samedi 22 novembre 2025

Au cœur des Méchas (2024)

Chronique express!

"Vous êtes là pour le combat, vous aussi ? Pour voir le Mécha se battre ? On peut attendre ensemble, si vous voulez. C'est votre premier ? Pas moi. Je suis comme qui dirait une habituée."
C'est sur ces mots que s'ouvre cette nouvelle de Denis Colombi. En attendant qu'un Mécha et un Titanide se tapent dessus, une femme raconte tranquillement sa vie à un inconnu dans le public. Le fait qu'elle soit "une habituée" est un léger euphémisme: elle a carrément travaillé durant des années DANS des méchas, avec toute l'équipe technique qui veille à faire tourner ces grosses machines qui défendent la Terre contre l'invasion de créatures gigantesques.

J'avais repéré ce texte chez le Chien Critique grâce à une interview de l'auteur, et c'est une franche réussite. Évidemment, le sujet des Méchas parle à l'hystérique de Pacific Rim qui sommeille en moi, mais, au-delà de ça, tout est très bien fichu: le ton oral qui est naturel mais passe bien à l'écrit, le parcours et l'évolution de la protagoniste, la manière dont on commence à comprendre que quelque chose cloche et dont la perception des Méchas évolue au sein de la société, les sujets sociaux abordés, l'aspect humain dans la machine gigantesque (le Mécha à proprement parler, mais aussi le système administratif et technique derrière), et même l'aspect "autre" des Titanides, qui sont très peu décrits mais ont néanmoins beaucoup de consistance. Un condensé de bonnes choses, en somme, vu que le texte fait à peine 74 pages en petit format! J'ai adoré et je l'ai lu d'une traite. Remercions donc Vert pour ce prêt, retenons un auteur à suivre et félicitons l'éditeur, 1115!

Allez donc voir ailleurs si ces méchas y sont!
L'avis du Chien critique
L'avis de Vert

lundi 17 novembre 2025

Feux (1936)

De Marguerite Yourcenar, j'ai lu et adoré Mémoires d'Hadrien et L'Œuvre au noir, deux romans magistraux absolument stratosphériques. Cette fois, je me suis penchée sur Feux, un court recueil de neuf textes sur des personnages antiques, entrecoupés de réflexions personnelles.

Le thème est celui de l'amour et de la souffrance qu'il engendre lorsqu'il n'est pas réciproque.

Et le titre est Feux.

Donc, oui, Marguerite Yourcenar parle ici des feux de l'amour. 🤣🤣🤣

Après cette petite blague télévisée (et dire que je crois n'avoir jamais vu le moindre épisode des Feux de l'amour 🤣🤣), passons à la liste des textes.

Phèdre ou le désespoir
Achille ou le mensonge
Patrocle ou le destin
Antigone ou le choix
Lena ou le secret
Marie-Madeleine ou le salut
Phédon ou le vertige
Clytemnestre ou le crime
Sappho ou le suicide

Je sors de cette lecture moins enthousiaste que des précédentes, et ce pour deux raisons. D'une part, je connais mal l'Antiquité classique, donc j'ai eu du mal à situer certaines histoires. Qui diable sont Lena et Phédon? Et Clytemnestre et Sappho, ça me dit quelque chose, mais quoi précisément? Même le texte sur Achille, personnage super connu, véritable star de l'Antiquité, parle d'un aspect de sa vie dont je ne savais rien. D'autre part, je n'ai pas toujours bien suivi ce que Yourcenar en disait. Ainsi, j'ai lu Phèdre deux fois et je suis bien incapable de vous dire de quoi ça parle. 

D'un autre côté, j'ai beaucoup aimé Antigone, qui résonne évidemment avec le texte d'Anouilh paru plusieurs années plus tard, Lena qui est tout simplement tragique (et ce d'une manière que je comprends très bien), et Clytemnestre, qui m'a, peut-être paradoxalement, pas mal rappelé la Phèdre de Racine. Et la plume de Yourcenar est dingue même quand je ne comprends pas trop où elle veut aller. Il y a une élégance, une force et un souffle hors de l'ordinaire dans ses écrits, et un sens de la formule assez stupéfiant. Je l'ai vraiment lu avec un grand plaisir formel.

"Créon, couché dans le lit d'Œdipe,
repose sur le dur oreiller de la Raison d'État."
💔💔💔

J'attire votre attention sur la couverture de cette édition Gallimard, dans la collection "L'Imaginaire". Il ne s'agit point de l'imaginaire tel que nous l'entendons, lecteurs et lectrices de ce blog (la SFFF, quoi), mais je trouve très sympathique que les premières lignes du texte soient mises en scène de manière à créer un objet en lien avec le texte. Ici, un petit feu.

