samedi 25 avril 2020

The Woman in White (1859)

Attention, chef d'œuvre! 💖

The Woman in White de Wilkie Collins me fait de l'œil depuis des années, même si je ne connaissais pas l'intrigue. Je savais juste que c'était un grand classique du XIXe anglais – mon siècle préféré en littérature – et qu'il proposait une atmosphère mystérieuse. Quand je l'ai trouvé en version originale chez Emmaüs, je n'ai donc pas hésité à l'acheter. D'autant que les grands formats coûtent 2 € chez Emmaüs. Note pour plus tard: allez chez Emmaüs quand vous pourrez sortir de chez vous. 😉

J'attendais donc beaucoup de ce roman et c'est absolument formidable, il a répondu à toutes mes attentes, me procurant le premier coup de cœur de l'année.


Par une nuit de 1849, Walter Hartright, un professeur de dessin britannique, rentre tranquillement chez lui quand il rencontre une mystérieuse femme vêtue de blanc qui lui demande la direction de Londres. Soucieux de lui prêter assistance, il parcourt un peu de chemin avec elle et l'aide à trouver un fiacre pour poursuivre sa route. Juste après, il entend une conversation qui ne lui est pas destinée et apprend que la jeune femme s'est évadée d'un asile d'aliénés. Mais il n'a guère le temps d'y réfléchir: il quitte en effet Londres pour prendre un poste à Limmeridge House, dans le nord de l'Angleterre, où il devra enseigner son art à deux jeunes femmes, les demi-sœurs Marian Halcombe et Laura Fairlie.

Bien sûr, rien ne se passe comme prévu. Avant tout, la femme en blanc semble avoir connu Limmeridge House quand elle était enfant et avoir été internée par Sir Percival Glyde, le fiancé de Laura Fairie. Mais, surtout, notre charmant professeur de dessin et ladite Laura Fairlie tombent éperduement amoureux. Un amour impossible, bien sûr, vu que la demoiselle est fiancée. Le cœur brisé, l'âme pleine de pressentiments, Walter est contrait de quitter cette demeure où il a été si heureux.

Ici, le récit, qui était jusque là raconté par Walter, change de point de vue et passe au journal intime de Marian Halcombe. Cette femme très intelligente, déterminée et loyale veut avant tout faire le bonheur de sa demi-sœur, mais elle se rend vite compte que le fiancé de celle-ci, qui semblait si idéal jusque-là, n'est peut-être pas blanc comme neige en réalité...

Bref, vous l'aurez compris, le piège se ressere, le mystère s'épaissit, rien n'est dû au hasard et on sent que les deux sœurs tombent dans l'abyme sans pouvoir rien y faire – même si Marian, un personnage remarquable, déploie des ressources considérables pour protéger Laura. Et toujours, la figure de la femme en blanc réapparaît au fond de l'intrigue, comme un mystère encore plus insondable que les autres.

Ce qui rend ce livre si intéressant, c'est son découpage, qui donne la parole à de multiples narrateurs. Walter prend la plume en premier afin de partager cette histoire, en laissant brièvement la parole à l'avocat de la famille Fairlie, puis il nous propose de lire le journal de Marian. C'est cette partie que j'ai préférée car Marian est une observatrice très fine. Et son récit se termine par une telle BOMBE que je suis restée bouche bée ([divulgâcheur] c'est le conte Fosco, le véritable méchant de l'histoire, qui a le dernier mot – le fourbe profite de la maladie de Marian pour lui dérober son journal et le lire! [fin du divulgâcheur]). S'exprimeront ensuite plusieurs personnages secondaires, dont.... une pierre tombale!!!, avant que Walter ne reprenne la plume pendant le dernier tiers du roman environ afin de raconter la résolution de l'intrigue après la Catastrophe Centrale. Le tout est rédigé dans une très belle langue typique du XIXe, pleine de nuances et très policée. Tout ce que j'adore.

Au-delà de l'intrigue épaisse, emplie de coïncidences improbables que l'on pardonne si facilement à un bon roman (je pense par exemple à ce cher Alexandre Dumas) et riche d'une atmosphère mystérieuse délicieuse (il y a même une riche bâtisse à moitié en ruines et une rencontre au clair de lune dans un cimetière de campagne 💖 – franchement, il ne manque qu'un passage secret!), The Woman in White marque par la figure du comte Fosco, Italien obèse en exil, dresseur d'oiseaux et de souris blanches, esprit manipulateur au charisme plus grand que nature et à l'intelligence redoutable. Le comte Fosco est Plus Qu'Un Méchant, il est un Antagoniste formidable.

