouiiii !

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    1. @Tigger Lilly: Tu imagines, il y aurait même un fond sonore!! 🤩

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  2. "son travail de traduction" : je m'attendais tellement à ce que tu en parles plus loin, j'ai été surpris que ça ne soit pas le cas. ^^
    "elle n’était pas dans une démarche féministe (au sens de: se voyant comme une démarche, militante, engagée, destinée à faire passer un message)" : remettre en cause le modèle établi et réfléchir à une norme différente, ça me paraît pourtant correspondre parfaitement à ta définition.
    "Et puis, un jour, ce serait bien que je lise un autre de ses bouquins" : Terremer ! (bon, c'est plutôt 6 livres, mais 🤫)

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    1. @Baroona: Ahah, à vrai dire la partie traduction m'a laissée un peu perplexe, car elle a fait de la traduction relais. En d'autres termes, elle a traduit une traduction. Genre elle a traduit le Tao, mais depuis la traduction espagnole car elle ne lisait pas le chinois (à vérifier concrètement, je ne m'en souviens déjà plus à 100%). Je comprends bien que c'est parfois nécessaire dans la vie réelle, par exemple pour les organisations internationales, mais, en littérature, ça me semble une démarche sans intérêt, voire mensongère...
      Mince, j'aurais dû préciser "au sens de: se voyant comme une démarche, militante, engagée, destinée à faire passer un message au sujet des droits des femmes et de l'égalité hommes-femmes"!!! 🤣 Je savais que quelqu'un m'épinglerait sur ce passage!!
      "c'est plutôt 6 livres": On ne dit rien. Ça n'existe pas, les livres multiples. 🤫😇

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  3. "Elle devait donc également avoir une capacité de travail non négligeable, d’autant que je crois savoir qu’elle avait plusieurs enfants"
    Il me semble que c'est dans le documentaire Worlds of Ursula Le Guin qu'il est expliqué qu'elle avait son temps à elle où elle s'enfermait dans le bureau pour écrire. J'espère ne pas avoir inventé l'anecdote 😅

    Pour l'aspect féministe je pense que La main gauche de la nuit marque le début de sa démarche et son féminisme s'apprécie mieux sur l'ensemble de son œuvre (en lisant ses essais notamment ou en regardant son évolution au fil de son écriture). Tehanu me semble beaucoup plus intéressant à ce titre (mais je dis ça je dis rien 😇 )

    (et c'est marrant parce que je suis justement en train de la lire cette monographie 😂)

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    1. @Vert: Ok merci pour les infos très pertinentes! Toi qui connais bien l'autrice, tu dois te régaler avec cette monographie. 🥰

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  4. Pas pour moi mais ça a l'air passionnant à lire tout de même !

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    1. @Shaya: Tout à fait. Si un jour tu as de la place pour 400 pages grand format... ^^

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