Prochaine étape: Nouvelles orientales!

mercredi 12 novembre 2025

Noon du Soleil noir (2022)

Il y a deux-trois ans, quelques amis blogueurs ont mis sur mon radar un petit roman qui fleurait bon la fantasy classique des années trente à cinquante: Noon du Soleil noir de L. L. Kloetzer, c'est-à-dire Laurent et Laure Kloetzer. J'ai mis un peu de temps, mais j'y suis venue.

Et bon, évidemment, j'ai adoré. Je sentais bien que c'était ma came, donc je partais avec un a priori positif, et cela peut avoir joué. Mais bon, en gros, c'était effectivement TOTALEMENT ma came. Une ville genre médiévalo-renaissance, des caravanes, un médaillon ancestral lié à une divinité endormie au fin fond du désert, un guerrier expérimenté, un sorcier, youpi, youpi, youpi, YOUPI!!

On a donc affaire à deux personnages: Yors, le vieux guerrier qui gagne sa vie en jouant les gardes du corps et qui raconte l'histoire (et qui m'a beaucoup rappelé le merveilleux Capitaine Alatriste d'Arturo Perez-Reverte, qui gagne sa vie grâce à son épée et qui manque toujours d'argent), et Noon, un jeune sorcier un peu naïf qui débarque en ville. La magie n'est pas énormément présente pour l'instant, car il y a pas mal de mise en place et de découverte (normal pour un premier tome), mais elle est très sympathique, avec ce monde "du soleil noir" où Noon se transforme en oiseau. En plus, Yors raconte les choses avec pas mal d'humour, et les deux auteurs ont un vrai talent pour les dialogues entrecroisés (des gens qui parlent en même temps mais pas de la même chose), ce qui ajoute à la touche comique.

Je me suis donc éclatée, et je vais évidemment lire la suite. Seul problème: les couvertures de Nicolas Fructus sont tellement canons que je veux posséder ces livres. Ce premier tome, je l'ai emprunté en bibliothèque. Mais je veux l'acheter. Il me le faut. Il me les faut tous, impérativement. Il faut donc que je puisse investir en ce sens, et ce n'est pas une évidence au moment où j'écris ces lignes. Mais je vais y venir. Je vais y venir.

Allez donc voir ailleurs si ce Soleil noir y est!
L'avis de Lorhkan
L'avis de Vert
L'avis de Xapur

vendredi 7 novembre 2025

La gamelle d'octobre 2025

Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois, hors lecture.

Sur petit écran

Les Sept Samouraïs de Akira Kurosawa (1954)

Dernière étape dans mon parcours "arts martiaux" de l'été, ce grand classique du cinéma japonais, que j'ai regardé parce que je ne sais plus quel bouquin sur les arts martiaux en vantait les combats au sabre, a inévitablement vieilli. Les personnages des paysans sont insupportables et le traitement de la femme est affreux. Cependant, l'ensemble passe plutôt bien. Les sept samouraïs sont hyper charismatiques et classes. L'un d'eux est même assez rigolo et original. En outre, ces personnages racontent, en filigrane, une histoire assez tragique sur leur destin de guerriers. J'y ai vu pas mal de parallèles avec Légende de Gemmell, et je comprends très bien que le film ait été adapté en western: l'histoire s'y prête à merveille. En outre, il y a un propos sur la condition des paysans pauvres (je me suis sentie super mal de me gaver de Dragibus pendant la scène des grains de riz 😭😭😭), et un vrai talent pour mettre en scène l'action sur deux plans (avant-plan, arrière-plan) dans une même scène. J'ai tardé autant que je le pouvais à le regarder, car il dure 3 h 18 et que j'ai un mal fou à regarder des films chez moi, et j'ai fini par le regarder l'avant-veille du jour où je devais le rendre à la médiathèque; mais il mérite le détour.
Les Sept Samouraïs est sorti en 1954, soit la même année que Godzilla; quelle grande année pour la société de production, la Tōhō, et pour le cinéma japonais en général!

Leila et ses frères de Saeed Roustaee (2022)

Recommandé par Tigger Lilly sous mon billet sur Iran Awakening de Shirin Ebadi, ce film iranien met en scène une famille en galère: quatre frères qui n'ont pas un rond, une sœur qui se démène, un père qui ne pense qu'à obtenir le respect de son cousin, une mère qui geint tout le temps. À l'occasion d'un projet d'achat pour monter un commerce où travailleraient les quatre frères, la situation va progressivement imploser. C'était super, très humain, avec des personnages pleins de failles, et une vision poignante de la pauvreté. Merci pour la découverte! Par contre, je n'ai pas bien compris la fin. Lol.
L'avis de Tigger Lilly.

