dimanche 28 septembre 2025

Les Pouvoirs (1935)

Chronique express!

 

Et voilà le dixième tome de la saga des Hommes de bonne volonté de Jules Romains ❤️‍🔥 Comme je manque de temps au moment d'écrire ce billet (et que j'ai déjà tardé à m'y mettre, ce qui signifie que mes souvenirs s'étiolent), je vais répéter les grandes lignes de ce que je dis à chaque tome: c'était génial, Jules Romains était un génie, tout s'imbrique et s'enchaîne merveilleusement, les pensées des personnages sont super différenciées mais sonnent toutes juste, c'est d'une ambition folle, je me régale... Mais je tremble aussi, car on parle énormément de la menace de la guerre avec l'Allemagne – et parfois, ça résonne un peu trop avec les tensions actuelles avec la Russie.

Trois choses à retenir de ce tome en particulier, toutefois: les doutes de Laulerque sur l'Organisation, l'espèce de vertige relatif au fait qu'il ne sait pas du tout quel en est l'objectif et dans quoi il s'est embarqué au juste; les subtilités et démélés politiques de Gurau dans les différents ministères, et la présence sûre et légèrement drôle de son bras droit Manifassier; et pour finir, une lettre merveilleuse de Jallez à Jerphanion, qui mêle une réflexion aiguisée sur le besoin de sécurité des peuples, sa peur de l'avenir dans lequel il voit venir la guerre et une déclaration d'amitié formidable; puis la réponse de Jerphanion; et enfin leur séjour ensemble, décrit en un chapitre d'à peine une page, mais riche, riche, riche. Comme j'ai le cœur serré en prévoyant que ce souvenir-là leur reviendra quand ils seront à la guerre...

mardi 23 septembre 2025

Quand la fontaine coule dans la vallée (2022) + Treize âges de la vie d'une femme (2024)

Aujourd'hui, petit interlude poétique!

Quand la fontaine coule dans la vallée.
Fables d'ici pour maintenant
(2022)

 

En octobre dernier, François Lavallée, traducteur canadien de passage à Paris, a animé la Matinale de la Société française des traducteurs pour présenter le Wiktionnaire, auquel il a largement contribué, et j'ai eu la chance de gagner un de ses ouvrages. (Il y a toujours un petit cadeau tiré au sort pour les personnes inscrites à l'avance, car l'inscription aide le café qui nous reçoit à s'organiser.) Quelques mois plus tard, j'ai donc lu de la poésie, ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais.

Ce recueil réunit des poèmes en vers, à la métrique classique (= comme ce qu'on a étudié à l'école si vous êtes de ma génération), mais portés par un regard plus moderne ou malicieux. Voici deux titres pour vous donner une idée: "Le bonhomme de neige amoureux du feu" et "Le bilieux et l'urinoir à l'œil magique". 😂 Le mélange est assez rigolo et le rythme très réussi, à quelques exceptions près – par exemple, j'ai du mal avec les vers faisant soudain un nombre de syllabes très réduit par rapport au reste du poème. Les poèmes étant indépendants les uns des autres, j'ai lu l'ensemble "en picorant", par exemple tard le soir, pour décompresser deux minutes avant de dormir.

Éditeur: Les Presses de l'Université de Montréal

Treize âges de la vie d'une femme (2024)

Ce mois-ci, j'ai lu ce recueil de Marie Rouzin, qui m'a été offert par une amie il y a plus d'un an. Étant donné que le recueil suit un seul personnage et que l'amie en question m'avait prévenue qu'il y aurait des violences sexuelles, je l'avais laissé en attente, dans l'espoir de le lire à un moment où j'aurais du temps pour le lire en deux fois maximum pour ne pas perdre le fil ET où je serais "d'humeur" à me plonger dans des violences sexuelles (pas un jour où l'expérience humaine semble déjà intolérable, par exemple).

