Comme d'habitude, retour sur les activités culturelles du mois écoulé!
Sur grand écran
Le Déluge de Gianluca Jodice (2024)
J'ai adoré! Mon cerveau a tellement carburé durant la séance que j'ai envisagé de consacrer à ce film un billet dédié – mais, le temps de rentrer chez moi, j'ai oublié la majorité de mes réflexions, bien entendu. Sur la forme, c'est un film superbe, extrêmement bien mis en scène et cadré. La moindre scène est un tableau. Et Guillaume Canet et Mélanie Laurent jouent extraordinairement bien. Sur le fond, qu'est-ce que j'aime qu'on fasse de Louis XVI et de Marie-Antoinette des GENS, de simples humains sous les perruques, effrayés par l'avenir et dépassés par les évènements, et qu'on nous montre une Marie-Antoinette lucide et gravée dans le granit, bien loin du cliché de la femme écervelée, frivole et dépensière (sérieux, vous le voyez, le cliché mysogyne? Quand je pense que j'ai appris ça à l'école... 😅). J'ai aussi apprécié qu'on nous montre la place du catholicisme dans leurs vies. Mais j'ai aussi badé et angoissé, car il y a plusieurs scènes très dures ([divulgâcheur] il y a notamment une scène à contenu sexuel qui, bien qu'on ne VOIE rien, est extrêmement angoissante [fin du divulgâcheur]) et, bien sûr, on sait comment ça se termine, tout cela. J'ai pensé à une scène du Guépard, dans laquelle le narrateur, en gros, se dit que la nouvelle Italie, étant sure de sa victoire, n'avait pas besoin de truquer les premières élections lui donnant sa légitimité; elle allait gagner de toute façon, alors elle aurait pu gagner en jouant pour de vrai, au lieu de salir sa naissance par la tricherie. Eh bien, là, c'est pareil; on se dit que la République aurait pu se faire sans maltraiter ces gens-là, et que ça n'a sauvé personne de la pauvreté d'antan de leur couper la tête.
Une critique, toutefois: autant les prisonniers sont humanisés et complexes, autant les geôliers républicains sont assez uniforméments désagréables, voire cruels, bornés et... sales. Oui. Visiblement, un républicain, ça ne connaît pas l'hygiène, voire ça vit carrément dans la boue. Ce qui est fort dommage pour un film qui met en avant la nuance.
La Chambre d'à côté de Pedro Almodóvar (2024)
Tilda Swinton et Juliane Moore, ce sont déjà deux arguments forts en faveur d'un film. John Turturro en rôle secondaire, c'est aussi un argument. Mais alors Tilda Swinton qui récite la fin de la nouvelle The Dead de James Joyce, c'est plus qu'un argument: il fallait que je voie ce film juste pour ça. C'est un beau film qui touche très juste sur les thématiques de la maladie et de la déchéance qu'elle entraîne. Pour moi qui regarde du côté de l'euthanasie en Suisse, ça tombait à point nommé. Les deux personnages féminins, en outre, sont tout ce que je rêvais d'être: libres, intellectuelles, cultivées, élégantes sans effort, riches financièrement mais aussi d'une personnalité qui ressort du moindre geste. Et on les voit regarder la fin du film de John Huston qui adapte le texte de Joyce, qui m'a tant marquée. Néanmoins, j'ai trouvé le film un peu figé dans sa mise en scène, à tel point que certaines choses semblent fausses (les fruits, la version jeune de Tilda Swinton) (mais est-ce assumé, peut-être?). Espérons toutefois qu'il fasse réfléchir quelques personnes...
Du côté des séries
Toujours rien! Je parviens à peu près à regarder trois ou quatre vidéos YouTube par semaine en dînant (ça m'aide à manger plus lentement et en ayant conscience que je suis en train de manger) et c'est déjà pas mal.
Et le reste
J'ai lu Translittérature, la fabuleuse revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. Pour une rare fois, je me suis ennuyée sur le dossier, qui évoquait la voix: j'ai trouvé les articles très creux. Cumuler les synonymes, ça fait peut-être intello pour certains, mais ça ne fait pas tellement avancer la réflexion, à mon humble avis...
En fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine, comme d'habitude. Ce mois-ci, il y a eu une seule et unique référence aux animalistes: dans une interview au nouveau président de la Fédération française d'équitation, la journaliste a évoqué le sujet du bien-être animal et a demandé "comment protéger notre pratique et notre sport?". Pas "comment protéger les chevaux?" mais "Comment protéger notre pratique et notre sport?" Putain, la route est longue...