Sur grand écran

Avatar 2: La Voie de l'Eau de James Cameron (2022)

 🕷️🥹💕

Ma liste de critiques à l'encontre de ce film est longue comme le bras. Et pourtant... J'ADORE AVATAR 2. Je l'adore autant que le premier, de manière intégrale et inconditionnelle, défauts compris. Je le VIS de la première à la dernière image et je me reprends à chaque fois un choc esthétique d'ampleur. Avatar, c'est le dernier choc esthétique majeur de ma vie, le seul film qui a tout bouleversé alors que j'étais déjà une adulte, et le 2 a réussi à encore plus tout bouleverser. 
Je l'ai vu deux fois, à six jours d'intervalle, étant donné qu'il n'était diffusé qu'une semaine, et je ne me suis pas ennuyée une seconde la deuxième fois. Au contraire, je l'ai encore plus aimé. J'adore tous ces personnages que je me réjouis de retrouver et de voir grandir; je trouve plusieurs scènes extrêmement puissantes; j'ai pleuré d'émotion devant la beauté pure du récif; Payakan est le meilleur ami que je me sois fait au cinéma depuis qui sait quand; Spider est plus que jamais mon personnage préféré; je me réjouis de voir toutes ces pistes suivre leur cours dans le 3 qui arrive bientôt. Et à en croire le bref extrait diffusé à la fin du 2, le 3 va encore nous en mettre plein la vue. J'ai déjà une liste de critiques envers cet extrait à lui tout seul, mais je sens que je vais adorer de manière intégrale et inconditionnelle. 🥹🥹

Et le reste

Suite à l'achat d'un parfum, j'ai reçu le numéro automne-hiver de la revue du parfumeur Fragonard, que j'ai lu avec grand plaisir. Bien que le style vestimentaire et l'esthétique de Fragonard ne soient pas les miens, je trouve leur univers très élégant et alléchant, et la revue est exactement comme je les aime, sobre et qualiteuse à la fois. J'adorerais avoir l'opportunité de travailler sur ce genre de support dont on peut être fier. Dans la foulée, j'ai commencé à écouter leur podcast, À fleur de nez. Une merveille, là aussi.

J'ai également lu le hors-série de Mad Movies sur les adaptations télé et ciné de Lovecraft. Passionnant, comme toujours. J'aimerais tellement avoir le temps, l'énergie et l'organisation de regarder tout ce que ces journalistes regardent. Même si, bon, tout n'est visiblement pas quali dans les lovecrafteries, lol. (Ça vous étonne? 🤣) Et j'aimerais, bien sûr, avoir le temps, l'énergie et l'organisation de replonger dans Lovecraft.

En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine habituel (au sommaire de ce numéro: beaucoup de shopping pour préparer Equita Lyon, du tourisme dans le Dauphiné, les directionnels en cross, et des interviews), puis j'ai filé, justement, à Equita Lyon, le rendez-vous annuel qui donne quand même très envie de flinguer son épargne pour profiter de la vie en montant beaucoup durant deux ou trois ans, quitte à mettre fin à son existence de souffrance après, parce qu'on n'aura plus un rond pour affronter l'avenir. ❤️❤️

dimanche 2 novembre 2025

L'Inversion de Polyphème (1997)

Chronique express!

Un livre qui évoque la banlieue parisienne, c'est quand même rare, et c'est pour cela que j'ai emprunté L'Inversion de Polyphème de Serge Lehman à Vert! Bon, l'histoire se passe pendant les années soixante-dix, donc vingt ans avant mon propre vécu de la banlieue, et ne tourne pas du tout autour du fait qu'on est en banlieue, donc ne faites pas comme moi si vous êtes affamé de lectures banlieusardes. 🤣🤣 Néanmoins, je me suis bizarrement retrouvée dedans, car c'est l'histoire de quatre ados d'avant l'ordinateur, qui lisent des livres papier et qui se déplacent à pied et en vélo. Moi, je ne suis pas une vraie ado d'avant l'ordinateur, car tous mes amis en avaient un; mais comme mes parent n'en voulaient pas, j'ai vécu sans jusqu'à relativement tard par rapport à mon milieu social, et j'ai un peu fait les mêmes choses qu'eux.

Concrètement, on a donc quatre ados qui, un été, sont confrontés à un phénomène étrange. L'atmosphère est bien croquée et les personnages sont bien caractérisés, et j'ai donc apprécié; mais je dois dire que la partie science-fictive ne m'a pas beaucoup intéressée et que je n'ai même pas vraiment compris de quoi il en retournait. J'ai beaucoup de mal à piger les descriptions de trucs très différents de notre réalité, et c'est tout à fait ça ici. Heureusement, toutefois, que [divulgâcheur] j'ai lu Flatland de Edwin A. Abbott, ça m'a bien aidée à comprendre pourquoi je ne comprenais pas! 🤩 [fin du divulgâcheur] Donc voilà, une lecture sympathique, mais pas très marquante en fin de compte.

Comme toujours, la couverture de cet ouvrage de la collection Une Heure-lumière du Bélial est à créditer au talentueux Aurélien Police.

Allez donc voir ailleurs si ce Polyphème est inversé!
L'avis de Vert