Le format est tout à fait différent ici: pas de métrique particulière ou régulière, pas de rimes. Je suppose qu'il s'agit de "vers libres" (mais si vous vous y connaissez en poésie, dites-moi; si ça se trouve, ce n'est pas du tout du vers libre, ni même de la poésie, lol). De base, ce format n'est pas du tout ce que j'aime, mais j'ai tout de suite été entraînée. Il s'en dégage un vrai rythme, quelque chose qui coule tout seul. Je me suis même retrouvée à penser, dans ma tête, mon propre récit de mon enfance ou de mon adolescence sur le même rythme. Chapeau! Je suis très admirative...

Quant au récit de ces treize âges, il est très varié et brasse pas mal de choses: la vision d'une enfant qui pédale sur son vélo, la découverte de la littérature, les différences de classe. Et la violence des hommes, donc. Mon amie a bien fait de m'informer. Il y a plusieurs scènes dérangeantes, du genre que nous avons probablement toutes vécues, et une scène épouvantable, que j'ai lue pratiquement sans respirer. Après, je me suis levée, je suis allée fermée à clé la porte d'entrée, j'ai fermé une fenêtre ouverte et je crois que j'ai même baissé les stores. Et une question revient depuis: "As-tu fermé ta porte?".....

L'ouvrage n'est toutefois pas étouffant, car il se termine sur une parole libérée et le partage avec d'autres femmes. Je ne sais pas dans quelle mesure tout ceci est autobiographique, mais j'espère que, si ça l'est (et le fait que l'éditeur le classe dans la catégorie "Récit" irait en ce sens), Marie Rouzin a effectivement pu trouver cette forme de "soulagement".

"Personne ne peut dire si ce que tu racontes est vrai.
Pourtant, c'est vrai, tu le racontes."
❤️‍🩹

Éditeur: Le Castor Astral

jeudi 18 septembre 2025

Roman de Ronce et d'Épine (2024)

Voilà une très belle découverte que ce roman de Lucie Baratte!

 

Dans un château au cœur d'une mystérieuse forêt naissent deux jumelles, Ronce et Épine. Deux filles on ne peut plus différentes: Ronce se consacre tranquillement à la broderie, comme leur mère, tandis qu'Épine ne rêve que de parcourir les bois pour chasser avec leur père, le seigneur des lieux. Cet univers très inspiré de l'Europe médiévale, qui ne peut cependant pas être associé à une période ou un lieu en particulier, est aussi très magique. Certains oiseaux n'ont pas un comportement tout à fait normal; les messagers peuvent errer des mois sans trouver leur chemin dans la forêt; la légende parle d'un être démoniaque; et il se pourrait bien que les images brodées se mêlent à la réalité.

C'est surtout le style d'écriture de Lucie Baratte qui fait le charme de ce roman que j'ai dévoré. C'est une histoire qu'on nous raconte, avec un rythme et une sonorité hors de l'ordinaire. J'ai bien tiqué sur un terme ou deux (je lis "jouvencelle" et je vois tout de suite des ados boutonneux qui essayent de "faire Moyen Âge" dans un support comique genre Donjon de Naheulbeuk 😅 alors même que je n'ai jamais écouté ou lu Donjon de Naheulbeuk 😅), mais c'est très efficace et poétique dans l'ensemble, et cela crée un univers bizarrement empreint de magie...

... Une magie qui peut protéger, mais aussi défaire, enserrer et envahir, à l'image de la forêt et du végétal. J'ai tendance à penser que pas mal d'auteurs ont exploré la dimension dangereuse du végétal, mais, ici, il y a aussi quelque chose de répugnant et de malsain qui marche très bien. J'ai pensé à Vert-de-Lierre de Louise Le Bars, qui a bien réussi à rendre l'étrangeté de sa créature végétale.

Attention, cependant, le roman parle aussi du corps des femmes et de la maternité, soit par le parcours de Ronce qui va en voir des vertes et des pas mûres, soit par la figure de la mère des deux protagonistes, qui a perdu tous ses bébés après avoir donné vie aux jumelles. Je pense que ça peut perturber certain(e)s.

En fond, la broderie est partout, avec plein de termes techniques qui laissent deviner un univers fascinant, et des dessins symboliques et naïfs ou au contraire sanglants, à à l'image de cette superbe couverture réalisée par Tristan Bonnemain, qui parvient à être à la fois bucolique et tragique.

