jeudi 14 août 2025

Les Producteurs (2015)

Après avoir lu avec une jubilation rare Les Falsificateurs, puis avec plaisir mais aussi une bonne dose de scepticisme Les Éclaireurs, j'ai entamé le troisième et dernier roman de cette série d'Antoine Bello avec autant d'enthousiasme que de crainte. Allais-je retrouver le plaisir que m'a procuré cet excellent auteur? Ou bien la série s'était-elle essouflée pour moi?

Par bonheur, je me suis régalée!! Ahlàlà. Quelle satisfaction. Même si la découverte n'est, inévitablement, plus au rendez-vous, j'ai jubilé comme une gamine en voyant Sliv, notre héros islandais, œuvrer au comité directeur du CFR pour concrétiser des falsifications ou des manipulations diversifiées et dingos. De l'élection de Barack Obama au thème de n'importe quel jeu vidéo, la réalité connue vaccille. Les choses se sont-elles vraiment passées comme nous le croyons en raison d'une succession de hasards et de faits plus ou moins indépendants les uns des autres, ou le CFR tirait-il les ficelles en coulisses, partout et tout le temps?

Ce doute typiquement belloïen est hautement réjouissant, et donne ici lieu à de nouvelles interrogations en raison de la disparition d'une mallette contenant de nombreux dossiers de falsification retoqués, qu'un agent a malencontreusement oubliée dans un taxi. Dans les mauvaises mains, ces dossiers peuvent constituer l'arrêt de mort du CFR, voire provoquer d'énormes remous. Mais que faut-il penser lorsque certains de ces scénarios deviennent réalité? La personne les ayant dérobés envoie-t-elle un message au CFR? Ou bien la réalité n'est-elle tout simplement pas si éloignée de la falsification?

Et quand on joue un rôle dans la falsification, est-ce qu'on devient son personnage?

En outre, ce roman constitue une belle occasion de revivre l'actualité des années 2007-2012, mais sous la plume claire et acérée de Bello, qui condense et explique tout d'une manière étonnamment facile à comprendre. C'est merveilleux. Et puis, la falsification est passée sur Internet, en cette période, et les thématiques résonnent fortement avec celles de notre époque et les élections de Trump – ainsi qu'avec l'usage de certains chimpanzés dans le dernier Superman, tiens. J'aimerais bien que Bello nous sorte un roman sur les années 2020, même si ce serait sans doute un chouïa anxiogène.

En plus, il y a beaucoup d'humour, comme dans les tomes précédents:

"Détestant travailler en avion, j'en profitais généralement pour conjuguer deux de mes passions en visionnant sur mon ordinateur des navets cinématographiques doublés et sous-titrés à la fois. Je me targue ainsi d'avoir vu ce monument de finesse qu'est Independance Day dans toutes les combinaisons de langue offertes sur DVD. Qui n'a jamais entendu Will Smith s'exclamer « Bienvenue sur Terre ! » en néerlandais avec des sous-titres en bengali passe à côté du chef-d'œuvre de Roland Emmerich et, accessoirement, d'une occasion d'apprendre à marchander dans les bazars de Calcutta."
Je me meurs, je me meurs.

Plus loin, un des personnages évoque aussi Transformers, dans une conversation sur la rédaction de scripts de blockbusters. 😂😂 Et James Cameron est évoqué au sujet d'un film tiré de l'exploration d'une épave (épave créée de toutes pièces par le CFR, bien sûr! Et non, ce n'est pas celle du Titanic 😂).

Bref, ce roman a été un régal, je me prosterne devant Antoine Bello et je vous recommande, une fois de plus, de lire cet écrivain!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Exprime-toi, petit lecteur !