samedi 15 juillet 2023
Vacances! 🍬
lundi 10 juillet 2023
Il Colombre e altri cinquanta racconti (1966)
Il y a fort longtemps, quand j'étais au collège, j'ai lu Le K de Dino Buzzati, vraisemblablement dans la traduction de Jacqueline Remillet pour Pocket. Depuis, j'ai toujours eu l'idée de le relire en italien, parce que bon, quand même. C'est enfin chose faite, et même pas vingt-cinq ans plus tard!
Il Colombre e altri cinquanta racconti est un recueil de nouvelles, dont la plus célèbre est la première, qui lui donne son nom. C'est l'histoire d'un marin pourchassé toute sa vie durant par un terrible requin, le colombre. "Colombre" n'est pas un mot italien, c'est le nom précis de ce requin-là. (Et le fait que ça a ait été rendu par "le K" en français n'est pas du tout idiot, contrairement à ce qu'on pourrait penser – même si je suis sourciste et que je l'aurais, BIEN ENTENDU, appelé "colombre" en français aussi.) C'est une excellente entrée en matière: un texte futé, intéressant, qui laisse un goût amer en bouche et qui exprime sans doute quelque chose sur la futilité de l'existence humaine, de même que le roman le plus connu de l'auteur, Le Désert des Tartares.
Étant donné que je manque de temps pour revenir sur les textes, ne serait-ce que ceux que j'ai le plus aimés, je vais résumer ce recueil en évoquant quatre axes.
L'empathie. Buzzati est extrêmement fort pour vous faire ressentir ce que ressentent ses personnages et vous causer un chagrin terrible face à leurs souffrances. Le cas d'école, le chef d'œuvre, c'est "Povero bambino" / "Pauvre petit garçon", qui m'a énormément marquée quand j'étais adolescente. Mais ce n'est pas le seul. "Viaggio agli inferni del secolo" est aussi bien gratinée sur ce point, avec ses multiples enfers tous plus affreux les uns que les autres dans lesquels le pauvre humain est broyé lentement.
L'humour. Bien qu'il sache nous serrer le cœur, Buzzati est aussi très drôle. Il y a plusieurs fois la figure d'un journaliste aux prises avec un travail ou une direction pas faciles ou la stratégie hilarante de Dieu dans "La lezione del 1980" (comment faire rentrer l'humanité dans le droit chemin une bonne fois pour toutes 🤣).
L'étrange / le fantastique. Il y a plein de choses pas franchement normales dans ce recueil: une voiture qui se conduit toute seule, des bosses qui apparaissent toutes seules dans un jardin, une tour Eiffel qui n'en finit pas de grandir, des filles qui tombent du dernier étage pendant un temps extraordinairement long, des chiens qui ressemblent étrangement à des humains (coucou Circé ^^). Un surnaturel discret, qui met juste ce qu'il faut d'étrange dans la normalité pour nous intriguer et nous amuser – et nous parler d'autant mieux de l'humanité, ses travers, ses espoirs, et l'inutilité totale de son combat.
La futilité vs la valeur intrinsèque. Globalement, on pourrait dire que ces textes sont plutôt décourageants, car on peut facilement en faire une lecture montrant combien l'humain s'attache à des choses inutiles, qui ne font pas le poids face au temps qui passe, à la vieillesse et à la mort. Et pourtant, ce n'est pas vrai, car il s'en dégage quelque chose de très humain, justement, quelque chose qui a de la valeur en soi et a le mérite d'exister même si, un jour, il n'en restera rien.
Enfin, je tiens à noter, en vue de m'en souvenir, que ce recueil des années soixante fleure bon la Guerre froide et décrit une Milan en plein miracle économique, ce qui fait franchement plaisir. Même si Buzzati dénonce une urbanisation effrénée et la froideur d'une ville où tout le monde est seul, il est tellement rare d'entendre un Italien dire autre chose que "l'Italie fait partie du tiers-monde" que j'ai été très heureuse. 😊
Voilà, une relecture extrêmement agréable, un excellent bouquin et un auteur que je continuerai sans aucun doute à lire – idéalement sans attendre quasiment vingt-cinq ans!
Allez donc voir ailleurs si ce K y est!
L'avis de Shaya
L'avis de Tigger Lilly
L'avis de Vert
mercredi 5 juillet 2023
Les BD du deuxième trimestre 2023
Comme d'habitude, retour sur les lectures graphiques des trois derniers mois.
Béa Wolf de Zach Weinersmith (texte) et Boulet (dessin), traduit de l'anglais par Aude Pasquier (2023)
Les auteurs de cette bande dessinée ont transposé l'histoire du poème Beowulf du Xe siècle dans le monde contemporain, et remplacé les protagonistes par des enfants qui luttent contre un affreux vieux monsieur bien décidé à faire d'eux des adultes. C'est très inventif et les dessins sont très réussis, avec des enfants qui prennent super bien la pose pour montrer combien leur combat est épique. Et je suppose que c'est un régal si on connaît Beowulf. Moi, toutefois, je ne connais pas Beowulf et les histoires d'enfants qui ne veulent pas grandir me tombent des bras; et j'ai été très déstabilisée par l'irrégularité des rimes. Parfois, des lignes rimaient, ou bien il y avait une rime interne en milieu de ligne, et je criais au génie; puis les lignes suivantes n'en avaient pas, alors j'avais l'impression que tout clochait. La postface, qui évoque justement la structure du poème d'origine, m'a donc plus passionnée que la BD en elle-même. 😄 M'enfin, je tire quand même mon chapeau à Aude Pasquier, la consœur qui a assuré la traduction depuis l'anglais et qui nous a sorti un bon rythme et des allitérations aux petits oignons. (Et les rimes qui vont et viennent, c'est apparemment la faute de la VO, pas la sienne, je préfère le préciser.)
Un autre avis: Vert vous en dit beaucoup de bien.
Éditeur: Albin Michel
Pisse-Mémé de Baur Cati (2023)
Jamais de Bruno Duhamel (2018)
Ayant appris grâce à Baroona que Bruno Duhamel avait sorti une suite à cette sympathique BD, j'ai décidé de la relire pour me rafraîchir la mémoire. Je l'ai trouvée tout aussi réussie cette fois-ci et je vous la recommande de nouveau. C'est frais, c'est touchant, c'est positif, et la vielle dame qui refuse de quitter sa maison posée sur une falaise en voie de disparition a un chat.
Mon avis de l'époque.
Éditeur: Grand Angle
Jamais. Le jour J de Bruno Duhamel (2022)
Et voilà donc la suite des aventures de Madeleine, notre résistante préférée! J'ai retrouvé tous les personnages avec grand plaisir, notamment le brave et obèse Balthazar (la tirade sur les croquettes m'a fait mourir de rire). Le charme est un peu moins présent, mais l'ensemble fonctionne quand même très bien. Bruno Duhamel est décidément une valeur sûre.
Éditeur: Grand Angle
Bons baisers de Limon d'Edo Brenes, traduit de l'anglais par Basile Béguerie (2019)
Un Costaricain rentre à la maison pour trier des photos de famille, ce qui le plonge dans l'histoire de ses grands-parents. Malgré la jolie ambiance désuète, j'ai trouvé l'ensemble assez creux.
Éditeur: Casterman.