Également pleine de détails, cette couverture m'a fait penser à celle de Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevic, et un autre parallèle me semble pertinent entre ces deux romans: ils proposent tous deux quelque chose d'unique, une ambiance nouvelle, ou en tout cas que je n'ai, moi, jamais rencontrée ailleurs.

Bref, une belle réussite!

Et pourquoi ce livre, me demandez-vous?
Parce que l'autrice a été reçue dans le podcast Passion médiévistes à l'occasion de la remise du Prix de la Rose d’or Jeunes Amis du musée de Cluny 2025. Une interview super intéressante, qui m'a convaincue d'emprunter le livre sur le champ (car mon super réseau de médiathèques l'avait acheté) (bénis soient les bibliothécaires!).

Éditeur: les Éditions du Typhon.

samedi 13 septembre 2025

La Force des choses (1963)

Après Mémoires d'une jeune fille rangée et La Force de l'âge, j'ai enfin eu et pris le temps de me pencher sur le troisième tome des mémoires de Simone de Beauvoir, La Force des Choses.

Comme pour les deux ouvrages précédents, le texte est extrêmement dense: deux volumes de 375 et 525 pages dans cette édition Folio, soit un total de 900 pages (😅😅). Et des pages pratiquement pleines qui plus est, vu que les paragraphes sont très longs et les chapitres aussi.

En outre – et c'est un élément que j'ai totalement oublié de mentionner dans mes chroniques précédentes –, c'est également dense du point de vue  du name-dropping: dans la mesure où de Beauvoir retrace parfois ses journées avec précision, du type "je déjeunai avec Machin, puis Sartre et moi dinâmes avec Truc et Bidule; le lendemain, Choso nous écrivit qu'il était à Paris et nous retournâmes au même restaurant", il y a énormément de personnages. Certains sont encore connus de nos jours, d'autres ne le sont pas; certains n'étaient probablement pas connus à l'époque mais étaient des amis.

J'attire votre attention sur cette info de février 1949, à une soirée en hommage à Dullin (qui était un metteur en scène, m'informe Wikipédia):

"Salacrou, Jules Romains, firent de brefs discours; un acteur lut celui de Sartre."
TADAM!!! Jules Romains!! Jules Romains fait un discours et il y a Simone de Beauvoir dans l'assistance!!! TADAM!!! ✨✨✨

Bref, hystérie Jules Romainsienne à part, ce n'est pas une lecture facile, et c'est précisément pour cela que je la garde pour mes vacances, lorsque je peux y consacrer un peu plus de temps.

Ce troisième volume commence en 1945, avec la libération de la France et de l'Europe, et va jusqu'en 1962. J'en retiens plusieurs éléments.

L'omniprésence de Jean-Paul Sartre. C'est une évidence, à tel point que son absence dans Mémoires d'une jeune fille rangée m'avait étonnée. De Beauvoir et lui ont vraiment partagé leurs vies, et elle l'adorait. Parfois, cependant, je trouve qu'elle lui laisse trop de place, par exemple quand elle trouve totalement inutile de participer à un évènement parce qu'il y a va, lui, et donc c'est comme si elle y était.

Deux autres amours: Nelson Algren, un écrivain américain, et Claude Lanzmann. Algren a l'air un peu torturé et malheureux, tel que de Beauvoir le décrit; il lui a proposé de l'épouser, mais elle a refusé et il a eu du mal à accepter pleinement le fait que Sartre serait toujours prioritaire. Lanzmann était beaucoup plus jeune que de Beauvoir (il avait dix-sept ans de moins qu'elle) et il lui a apporté une sorte de seconde jeunesse.

L'écriture et le milieu intellectuel. De Beauvoir détaille aussi ses processus d'écriture et ses publications: en 1949, le célébrissime Deuxième Sexe; en 1953, Les Mandarins, qui lui vaut le Goncourt. Je lirai tout ça le moment venu, bien entendu. Quant à son milieu, il est fascinant: parmi les noms que j'ai reconnus, elle a fréquenté Albert Camus, Boris Vian, Françoise Sagan, Gisèle Halimi, et même Han Suyin, l'autrice de Multiple Splendeur que j'ai adoré!!