Par ailleurs, ce roman est aussi amusant, notamment grâce à Mr Fairlie, l'oncle de Laura, un monsieur hypocondriaque aux nerfs fragiles qui, bien qu'énervant, est très drôle. Et Wilkie Collins ne manque pas de mettre en avant des vertus nobles telles que l'hônneté morale, la droiture d'esprit, la loyauté amicale, familiale et amoureuse, le sacrifice de soi et le courage face à l'adversité. Car si les personnages négatifs sont avides et fourbes, nos héros se démênent pour faire ce qui est le plus juste face à l'adversité – même si je dois avouer avoir un peu moins apprécié les retrouvailles avec Walter à la fin par rapport à son introduction, d'autant que Marian n'a plus de rôle de premier plan et que l'effondrement total de Laura après ses malheurs est irritant. Elle représente, de ce point de vue, l'héroïne passive et persécutée qui ne peut se défendre seule.

Malgré ces critiques, qu'il faut bien sûr remettre dans le contexte victorien de l'époque, j'ai dévoré ce roman avec enthousiasme, bien contente que le confinement me libère du temps pour lire. À l'origine, The Woman in White a été publié en feuilleton dans la revue All The Year Round de novembre 1859 à août 1860. LES GENS ONT DÛ DEVENIR FOUS, CE N'EST PAS POSSIBLE DE LIRE CE BOUQUIN EN PLUSIEURS MOIS!! 😜😜

The Woman in White est disponible en français sous le titre La Dame en blanc dans une traduction de Lucienne Lenob chez Libretto ou une traduction de Paul-Émile Daurand-Forgues révisée par Arthur Degeorges chez Archipoche.

Allez donc voir ailleurs si cette femme en blanc y est!
L'avis de Victoria de Mango & Salt

16 commentaires:

  1. C'est top d'avoir de grandes attentes et d'être tout de même enchanté par sa lecture, c'est tellement satisfaisant.
    Du coup, s'il y a une pierre tombale qui s'exprime, c'est un roman d'imaginaire ? ^^

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    1. @Baroona: Héhé c'est une bonne question :D Je te laisse lire le roman pour y répondre...

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  2. Mon Dieu, tu es tellement tentante !!! Je l'ai dans ma PAL dans l'édition archipoche. On ne va pas se mentir, la taille de la bête me fait procrastiner à me lancer dedans, ainsi que la conscience qu'il faut être dans la bonne disposition d'esprit pour lire ce genre de récit victorien, parfois un peu lent et moralisateur. Mais tu es si enthousiaste !

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    1. @Lili: Génial! Oh oui, je pense que tu devrais aimer! Ensuite, on ne sait jamais, tu pointes souvent des réserves qui ne me touchent pas du tout, donc si ça se trouve ça ne te parlerait pas. Mais vraiment, vraiment, je recommande.

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  3. Bien, ça compense ta déception du King ! :)
    Ah si j'avais plus de temps pour lire, je pense que je pourrais aimer ce genre, ça me tente bien... peut-être dans 4 - 5 ans XD

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    1. @Ksidra: Oui tout à fait, les livres se suivent et ne se ressemblent pas! À garder dans un coin de ta tête pour des jours moins occupés. :)

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  4. Pour le fait d'attendre la suite, faut se dire que le roman feuilleton c'était la série télé de l'époque !
    Et j'avais jamais entendu parler de ce livre, merci pour la découverte ^^

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    1. @Vert: Héhé c'est trop ça. C'est peut-être pour ça que je ne regarde pas de séries en fait. :D De rien!

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  5. Le côté mystérieux et la pierre tombale qui parle, c'est intrigant en tout cas xD

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    1. @Shaya: Héhé :) Bon tous ceux qui vont lire le roman suite à ce billet vont être super déçus devant le récit de la pierre tombale... Mais je ne pouvais pas ne pas en parler!

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  6. J'avais beaucoup aimé aussi! Bon, Charlie (Dickens) avait été hyper vilain et m'avait révélé la fin ! Pas grave, très bon souvenir de lecture.

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    1. @Karine: Hoo pas sympa le Dickens!! :D D'ailleurs ce roman est d'abord paru en feuilleton dans la revue de Dickens, si je me souviens bien.

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