Je savais que j'ai une "relation compliquée" avec Umberto Eco: autant j'ai adoré Le Nom de la Rose, un des meilleurs bouquins que j'ai jamais lus, autant je n'ai strictement rien compris à L'Île du jour d'avant. Donc Le Pendule de Foucault avait, en gros, une chance sur deux de me convaincre.
Résultat?
Et bien je trouve ça regrettable à dire, mais je suis incapable de résumer environ 450 des 680 pages de mon édition: j'ai énormément lutté sur ce livre, qui est sûrement une des lectures les plus challenging que j'ai rencontrées.
Ce que j'ai compris, c'est que:
Le narrateur, Casaubon, commence par nous raconter comment il s'est caché dans le Conservatoire des Arts et Métiers de Paris le soir de la Saint-Jean, afin de passer la nuit sur place, près du Pendule de Foucault. Puis il explique qu'il est monté à Paris sur les traces de son ami et collègue Jacopo Belbo, après avoir reçu un appel désespéré de celui-ci et avoir lu des fichiers sur son ordinateur. Puis il remonte encore plus loin en arrière, à l'époque où il allait à l'université à Milan...
À cette lointaine époque post-soixante-huitarde, Casaubon écrivait une thèse sur les Templiers (suivent plusieurs dizaines de pages très intéressantes pendant lesquelles Casaubon raconte l'histoire vraie des Templiers). Un jour, un éditeur, qui s'apprête à recevoir un "chercheur" souhaitant justement publier un livre sur les Templiers, lui demande de participer à l'entretien, vu qu'il connaît bien le sujet. Suivent plusieurs dizaines de pages pendant lesquelles le "chercheur" en question expose toutes les théories possibles sur la non-disparition des Templiers: ils ont rejoint le monde souterrain, ils sont en Écosse, non, ils sont en Allemagne, non, ils font tous les pays d'Europe d'ouest en est afin de retourner à Jérusalem, mais en fait ce sont les Rose-Croix, mais en fait ce sont les Francs-Maçons, mais en fait il faut que vous sachiez que la longueur du côté de la pyramide de Khéops multipliée par le carré de la hauteur puis par 10 puissance 9 est égale à un milliardième de la distance Terre-Lune, ce qui prouve bien, et sans l'ombre d'un doute, que les Templiers sont toujours en vie.
Le chercheur est retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel la nuit même. Mais, en fait, on ne sait pas vraiment s'il est mort. Le personnel de l'hôtel le trouve mort sur son lit, mais, le temps de faire venir la police, plus de cadavre... Mystère et boules de gomme.
S'ensuit la partie que je suis incapable de vous résumer, c'est-à-dire le séjour de Casaubon au Brésil puis son retour à Milan, où il commence à travailler pour l'éditeur de tout à l'heure sur une collection sur les sciences occultes. Théories incompréhensibles sur la cabale juive, les mêmes que tout à l'heure, de nouvelles sociétés secrètes dont je ne connais rien.
Ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que, à force de voir passer toutes ces théories du complot, Casaubon, Iacopo Belbo et un autre ami décident de toutes les réunir en un seul Plan, un Plan maître de domination du monde, THE seul et unique Plan, qu'il feront boire à tous ces illuminés du complot pour se moquer d'eux. C'est là que les ennuis commencent.
En fait, c'est la prédominance des théories du complot qui rend ce livre pénible: impossible de suivre tous ces délires, j'enchaînais les paragraphes et les chapitres sans en retenir la moindre idée.
Bon, en revanche, je dois quand même préciser que ce livre a un certain attrait.
Tout d'abord parce que Umberto Eco a une maîtrise de la langue assez incroyable, ce qui rend ses textes très obtus mais assez jouissifs pour quelqu'un qui s'intéresse un tant soit peu au langage. Ensuite, parce qu'il a un humour incisif qui m'a vraiment fait rire. J'aurais dû noter quelques exemples, mais j'aurais dû proposer une traduction et je suis certaine que Jean-Noël Schifano l'a fait bien mieux que moi (heuh sérieux on peut survivre à la traduction d'un bouquin d'Eco??? Non parce que moi je me serais pendue... :D).
Ensuite, parce qu'on comprend assez vite que ce livre ne parle pas de la théorie du complot, mais de la folie de ceux qui croient à la théorie du complot, et que leurs élucubrations sont dépeintes avec leur lot d'erreurs de raisonnement et en mettant bien en évidence que quand on VEUT trouver un lien entre deux évènements historiques, on en trouve un sans difficultés. Dommage qu'on doive suivre des centaines de pages de ces élucubrations pour être sûrs de bien comprendre que celui qui parle est en plein délire!
Enfin, je voudrais signaler l'apparition éclair d'un culte secret auquel je crois fermement, le culte de l'horreur qui hante les océans du globe et qui justifie mon refus catégorique de mettre les pieds dans l'eau. À la fin du livre, le temps d'une réplique, quelqu'un invoque Cthulhu. ^^