Les voyages. Comme dans La Force de l'âge, de Beauvoir raconte énormément de voyages: en Italie, en Espagne, au Portugal, en Europe de l'Est, aux États-Unis, à Cuba, au Brésil, en URSS, elle est allée partout! Elle a aussi acheté une voiture, une Aronde. Mais ces voyages, dès le lendemain de la guerre, mettent en relief un autre thème majeur de ce livre...

... Le désenchantement. 1945, c'est l'euphorie de la chute du nazisme et du fascisme et l'espoir d'un avenir meilleur. Mais très vite, il apparaît que les États-Unis arrêteront là pour leur efforts: pour les Portugais et les Espagnols, la vie continuera avec Salazar et Franco. Puis les relations se tendent entre les deux blocs, et l'anticommunisme triomphe aux États-Unis et en Europe occidentale; les idéaux du Comité national de la Résistance se diluent dans l'action des gouvernements français successifs; la droite triomphe; l'Algérie se soulève dans le sang, l'armée française manque de peu de faire un coup d'État, de Gaulle revient, l'OAS fait des attentats partout... En bref, des années pleines de rebondissements, de violences et de tensions, à tel point qu'on pourrait presque relativiser les tensions actuelles autour de Gaza, par exemple. La guerre d'Algérie a eu lieu en Algérie, ok; mais en métropole, on n'était pas loin de la guerre civile.

L'âge qui avance. En parallèle à ce désenchantement quant à l'état du monde et surtout de la France, qui est tout de même contrebalancé par des espoirs à Cuba, au Brésil et en URSS du fait de la déstalinisation, de Beauvoir parle de l'âge qui avance et du temps qui passe et emporte tout. Le corps n'est plus aussi réactif qu'autrefois, les amis meurent, le passé est de plus en plus distant, l'avenir se fait plus étroit. Avec Camus, la brouille est idéologique, car il n'a pas pris parti pour l'indépendance de l'Algérie et surtout n'a pas pris la parole contre les exactions de l'armée française; mais quel passage poignant quand elle parle de sa mort en 1960! Même s'ils ne se voyaient plus, elle regrette l'homme d'autrefois, l'ami d'une autre époque. Quant à l'épilogue, dont j'avais lu des extraits très marquants dans un vieux numéro de la revue Une vie, une œuvre du Monde, il est hautement déprimant, tant pour les critiques qu'on lui a adressées et qu'on adresse à l'identique aux femmes aujourd'hui, que pour cette vision sombre de l'âge. C'est pour toutes ces raisons, je suppose, que ce tome s'appelle La Force des choses, comme si le monde l'avait rattrapée après la période où elle était dans la force de l'âge.

Bref voilà, c'était exigeant, une vraie lecture de longue haleine, mais c'était passionnant; et de Beauvoir était une géante parmi les humains! ✨✨✨

lundi 8 septembre 2025

Il est avantageux d'avoir où aller (2016)

Emmanuel Carrère étant un de mes écrivains contemporains préférés, je continue d'explorer sa bibliographie au gré du hasard et de mes trouvailles en bouquinerie. Aujourd'hui, je me penche sur un recueil de vingt-cinq textes courts, qu'il a publiés dans différents journaux de 1990 à 2015.

La couverture est un tableau d'Emmelene Landon,
artiste à laquelle est d'ailleurs dédié l'un des textes.

En bref, c'était un régal. J'adore comment Carrère écrit, comment il voit le monde, comment il se décrit et s'analyse, comment il fait des sortes de fixettes sur des gens. Je trouve dans ses ouvrages un certain réconfort et une meilleure compréhension de moi-même.

