vendredi 17 mars 2023

Le roi Arthur et ses preux chevaliers (1976)

Il y a plus de vingt ans, dans ce que je considère aujourd’hui comme une autre vie, j’ai récupéré ce roman sur les chevaliers de la Table ronde. Quelqu’un de ma connaissance le jetait et j’ai sauté dessus. Sauf que, au final, il est resté dans la bibliothèque durant tout ce temps… Je l’ai redécouvert un peu par hasard la semaine dernière et j’ai soudain eu envie de le lire.

John Steinbeck est un écrivain américain connu pour ses romans Les raisins de la colère et Des souris et des hommes. Je n’ai rien lu de lui, mais cette version de la légende arthurienne me semble bien à part dans sa bibliographie. L’auteur a en effet entrepris de réécrire en anglais moderne, durant les années 1950, le manuscrit de Winchester de Le Morte d’Arthur de Sir Thomas Malory, qui date des années 1470. Vous trouverez quelques infos sur sa démarche sur la page Wikipédia du livre en anglais.

L’œuvre, que j’ai lue dans la traduction de Patrick et Françoise Reumaux, se divise en sept parties:

Merlin
Le Chevalier aux deux épées
Le mariage du roi Arthur
La mort de Merlin
Morgane la Fée
Gauvain, Yvain et Marhalt
Le noble conte de sire Lancelot du Lac

La première partie relate les événements précédant la naissance d’Arthur – la guerre entre Uther Pendragon et le duc de Cornouailles, la visite du premier à la femme du deuxième, etc. – puis l’arrivée d’Arthur sur le trône et ses guerres incessantes contre les barons rebelles. Tout est plutôt connu, même si la toute fin m’a laissée bouche bée: ayant appris qu’il a eu un enfant de sa demi-sœur Morgause (et non de Morgane, comme je l’ai toujours entendu dire!!) et que celui-ci est né le 1er mai, Arthur fait enlever tous les bébés nés ce jour-là et les réunit sur un bateau qu’il envoie en mer sans équipage pour s’en débarrasser! C’est d’une cruauté innommable et le parallèle avec Pharaon et Moïse est évident…

À l’exception de "La mort de Merlin", qui décrit l’amour malheureux de l’enchanteur pour Nyneve, et de "Morgane la Fée", qui parle de cette maléfique enchanteresse, les chapitres suivants parlent surtout de chevaliers en quête. Au début, c’était un peu ridicule ou absurde: où qu’ils aillent, ces gens voient des prodiges et se combattent jusqu’à la mort, mais il y a toujours un nouvel ennemi à tuer page suivante. Les actions s’enchaînent sans grand suivi ni vraisemblance. Au mariage du roi Arthur, un cerf blanc déboule dans la salle et personne ne trouve ça bizarre. Il y a bien sûr des pucelles en danger dans toutes les forêts. Et le taux de mortalité des chevaux est très élevé, ce que je trouve hautement répréhensible.

Mais bon, le côté un peu ridicule fait partie des écrits historiques du genre – cela m’a d’ailleurs rappelé La Quête du Graal – et ça se lisait tout seul, alors j’ai continué volontiers. Et j’ai plutôt bien fait, car les deux dernières parties, qui sont aussi les plus longues, m’ont beaucoup plu: il y a beaucoup d’humour et même un certain propos féministe, car Yvain est formé à la chevalerie par une vieille femme qui aurait elle-même voulu devenir chevalier, si elle avait pu, et qui n'a pas du tout sa langue dans sa poche!

N'ayant pas lu Le morte d’Arthur, je ne sais pas dans quelle mesure John Steinbeck a ajouté, supprimé ou retouché des choses par rapport au manuscrit, mais j’ai eu l’impression, sur le plan stylistique, qu’on allait vers quelque chose de plus en plus moderne au fil des pages, comme s’il avait pris de plus en plus de liberté.

John Steinbeck n’a jamais terminé son projet, qui a été publié inachevé après sa mort, et le roman s’arrête donc sur le premier baiser échangé entre Lancelot et Guinevere, alors qu’Arthur est encore au faîte de sa puissance. "Explicit le noble conte de sire Lancelot du Lac", et à nous d’imaginer la suite. Tout ça m’a donné bien envie de replonger dans la légende arthurienne, mais comme j’ai déjà dit il y a dix ans que j’attaquerais mon gros livre sur Chrétien de Troyes et que je ne suis jamais passée à l’acte, ce n’est peut-être pas pour tout de suite… 😁

9 commentaires:

  1. Ah oui, surprenant de voir le nom de John Steinbeck, je me suis demandé si c'était un homonyme. Il faut que tu lises "Des Souris et des hommes", dans mon souvenir c'est très triste mais très marquant.
    "où qu’ils aillent, ces gens voient des prodiges et se combattent jusqu’à la mort, mais il y a toujours un nouvel ennemi à tuer page suivante. Les actions s’enchaînent sans grand suivi ni vraisemblance." : ce paragraphe, hors contexte, je me demande si on penserait d'abord aux chevaliers ou à autre chose...

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    1. @Baroona: Je note de lire Des souris et des hommes. Il faudrait que je fasse le plein de livres en anglais un jour où j'aurai l'occasion et de l'argent...
      Tu pensais à quelqu'un en particulier? 🤨 Je me dis que ça s'applique probablement aux terroristes religieux...

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  2. Haha pareil que Baroona, j'ai pensé a un homonyme. Intriguant ce machin. Je crois que si je lisais Steinbeck ce serait pour Les raisins de la colère ou Des souris et des hommes plutôt que celui là, cela étant dit.

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    1. @Tigger Lilly: Oui, je pense que ses deux bouquins-là sont plus pertinents, vu leur aura, mais je trouve amusant d'avoir commencé par ce truc inconnu. 😊

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  3. Bon alors moi je pensais pas que c'était un homonyme mais très surprise aussi, j'ai jamais entendu parler de cette oeuvre de Steinbeck et ça m'intrigue bien !

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    1. @Shaya: C'est assez amusant à lire à partir de la moitié. Je peux toujours te le prêter si l'envie demeure.

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  4. Pour avoir lu la première moitié de La morte d'Arthur ça me semble assez proche, j'ai jamais terminé ma lecture parce que je n'en pouvais plus de ces chevaliers qui se tombaient dessus toutes les 3 min pour se battre à la lance, à l'épée, à cheval puis à pied, avec un bouclier puis sans bouclier vu qu'il était cassé et ainsi de suite...
    (mais bon la folie du projet qui consiste à faire une sorte de version ultime d'une légende aux multiples versions mérite le respect)

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  5. Sinon j'avais lu une version des Chevaliers de la Table Ronde par Mark Twain, c'était nettement plus original 😁

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    1. @Vert: Ah merci pour ces infos sur Le morte d'Arthur. C'est très intéressant. Et oui, c'est tout à fait ça. 😂
      J'ai lu le roman de Mark Twain aussi. L'adaptation de Disney des années 70 ou 80 fait partie des films que j'ai énormément regardés quand j'étais enfant et j'étais curieuse de voir l'original. Mais j'ai trouvé ça moins drôle, à part la scène mémorable où les chevaliers arrivent en vélo. 😁

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