Pour vous en dire tout de même un peu plus, les textes réunis ici abordent toutes sortes de sujets. Le premier, "Trois faits divers", décrit justement trois faits divers, du genre "cette personne en a tué une autre". Le deuxième, "La Roumanie au printemps 1990", nous emmène dans le pays indiqué à l'époque indiquée, dans un certain flottement post-communiste. Plusieurs abordent des livres qui ont marqué l'auteur, et j'ai eu le plaisir de découvrir "Espèce de crétin ! Warren est mort !" qui revient sur sa rencontre avec Lovecraft. Plusieurs nous emmènent en Russie, ce que j'ai évidemment adoré. Un autre nous emmène à Davos en plein Forum mondial, et ça fait exploser le cerveau!

Pour certains, comme "Comment j'ai complètement raté mon interview de Catherine Deneuve" (nan mais ce titre!!!), le sujet était totalement nouveau pour moi dans sa bibliographie. Mais pour beaucoup, j'ai retrouvé ses obsessions habituelles ou le germe de ses livres à venir: "L'affaire Romand" de 1996 qui allait déboucher sur L'Adversaire en 2000, son introduction des nouvelles de Philip K. Dick publiées chez Denoel, qui fait évidemment écho à Je suis vivant et vous êtes morts, "La Mort au Sri Lanka" de 2005 et "Chambre 304, hôtel du Midi" de 2006 qui seront étudiées plus en détail dans D'autres vies que la mienne en 2009, "Le dernier des possédés" qui porte sur un certain Limonov, qui aura son livre en 2011. Et deux textes ouvrent la voie à un film, Retour à Kotelnitch, qui a lui-même ouvert la voie à Un roman russe.

Si vous connaissez un peu l'auteur, c'est donc un régal décuplé – mais je pense que quiconque se régalerait, tant la diversité des sujets permet forcément de trouver quelque chose à son goût et tant la verve de Carrère nous emmène avec une fluidité hors du commun. J'admire tellement cet homme. Il a l'air sérieusement névrosé, en fait, mais, déjà, il arrive à faire quelque chose de ses névroses; et il n'est pas *que* névrosé, il a aussi une analyse fine des gens et des situations, mais avec modestie en même temps; il a un humour qui me fait bien marrer; et il a l'air d'avoir mille idées par jour, davantage que moi en dix ans.

Voici deux extraits de "Une jeunesse soviétique, de Nikolaï Maslov". Le premier parle de Kotelnitch, en Russie; le deuxième du film que Carrère a consacré à cette ville, Retour à Kotelnitch.

"De fait, un séjour dans ce genre de patelin offre, sinon un spectacle car il n'y a rien à voir, du moins une expérience unique en son genre, une sorte de cinq étoiles du dépaysement dépressif."

Un "cinq étoiles du dépaysement dépressif". Si ce n'est pas le sens de la formule, ça.

"Après des mois passés à m'angoisser parce que le film risquait de ne pas se faire, je m'angoisse aujourd'hui parce qu'il semble bien parti pour se faire et je me demande si ce n'est pas pire, en tout cas je suis terrorisé: un lapin pris sur la grande route dans le faisceau des phares d'une voiture."

Putain. L'histoire de ma vie!

Et un extrait de "La Roumanie au printemps 1991" qui devrait plaire à certains lecteurs de ce blog:

"Je ne crois pas être seul à tenir l'écrivain de science-fiction américain Philip K. Dick (1928-1982) pour le Dostoïevski de ce siècle, c'est-à-dire, pour aller très vite, l'homme qui a tout compris." 

Je conclus ce billet comme je conclus les trois quarts de mes billets cette année, tant mes lectures sont enthousiasmantes et je passe mon temps à vous recommander de découvrir l'écrivain dont je parle: en bref, lisez Carrère!

Note de service: je tente, pour ce billet, d'utiliser une taille de police un peu plus grande, car j'ai l'impression, ces derniers temps, que la taille habituelle n'est pas très propice au confort visuel. (C'est peut-être l'approche de la quarantaine qui me frappe de plein fouet, lol!) Si vous remarquez une quelconque différence, en mieux ou en moins bien, dites-moi. D'ailleurs, dites-le-moi aussi si vous ne remarquez aucune différence, lol.

mercredi 3 septembre 2025

La gamelle d'août 2025

Ce mois-ci, c'était kung fu!! 💥💥💥

Sur petit écran

Fist of Fury / La Fureur de vaincre de Lo Wai (1972)

Ce film a horriblement mal vieilli (nan mais ces bruitages!!!), mais il a le mérite de parler de l'occupation de la Chine par les Japonais et Bruce Lee y est impressionnant. À noter également, son personnage perd complètement le contrôle et pousse la violence trop loin; je croyais qu'il avait joué des personnages plus positifs que cela.

The Way of the Dragon / La Fureur du Dragon de Bruce Lee (1972)

Ici aussi, tout a mal vieilli, et cette Rome peuplée exclusivement de sinophones et d'anglophones est assez étrange. Au total, il y a deux mots en italien: un personnage s'exclame "mamma mia". Pour une fois, en revanche, le fait qu'il y ait des Fiat Cinquecento partout n'est pas une image d'Épinal: cette voiture avait réellement un succès fou à l'époque. Bruce Lee est toujours aussi impressionnant, et le film se clôt avec un combat d'anthologie: Bruce Lee contre Chuck Norris. Je vous invite chaleureusement à prendre dix minutes de votre temps pour le regarder, car c'est du grand art ET IL Y A UN CHATON. Oui oui oui, UN CHATON. 😼😼😼 Et les poils de Chuck Norris, aussi. Ça, c'est très étrange. Mais attention, la douleur est montrée clairement et ça peut mettre mal à l'aise.

Fist of Legend / La Nouvelle Fureur de vaincre de Gordon Chan (1994)

Un remake de La Fureur de vaincre, avec Jet Li qui reprend le rôle du personnage de Bruce Lee. Malgré la nette modernisation de la manière de jouer et de filmer, je n'ai pas trouvé l'ensemble bien palpitant. Mais ici aussi, les combats imposent le respect, et le film a le mérite de parler des relations sino-japonaises – d'ailleurs, le fait que je ne parle ni le chinois (plus précisément le cantonais, selon le DVD) ni le japonais, et que j'aie donc besoin d'une certaine attention pour capter qui parle quelle langue, casse un peu certaines scènes.

Fearless / Le Maître d'armes de Ronny Yu (1996)

 

Le plus enthousiasmant des quatre films de kung-fu du mois: le rythme est nettement plus moderne, les acteurs plus sobres, les combats se font à mains nues mais aussi avec plusieurs armes différentes, il y a un peu de sauts et de cascades exagérées qui rendent très bien. Et alors le combat de fin entre Jet Li et Nakamura Shidō, j'ai adoré – et pas uniquement parce que ce dernier acteur est stratosphériquement beau et charismatique.
Pour la petite histoire, c'est en lisant la page Wikipédia de Huo Yuanjia, le personnage réel qu'incarne ici Jet Li, que j'ai percuté que ce personnage est aussi présent dans Fist of Fury / La Fureur de vaincre et donc dans son remake Fist of Legend / La Nouvelle fureur de vaincre: c'est le maître d'arts martiaux qui meurt avant le début du film et dont la mort, suspecte, pousse le personnage de Bruce Lee à mener l'enquête.

Sur grand écran

Le dernier des Mohicans de Michael Mann (1992)

Je rêvais tellement de voir un jour ce film sur grand écran, et le rêve s'est réalisé!! Quelle merveille!! Ce film est la perfection incarnée!! Comme Titanic, il joue sur plusieurs tableaux et réussit avec brio dans tous les domaines: fresque historique de la guerre franco-britannique et de ses implications pour les peuples amérindiens, histoires d'amour tragiques, aventure palpitante, parcours d'autodétermination d'une femme corsetée par son statut. Et le tout porté par une mise en scène léchée à la perfection, des acteurs absolument stratosphériques, et cette musique!!!! Et CETTE FIN, mais CETTE FIN!!!! Mais quelle merveille!!! Quel chef-d'œuvre!!! Et oh, comme je comprends que j'aie été amoureuse d'Uncas quand j'avais seize ans...

Du côté des séries


Toujours rien.

Et le reste

 

J'ai lu Translittérature, la merveilleuse revue de l'Association des traducteurs littéraires de France. Puis, en fin de mois, j'ai lu mon Cheval Magazine habituel.